Le paradoxe français dans la Solution finale à l Ouest - article ; n°3 ; vol.48, pg 583-594
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1993 - Volume 48 - Numéro 3 - Pages 583-594
The Final Solution and the French Paradox.
Although the French state embraced the new order and its antisemitic program, only quarter of the Jewish population of France was exterminated as opposed to half in Belgium and three quarters in the Netherlands. The author proposes an interpreta tion of this French paradox .
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Maxime Steinberg
Le paradoxe français dans la Solution finale à l'Ouest
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 48e année, N. 3, 1993. pp. 583-594.
Abstract
The Final Solution and the French Paradox.
Although the French state embraced the new order and its antisemitic program, only quarter of the Jewish population of France
was exterminated as opposed to half in Belgium and three quarters in the Netherlands. The author proposes an interpreta tion of
this French paradox .
Citer ce document / Cite this document :
Steinberg Maxime. Le paradoxe français dans la Solution finale à l'Ouest. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 48e
année, N. 3, 1993. pp. 583-594.
doi : 10.3406/ahess.1993.279154
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1993_num_48_3_279154LE PARADOXE FRAN AIS
DANS LA SOLUTION FINALE LOUEST
Maxime STEINBERG
histoire de la Solution finale en France ne saurait négliger le contexte
ouest-européen de événement est cette référence occidentale qui découvre
aspect paradoxal du cas fran ais indispensable la compréhension de son
déroulement La dimension occidentale est pas en occurence un artifice
une histoire en mal de comparaisons Le détour est obligé Il est inscrit dans
le plan nazi dont il procède appliquant aux Juifs de France ce dernier englo
bait dans le même élan ceux voisins de Belgique et des Pays-Bas Tous les
aspects de cette problématique occidentale ne seront pas abordés ici Il
conviendrait du moins en reprendre les phases successives pour marquer
leur simultanéité dans chacun des trois pays On sait que le point de départ se
situe automne 1940 avec les premières dispositions allemandes du statut
des Juifs décrétées en France le 27 septembre et respectivement les 22 et 28
octobre aux Pays-Bas et en Belgique On sait aussi sans en avoir assez sou
ligné toute importance que est au cours une réunion commune des offi
ciers SS des affaires juives dans les trois capitales occidentales convoqués cet
effet le 11 juin 1942 Berlin que ordre de mettre en route les trains de la
Solution finale est donné On pas assez insisté sur cette simultanéité des
déportations pendant la grande vague de été 1942 Dans cette action coor
donnée échelle ouest-européenne les chargés des affaires juives font partir
leurs convois des camps de rassemblement pratiquement au même moment
le 15 juillet de Westerbork aux Pays-Bas le 19 de Drancy en France1 et enfin
un peu plus tard le août de Malines en Belgique
historiographie est plutôt attachée chaque cas particulier et il lui
arrive de prendre en compte ensemble de Europe occidentale est pour
Et non le 17 juillet comme on le dit trop souvent en méconnaissant cette dimension ouest-
européenne le convoi parti le 17 ne relevait pas de la décision du 11 juin 1942 mais une
déportation hors programme de 000 Juifs compris le convoi de représailles du 23 mars
1942
583
Annales ESC mai-juin 1993 pp 583-594 LA POLITIQUE ANTIJUIVE
la soumettre ensuite un découpage géographique en arc de cercle de la
Norvège Italie En absence autre référence que la Solution finale
échelle continentale approche conduit évidemment conclure irré
ductible spécificité de chacun des pays examinés Cette singularité apparaît
pourtant plus clairement dans le cas de la France quand on la met en paral
lèle avec événement qui accomplit avec une symétrie délibérée en Bel
gique et aux Pays-Bas Dans chaque territoire il conserve ses particularités
Tout au long de son développement le plan occidental présente un pays
autre de réelles différences même des contrastes tout fait remarquables
Cette disparité est la plus flagrante dans le bilan ultime Après le départ
des derniers convois en 1944 il plus en apparence aucune commune
mesure un pays autre La France intervient dans le résultat de la Solu
tion finale Ouest pour 73 000 déportés Les Pays-Bas étaient deux fois
moins peuplés de Juifs mais ils comptent pour 100 000 déportés surpassant
la France Les trains de la Solution finale ont acheminé les trois quarts des
Juifs du territoire néerlandais 78 vers les centres extermination
Auschwitz et de Sobibor De France est seulement si on ose dire
un quart de 21 28 selon la référence statistique3 qui ont été transportés
vers Auschwitz le plus souvent également vers Sobibor et Maïdanek Le cas
belge se situe mi-chemin de ces deux extrêmes ses 25 000 déportés dirigés
uniquement vers Auschwitz représentent près un Juif sur deux du pays
43)
La position moyenne de la Belgique souligne énorme distance qui
sépare la France des Pays-Bas Elle signale que cette tension des résultats
dans le plan occidental ne procède pas du régime occupation imposé cha
cun des territoires un commandement militaire en France un commissariat
du Reich aux Pays-Bas En Belgique occupée la Judenpolitik réalisé toute
proportion gardée un score double du rendement obtenu en France sur un
territoire tout autant administré par armée où de surcroît le détachement
de la Sécurité du Reich pu quant lui tirer profit de la présence un
chef supérieur de la SS et de la police la fin de Occupation Ces rela
tions autorité dans chaque territoire entre le pouvoir occupation mili
taire ou civil et la police SS ainsi que leur interférence sur la question juive
mériteraient être étudiées dans une perspective comparative
Cette variable allemande est loin de constituer tout le processus de la
Solution finale Il est pas linéaire La société dont les occupants ont voulu
extirper les Juifs et ces derniers cibles de cette tragédie ont tout autant été
des acteurs de événement et leur comportement influé sur son déroule
ment Le processus était tripolaire Dans chacune de ses variables des
contradictions ont surgi entre les groupes et les personnes Ces interférences
complexes ont déterminé en fin de compte accomplissement historique et
fixé ses particularités dans chacun des trois pays La mise en perspective
ouest-européenne de cette pluralité acteurs et de stratégies permet une
meilleure lecture du processus dans son ensemble
Voir MARRUS et PAXTON Nazis et Juifs en Europe occidentale 1940-
1944 dans Allemagne nazie et le génocide juif Paris EHESS Gallimard Le Seuil 1983
310
Voir plus bas annexe sur les chiffres de la déportation
584 STEINBERG LA FRANCE DANS EUROPE
II importe de prendre la mesure du paradoxe fran ais de anomalie de
son bilan alors que la France compte le plus grand nombre de Juifs et que le
plan nazi la considérait comme leur citadelle européenne et le foyer du
judaïsme pour Europe Dans sa frénésie antisémite il soup onnait la
présence de près de 900 000 Juifs6 trois fois plus en réalité Cette suréva
luation accentue la médiocrité du résultat final dans ce pays Même en
chiffres absolus la France occupe pas le premier rang dans les ravages
effectifs de la solution finale En chiffres relatifs la différence est du simple
au double sinon au triple avec les Pays-Bas est sur cette différence para
doxale que historien doit interroger7 On en propose ici une interpréta
tion qui renvoie au cas belge analyse bien moins éloigné du cas fran ais
il apparaît première vue dans les chiffres globaux Relativisant la dif
férence cette lecture attache deux variables qui ont produit des résultats
comparables dans les deux pays une part la stratégie des services alle
mands dans leur relation avec les autorités nationales et leur sens de oppor
tunité la question juive et autre part la composition de la population
soumise la solution finale ou plutôt son statut national dans la société
visée sa répartition en citoyens et en ressortissants étrangers On dévoile
ainsi un autre paradoxe dans histoire de événement en France et en Bel
gique le paradoxe xénophobe8
Le paradoxe xénophobe
Totalitaire dans son principe biologique et racial la Solution finale
toléré au moment crucial des grandes déportations de 1942 un espace para
doxal pour les citoyens juifs dans les deux pays Afin de franchir le pas déci
sif des déportations massives les services allemands ont accommodé le
dispositif antijuif aux dispositions de la société dont ils évacuaient les Juifs
Soucieux des répercussions politiques du moins dans les milieux officiels les
occupants ont pris en compte comme invitait le service des affaires étran
gères du Reich en France au début

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