Les conséquences en géographie humaine et géographie préhistorique d une Catalogne humide et forestière de l Est - article ; n°1 ; vol.8, pg 3-17
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Les conséquences en géographie humaine et géographie préhistorique d'une Catalogne humide et forestière de l'Est - article ; n°1 ; vol.8, pg 3-17

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Méditerranée - Année 1967 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 3-17
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Publié le 01 janvier 1967
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Langue Français
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Extrait

Pierre Deffontaines
Les conséquences en géographie humaine et géographie
préhistorique d'une Catalogne humide et forestière de l'Est
In: Méditerranée, 8e année, N°1, 1967. pp. 3-17.
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Deffontaines Pierre. Les conséquences en géographie humaine et géographie préhistorique d'une Catalogne humide et
forestière de l'Est. In: Méditerranée, 8e année, N°1, 1967. pp. 3-17.
doi : 10.3406/medit.1967.1218
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medit_0025-8296_1967_num_8_1_1218LES CONSÉQUENCES EN GÉOGRAPHIE HUMAINE
ET GÉOGRAPHIE PRÉHISTORIQUE
D'UNE CATALOGNE HUMIDE ET FORESTIÈRE
DE L'EST
Une Catalogne humide et forestière de l'Est
Nous avons déjà noté l'existence d'une curieuse Catalogne
humide, quasi non méditerranéenne et presque atlantique qui sépare
deux Catalogne sèches, l'une extrême orientale, la Catalogne du
Roussillon et de l'Ampourdan, que nous avons proposé d'appeler
Catalogne de la Tramontane, à cause de l'importance des vents,
de sa sécheresse, de sa luminosité, l'autre occidentale, qui s'étale
à l'ouest de Barcelone et de Manresa et évolue, soit vers un paysage
de plus en plus méditerranéen au long de la mer vers Tarragone et
Tortosa, soit vers un paysage plus continental, plus steppique vers
l'intérieur, vers Lérida, les Monegros et l' Aragon (1).
Cette Catalogne humide atteint des pluviosités insolites, de
1 016 mm à Olot, 916 à Llagostera, 805 à Figueras et même de plus
d'un mètre cinquante à La Salud et au Montseny, plus du double
de celle de Perpignan (596 mm) ou de Lerida (480 mm). Les som
mets du Montseny sont souvent chapeautés par des formations
nuageuses.
Non seulement la pluviosité est plus abondante, mais elle est
répartie autrement. En zone méditerranéenne, dominent les pluies
de saison froide, surtout l'automne, c'est-à-dire la pluie peu utile
à la vie végétative alors ralentie ; les étés sont au contraire des
(1) P. Deffontaines, Essai de description régionale de la Catalogne, Méditerranée,
oct. 1962, p. 10 et suiv. 4 P. DEFFONTAINES
époques quasi sans pluie provoquant un arrêt de la végétation.
Ce n'est pas tant la rareté des pluies en Méditerranée que leur
répartition inopportune qui provoque cette végétation pauvre et
spécialement adaptée à la longue sécheresse de saison chaude. Dans
la région d'Olot, au contraire, la saison chaude est la plus humide,
les mois les plus pluvieux sont mai et juin, c'est-à-dire les mois les
plus utiles à la vie végétative, mais aucun mois n'est dépourvu de
pluies ; un proverbe catalan déclare même : « quan no plou a Olot,
no plou en lloc •» (quand il ne pleut pas à Olot, c'est qu'il ne pleut
nulle part ailleurs).
On conçoit qu'une forêt quasi océanique ait pu se développer
en ces régions. Une couverture forestière massive, une des plus
denses d'Espagne, s'étale dans les Guillerias (80 % de la superficie) ,
le Montseny, le Montnègre, les Gabarras (70 %) , la Garrotxa, le
Ripollès. Une région, près de Gerone s'appelle même la Selva. C'est
une forêt continue et anonyme, non pas en massifs et portant des
noms localisés.
Cette zone d'humidité forte et de dense végétation est inatten
due en cette Catalogne collée à la Méditerranée. Là, disparaît moment
anément la végétation méditerranéenne ;• plus d'oliviers, d'amand
iers, de caroubiers, même presque plus de vignes ; des cultures
anormales ont pris leur place : avoine, fourrage, maïs, plantations
de peupliers et de platanes, et surtout forêt, avec composition assez
peu méditerranéenne ; dans la montagne, chêne pubescent, hêtre,
même sapins et bouleaux ; dans la plaine, Oriol de Bolos, étu
diant le paysage végétal de la Selva, à quelques kilomètres du
littoral méditerranéen, note l'importance d'une végétation euro-
sibérienne et médéoeuropéenne qu'on est loin de rencontrer au
même degré dans le Bas-Languedoc ou la Provence littorale et
signale le nombre relativement élevé d'espèces atlantiques à feuilles
caduques, conservées comme des relictes (1).
Cette zone humide et forestière s'étend du Nord au Sud, de
la mer aux Pyrénées, du Montnègre au Puigmal et au Carlitte, sur
près de cent kilomètres, mais c'est une bande assez étroite en
largeur, de l'Est à l'Ouest, guère plus de cinquante kilomètres entre
Gérone et Granollers ou Vich, véritable dorsale pluviométrique et
forestière.
Sans doute, cette pluviosité exceptionnelle apparaît liée à de
(1) Oriol de Bolos, El paisaje vegetal de dues comarques naturals : La, Selva
i la Plana de Viv. Barcelone, 1959, Institut d'Etudes catalanes, p. 18. CATALOGNE HUMIDE ET FORESTIERE 5
hauts reliefs. Sur la côte, le Montnègre est la zone la plus élevée
de la longue et étroite Sierra littorale catalane ; il atteint huit
cents mètres ; quant au grand dôme du Montseny, il marque le
paroxysme (plus de mille sept cents mètres) des Sierras prélitto
rales, qui font face à la sierra littorale sur l'autre côté du fossé
d'effondrement du Vallès-Panades ; plus au Nord, les plateaux
du Collsacabra et Cabrerès sont parmi les plus élevés de la zone
des plateaux centraux de Catalogne ; ils se terminent en promontoire
par le signal du Far, qui atteint mille soixante-quinze mètres.
En outre, ce sont des reliefs dont les abrupts sont surtout
tournés vers l'Est et le Sud, c'est-à-dire du côté où viennent les
vents pluvieux, qui sont ici, contrairement au reste de l'Europe,
des vents d'Est, des Levante, venant de la Méditerranée et surtout
de ce golfe de Lion, centre de basses pressions et élaborateur de
nuages, comme son homologue sur l'Atlantique, le golfe de Gascogne,
les deux mauvais golfes de l'Europe et qui souvent se donnent
la main.
Extension ancienne de cette Catalogne forestière
Mais cette bande forestière, aujourd'hui assez étroite et loca
lisée sur de hauts reliefs transversaux, paraît avoir été beaucoup
plus large jadis ; elle semble être en voie de régression, comme
si le domaine de la pluviosité et de la dense végétation se restrei
gnait progressivement. Les boisements actuels ont l'aspect de relictes.
Les sapins, accrochés aux flancs nord du Montseny, ne sont plus
qu'une centaine, et l'on ne voit aucune jeune repousse. Il est question
pour les préserver de les déclarer parc national ; au vrai, ce sont
de véritables monuments historiques.
Or, jadis, ils étaient assez abondants pour contribuer à l'active
industrie de la construction navale de la côte. C'était là surtout,
que les armateurs de Blanès, Lloret, Arenys de Mar, Mataro
s'adressaient pour leurs bois de mâture. Il y avait d'ailleurs des
boisements de sapins en dehors du Montseny, aujourd'hui disparus ;
on en exploitait sur les pentes nord du Montnègre. Il en est de
même des bouleaux du plateau de la Salud et du bassin de Cam-
prodon, ils constituent de petits îlots anormaux en voie de régression
rapide. Quant aux hêtres du Montseny ou du Collsacabre (massif
des Ayats c'est-à-dire des Hêtres), ils étaient renommés jadis pour
leur grosseur et leur qualité. On en voit les témoins dans les char- D P. DEFFONTAINES
pentes des anciennes habitations ; aujourd'hui, la majorité des hêtraies
est constituée par des taillis de très médiocre rendement ; il est
des régions où le hêtre a disparu depuis peu comme sur le pla de
la Calme ; quant aux chênes rouvres et pubescents, ils sont de plus
en plus remplacés par des chênes verts, eux aussi mis en taillis
pour le bois de chauffage ou le charbon de bois. C'est le chêne vert
qui envahit ; on le trouve parfois en inversion botanique au-dessus
du hêtre. Les châtaigniers, bien que d'introduction humaine, sont
eux aussi en décadence, les châtaigneraies, atteintes par la maladie
de l'ancre ou par des coupes répétées, ne se remplacent plus et
c'est un taillis de châtaigniers qu'on voit se développer, utilisés pour
les cercles de tonneaux ou les piquets de bois.

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