Le rôle des syndicats d Allemagne de l Ouest en tant que chefs d entreprises - article ; n°2 ; vol.16, pg 276-292
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Le rôle des syndicats d'Allemagne de l'Ouest en tant que chefs d'entreprises - article ; n°2 ; vol.16, pg 276-292

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Description

Revue économique - Année 1965 - Volume 16 - Numéro 2 - Pages 276-292
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Robert Rézette
Le rôle des syndicats d'Allemagne de l'Ouest en tant que chefs
d'entreprises
In: Revue économique. Volume 16, n°2, 1965. pp. 276-292.
Citer ce document / Cite this document :
Rézette Robert. Le rôle des syndicats d'Allemagne de l'Ouest en tant que chefs d'entreprises. In: Revue économique. Volume
16, n°2, 1965. pp. 276-292.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1965_num_16_2_407651tu
LE ROLE DES SYNDICATS
D'ALLEMAGNE DE L'OUEST
EN TANT QUE CHEFS D'ENTREPRISES
Les réformes sociales des dernières décades ont habitué l'écono
miste et le sociologue à penser les rapports du capital et du travail
en des termes moins tranchés que ne le faisaient les économistes
libéraux du xixc siècle, et à dépasser l'opposition fondamentale de
ces deux facteurs de production en l'organisant, en la canalisant par
des procédures qui l'orientent vers une véritable association, dans
laquelle chacun a des droits reconnus et les moyens de les faire
respecter. C'est dire que la complexité de plus en plus grande de ces
rapports n'est pas pour surprendre, et que l'esprit est préparé à en
découvrir de nouveaux.
L'expérience originale des syndicats allemands reste pourtant
encore de celles qui étonnent : partis de modestes institutions de sol
idarité ouvrière, ils ont développé, grâce surtout à la régularité de leur
progression et à l'importance de leurs rentrées de cotisations, un sec
teur d' « économie communautaire » dans lequel ils exercent les res
ponsabilités d'entrepreneurs ; celui-ci, ruiné par le régime hitlérien,
a connu après la seconde guerre mondiale un essor étonnant à la
faveur de la puissance financière retrouvée par les syndicats, et du
« miracle économique » dont bénéficia l'ensemble de l'économie. Les
syndicats possèdent notamment une des plus importantes compagnies
allemandes d'assurances sur la vie, et la quatrième banque privée.
Ils sont propriétaires d'entreprises dans le secteur du commerce de
détail, de la production de denrées alimentaires, de plus de 1 50 000
appartements, d'entreprises de construction, d'hôtels et de bureaux
de voyage, et d'une compagnie de pêche maritime.
Le développement de cette expérience est intéressant à suivre :
il doit moins à des bases doctrinales qu'à la puissance financière
d'une « machine » bien organisée et tôt installée dans le réformisme ;
le succès aidant, les entreprises des syndicats, d'abord imbues de leur SYNDICATS D'ALLEMAGNE DE L'OUEST 277
caractère « social », se sont imprégnées de l'esprit capitaliste par
contagion du milieu ; amenées à jouer un rôle de plus en plus grand
dans un régime dont elles n'ont pas refusé les règles de concurrence,
elles n'y ont trouvé que des avantages ; et ce milieu, malgré ses rét
icences, ne les a pas repoussées.
LES BASES DE L'ESSOR:
UNE DOCTRINE SOUPLE. UNE PUISSANCE FINANCIERE SOLIDE
Les essais de justification doctrinale ont suivi, plutôt que précédé,
la construction du secteur économique syndical. Au service de cette
construction, la puissance que donnent aux syndicats le nombre de
leurs membres et l'importance des rentrées de cotisations a fourni des
moyens d'investissement et de trésorerie peu coûteux.
LA DOCTRINE
L'intervention des syndicats dans la gestion d'entreprises a com
mencé, vers la fin du xixe siècle et le début du xxe, par la mainmise
sur les coopératives de consommation et la création de compagnies
d'assurances, fondées sur le principe de la solidarité ouvrière. Les
« révisionnistes » du parti social-démocrate entreprirent, contre les
marxistes, d'enlever aux classes moyennes la direction des coopérat
ives de consommation et d'en faire une partie du mouvement des
travailleurs, ce qui fut chose faite au congrès des coopératives tenu
à Dresde en mai 1903, au cours duquel une scission du mouvement
coopératif fit passer sous le contrôle des syndicats ses éléments les
plus dynamiques. Le cinquième congrès des syndicats (Cologne,
1905) adoptait un rapport d'Adolphe von Elm, fondateur d'une
importante coopérative de Hambourg, recommandant aux syndiqués
d'adhérer aux coopératives de consommation. La justification de leur
présence au sein de cette organisation reposait sur la « théorie des
trois piliers » : l'organisation de la puissance électorale dans le parti,
de la puissance du travail dans le syndicat, du pouvoir d'achat dans
les coopératives.
A partir d'une certaine extension, le simple but de la « solidarité
des travailleurs » se trouvait dépassé, et 1' « économie communautaire »
(Gemeinswirtschaft) apparut comme une alternative possible à l'éco- REVUE ECONOMIQUE 278
nomie libérale de marché. Esquissée seulement avant le IIIe Reich,
cette théorie réapparut après l'éclipsé nazie. Henry Everling, théori
cien et responsable du mouvement coopératif, définissait en ces termes
1' « économie communautaire libérale » par, rapport à l'économie collec
tiviste et par rapport à l'économie capitaliste : « Elle se distingue de
la première par le principe de la solidarité et de la copropriété directe
substitués au contrôle étatique ; elle diffère de l'économie libérale
de marché par sa renonciation volontaire à la poursuite du profit ».
Everling voyait dans l'économie communautaire libérale le moyen de
dépasser l'économie libérale de marché, inconciliable avec le sens, de
la responsabilité sociale et la notion de service social.
En fait ces essais de construction doctrinale ont trouvé assez peu
d'écho, en dépit du programme de base de Munich de 1949 dans
lequel les syndicats inscrivaient parmi leurs objectifs : « Une nou
velle organisation de l'Etat, de l'économie et de la société». D'une
part, malgré sa puissance, le secteur des entreprises syndicales n'a
pas occupé une position dominante de nature à lui permettre de se
substituer à l'économie libérale de marché ; en second lieu, une entre
prise ne peut s'étendre dans le cadre d'une structure économique
donnée que si elle s'y comporte en en respectant les règles. Les
entreprises syndicales se sont comportées en capitalistes pour pou
voir lutter à armes égales avec les entreprises concurrentes, et pour
rassurer le patronat d'abord méfiant à leur égard. Des déclarations
du type « Nous ne brassons pas des idéologies mais des affaires »
sont monnaie courante de la part des chefs d'entreprises appartenant
aux syndicats, et éclipsent quelque peu les programmes officiels et
les efforts fournis par les théoriciens socialistes pour l'élaboration
d'une doctrine de 1' « économie communautaire».
LA PUISSANCE FINANCIERE DES SYNDICATS
La Confédération Générale des Syndicats Allemands (D.G.B. ou
Deutscher Gewerkschaftsbund) et les 16 fédérations syndicales grou
pées en son sein (I.G. ou Industriegewerkschaften) groupent 6,4 mil
lions de membres, soit 30 % des travailleurs allemands.
La plus importante des fédérations syndicales, l'IG Metall,
compte à elle seule 29 % des membres du D.G.B. (1,9 million) suivie;
avec 15,2 % par le syndicat des Services Publics, des Transports et
des Communications (1 million). L'IG Chimie, Papier et Céramique,
et l'IG Mines et Energie dépassent chacune le demi-million d'adhér
ents. D'ALLEMAGNE DE L'OUEST 279 SYNDICATS
Dans sept fédérations, la cotisation est calculée sur la base du
salaire brut d'une heure de travail par semaine, pour les ouvriers,
et de 2 % du salaire mensuel pour les employés. Dans cinq autres,
la cotisation est égale à 1,5 %, dans deux autres à 1 % du revenu
brut de l'adhérent. Ces montants constituent des minima, que les
redevables augmentent souvent de leur plein gré, car les prestations
des syndicats en cas de grève, ou celles de leurs institutions d'aide
sociale, varient souvent en fonction de l'importance des cotisations
versées.
Les fédérations gèrent ces fonds de mani&

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