Le rôle de la femme dans la société annamite - article ; n°1 ; vol.4, pg 305-317
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1903 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 305-317
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1903
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Enjoy d'
Le rôle de la femme dans la société annamite
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, V° Série, tome 4, 1903. pp. 305-317.
Citer ce document / Cite this document :
Enjoy d' Paul. Le rôle de la femme dans la société annamite. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris,
V° Série, tome 4, 1903. pp. 305-317.
doi : 10.3406/bmsap.1903.6505
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1903_num_4_1_6505d'kNJOY. — LE RÔLE DE LA FEMME DANS LA SOCIÉTÉ ANNAMITE 305 PAUL
LE ROLE DE LA FEMME DANS LA SOCIÉTÉ ANNAMITE «
Par M. Paul d'Enjoy.
(Lu par M. Manouvrier.) ... <
I. — Fille (Gaï)
Quand, dans un ménage annamite, naît un fille (GAI), cet événement
est une cause de joie pour les parents, dont la descendance mâle est déjà
assurée par deux ou trois garçons.
C'est au contraire une déception très vive, qu'une prochaine grossesse
fera seule cesser, si une enfant du sexe féminin survient, avant tout
autre.
Le premier et le plus grand souci en effet, de tout Annamite, comme
de tout Chinois^ respectueux des traditions familiales, est d'avoir une
descendance mâle pour continuer la famille, de susciter une postérité aux
ancêtres, de leur préparer les grands prêtres de l'avenir qui, chaque
année, aux fêtes du TÊT évoquent leurs mânes et communient avec
eux devant les autels du foyer domestique.
Mais cette postérité assurée, les gens d'Annam préfèrent au fils qui
leur coûtera cher à élever, à entretenir, à instruire, à doter pour son mar
iage, la fille qui sera, comme dit le proverbe annamite « CON ME0
TRONG NBA » le petit chat du foyer, petit chat espiègle et mutin sans
doute, mais sans cesse en éveil et combien laborieux !
Servante toujours empressée, auxiliaire soumise des femmes de son père,
la fille de la maison lave, coud, tisse toute la journée, et le soir venu, pour
la satisfaction de ses parents, chante sur le DON — cette mandoline d'An-
Nam — de vieux poèmes en langue mandarine qu'elle ne comprend pas;
ou mime une danse chaste, imitée du Siam, sous le feu des torches de
palmes, au rythme du tam-tam, au bruit sec des cliquettes et au son
rauque du violon monocorde en forme de pipe.
Sœur aimable, elle jouera avec ses frères et sœurs, aux heures de ré
création, suivant les goûts de son âge, mais sans se départir des conve
nances; prétentieuse légèrement avec ses sœurs plus jeunes, dont l'âge
fait l'infériorité; déférente et soumise envers ses sœurs plus âgées qui
sont, par leur naissance antérieure, ses supérieures dans la hiérarchie
familiale; toujours respectueuse et dévouée envers ses frères, quelle que
soit leur jeunesse parce que leur sexe Commande au sien la soumission.
Elle tutoiera ses petites sœurs EM; traitera de CHI, sœurs aînées,
1 Ce Mémoire a été présenté au Congrès des Orientalistes de Hanoi (novembre
1902) par M. Paul d'Enjoy, délégué de la Société d'Anthropologie. ■
. 16 avril 1903 306
celles dont elle sera la cadette; mais aux garçons, TUAI, petits et grands,
elle donnera invariablement l'appellatif d'ANH, frère aîné, supérieur.
En Chine comme en Annam, il n'y a que cent noms distincts parce
qu'à l'origine il n'y avait, d'après la tradition, que cent familles.
Le nom patronymique s'appelle en langue annamite le HO.
Pour se distinguer entre eux, les gens d'Annam ajoutent à leur HO, un
LOT qui indique leur sexe et un TEN qui devient leur nom personnel.
Ainsi le nom d'un Annamite se compose de trois parties : HO, LOT,
TEN — famille, sexe, personne.
Mais, tandis que les hommes peuvent prendre leur LOT dans une caté
gorie variée de radicaux, quoique le plus commun et le plus conforme à
la tradition VAN, soit le terme VAN; le LOT, des femmes, est unique et
invariable.
C'est le THI.
Les enfants, quelque soit leur sexe, sont, durant toute leur vie, sous
l'autorité de leurs parents.
Ils ne peuvent se marier sans leur consentement et la cohésion entre
parents est telle que la famille se concentre d'une façon absolue en la
personne de son chef, le Père.
Une hiérarchie presque tyrannique dans la forme, bien qu'au fond
douce et patriarcale, crée entre les différents membres de cette commun
auté des devoirs incessants, les obligeant à un respect excessif, les
contraignant à surveiller constamment leur altitude, à étudier même
leurs paroles.
Jamais l'enfant n'est embrassé.
Le baiser paternel est inconnu de la race jaune, seuls les amants se
flairent les joues mutuellemeut et ce geste plus voluptueux qu'affectueux
est, on le conçoit, interdit dans les relations avec les enfants.
Ce n'est pas que le bébé annamite soit sévèrement élevé par ses pa
rents ; il n'est, quoi qu'on ait dit, de meilleurs pères que les Chinois et
les Annamites, de mères plus dévouées que leurs épouses.
Les petites filles, en particulier, sont choyées et traitées avec la plus
grande sollicitude.
On les élève dans la maison, leur évitant les fréquentations suspectes
et les liaisons dangereuses.
Tandis que leurs frères jouent sur la voie publique en toute liberté,
les filles annamites sont retenues dans leur famille.
Dès l'âge le plus tendre on leur donne des colliers,, des bracelets, des
bagues ; on les revêt de CAI-AO en soie de couleur vive et de CAI-QUAN
créponnés . A part la richesse de leur costume et la variété de leurs bijoux,
elle ne se distinguent des garçons que par une grâce féminine des plus
précoces. Tunique,, pantalon, cheveux coupés ras avec mèche tombante,
sont uniformes pour les deux sexes, dans l'enfance.
Cependant on n'envoie pas les filles à l'école., comme leurs frères, afin
de les mieux surveiller à la maison et le père, pour elles, s'astreint à ser
vir de précepteur. -. d'bNJOY. — LE RÔLE DE LA. FEMME DANS LA SOCIÉTÉ ANNAMITE 307 PAUL
Leur instruction est surtout dirigée vers les arts d'agrément ; leur édu
cation vers la science intime du foyer.
Une petite fille annamite va au théâtre, mais pas en classe.
Elle saura rarement lire et écrire d'une façon correcte; mais elle sera
capable de réciter, sans commettre une erreur, des poèmes classiques en
entier; elle jouera agréablement de plusieurs instruments de musique et,
comme femme d'intérieur, elle sera préparée à diriger une maison d'une
manière parfaite.
On lui apprendra les quatre vertus et les trois obéissances rituelles de
la femme :
Vertus de docilité, de modestie, de prudence en paroles et d'amour du
travail.
Obéissances de la fille envers son père ; de la femme envers son mari;
de la mère envers son fils, quand celui-ci devient le chef de famille.
D'un cœur extrêmement délicat, on fera d'elle une petite âme de char
ité aimant à soigner les malades dans la famille avec une abnégation et
une constance rigoureuses. Ses vieux parents seront l'objet de sa plus
tendre sollicitude; son mari trouvera en elle la plus dévouée des épouses;
ses enfants une mère toujours inquiète de leur bonheqr.
La fille, aide précieuse du foyer familial, ne s'émancipe qu'au moment
du mariage et pour passer sous une autorité nouvelle, celle du mari qui
devient aussi son maître.
Selon un proverbe annamite, le mariage fait courir pour la jeune fille
douze chances :
« THAN CON-GAI MUOI HAI BEN NUOG : GAM, Kl, THI, HOA, XA,
« NGHÉ, THO, SO, SI, NONG, CONG, THUONG ».
Douze professions d'époux :
« Joueur de luth, de sifflet, poète, peintre, soldat; maître d'armes, lit-
ce térateur, financier, savant, cultivateur, artisan, marchand ».
Chacun sait qu'en Annam, les fiancées n'apportent point de dot; c'est
l'époux, au contraire, qui, par sa fortune personnelle ou son travail, doit
justifier, vis-à-vis de ses futurs beaux parents, d'une situation qui lui
permette de prendre la charge d'une femme et d'affronter l'éventualité de
la fondation d'une famille.
C'est lui qui doit verser, à titre de cadeau, une somme d'argent entre
les mains des père et mère de la fiancée.
Ainsi, même au moment où elle quitte les siens, la fi

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