Les frontières contestées du politique et du religieux dans le Tiers Monde - article ; n°123 ; vol.31, pg 485-497
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les frontières contestées du politique et du religieux dans le Tiers Monde - article ; n°123 ; vol.31, pg 485-497

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 123 - Pages 485-497
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yves Goussault
Les frontières contestées du politique et du religieux dans le
Tiers Monde
In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°123. pp. 485-497.
Citer ce document / Cite this document :
Goussault Yves. Les frontières contestées du politique et du religieux dans le Tiers Monde. In: Tiers-Monde. 1990, tome 31
n°123. pp. 485-497.
doi : 10.3406/tiers.1990.3932
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1990_num_31_123_3932INTRODUCTION
LES FRONTIÈRES CONTESTÉES
DU POLITIQUE ET DU RELIGIEUX
DANS LE TIERS MONDE
par Yves Goussault*
La résurgence du fait religieux et sa présence active dans la vie des
peuples d'aujourd'hui doivent-elles être considérées comme une donnée
majeure de notre époque? Elles semblent se manifester partout : « crise du
bonheur » et besoins « communionnels » dans les sociétés modernes, rôle
des Eglises et des minorités croyantes dans les bouleversements à l'Est,
mouvements politico-religieux dans le Tiers Monde, et mise à l'épreuve de la
laïcité dans toutes les sociétés au Nord comme au Sud. Comment ne pas s'i
nterroger sur cette situation nouvelle : l'influence grandissante des religions
dans les enjeux politiques, idéologiques et sociaux? Bernanos disait que,
privée de ses mythes et ses religions, l'humanité est menacée de « mourir
de froid ». Analysant la situation actuelle, certains parlent à la manière de
Max Weber de « réenchantement du monde » et du « retour du religieux »,
tandis que d'autres évoquent son rôle « stratégique w1. La question est donc
posée.
Le numéro que nous présentons ici apparaîtra d'abord comme la confi
rmation que le problème existe vraiment pour ce qui est des pays du Tiers
Monde. L'éventail des cas étudiés, la variété et la représentativité des aires
culturelles et zones géopolitiques retenues montrent qu'il n'est guère de
régions ni de pays qui échappent à l'incidence plus ou moins bruyante, mais
souvent importante du fait religieux dans leur vie politique. Comme on le
verra même, la plupart des secteurs de la vie nationale peuvent être
♦ Professeur à l'Université de Paris I (iedes).
1 . M. Clévenot (sous la direct, de), L'état des religions dans le monde, Paris, La Découverte /
Le Cerf, 1987, 640 p.
Revue Tiers Monde, t. XXXI, n» 123, Juillet-Septembre 1990 486 Yves Goussault
concernés : villes et campagnes, catégories sociales de tous niveaux, travail et
syndicalisme, exercice du pouvoir et partis politiques, et bien entendu la vie
culturelle.
Mais peut-on dire pour autant que nous sommes en face d'une menace
pour le monde, d'un mouvement de fond dont dépendraient à la fois
l'avenir des sociétés en développement et de leur rapport aux anciennes
métropoles de l'Occident développé ? C'est aller vite en besogne et risquer de
glisser sur un plan idéologique qui n'est évidemment pas celui qui est adopté
ici. Avec plus de mesure et en se voulant plus rigoureux, les auteurs se sont
assigné comme premier objectif de rendre compte de quelques-unes des mobil
isations, des luttes et révolutions à référence religieuse, des analyses qui en
sont faites et de proposer avec prudence des éléments d'appréciation.
UN THÈME DÉROUTANT POUR LES SCIENCES SOCIALES
Rendre compte c'est commencer par rassembler un maximum $ informat
ions sur une réalité qui fait trop souvent l'objet de descriptions superficielles
et tronquées, davantage destinées à l'usage médiatique ou politique qu'à
l'enquête systématique. Cette première démarche d'ordre documentaire
constitue déjà un défi, si l'on prend en compte la difficulté d'accès à un terrain
où beaucoup de ce qui est offert au regard du public, et presque tout ce qui en
est dit, l'est précisément pour en déformer la portée réelle dans un sens ou
dans un autre. Car il s'agit bien d'une réalité brûlante dont la manipulation
est particulièrement délicate. Le religieux — ce religieux-là qui est aussi
d'essence politique — n'est jamais innocent, jamais neutre ni « objectif»; il
est matière volcanique. Au fascinosum et tremendum du sacré d'autrefois
s'ajoute aujourd'hui l'effervescence des sociétés ou des populations en pleine
conjoncture de crise et souvent de violence.
D'un accès aventureux, le religieux est non moins hasardeux quand se
pose la question de la méthode d'analyse. C'est alors en effet qu'apparaît
l'extrême difficulté à trouver les catégories susceptibles d'en déconstruire
puis reconstruire les éléments. Polymorphe il se manifeste sous des aspects
qui sollicitent l'intervention de plusieurs disciplines des sciences sociales.
Les études qui suivent en sont l'illustration avec la diversité de leurs
approches et des traitements qu'elles utilisent : sociologie et anthropologie,
sémiologie et histoire de la pensée, philosophie sociale, politologie, etc.
Chacun le voyant sur son terrain, la confrontation des analyses devient
problématique. Nous l'avons expérimenté à l'occasion d'une recherche en
séminaire qui, pendant plus de deux ans, a précédé et préparé la parution de Les frontières contestées du politique et du religieux 487
cet ouvrage. A commencer par la formulation d'un intitulé à choisir entre
« religion et société » et « religion et pouvoir » pour décider ensuite de
conjuguer les deux relations que nous ne savions départager.
Il s'est avéré non moins difficile de définir, à partir des exposés et dis
cussions, un fonds conceptuel commun. La présente publication en porte la
marque à travers ce qui est à la fois la richesse foisonnante du phénomène
étudié dont la force d'interpellation éclate dans toutes les directions
(humaine, sociale, culturelle, politique) et la quasi-impossibilité d'en donner
une explication qui ne soit pas subjective. A plus forte raison prévoir
le devenir avec une suffisante garantie. Si la problématique de départ est
de nature sociologique — étudier l'incidence du renouveau religieux à l'inté
rieur du champ des forces sociales et politiques — les termes de cette
sociologie sont variés. Il est clair cependant qu'ils se démarquent de ce que
ferait, face à ce même phénomène, une sociologie ou une anthropologie des
religions, au sens qu'ont pris ces disciplines, aujourd'hui instituées, qui
traitent du religieux dans sa spécificité d'abord : mythes fondateurs, doc
trine et croyances, rites et pratiques, institutions, etc., et de ses aspects
sociaux ensuite. Même s'il y a des recoupements la démarche, ici, est
à l'opposé : le fait religieux y est saisi à travers l'analyse des objectifs
qu'il assigne aux sociétés et des transformations qu'il y opère. Et c'est
précisément cette inversion de l'approche qui crée la difficulté théorique.
L'objet est saisi indirectement, perçu par ses effets — sociaux, politiques,
idéologiques — sans que soient toujours identifiables ce qui relève de la
dynamique de chacun de ces champs et ce qui est proprement d'ordre
religieux. Parmi d'autres exemples on verra la traduction de ce porte-à-faux
dans l'interprétation parfois différenciée que les auteurs donnent d'un même
mouvement ou de cas très comparables, qu'ils soient pris dans l'aire chré
tienne ou islamique, ou dans leurs sous-cultures. Ils sont considérés tantôt
comme inspirés par l'idéal religieux, tantôt comme de simples actualisations
d'aspirations sociales ou plus banalement comme des luttes utilisant
l'argument religieux pour la conquête du pouvoir. Malgré son ubiquité
ou de par elle, le réfèrent religieux à l'œuvre dans les diverses mobilisations
étudiées peut difficilement être isolé. Il est le « sens » des conduites
sociales (Weber), mais celui-ci est-il seulement transcendantal ? Il est le
« souci ultime » de l'agir (« le sacré est la qualité de ce qui préoccupe l'homme
de façon ultime », disait Tillich), mais quelle est alors la part des
intérêts temporels?
On voudrait pouvoir résoudre ce problème à la manière de

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents