Le problème sucre-alcool et la population française - article ; n°2 ; vol.4, pg 283-306
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Description

Population - Année 1949 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 283-306
La France est le pays qui produit, à paitir des betteraves, le moins de sucre et le plus d'alcool. C'est là une conséquence de la politique malthusienne élaborée pendant la crise économique 1930-1935. Pour éviter un engorgement du marché du sucre, la production a été limitée et une partie de la récolte de betteraves transformée en alcool. Etant donné, cependant, le prix de revient élevé de l'alcool, son emploi comme carburant exigeait l'accroissement de la consommation d'alcool de bouche (liqueurs, apéritifs), qui procure d'importants bénéfices an service des alcools. Malheureusement, le facteur humain n'a pu entrer dans ces calculs financiers.
Actuellement, le besoin de carburant et le manque de devises posent à nouveau la question de l'alcool carburant. Mais, en même temps, les besoins en sucre ont fortement augmenté. Cette étude a pour but essentiel de montier l'importance démographique du problème et de dégager l'orientation que dicterait la priseen considération du facteur humain.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Léon Tabah
Le problème sucre-alcool et la population française
In: Population, 4e année, n°2, 1949 pp. 283-306.
Résumé
La France est le pays qui produit, à paitir des betteraves, le moins de sucre et le plus d'alcool. C'est là une conséquence de la
politique malthusienne élaborée pendant la crise économique 1930-1935. Pour éviter un engorgement du marché du sucre, la
production a été limitée et une partie de la récolte de betteraves transformée en alcool. Etant donné, cependant, le prix de revient
élevé de l'alcool, son emploi comme carburant exigeait l'accroissement de la consommation d'alcool de bouche (liqueurs,
apéritifs), qui procure d'importants bénéfices an service des alcools. Malheureusement, le facteur humain n'a pu entrer dans ces
calculs financiers.
Actuellement, le besoin de carburant et le manque de devises posent à nouveau la question de l'alcool carburant. Mais, en
même temps, les besoins en sucre ont fortement augmenté. Cette étude a pour but essentiel de montier l'importance
démographique du problème et de dégager l'orientation que dicterait la priseen considération du facteur humain.
Citer ce document / Cite this document :
Tabah Léon. Le problème sucre-alcool et la population française. In: Population, 4e année, n°2, 1949 pp. 283-306.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1949_num_4_2_2084LE
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IE domaine betterave-sucre-alcool tient depuis longtemps déjà
une place importante dans la vie économique, non seulement
par le volume même des activités qu'il représente, mais par le
fait que, soustrait aux automatismes libéraux, il pose des questions
délicates d'organisation professionnelle et d'intervention des pou
voirs publics. Les questions essentielles concernent la quantité
totale de production de betteraves et son utilisation en sucre et
en alcool, celui-ci pouvant lui-même prendre diverses destinations.
Pendant longtemps, le sucre a été considéré comme le dérivé
principal de la betterave, l'alcool n'étant tout au plus qu'un sous-
produit. Mais, depuis une vingtaine d'années, les organisations pro
fessionnelles, à la recherche de débouchés susceptibles de raffermir
les prix, ont donné en France un rôle de plus en plus important à 2ВД LE PROBLÈME SUCRE-ALCOOL ET LA POPULATION FRANÇAISE
l'alcool, au point que la culture de la betterave est conditionnée
par la politique de l'alcool.
Ce problème de répartition, d'apparence purement économique,
voire financière, présente cependant une double importance du point
de vue de la population.
A. — Le sucre est un produit de haute valeur alimentaire. C'est de
tous les aliments, celui dont la teneur en glucides est la plus élevée.
Pour obtenir 100 calories, il faut 100 à 120 grammes de pommes
de terre, 40 grammes de pain, 30 grammes de pâtes alimentaires
ou de légumes secs et il suffit de 25 de sucre, soit environ
2 morceaux et demi de format ordinaire. Les sportifs connaissent
par expérience les possibilités musculaires données par le sucre. Sa
valeur est en effet essentiellement énergétique. En outre, le sucre
joue après le lait un rôle essentiel dans l'alimentation des enfants.
Le sucre est enfin un aliment bon marché. Si l'on se réfère à
la période d'avant-guerre, les prix actuels n'ayant pas encore atteint
un degré suffisant de cohérence, on constate que le prix de la calorie-
sucre est très inférieur à celui de tous les aliments qui lui sont
comparables au point de vue physiologique. Surtout si, comme nous
l'avons fait dans le tableau suivant, on déduit du prix du sucre le
montant des droits spéciaux de consommation qui pesaient sur le
sucre jusqu'en 1946.
Prix de 100 calories de divers aliments de valeur énergétique
à Paris en 1938.
Sucre 0,095 fr.
Pain 0,112 fr.
Pommes de terre 0,142 fr.
Haricots blancs 0,193 fr.
Pâtes 0,270 fr.
Le bon marché de la calorie-sucre est d'autant plus appréciable
qu'elle s'accompagne d'un goût agréable. Il ne s'agit pas d'un al
iment austère n'ayant que des vertus physiologiques.
B. — L'alcool de bouche est un produit destructeur. Ce n'est pas
ici le lieu de s'étendre sur les dommages causés à la population (sur
mortalité masculine, tuberculose, aliénation mentale, etc.). Mais il
faut spécifier le rôle particulièrement néfaste joué par l'alcool de
betteraves. Comme celui-ci s'ajoute à une production déjà ancienne
de boissons alcooliques (vins, liqueurs, etc.) son rôle destructeur
est à peu près intégral. On admet en effet, généralement, l'innocuité
d'une certaine dose d'alcool, tant sur le plan individuel que sur
le plan national, les avis ne divergeant que sur l'importance de la
dose inoffensive. La consommation d'apéritifs et liqueurs à base
d'alcool de betteraves, dont la consommation par adulte de 2 litres
et demi par an s'ajoute à quelque 40 litres d'autre provenance, entre
en totalité dans la quantité nuisible.
C'est donc sous ce double aspect démographique et social que le
problème va être étudié. Un tel angle d'approche constitue à bien
des égards une innovation. Pourquoi l'aspect humain d'un tel pro- PROBLÈME SUCRE-ALCOOL ET LA POPULATION FRANÇAISE 285 LE
blême a-t-il été le plus souvent négligé ? C'est que, dans l'économie
individualiste, l'homme n'entre pas facilement les calculs,
même théoriques. Et, en particulier, la tendance constante a été
jusqu'ici de traiter des problèmes nationaux en généralisant sim
plement les concepts d'entreprise, c'est-à-dire en les plaçant sur
le plan financier.
Sans doute, l'unité monétaire est incontestablement la plus com
mode; c'est souvent la seule que l'on rencontre dans les données
de base et qui les rende suffisamment maniables. Encore convient-il
que les calculs, même purement financiers, tiennent compte de
tous les facteurs; trop souvent les facteurs visibles sont seuls re
tenus. C'est ainsi que l'équilibre financier du service des alcools
est un concept aisé à saisir, alors qu'il est plus malaisé de tenir
compte de l'influence indirecte de l'alcool sur les finances publiques.
Parmi les conséquences de l'intoxication modérée et de masse
d'origine alcoolique, rappelons la mortalité prématurée de la popul
ation masculine française. L'économie française a subi de ce fait
par rapport à l'économie anglaise, par exemple, une hémorragie
provenant des heures de travail perdues de l'ordre de 200 millions
d'heures chaque année à la veille de la guerre (1). Ce chiffre est
encore inférieur à la réalité, si l'on tient compte des maladies et
accidents entraînant incapacité de travail et de leurs répercussions
sur les budgets de la Sécurité Sociale, des hôpitaux, des asiles, etc.,
qui, directement ou indirectement, influent sur le budget de l'Etat.
C'est pourquoi, même si l'on fait abstraction des facteurs pure
ment humains, les calculs financiers ne sont pas conformes aux
réalités.
I. — La production de

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