Les apophyses geni, étude anthropologique. - article ; n°4 ; vol.4, pg 585-658
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1963 - Volume 4 - Numéro 4 - Pages 585-658
74 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 49
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Jean-Louis Heim
Les apophyses geni, étude anthropologique.
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XI° Série, tome 4 fascicule 4, 1963. pp. 585-658.
Citer ce document / Cite this document :
Heim Jean-Louis. Les apophyses geni, étude anthropologique. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris,
XI° Série, tome 4 fascicule 4, 1963. pp. 585-658.
doi : 10.3406/bmsap.1963.1272
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1963_num_4_4_1272Bull. Société Anthropologie de Paris. T. 4, XIe série, 1963, pp. 585 à 658.
LES APOPHYSES GEN1,
ÉTUDE ANTHROPOLOGIQUE (1)
par Jean-Louis HEIM
(Travail du Laboratoire ď Anthropologie du Musée de Г Homme
et de V Institut de Paléontologie humaine de Paris.)
Introduction.
Sous le nom d'apophyses geni (du mot grec « geneion », le ment
on), spina mentalis de la nomenclature anatomique internatio
nale, on désigne classiquement une ou plusieurs petites saillies
osseuses, situées sur le plan lingual de la symphyse mandibu-
laire, et qui donnent attache aux muscles génioglosses en haut
et géniohyoïdiens en bas.
Ce n'est que vers le milieu du xixe siècle que les anatomistes
et les paléontologistes ont commencé à s'intéresser à ces emi
nences osseuses dont l'étude, d'une façon générale, a été assez
négligée ; très peu de travaux jusqu'à présent leur ont été con
sacrés. Bien que le nom d'apophyses geni ne se trouve dans la
littérature qu'au tout début du xixe siècle, les anciens anato
mistes avaient cependant signalé leur existence. C'est ainsi que
Winslow (1732), dans son Traité sur les os secs, écrivait : « Ce sont
des petites tubérosités plus ou moins éminentes et raboteuses, et
dont l'inférieure est sur la lèvre interne de la base. A chaque côté
de la tubérosité supérieure, il y a une impression assez large et
peu profonde ». Plus loin, dans son Traité sur les Muscles, il
poursuivait à propos du muscle géniohyoïdien : « par son extré
mité antérieure il est attaché à une facette raboteuse et souvent
(1 ) En commençant ce mémoire, je tiens à exprimer ma très vive reconnaissance
à M. le Pr Vallois qui, par ses nombreux conseils, m'a initié aux Sciences anthropo
logiques en me suggérant le sujet de ce travail et en dirigeant avec une extrême
bienveillance le cours de mes recherches. Qu'il me soit permis également de r
emercier très vivement le Pr J. Millot, Directeur du Musée de l'Homme, grâce à qui
j'ai pu consulter librement les nombreuses pièces anthropologiques ayant servi de
base à mes recherches, et dont les conseils m'ont été de la plus haute utilité pour la
réalisation de cette étude. 586 société d'anthropologie de paris
un peu saillante de la face interne ou postérieure de la symphyse
de la mâchoire un peu au-dessus du menton », et en ce qui con
cerne les génioglosses : « Chacun d'eux est attaché à la face in
terne ou postérieure de la symphyse de la mâchoire inférieure
immédiatement au-dessus de l'attache du géniohyoïdien .»
J. Palfin (1753), dans son Anatomie chirurgicale, écrivait à pro
pos du corps mandibulaire : « la face interne est cave et il y a
aussi un tubercule à l'endroit de la symphyse lequel est plus gros
que celui que nous avons observé en dehors (tubercule menton-
nier) ». W. Cheselden (1792), dans The Anatomy of the Human
Body, signale sous le nom de processus inominatus le tubercule
de la mâchoire inférieure d'où partent les muscles géniohyoïdiens
et génioglosses.
Les anatomistes du xvine siècle avaient donc déjà constaté
l'existence des apophyses geni et remarqué leur variabilité. Ils
n'avaient cependant pas encore posé le problème de leur cons
tance ni des modalités physiologiques ou raciales qui en command
ent la présence.
Ce n'est qu'à partir du xixe siècle que l'étude à proprement
parler anthropologique sera réalisée.
Le terme d'apophyses geni semble apparaître pour la première
fois dans le Traité ď Anatomie descriptive de Bichat (1801-1803)
où l'on peut lire : « ... sur la ligne médiane de la partie postérieure
de la symphyse, terminée par l'apophyse geni à laquelle s'insèrent
les génioglosses et les géniohyoïdiens . » Ce terme restera par la
suite inchangé au cours des xixe et xxe siècles. C'est durant cette
période que la grande variabilité morphologique des apophyses
geni commença à attirer sérieusement l'attention des anatomistes.
En 1866-1867, dans leur Traité complet de V Anatomie de l'Homme,
Bourgery et Claude Bernard signalaient sous la crête mentale
interne la présence « d'un tubercule rugueux, quadrifide, l'apo
physe geni sur laquelle s'insèrent les muscles pairs génioglosses
et géniohyoïdiens ». En 1882, Cruveilhier spécifiait qu'il y a en
réalité 4 petits tubercules, deux supérieurs pour les muscles gé
nioglosses, deux inférieurs pour les géniohyoïdiens. Testut (1902)
déclare également que les apophyses geni sont quatre petites
saillies disposées deux à deux sur lesquelles s'attachent les musc
les génioglosses et géniohyoïdiens par l'intermédiaire de courtes
fibres tendineuses. Contrairement aux idées de Testut, Augier
(1931) dans le Traité à" Anatomie Humaine de Poirier et Charpy,
estime que les muscles en question ont leurs insertions non pas
sur le sommet des apophyses mais sur leurs versants droit et gau
che. En somme, alors que Testut, et avec lui la plupart des clas
siques, faisaient des geni soit la terminaison des ten
dons des muscles correspondants, soit le résultat de la traction HEIM. LES APOPHYSES GENI 587 J.-L.
de ces muscles sur l'os, Augier définissait ces apophyses comme
des saillies intermusculaires « dont l'épaisseur et l'isolement doit
dépendre du degré d'écartement des muscles droit et gauche ».
Augier poursuit en précisant que la spina mentalis peut être
uni-, bi-, tri- ou quadrifide selon les individus. Il avait voulu
montrer par là une certaine variabilité méritant d'être précisée.
Déjà en effet, dès 1906, dans Les variations des os de la face, Le
Double avait examiné en détail les différentes modalités suivant
lesquelles ces eminences osseuses peuvent se présenter. Il avait
remarqué que leur existence, leur volume, leur remplacement par
une fossette ainsi que leur condensation en une seule masse fo
rmant ainsi ce qu'il appelle spina mentalis interna, étaient autant
de caractères variables pour les apophyses geni.
Parallèlement aux descriptions des anatomistes et à leurs r
echerches sur les causes musculaires ou tendineuses du développe
ment de ces saillies, divers auteurs se sont demandé s'il n'exis
tait pas un rapport entre la présence des apophyses geni et la
possibilité d'un langage articulé chez les êtres qui les possédaient.
Une telle hypothèse fut suggérée à la fin du xixe siècle par
de Mortillet et soutenue quelques années plus tard par Schaaf-
hausen. C'est ainsi qu'en 1898, Zaborowski, dans son ouvrage
UHomme préhistorique, estimait que les représentants de la
race de Néandertal « ne possédaient qu'un langage articulé tout
à fait rudimentaire étant donné l'absence chez eux d'apophyses
geni ». Selon Walkhoff (1911), ces apophyses devenaient « le
signe morphologique du langage articulé » grâce à l'existence chez
l'Homme de travées osseuses de direction différente de celle
observable chez les Anthropoïdes. Plus précisément, il considér
ait le développement des apophyses geni comme étant parti
culièrement associé à l'usage des muscles génioglosses en tant
que muscles de la parole, et plus exactement dans la production
des sons dentaux. Hooton (1947) affirme que « la présence d'apo
physes geni bien développées est la preuve anatomique la plus
sûre que nous offre le squelette de l'existence du langage arti
culé ». Mais cette hypothèse, malgré son vif succès, ne tarda pas
à être critiquée, étant donné

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