Le préromantisme en Pologne : le gessnerisme - article ; n°1 ; vol.6, pg 83-98
17 pages
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Description

Revue des études slaves - Année 1926 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 83-98
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1926
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marjan Szyjkowski
Le préromantisme en Pologne : le gessnerisme
In: Revue des études slaves, Tome 6, fascicule 1-2, 1926. pp. 83-98.
Citer ce document / Cite this document :
Szyjkowski Marjan. Le préromantisme en Pologne : le gessnerisme. In: Revue des études slaves, Tome 6, fascicule 1-2, 1926.
pp. 83-98.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1926_num_6_1_7358LE PRÉROMANTISME EN POLOGNE
LE GESSNERISME,
PAR
MARJAN SZYJKOWSKI.
Les travaux comparatifs où il est traité des origines du romant
isme accusent une lacune sensible : on n'y parle pas de la litt
érature polonaise.
M. Paul Van Tieghem , qui est l'un des meilleurs spécialistes de
ce problème, étudie l'histoire du « youngisme » en France (1), en
Allemagne, en Espagne, en Italie, en Suède, en Hollande, et,
après avoir mentionné le poète hongrois, Paul Anyos, il cite dans
une phrase le Polonais Kuiaźnin, pour passer aussitôt après à la
Russie. Il pense se justifier d'être si bref en alléguant aie manque
de travaux préparatoires », lequel « rend bien difficile l'étude de la
poésie nocturne et sépulcrale qui peut se rencontrer dans d'autres
littératures où l'influence française était prépondérante, comme la
littérature portugaise, la polonaise, la hongroise »(2). Mais cette
justification ne porte pas, au moins quant à la littérature polonaise,
pour laquelle les « travaux préparatoires » sont loin de faire dé-
fť3>
(1) M. Paul Van Tieghem a publié notamment une monographie sur La poésie
de la nuit et des tombeaux en Europe au zrrrť siècle, Paris, 1921.
W Op. cit., p. 1З0.
(3' J'ai moi-même publié des études sur Les nuits de Young (Edwarda ïounga
Myśli nocne w poezji polskiej; ze studjów nad Genezą polskiego romantyzmu, 1916,
55 pp.), sur Ossian (Ossjan w Polsce, 191a, 17& pp-)> sur Jean-Jacques Rousseau
(Myíl Jana Jakoba Rousseau w Polsce xvm wieka, 191З), sur le Gessnerisme dam
Revue des Etudes slaves, tome VI, 1926. fasc. 1-«.
6. MAR.IA.N SZVJKOWSkl.
Aussi bien, ces derniers temps, cet auteur s'est-il avisé de cette
lacune, sans pourtant y remédier de manière appréciable. En effet,
dans l'un de ses derniers livres où il a rassemblé trois de ses études
sous le titre Le préromantisme (1', il indique l'existence du problème
en Pologne, mais en quelques mots seulement, et qui ne donnent
aucune idée nette, ni précise. Dans l'étude sur « la notion de vraie
poésie », il mentionne le poète Karpiński, qui « offre une véritable
révélation, vers 1770, en exprimant des sentiments qu'il avait
réellement éprouvés. On connaît, on goûte « le chantre de Jus
tine » jusque dans les plus petits manoirs »(2). Il complète ses r
echerches antérieures sur ľossianisme, en rappelant, d'après le
compte rendu de l'un de mes travaux, deux traductions d'Ossian
en Pologne au xviiť siècle et un poème ossianique de Brodziński
de 1821 (3'. 11 cite encore une fois le même Brodziński comme
théoricien (son postulat idyllique), mais ce qu'il avance à cette occa
sion de l'affinité entre la poésie polonaise et hongroise ne me
paraît aucunement fondé (4).
C'est pour combler cette lacune que nous voulons présenter ici
les résultats les plus importants des travaux polonais. Il nous
semble que ce sera là faire œuvre utile. Si le préromantisme polo
nais ne peut s'enorgueillir d'œuvres considérables, il n'en est pas
moins le fruit d'une nation dont la tradition littéraire remonte
beaucoup plus loin que celle de maintes littératures auxquelles on
prête attention dans les études comparatives d'Occident. Depuis des
siècles, l'influence française sur la formation de cette tradition est
allée grandissant, et, dans la deuxième moitié du xvnf siècle, elle
est devenue prépondérante jusqu'à embrasser toutes les sphères de
la pensée polonaise. C'est au classicisme français que nous devons
la renaissance de la littérature polonaise à l'époque de Stanislas-
la poésie polonaise {G essneryzm w poezji polskiej , 191 h, 12 і pp.), sur i'histoirc du
revenant polonais avant .Mickiewicz {Dzieje polskiego upiora przed wystąpieniem Mickie
wicza, 1917), tous travaux publiés par ľAcadémie des Sciences de (Jracovie, dont
les comptes rendus, résumant les positions principales en français et en allemand,
sont accessibles aux lecteurs ne sachant pas le polonais. INous possédons d'autre
part des études sur Werther et le roman sentimental par K. Wojciechowski , sur
Chateaubriand et sur la renaissance de Shakespeare par M. Szyjkowski , sur Byron
par M. Zdziechowski , et d'autres encore. Les matériaux scientifiquement élaborés
ne manquent donc pas, et ce n'est que par suite de la trop faible attention que
l'Occident accorde à l'activité artistique et scientifique de notre pays qu'il n'\ a
pas de place pour elle dans les éludes comparatives.
M Le préromantisme , Paris, 192 4, édit. F. Rieder et C1C.
t*) Ibid., p. 5 li.
w p. 2З2.
« Ibid., p. 56. PRÉROMANTISME EN POLOGNE. 85 1-Е
Auguste (176/1-1 79b). Mais ce n'est pas tout. De celte même
France, dont le «romantisme» du xviii" siècle a été étudié par
Daniel Mornet, Baldensperger, Van Tieghem et tant d'autres, il
pénètre en Pologne, à la même époque, certaines formes de com
promis qui décèlent un échange d'idées. Notre préromantisme
commence dans la deuxième moitié du xvnť siècle et dure plus ou
moins jusqu'à la publication des premiers volumes de poésie de
Mickiewicz (1822).
Il y a là, pour un historien de la littérature comparée, un sujet
d'observations qui mérite d'être approfondi. Le phénomène se
développe parallèlement à celui que l'on constate en Occident; il
naît des mêmes sources; il passe parles mêmes phases d'évolution.
Et ses premières étapes, l'étape helvétique et l'étape anglaise, il les
doit, presque exclusivement, à l'entremise de la France. C'est ce
que nous tâcherons de montrer à grands traits dans cet article,
en nous limitant à l'étape helvétique, qui se rattache au nom de
Salomon Gessner.
Le gessnerisme apparaît en Pologne relativement tôt. Vingt ans
après la mort de Gessner, en 1768, on publie à Leipzig la tra
duction polonaise de ses deux œuvres théâtrales (Evander et Alcimna,
Erast) et de quelques idylles, entre autres de Irin, qui est une
mystification, puisqu'elle a été écrite par Evald Christian Kleist,
l'admirateur et l'imitateur de Gessner (1).
Le premier recueil polonais est traduit en prose, probablement
d'après le texte français de Michel Huber, un Allemand, qui s'était
établi à Paris. La comédie pastorale (Evander) précède en Pologne
l'utopie de J.-J. Rousseau, en tant qu'elle s'inspire de l'antithèse
entre la nature et la civilisation. Erast, comédie larmoyante, très
appréciée par Diderot et Marmontel, devait, par son exagération
sentimentale, préparer le terrain en Pologne pour La nouvelle
Héhïse. Enfin les plus importantes idylles « naïves », empreintes de
sensibilité et d'un sentiment nouveau de la nature, contrastent en
Pologne avec l'idylle «galante de Fontenelle», qui jusqu'à cette
époque était chez nous le genre à la mode.
Les premières traductions en vers d'idylles de Gessner, faites par
l'intermédiaire de Huber, apparaissent en 1770 dans la plus an-
"' Le célèbre Fnïhhng Ąc Klcisf n'est traduit en polonais qu'en 1802. 86 MARJAN SZYJKOWSKI.
cienne revue littéraire de Pologne, Zabawy przyjemne i pożyteczne
(«Divertissements agréables et utnVs»). C'est pour cette revue
qu'Adam Naruszewicz, le poète et l'historien de l'époque de Sta
nislas-Auguste, a traduit quatre idylles de Gessner. Quatre ans
plus tard, on imprime dans la région orientale du royaume, à
Lwów, La mort ď Abel. qui est l'une des œuvres de Gessner le plus
connue et qui a été traduite en France, en prose, par Huber, et, en
vers, par Gilbert et Marteau. La mort ď Abel . qui a propagé les idées
de Rousseau, est l'un des ouvrages dont Rousseau recommande la
lecture pour

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