Le problème des redevances pétrolières au Moyen-Orient : un exemple de blocage régional du développement - article ; n°26 ; vol.7, pg 371-383
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Le problème des redevances pétrolières au Moyen-Orient : un exemple de blocage régional du développement - article ; n°26 ; vol.7, pg 371-383

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Description

Tiers-Monde - Année 1966 - Volume 7 - Numéro 26 - Pages 371-383
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

Elias Gannagé
Le problème des redevances pétrolières au Moyen-Orient : un
exemple de blocage régional du développement
In: Tiers-Monde. 1966, tome 7 n°26. pp. 371-383.
Citer ce document / Cite this document :
Gannagé Elias. Le problème des redevances pétrolières au Moyen-Orient : un exemple de blocage régional du développement.
In: Tiers-Monde. 1966, tome 7 n°26. pp. 371-383.
doi : 10.3406/tiers.1966.2209
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1966_num_7_26_2209LE PROBLÈME
DES REDEVANCES PÉTROLIÈRES
AU MOYEN-ORIENT
UN EXEMPLE DE BLOCAGE RÉGIONAL
DU DÉVELOPPEMENT
par Elias Gannagé*
Parmi les sources de blocage du développement des pays sous-
développés, la nature, le rôle et l'utilisation des investissements étrangers
n'ont pas suffisamment retenu l'attention. Dans le domaine des relations
économiques internationales, il y a là des phénomènes d'inarticulation,
qui, en favorisant les effets de dépendance, compromettent toute cohé
rence dans la croissance d'un pays déterminé. Le dualisme, s'il est princ
ipalement l'expansion de la juxtaposition de secteurs hétérogènes les
uns aux autres, accompagnée forcément de différenciations dans les
habitudes et les comportements sociaux, devient encore plus accusé
en se colorant de motivations politiques, quand il est le résultat d'inves
tissements étrangers, ne s'intégrant pas aux structures locales du pays.
Les redevances pétrolières au Moyen-Orient représentent une des
illustrations les plus frappantes de la liaison entre les investissements
étrangers et les blocages de développement. L'expérience mérite d'être
examinée en profondeur, car d'une part, elle sera un test de la validité
de notre analyse en termes de dualisme et, d'autre part, elle nous montrera
que la solution à toute possibilité de freinage aux investissements
étrangers réside dans des aménagements institutionnels appropriés.
Les liens financiers créés par l'industrie pétrolière se ramènent aux
bénéfices directs et indirects que celle-ci fournit aux pays producteurs
de pétrole (i).
* Professeur à la Faculté de Droit et de Sciences économiques de Beyrouth,
(i) Les pays que nous prenons en considération sont l'Iran, l'Irak, l'Arabie Saoudite,
le Kuwait et le Qatar.
371 ELIAS GANNAGÉ
Les bénéfices directs représentent les redevances pétrolières que
les compagnies pétrolières versent directement aux États respectifs.
Alors que les paiements directs étaient de l'ordre de 240 millions de
dollars en 1950, ils atteignent deux milliards de dollars en 1964. Une
telle augmentation prend l'allure d'une véritable croissance exponenti
elle, si l'on se rappelle que les redevances n'excédaient pas 26 millions
de dollars.
L'importance de ces paiements directs est plus nettement perçue,
quand on passe en revue les parts respectives des différents pays product
eurs de pétrole. Pour 1964, les redevances directes représentent, pour
l'Irak, plus de 60 % des recettes budgétaires, atteignent en Arabie
Saoudite l'équivalent des 4/5 des recettes totales du royaume et alimentent
presque la totalité du budget au Kuwait. Dans ce dernier pays, le revenu
national se réduit au revenu pétrolier (1).
A ces bénéfices directs, il faut joindre les bénéfices indirects, formés
des salaires versés et des dépenses locales. Il s'agit soit de la rémunération
de 150000 personnes employées dans l'industrie pétrolière, soit des
achats locaux de produits et de services, dus aux effets du multiplicateur.
La principale cause de cet accroissement exponentiel des redevances
pétrolières réside dans la révision des accords de concession entre les
compagnies pétrolières et les gouvernements respectifs des pays product
eurs de pétrole. L'ère du partage des profits s'ouvre avec l'accord
signé le 30 décembre 1950, entre l'Aramco et l'Arabie Saoudite. Elle
est suivie d'une tendance de réduire le champ des zones d'exploitation
accordées initialement (2) et aussi de la volonté d'augmenter la part
de l'État dans les royalties. Passage de 50 % à 60 % du revenu brut
des compagnies pétrolières jusqu'à aboutir à 75 % dans les accords
signés récemment avec les compagnies italiennes et japonaises (3).
Ces précisions faites sur l'importance des redevances pétrolières,
nous analyserons d'abord leur impact sur les pays producteurs de
pétrole au Moyen-Orient, quitte à rechercher par la suite les limites
de leur utilisation. Il importe d'examiner dans quelle mesure le relè-
(1) En 1964, les paiements directs s'élèvent en Irak, Arabie Saoudite et Kuwait respec
tivement à 353, 515 et 540 millions de dollars.
(2) Négociations de l'Irak et du Kuwait en 1962 et accord de l'Arabie Saoudite avec
l'Aramco qui libère les trois quarts des zones de concession.
(3) Pour une mise au point de l'évolution des Accords de Concession, voir Economist,
Middle East Oil on New Terms, 5-11 juin 1965, pp. 1151-1170.
372 LE PROBLEME DES REDEVANCES PÉTROLIÈRES AU MOYEN-ORIENT
vement considérable des redevances pétrolières va assurer une croissance
régulière et soutenue de l'économie sous-développée des pays product
eurs de pétrole.
I. — Impact des redevances pétrolières. Blocage ou entraînement
Quand on examine la structure des investissements étrangers au
Moyen-Orient, il y a deux faits majeurs que nous voudrions mettre
en évidence. Prédominance d'une part des directs sur
les investissements en portefeuille avec large participation des capitaux
privés américains, et, d'autre part, dans le cadre des investissements
directs, concentration de la majorité des capitaux dans V industrie pétrolière.
Alors qu'avant guerre, les actifs bruts fixes de cette s'élevaient
à 350 millions de dollars, ils atteignent aujourd'hui plus de 4 milliards
de dollars. Les investissements annuels bruts sont de l'ordre de 450 millions
de dollars pour 1958, dont 83 millions en Iran, 26 millions en Irak,
63 au Kuwait et 81 millions en Arabie Saoudite.
Ayant fait ressortir l'importance des investissements dans l'industrie
pétrolière au Moyen-Orient, recherchons leur impact sur les différents
pays producteurs de pétrole. A cet égard, deux grands courants peuvent
être dégagés. Les investissements peuvent déterminer une croissance
freinée ou des effets de blocage, dans la mesure où ils restent apposés,
sans avoir prise sur l'économie locale. Ils peuvent au contraire entraîner
une croissance construite lorsqu'à travers le versement des redevances
pétrolières, ils provoquent une transformation des structures écono
miques par propagation d'effets induits.
1. Effets de blocage
L'efficacité des redevances pétrolières est limitée en raison d'une
série de facteurs inhérents au système d'organisation de l'industrie
pétrolière au Moyen-Orient et de son statut juridique à l'égard des États.
Parmi les causes endogènes qui limitent fortement les possibilités
de développement, figure Г affectation des profits réalisés par les industries
pétrolières. A cet égard, il faut souligner au préalable la rémunération
fortement élevée des compagnies pétrolières du Moyen-Orient par compar
aison avec celles qui opèrent ailleurs. De ce caractère exceptionnel
lement élevé, nous disposons de plusieurs indices. A considérer la répar
tition des recettes brutes de l'industrie pétrolière au Moyen-Orient,
373 ELIAS GANNAGÉ
on s'aperçoit que la rémunération des actionnaires représente près
de la moitié (45,5 %) de ces recettes, alors qu'elle atteignait près du
quart (23,6 %) en 1948. Il y a là une rente anormalement élevée, si
l'on se rappelle que les proportions respectives au Venezuela sont
de 0,7 % et 18,3 % pour 1948 et 1958, et de 3,5 et de 4,8 % aux Etats-
Unis pour les mêmes années. Les causes de cette rente élevée sont d'une
part la forte productivité des pétroles du Moyen-Orient, due à leur faible
coût, et de l'autre à Y alignement des prix sur le niveau élevé de ceux du
golfe de Mexico. Des résult

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