Le rôle de l avortement dans la transition de la fécondité à Abidjan au cours des années 1990 - article ; n°6 ; vol.58, pg 741-771
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Le rôle de l'avortement dans la transition de la fécondité à Abidjan au cours des années 1990 - article ; n°6 ; vol.58, pg 741-771

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Population - Année 2003 - Volume 58 - Numéro 6 - Pages 741-771
Guillaume Agnès.- The Role of Abortion in the Fertility Transition in Abidjan (Côte d'Ivoire) during the 1990s Like many African countries, Côte d'Ivoire has entered a phase of fertility transition which is particularly pronounced in urban areas. These changes are occurring in a context of low contraceptive prevalence, raising the question of the contribution of other determinants, particularly abortion, to the fertility decline. A study conducted in Abidjan on women consulting at health centres has been used to make a detailed analysis of the methods of fertility regulation and of the link between abortion and fertility. Despite being illegal, the practice of abortion is increasingly common, particularly among young women and from the beginning of reproductive life. Contraception and abortion are sometimes complementary, with abortion being resorted to following contraceptive failure (particularly of natural methods). In some cases it seems that the experience of an abortion leads to adoption of effective methods, although this is not systematic. The data presented here show that fertility decline in Abidjan cannot be understood without taking into account the major contribution of abortion practices.
Guillaume Agnès.- Le rôle de l'avortement dans la transition de la fécondité à Abidjan au cours des années 1990 À l'image de nombreux pays africains, la Côte d'Ivoire est entrée dans une phase de transition de la fécondité particulièrement marquée en milieu urbain. Ces changements se produisent dans un contexte de faible prévalence contraceptive, soulevant la question du rôle des autres déterminants de la baisse de la fécondité, en particulier de l'avortement. Une étude réalisée à Abidjan auprès de femmes qui consultent dans des centres de santé a permis d'analyser en détail les modes de régulation de la fécondité et les relations entre avor- tement et fécondité. L'avortement est une pratique de plus en plus fréquente, malgré son illégalité, notamment chez les jeunes femmes et dès le début de la vie féconde. Contraception et avortement sont parfois utilisés de façon complémentaire, l'avortement intervenant en cas d'échec de la contraception (en particulier d'une méthode naturelle). Dans certains cas, il semble que l'expérience d'un avortement entraîne le recours à des méthodes efficaces, bien que cela ne soit pas systématique. Les données présentées ici montrent qu'il n'est pas possible de comprendre la baisse de la fécondité à Abidjan sans prendre en compte le rôle majeur des pratiques abortives.
Guillaume Agnès.- El papel del aborto en la transición de la fecundidad en Abidjan durante los aňos noventa Al igual que muchos países africanos, la Costa de Marfil ha entrado en una fase de transición de la fecundidad que es particularmente marcada en el medio urbano. Estos cambios se producen en un contexto de baja prevalencia del uso de anticonceptivos, con lo cual entra en cuestión el papel de otros déterminantes de la baja de la fecundidad, especialmente del aborto. Un estudio llevado a cabo en Abidjan entre las pacientes de centros de salud ha permi- tido analizar en profundidad los métodos de regulación de la fecundidad y las relaciones entre aborto y fecundidad. A pesar de ser ilegal, la práctica del aborto va en aumento, especialmente entre las mujeres jóvenes y desde el inicio de la etapa fecunda. En ciertas ocasiones, anticon- cepción y aborto se usan de forma complementaria, recurriendo al aborto cuando fallan los anticonceptivos (en particular los métodos naturales). En algunos casos, la experiencia del aborto lleva al uso de métodos eficaces, aunque no sistemáticamente. Los datos que se pre- sentan en este articulo demuestran que para entender la disminución de la fecundidad en Abidjan hay que tener en cuenta el papel importante que han jugado las prácticas abortivas.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

A. Guillaume
Le rôle de l'avortement dans la transition de la fécondité à
Abidjan au cours des années 1990
In: Population, 58e année, n°6, 2003 pp. 741-771.
Citer ce document / Cite this document :
Guillaume A. Le rôle de l'avortement dans la transition de la fécondité à Abidjan au cours des années 1990. In: Population, 58e
année, n°6, 2003 pp. 741-771.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_2003_num_58_6_7427Abstract
Guillaume Agnès.- The Role of Abortion in the Fertility Transition in Abidjan (Côte d'Ivoire) during the
1990s Like many African countries, Côte d'Ivoire has entered a phase of fertility transition which is
particularly pronounced in urban areas. These changes are occurring in a context of low contraceptive
prevalence, raising the question of the contribution of other determinants, particularly abortion, to the
fertility decline. A study conducted in Abidjan on women consulting at health centres has been used to
make a detailed analysis of the methods of fertility regulation and of the link between abortion and
fertility. Despite being illegal, the practice of abortion is increasingly common, particularly among young
women and from the beginning of reproductive life. Contraception and abortion are sometimes
complementary, with abortion being resorted to following contraceptive failure (particularly of natural
methods). In some cases it seems that the experience of an abortion leads to adoption of effective
methods, although this is not systematic. The data presented here show that fertility decline in Abidjan
cannot be understood without taking into account the major contribution of abortion practices.
Résumé
Guillaume Agnès.- Le rôle de l'avortement dans la transition de la fécondité à Abidjan au cours des
années 1990 À l'image de nombreux pays africains, la Côte d'Ivoire est entrée dans une phase de
transition de la fécondité particulièrement marquée en milieu urbain. Ces changements se produisent
dans un contexte de faible prévalence contraceptive, soulevant la question du rôle des autres
déterminants de la baisse de la fécondité, en particulier de l'avortement. Une étude réalisée à Abidjan
auprès de femmes qui consultent dans des centres de santé a permis d'analyser en détail les modes de
régulation de la fécondité et les relations entre avor- tement et fécondité. L'avortement est une pratique
de plus en plus fréquente, malgré son illégalité, notamment chez les jeunes femmes et dès le début de
la vie féconde. Contraception et avortement sont parfois utilisés de façon complémentaire, l'avortement
intervenant en cas d'échec de la contraception (en particulier d'une méthode naturelle). Dans certains
cas, il semble que l'expérience d'un avortement entraîne le recours à des méthodes efficaces, bien que
cela ne soit pas systématique. Les données présentées ici montrent qu'il n'est pas possible de
comprendre la baisse de la fécondité à Abidjan sans prendre en compte le rôle majeur des pratiques
abortives.
Resumen
Guillaume Agnès.- El papel del aborto en la transición de la fecundidad en Abidjan durante los aňos
noventa Al igual que muchos países africanos, la Costa de Marfil ha entrado en una fase de transición
de la fecundidad que es particularmente marcada en el medio urbano. Estos cambios se producen en
un contexto de baja prevalencia del uso de anticonceptivos, con lo cual entra en cuestión el papel de
otros déterminantes de la baja de la fecundidad, especialmente del aborto. Un estudio llevado a cabo
en Abidjan entre las pacientes de centros de salud ha permi- tido analizar en profundidad los métodos
de regulación de la fecundidad y las relaciones entre aborto y fecundidad. A pesar de ser ilegal, la
práctica del aborto va en aumento, especialmente entre las mujeres jóvenes y desde el inicio de la
etapa fecunda. En ciertas ocasiones, anticon- cepción y aborto se usan de forma complementaria,
recurriendo al aborto cuando fallan los anticonceptivos (en particular los métodos naturales). En
algunos casos, la experiencia del aborto lleva al uso de métodos eficaces, aunque no
sistemáticamente. Los datos que se pre- sentan en este articulo demuestran que para entender la
disminución de la fecundidad en Abidjan hay que tener en cuenta el papel importante que han jugado
las prácticas abortivas.Le rôle de l'avortement dans
la transition de la fécondité
à Abidjan au cours des années 1990
Agnès Guillaume*
Cet article aborde le problème délicat, complexe et
largement méconnu de l'avortement en Afrique à l'aide de
données d'enquête originales, qui viennent compléter celles
des enquêtes démographiques et de santé. Plus précisément,
Agnès GUILLAUME s 'intéresse ici aux déterminants du recul de la
fécondité dans une métropole africaine, Abidjan. Dans un pays où
l'avortement est illégal et l'accès à la planification familiale res
treint, elle explore les relations entre le recours à l'avortement et
les pratiques contraceptives (naturelles ou populaires versus mo
dernes). Elle met en évidence le rôle de l ' avortement dans les stra
tégies de régulation de la fécondité, dont les conséquences
s 'avèrent parfois très lourdes pour les femmes et pour la société
dans son ensemble.
Dans la plupart des pays africains, la fécondité est entrée dans une
phase de transition dont le rythme, l'intensité ainsi que les déterminants
sont variables : parmi les 31 pays d'Afrique sub-saharienne dans lesquels
une enquête démographique et de santé (EDS) a été réalisée durant les an
nées 1990-2000, la fécondité était comprise entre 4 et 4,9 enfants par
femme dans 10 pays, entre 5 et 5,9 enfants dans 1 1 pays, et elle était supé
rieure à 6 enfants dans les 10 autres pays, le niveau le plus élevé étant ob
servé au Niger avec 7,2 enfants. La fécondité est plus faible en Afrique du
Nord, où elle est inférieure à 4 enfants par femme.
La fécondité a davantage baissé dans les populations qui ont bé
néficié de l'amélioration et de la modernisation de leurs conditions de vie :
l'urbanisation, la scolarisation, l'accès aux médias et les progrès sanitaires
sont autant de facteurs qui influencent fortement ces changements (Vimard
et al., 2001). Une « diversification croissante des systèmes de reproduct
ion africains » se profile entre les pays, voire à l'intérieur même des
* IRD (Laboratoire Population-Environnement-Développement, UMR 151, IRD-Université
de Provence).
Population-F, 58(6), 2003, 741-772 742 A. Guillaume
pays; elle se traduit par d'importantes disparités régionales ou entre
groupes socio-économiques (Tabutin et Schoumaker, 2001), la réduction
de la fécondité étant plus nette dans les groupes urbains et les plus ins
truits (Cosio-Zavala, 2000).
La divergence des évolutions au sein même des différentes populat
ions conduit à s'interroger sur le rôle de chacun des déterminants de la
transition démographique. Les comportements traditionnels d'espacement
des naissances par le biais de l'abstinence post-partum et de l'allaitement
sont mis en avant au Kenya, au Ghana, au Sénégal et au Soudan, où ils
expliquent 37 % à plus de 44 % de la réduction de la fécondité (Vimard et
al., 2001 ; Jolly et Gribble, 1996). Le retard des premiers mariages joue un
rôle prépondérant dans certains pays, tandis que dans d'autres, c'est la
contraception moderne qui constitue le principal moteur de cette évolu
tion, notamment dans les pays d'Afrique anglophone où les gouverne
ments ont apporté un soutien prononcé aux programmes de planification
familiale (Mboup, 2000).
Des études sur la baisse de la fécondité, en particulier dans les pays
où la pratique contraceptive reste faible mais où les femmes expriment une
demande de régulation de leur fécondité, laissent supposer que d'autres
facteurs interviennent, notamment le recours à l'avortement (Nations
unies, 2001). Dans certains pays et plus spécifiquement dans certaines
villes africaines, « la fécondité a rapidement baissé, mais sans utilisation
importante de la contraception » (Tabutin et Schoumaker, 2001). Bien que
l'avortement soit l'une des composantes du modèle de Bongaarts, modèle
couramment utilisé pour mettre en évidence le poids

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