Le statut social de la femme. Pour un nouvel ordre mondial - article ; n°102 ; vol.26, pg 273-281
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Description

Tiers-Monde - Année 1985 - Volume 26 - Numéro 102 - Pages 273-281
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Armelle Gauffenic
Le statut social de la femme. Pour un nouvel ordre mondial
In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°102. pp. 273-281.
Citer ce document / Cite this document :
Gauffenic Armelle. Le statut social de la femme. Pour un nouvel ordre mondial. In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°102. pp. 273-
281.
doi : 10.3406/tiers.1985.3481
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1985_num_26_102_3481LE STATUT SOCIAL DE LA FEMME.
POUR UN NOUVEL ORDRE MONDIAL
par Armelle Gauffenic*
S'intéresser à la place de la femme dans le développement, étudier
les groupements solidaires de femmes les économies correspond
antes, amène à considérer, de façon globale, les possibilités aussi bien
individuelles que collectives des femmes dans la vie publique et conduit
donc à s'interroger sur le statut social de la femme.
A partir d'exemples que fournissent les histoires récentes de plusieurs
pays du Tiers Monde, il s'agira de dégager, en parallèle à nos propres
expériences occidentales, quelques constantes de l'évolution des mouve
ments de femmes, d'analyser leur devenir, pour tenter de percevoir
quelles alternatives s'ouvrent aujourd'hui la participation des
femmes à un nouvel ordre mondial. Parmi l'ensemble des projets et
résolutions internationales existants, cet article s'appuie plus particuli
èrement sur les rapports finaux1 de conférences organisées par l'Unesco
à Tunis (1982), à Lisbonne et New Delhi (1983) dont divers extraits
ont été repris dans le cours de l'article.
Comprendre la situation de la femme aujourd'hui nécessite de revenir
aux postulats idéologiques qui régissent toute société; leur dénomin
ateur commun résulte du principe communément admis suivant lequel
l'important dans une société ou une culture réside dans les normes et
les règles formelles, dans les droits et les obligations qui régissent les
rapports entre les individus, dans la structuration des pouvoirs consti
tués, c'est-à-dire dans les aspects formels du droit, de la politique et
de l'économie. Dans ce cadre, on conclut alors que les femmes, qui
n'ont que peu, voire pas, de place dans les systèmes institués, n'ont
guère d'importance et sont en marge de l'organisation sociale.
* Maître de conférences, Paris.
1 . Rapport final sur la recherche multidisciplinaire relative à la femme dans le monde arabe,
Division des Sciences sociales, Tunis (conf 804/coL 13), Unesco, 1982.
Rapport final sur la recherche sur les femmes et les sciences sociales en Asie, Division des Sciences
sociales, New Delhi (ws/75), Unesco, 1983.
Rapport final sur la participation des femmes à la vie politique et les moyens d'accroître cette partic
ipation, Division des Droits de l'Homme (conf 620/coL 8), Lisbonne, Unesco, 1983.
Revue Tiers Monde, t. XXVI, n° 102, Avril-Juin 1985 TM — 10 ARMELLE GAUFFENIC 274
Se pose la question de savoir si l'on doit considérer les femmes
comme jouant un rôle marginal dans le système social ou comme faisant
partie intégrante de celui-ci, si les femmes, au regard de leurs mouve
ments et de leurs luttes, se situent dans l'intériorité ou dans l'extériorité
des systèmes établis.
Afin de comprendre les alternatives qui se présentent aux groupe
ments de femmes aujourd'hui, il convient de partir de quelques constats.
DE L'ORDRE DES CONSTATS
Ainsi, si les femmes contribuent depuis toujours à la vie et au déve
loppement économique de leur pays, souvent dans des activités non
reconnues au vu des catégories économiques, si, dans les périodes de
libération nationale, d'indépendance et de démocratisation, leur contri
bution est massive et, pour partie, décisive, elles sont, au contraire,
tenues hors des processus d'institutionnalisation et leur présence est de
plus en plus rare aux plus hauts niveaux de la hiérarchie sociale.
Nous disposons d'exemples maintenant bien connus dans les pays
industrialisés, où les deux dernières guerres virent les femmes remplacer
les hommes dans l'économie, situation qui, n'ayant pas été maintenue
à l'issue des conflits, a peut-être conduit au mouvement d'émancipation
des années 70.
En ce qui concerne le Tiers Monde, l'Histoire est aussi révélatrice.
Ainsi, en Inde, dans le contexte historique de la lutte contre le colo
nialisme, le mouvement féministe et le mouvement nationaliste ont été
indissolublement liés; cependant, le nationalisme culturel a persuadé les
femmes que la meilleure façon de conserver l'identité culturelle était de
maintenir leur place traditionnelle de subordination. De fait, l'égalité
entre les hommes et les femmes était reconnue par la nouvelle Consti
tution cependant que les problèmes des femmes étaient négligés.
En Malaisie, avant l'indépendance, l'ordre social malais assurait aux
femmes l'égalité avec les hommes, les femmes qualifiées jouant un rôle
non négligeable dans les affaires sociales et communautaires, même si
elles étaient exclues de la décision politique. L'esprit nationaliste révo
lutionnaire et militant qui, pendant une période, avait permis aux
femmes malaises de s'organiser indépendamment des hommes pour
défendre la culture et l'ethnicité malaises, n'a pas survécu au changement
social; la référence islamique, liée auparavant à un processus de libé
ration, est devenue une méthode de subjugation des femmes par des
interprétations locales ou administratives.
Au Liban, là aussi, des mouvements divers ont marqué l'évolution LE STATUT SOCIAL DE LA FEMME 275
du rôle des femmes dans les affrontements interconfessionnels. Au début
de la guerre, celles-là, par des manifestations, tentèrent de s'opposer à
la guerre et de démanteler les barrières confessionnelles. Elles revendi
quaient ainsi la laïcisation du droit civil, un espace communautaire
régissant le statut des personnes. L'opposition musulmane, l'absence de
soutien de la gauche libanaise, conduisirent à la marginalisation des orga
nisations de femmes; celles-ci durent s'accommoder malgré elles de
l'état de guerre et apportèrent progressivement un soutien logistique
aux différents camps.
Pour finir, nous pouvons encore évoquer la participation des femmes
en Egypte. Là encore, lutte nationale et libération des femmes ont été
conjointes : en 191 9 les femmes sont descendues dans la rue, ont enlevé
leurs voiles...; le mouvement, dirigé par des femmes de la grande bourg
eoisie, fut suivi également par des femmes d'autres milieux; après la
révolution de 1952, des femmes firent une grève de la faim spectaculaire
pour obtenir le droit de vote; elles l'obtinrent en 1954. Mais cet élan
et ce dynamisme du mouvement féministe furent rompus par le regrou
pement des femmes à l'intérieur d'une fédération qui fut créée au sein
du parti socialiste unique, sous Nasser.
DES LUTTES A LA PARTICIPATION
Tant et tant d'exemples jalonnent l'histoire et le parcours de la
participation des femmes au pouvoir et à la vie publique, que de nomb
reuses autres situations se sont également produites, Д est cependant
il est d'ores et déjà possible de dégager une constante de ces quelques
expériences.
Les périodes d'effervescence voient une étroite solidarité réunir
hommes et femmes dans une lutte commune pour l'indépendance, la
libération nationale..., cette lutte en commun abolissant par là même les
clivages traditionnels, vie publique / vie privée, par exemple. Au contraire,
les retours au calme renvoient progressivement chacune des parties dans
d'anciennes catégories, restructurant le mouvement lent de reproduction
en une suite de schémas traditionnels. La conséquence d'un tel état de
fait est que la participation des femmes à la vie politique, comme leur
accession à des instances dirigeantes, reste très restreinte. Face à un
tel constat, pour appréhender les alternatives vis-à-vis desquelles de
tels mouvements ou organisations doivent se situer, on peut se
demander quels sont les obstacles structurels et idéologiques à l'accès
des femmes au pouvoir politique et à l'établissement d'un véritable
statut social. 276 ARMELLE GAUFFENIC
Au fil des divers exemples évoqués, deux facteurs ressortent par
leur influence non négligeable :
— Le nationalisme

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