Les Attiés - article ; n°1 ; vol.2, pg 399-413
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1911 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 399-413
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Tommasini
Les Attiés
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 2, 1911. pp. 399-413.
Citer ce document / Cite this document :
Tommasini André. Les Attiés. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 2, 1911. pp. 399-
413.
doi : 10.3406/bmsap.1911.8364
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1911_num_2_1_8364TOMMASIM. — i LES ATT1KS 399
l'abri des révolutions, des documents très anciens, des relations remont
ant peut-être aux régimes antérieures au cataclysme ; c'élait une sorte
de bibliothèque ou mieux des archives. Mais on n'avait pas prévu les
effondrements qui, en réduisant le territoire, produisirent son isolement
complet, ni l'arrivée do& missionnaires.
LES ATTIÉS.
Par M. André Tommasini.
Je vais vous parler d'un intéressant petit peuple, habitant les bords du
Komoe, dans la partie moyenne du cours de cette rivière, qui coule, dans
la Gôte-d'Ivoire, près de la frontière delà Côte d'Or, presque directement,
du nord au sud. Ce peuple forme une petite République. Ses habitants,
qui portent le nom d'Attiés, diffèrent beaucoup des peuples qui les envi
ronnent, et qui, tous (Baoulés, Marenous, Indéniés, etc.), appartiennent
à la race Agnie, comme, d'ailleurs, les Achantis de la Côte-d'Or. — Les
Attiés ont plutôt l'air de se rapprocher des Ebriés qui habitent les lagu
nes du sud, quoique leur langue diffère complètement.
Malgré cette différence de mœurs et de langage avec leurs voisins, dans
la plupart des cas, certaines coutumes et certaines cérémonies leur sont
communes, surtout avec les Agnis.
Les Attiés sont peu connus, n'ayant été sérieusement pénétrés, que
depuis peu ; j'ai eu la bonne fortune de les voir de près pendant plusieurs
mois.
Ces indigènes sont de taille moyenne, fortement musclés, très noirs et
et ont l'air fort sauvages.
Ils habitent des villages cachés au cœur de la forêt, formés de cases
généralement grandes, étroitement groupées, et laissant entre elles des
rues resserrées et tortueuses. — Autour des villages, la forêt vierge,
impénétrable et sombre, forme rempart, excepté du côté du chemin
d'accès, qui débouche toujours sur une petite place.
Les cases sont construites sur un modèle uniforme et très bien compris.
On appelle Case l'ensemble des pièces formant l'habitation d'une famille,
en donnant au mot famille le sens le plus large, tel qu'il était compris
chez les Latins, c'est-à-dire, non seulement les ascendants et les enfants,
mais encore les domestiques, les captifs, les parents pauvres et les clients. —
La case forme un grand carré, ou rectangle. Toutes les pièces (c), cons
truites en bois et pisée, se touchent, formant, vers l'extérieur, une
enceinte continue, car toutes les portes (p) s'ouvrent sur la cour, dans
laquelle on pénètre par deux, trois et jusqu'à cinq portails (P), suivant
l'importance des cases qui, en tous cas, en ont toujours au moins deux,
en diagonale. — Tout autour, à l'intérieur, court une galerie couverte (G)
soc. b'anthbop. 28 DÉCEMBRE l9ll 400
soutenue par de nombreux poteaux, sorte de véranda qui protège les
chambres de la trop grande chaleur, et sert de chemin couvert, en cas de
pluie* Les toitures en feuilles de palmier très bien tressées sont excel
lentes, car, absolument imperméables aux pluies torrentielles de Téquateur, .
elles forment, de plus, un abri parfait contre les rayons ultra-violets, si dan
gereux dans ce pays. — Aux quatre angles, où se trouvent en général les
portes, les huttes laissent entre elles un léger espace fermé par un mur
crénelé, demi-circulaire, qui fait légèrement saillie", et flanque la muraille
d'enceinte comme autant de tourelles {M). Bref, ces cases sont fort bien
Fig. i.
comprises pour la défense, et, pour les armées indigènes, la prise d'un
village Attié devait être une opération des plus périlleuses et des plus
chanceuses, étant donné, surtout, l'étroitesse des rues et leurs angles,
flanqués par toutes ces petites forteresses (Voy. Fig. 1).
Intérieurement, ces cases sont assez confortables, et leur distribution
est bien mieux comprise que celle de beaucoup de maisons de nos paysans
français. Chaque pièce, carrée ou plus souvent rectangulaire, de 3 mètres
sur 4 et même de 4 sur 5, fermée par une natte ou par une porte en plan
ches (p) assurée alors par une serrure en bois, dont la clef est une branche ÀNbRE TOMMAStNI. LES ATTIES 401
d'arbre fourchue, sert d'abris à 2 hommes en général ou à un ménage. Le
sol(S')est formé de terre glaise fortement battue, peinte en rouge, tandis que
les murs sont peints en blanc. — La moitié de la pièce, près de la porte*
est surélevée de vingt centimètres environ, au-dessus du niveau de la
véranda et la moitié du fond (S") où se place le lit, est encore surélevée
Fig. 2.
de vingt ou trente centimètres. La véranda elle-même, bordée par un mur
à hauteur d'appui, est plus élevée que la cour de quelques centimètres (s).
Le lit est formé d'un cadre en bois soutenu par quatre pieds, dans lequel
sont placées en long des tiges de palmier flexibles, formant sommier. —
Derrière chaque case se trouve, suivant son importance, une ou plusieurs
huttes destinées à la toilelte (T) car les habitants ne manquent jamais de
prendre leurs tubs, matin et soir. Chaque fois que j'arrivais à l'étape,
c'était le premier soin de mes porteurs. — Dans certaines cases on trouve
jusqu'à quatre de ces cabinets de toilette. Un pour hommes libres, un
pour femmes libres, un pour captifs, un pour captives. — Derrière, se
trouvent autant de huttes servant de lieux d'aisance (A). Ce sont de petites
cabanes au milieu desquelles est creusé un puits de deux à quatre
mètres de profondeur, recouvert de branches et de terre, laissant juste,
au milieu, l'ouverture nécessaire. Quelques-uns sont fort proprement
tenus et ont le sol soigneusement formé de glaise damée et peinte en
rouge (Voy. Fig. 1).
En sus de ces cabinets particuliers, en trouve, à une cinquantaine de
mètres du-village, sur le côté du chemin d'accès, des cabinets publics.
Ce sont de simples feuillées entourées de buissons épais, auxquelles on
accède par un petit chemin en biais, qui empêche les regards d'arriver
aux fosses .
Bien mal venu serait celui qui se ferait surprendre à se soulager
ailleurs qu'en ces endroits réservés. Aussi, les alentours des villages
Attiés sont-ils dépourvus de ces petits tas mal odorants, bien moins
rares, hélas, auprès des aglomérations européennes et surtout des villa
ges de notre pauvre Corse !
Une remarque curieuse, à propos de cabinets, est que, dans les endroits
où se trouvent des panthères mangeuses d'hommes, le fossé est surmonté
d'un échafaudage de trois mètres ou quatre de hauteur sur lequel on -
parvient à l'aide d'un tronc d'arbre creusé d'encoches, et où l'on se place
à l'abri des fauves, car, ceux-ci, qui craignent d'attaquer l'homme debout
vont le guetter à l'endroit où ils savent qu'il a coutume de s'accroupir. 7 DÉCEMBRE 19ld 40â
Dans chaque case, on trouve encore une pièce ou les femmes ont cou
tume de s'enfermer, chaque mois, pendant la période où elles sont
impures. Je dois ajouter, pour finir, quau milieu d'un des côtés de la
cour, en face de l'entrée principale, se dresse une sorte de pavillon
ouvert sur toute la façade, entouré sur les trois autres côtés, d'un banc,
et dont les murs, soigneusement peints, sont garnis de moulages ou de
dessins du meilleur goût nègre. C'est la case des « Palabres », pièce
destinée à recevoir les visiteurs, et aux réunions.
Dans ces cases, les Attiès mènent une vie assez agréable. Ils ont
autour de leurs villages, dans des clairières artificielles, cachées au cœur
de la forêt, des plantations, où ils récoltent en abondance le manioc,
l'igname, la banane, la patate, l'arachide, et une quantité d'autres plantes
vivrières moins importantes. Us possèdent également quelques bœufs,
d&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents