Les causes de décès en France de 1925 à 1978. Présentation d'un Cahier de l'INED - article ; n°1 ; vol.43, pg 165-179

Jacques Vallin, France Meslé

Description

Population - Année 1988 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 165-179
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1988
• Nombre de lectures: 13
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jacques Vallin
France Meslé
Les causes de décès en France de 1925 à 1978. Présentation
d'un Cahier de l'INED
In: Population, 43e année, n°1, 1988 pp. 165-179.
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Vallin Jacques, Meslé France. Les causes de décès en France de 1925 à 1978. Présentation d'un Cahier de l'INED. In:
Population, 43e année, n°1, 1988 pp. 165-179.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1988_num_43_1_17017LES CAUSES DE DÉCÈS
EN FRANCE DE 1925 À 1978
Présentation d'un Cahier de l'INED*
poursuite les pays L'évolution, industriels de la chute au présente cours spectaculaire des bien dernières des de paradoxes. la décennies, mortalité Qui infantile, de aurait la mortalité pu le prévoir renversedans la
ment de la tendance séculaire à la baisse de la mortalité adulte, particu
lièrement marqué dans les pays d'Europe de l'Est, l'élargissement du fossé
entre les sexes ou l'accroissement de l'inégalité sociale devant la mort ?
Cette évolution désormais chaotique de la mortalité ne peut plus être
expliquée par celle d'un facteur relativement simple et dominant tous les
autres, tel le recul des maladies infectieuses, sous le double effet du progrès
médical et de l'amélioration du niveau de vie. L'enchaînement des faits
est beaucoup plus complexe et les prévisions ne peuvent plus se fonder
sur une simple extrapolation des tendances passées de la mortalité totale.
Comprendre l'évolution récente et prévoir l'avenir passe nécessaire
ment aujourd'hui par une analyse plus fine des facteurs pesant sur la
mortalité. L'examen du poids spécifique des différentes causes médicales
de décès devient dès lors un point de passage stratégique. Apprécier les
changements récents ou moins récents intervenus dans ce domaine
permettrait sans doute d'interpréter plus sûrement les tendances actuelles
de la mortalité.
Dans une publication récente, Samuel Preston a répondu en grande
partie à ce besoin en mettant en évidence les liens qui existent entre niveau
de mortalité, structure par âge et répartition par cause des décès(1). Son
étude, fondée sur la confrontation de 165 tables de mortalité (par sexe, âge
et cause), provenant d'horizons divers et d'époques variées (de la fin du
xixè siècle à nos jours), montre qu'à un certain niveau de mortalité, la loi
de mortalité par âge varie en fonction du poids des différentes causes de
décès.
* Paris, INED, PUF, 1988 (Travaux et Documents, Cahier 1 15, à paraître), par Jacques
Vallin et France Meslé, avec une étude des variations géographiques, par Graziella Caselli
et Viviana Egidi; préface de Jean Bourgeois-Pichat.
О Preston (Samuel). — • Mortality patterns in national populations with special
reference to recorded causes of death. — New York, Academic Press, 1979.
Population, 1, 1988, 165-180. LES CAUSES DE DÉCÈS EN FRANCE 166
Cette relation, clairement établie à partir de statistiques international
es, ne donne cependant qu'une vue d'ensemble dont la portée est
forcément limitée par les problèmes que pose la Classification interna
tionale des maladies (CIM) et son évolution dans le temps(2).
C'est cette double limite que nous avons voulu tenter de franchir,
dans le cadre plus modeste d'une approche nationale, en consacrant cet
ouvrage à l'étude des causes de décès en France : définition de groupes
de causes répondant mieux aux besoins de l'analyse démographique et
continuité dans le temps de ces définitions.
Quel est le problème ?
L'analyse démographique de la mortalité par cause exige le regrou
pement des innombrables causes médicales de décès en un petit nombre
de catégories. Mais pour être significatives, ces catégories doivent être
aussi homogènes que possible, tant du point de vue biologique que du
point de vue démographique. La statistique des décès par cause reposant
sur la CIM, elle-même soumise à des révisions successives, la question est
double.
1 — D'une part, la CIM a toujours été, depuis sa naissance à la fin
du xix* siècle, un compromis entre le souci de classer les décès selon les
différents processus morbides pouvant entraîner la mort (autrement dit,
selon l'étiologie de la maladie ou de la cause de décès) et l'incapacité
souvent avérée de définir clairement ces processus, entraînant le recours
à d'autres critères de classement (le plus souvent d'ordre anatomique).
Comment dès lors regrouper les rubriques de la CIM pour obtenir une
représentation assez fidèle de ces divers processus ? Telle est la question
fondamentale.
2 — Mais, d'autre part, la CIM a été neuf fois révisée depuis le début
du siècle et quelquefois très profondément modifiée. Certains pays ont
procédé, lors de certaines révisions, à un double classement des décès pour
une ou deux années de transition. Cela permet, sinon d'assurer la
continuité des séries statistiques, au moins de préciser les conséquences de
la discontinuité introduite par la révision. En France, cette précaution n'a
été prise qu'exceptionnellement et à un niveau d'agrégation tel qu'il est
difficile d'en tirer des conclusions précises. Comment dès lors assurer un
minimum de cohérence aux séries historiques que l'on souhaite reconsti
tuer ? C'est une seconde question, qui, en fait, comme nous le verrons,
devra être traitée au préalable, dans le cadre de la CIM elle-même.
W Samuel Preston a effectué un regroupement sommaire en 12 postes permettant
d'utiliser les statistiques établies à partir des sept premières révisions de la CIM. On trouvera
la clé de passage de ces révisions successives au regroupement de Preston dans : Preston
(Samuel), Keyfitz (Nathan) et Schoen (Robert). — Causes of death : life tables for national
populations. — New York, Seminar Press, 1972, p.6. LES CAUSES DE DÉCÈS EN FRANCE 1 67
A ces deux questions fondamentales s'ajoute un corollaire. La qualité
de l'enregistrement de la cause médicale du décès, autrement dit la nature
et la fiabilité des renseignements portés par le médecin déclarant sur le
certificat de décès, a beaucoup varié avec le temps. En particulier, la part
des décès rangés dans les rubriques de la CIM réservées aux causes mal
définies ou non déclarées a évolué et les séries statistiques propres à
chaque cause donnent inévitablement une vue déformée de la réalité.
Comment répartir entre les différentes causes ces décès de cause indéter
minée ? Que l'on suive tout simplement le classement de la CIM ou que
l'on cherche à construire des catégories plus performantes, il faudra y
répondre préalablement à toute analyse des séries historiques obtenues.
La recherche de réponses aussi appropriées que possible à ces trois
questions relève de démarches assez différentes mettant en œuvre des
moyens d'inégale ampleur.
L'investissement le plus lourd et, peut-être le plus durable, réalisé à
cette occasion, a trait à la seconde question. Ayant pris le parti de reclasser,
en fonction de la liste détaillée de la 8e révision de la CIM, tous les décès
enregistrés en France durant la période étudiée (1925-1978), il nous a fallu
trouver une méthode permettant d'emboîter, l'une après l'autre, chaque
nomenclature dans la nomenclature suivante, au niveau de détail le plus
fin, et ndapter cette méthode aux circonstances (toujours particulières)
propres à chaque révision. La description de cette tâche préalable et la
présentation, pourtant sommaire, des nouvelles statistiques de causes de
décès qui en résultent font l'objet des cinq premiers volumes annexes(3)
publiés parallèlement à ce Cahier. Les données complètes (décès par sexe,
âge et rubrique de la liste détaillée de la 8e révision pour chacune des 54
années couvertes par l'étude) disponibles sous forme de fichiers informati
ques ne pouvaient évidemment pas y figurer.
La réponse