Les chants funéraires de la Pologne. Étude comparative. I. — Les Voceri - article ; n°1 ; vol.6, pg 122-147
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1925 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 122-147
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1925
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bugiel
Les chants funéraires de la Pologne. Étude comparative. I. —
Les Voceri
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VII° Série, tome 6 fascicule 1-3, 1925. pp. 122-147.
Citer ce document / Cite this document :
Bugiel . Les chants funéraires de la Pologne. Étude comparative. I. — Les Voceri. In: Bulletins et Mémoires de la Société
d'anthropologie de Paris, VII° Série, tome 6 fascicule 1-3, 1925. pp. 122-147.
doi : 10.3406/bmsap.1925.8976
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1925_num_6_1_8976société d'anthropologie de paris 122
érosive du sable se poursuit sur ces silex, ces derniers perdent de plus en
plus leur forme artificielle voulue. Dans un temps à venir, les instruments
taillés de Nemours auront l'aspect ruiniforme, c'est-à-dire de débris de
silex naturels usés par du sable. Malgré la dureté des silex de la craie
qui ont été utilisés, ils ne conservent plus actuellement ni crêtes saillantes,
ni portions tranchantes dues à l'intervention humaine, le sable a tout
effacé.
Il résulte donc de ces observations que, quelles que soient les régions
considérées, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Si l'usure due
aux déplacements du sol n'a pas la même activité dans la région de
Nemours que dans celle de zones plus désertiques, elle ne s'en poursuit
pas moins, comme le montrent éloquemment les échantillons qui sont
aujourd'hui soumis à la Société d'Anthropologie.
LES CHANTS FUNERAIRES DE LA POLOGNE.
Étude comparative.
1. — Les voceri.
PAR Mr LE Dr BUGIEL.
Dans le vaste domaine des chanson populaires de tous les pays, existe
un groupe qui, par son coloris sombre, parson caractère mélancolique, par
son allure triste et désolée, fait songer à un bosquet de cyprès immobiles
et mornes entourant un mausolée. Ces chansons sont cependant fraîches
et primesautières, mais la sève qui circule dans leurs troncs et dans leurs
branches, contient des éléments qui empêchent que leur écorce rutile de
soleil et que leurs rameaux hébergent la gent multicolore et loquace des
oiseaux chanteurs.
Ce sont les chansons funéraires.
Autrefois, ce groupe devait être très étendu. On peut admettre comme
probable qu'un grand nombre de peuples civilisés chez qui actuellement
on ne trouve pas de chants funéraires dans la littérature orale, en ont eu
à une certaine période.
Chez les primitifs les chansons funéraires ont été signalées à de nomb
reuses reprises.
A l'état actuel du folklore et de l'ethnographie on peut distinguer
trois groupes de chants funéraires.
Le plus récent est le chant funéraire de l'église. Son ton dogmatique
et mi-littéraire le rend le moins intéressant. Il ne manque cependant pas
d'éléments folklorisles et on y retrouve souvent des échos de la poésie
populaire. D'ailleurs plus d'une fois il est d'origine anonyme. On lui doit
donc une place dans les recherches ethnographiques Ajoutons encore
qu'il ne se rencontre que chez des peuples chrétiens.
Bien plus çurieqx sont, pour le folkjoriste, les (Jeux autres groupes. — LES CHANTS FUNÉRAIRES DE LA POLOGNE 12S BUGIEL.
L'un, plus récent, mérite le titre du groupe des destinées de l'âme. Il est
d'origine complètement populaire, mais les religions supérieures l'imprè
gnent de leurs idées. Il traite du sort de l'âme depuis le moment où
elle a quitté le corps
Nous l'avons rencontré dans peu de pays : dans l'Inde antique, chez
les Daïaks du Bornéo, en Irlande et chez quelques peuples européens. Le
groupe polonais est à cet égard un des plus importants.
Letroisiémegroupe.le plus ancien et aussi très intéressant, c'est le chant
qui déplore et^que nous désignerons sous le nom corse de vocero, car depuis
le fameux roman de Mérimée ce nom très caractéristique est généralement
connu. Le chanteur populaire s'y lamente à cause de la mort d'un membre
de sa famille ou de sa tribu. Le vocero est le plus répandu de tous, car
nous allons le retrouver chez beaucoup de peuples.
On n'y parle pas de l'âme, mais malgré cela ce chant pousse sur le
substrat de croyances. C'est à lui que nous consacrons cette étude.
Les Australiens entonnent, d'après Tylor, aux enterrements de jeunes
gens, la chanson que voilà :
Le jeune frère de nouveau,
Le fils de nouveau
Dorénavant jamais
Je ne verrai *.
Le premier vers de cette chanson est chanté par toutes les jeunes fem
mes, le deuxième par les femmes âgées, le troisième et quatrième par les
unes et les autres.
Aux îles Tonga, les femmes (parentes et esclaves) chantent les comp
laintes autourdu cadavre et les continuent encore au dessus de la tombe *.
De même à l'île Yule, près de la côte sud-ouest de la Nouvelle- Guinée
le voyageur italien L. d'Albertis marque en 1875 que les funérailles, d'ail
leurs très brèves, ne peuvent se passer d'un ou de deux voceri. Malheureuse
ment il ne donne pas le texte de ces chants *.
Quelques semaines après il signale un fait semblable pour les indigènes
de la Nouvelle-Guinée, au bord de la rivière Bioto :
« Un enfant 4 vient de mourir dans le village : la douleur des parents
est navrante. De temps à autre la mère chante une complainte funèbre
qu'elle interrompt par ses cris. A quatre heures, on creuse devant la case
une fosse de trois pieds de profondeur, on y étend le petit cadavre, la
mère jette la première poignée de terre en répétant ses tendres appels.
La tombe remplie, les parents se couchent dessus pour gémir et se lament
er jusqu'au soir. Un feu y brûle à présent, et le père et la mère redisent
1 E. B Tylor, Anthropology, Londres 1895, p. 287.
1 Mahineb, Tonga Islands, Edimbourg 1827, I. 38). — J. Difzmann, Malerische
Reise II, 38, 40.
1 L. d Albertis, La Nouvelle Guinée, Paris, 4883, p. 140.
* L. p'ÀLBBRTiS, o. c, p. 160. société d'anthropologie de paris 424
en pleurant et rediront toute la nuit les lugubres refrains de la lugubre
litanie »..
Pour les îles Samoa, l'excellente monographie du Dr Augustin Kraemer
apporte deux complaintes provoquées par la mort récente d'un fils.
L'une provenant de l'île Savaii, a Le chant de Fatuliaupolu » rappelle à
plus d'un égard les voceri corses. Fatuliaupolu a été tué dans une embus
cade; sa mère ayant appris cela entonne le chant suivant :
Fatuliaupolu mon pauvre,
On t'a assassiné à Salafai.
Où était donc ma famille ?
0, toi favori de Matofa,
Tu as été tué! Où est Lepuleoleu?
Toi, ami d'Anouli,
Tu as été tué,
Où étaient Matiatio et Togiai ?
Fatuliaupolu mon pauvre,
Toi protégé de Vaipaepae
Tu as été tué !
Où étaient donc Tuato et Tolovaa?
Fatuliaupolu, mon pauvre,
Toi, fils de Malaeolu
Tu as été tué,
Où étaient Tevaga et Vaifale? l
Dans une légende de l'île Upolu on dit à une mère que son fils Talaifai
a péri dans une bataille. La nouvelle est inexacte, mais la mère commence
immédiatement à chanter une complainte:
0, hélas, mes pensées,
0, mon amour,
Mon intérieur se retourne. •
J'ai rêvé cette nuit, ô que ce soit faux :
J'étais couché auprès de mon fils
Un troupeau de canards voguait sur le fleuve,
Un oiseau les attaqua,
0, notre seigneur est tué *.
Les Maori de la Nouvelle Zélande ont laissé des chants funéraires d'une
beauté rare. Ils s'appelaient Waiata tangi et étaient chantés en chœur8.
Davis en a noté une dizaine * : deux de ces lamentations furent composées
par le roi Iwikan après le décès de son frère, Tukino te-Heuheu.
1 D' A. Kraemer, Die Samoainseln, Stuttgart, 1905, t. I, p. 117.
« D' A. o c, I, p. 259.
1 Hochstetter, Neuseeland, Stuttgart 1863, p. 809.
♦ Davis, Maori Memeqtos, Auçlaad, 1855, p. 172-208, — LES CHANTS FOîeÉRAïRES EE LA POLOGNE 125
Voici le fragment du chant improvisé au-dessus du corps de la jeune
défunte Ngaro par sa parente âgée Patuwhakairi :
Vous ondes bleues, qui venez et partez,
Puissiez- vous ne plus vous gonfler, ne plus baisser,
Car votre chérie vie

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