Les idées de A. N. Ostrovskij sur l art dramatique - article ; n°1 ; vol.9, pg 48-70
24 pages
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Les idées de A. N. Ostrovskij sur l'art dramatique - article ; n°1 ; vol.9, pg 48-70

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Description

Revue des études slaves - Année 1929 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 48-70
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jules Patouillet
Les idées de A. N. Ostrovskij sur l'art dramatique
In: Revue des études slaves, Tome 9, fascicule 1-2, 1929. pp. 48-70.
Citer ce document / Cite this document :
Patouillet Jules. Les idées de A. N. Ostrovskij sur l'art dramatique. In: Revue des études slaves, Tome 9, fascicule 1-2, 1929.
pp. 48-70.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1929_num_9_1_7432LES IDÉES
DE A. N. OSTROVSKÚ
SUR L'ART DRAMATIQUE,
PAR
JULES PATOUILLET.
Au cours de sa longue carrière (18/17-1886), Ostrovskij a
connu plus d'appréciations injustes ou tendancieuses que de juge
ments favorables ou impartiaux. Si sensible qu'il fût à la critique (1),
la passion de produire, aiguillonnée par des soucis matériels, ne
lui laissa ni le goût ni le loisir d'y répondre (2). Les éditions de ses
œuvres publiées de son vivant présentent le texte nu, sans ces
examens, préfaces, avertissements et autres éclaircissements apologé
tiques qui sont presque de tradition chez nos grands écrivains
dramatiques, de Corneille et Racine à François de Curel. Hien
même qui rappelle cette Sortie de théâtre après la représentation d'une
nouvelle comédie (Театральный разт/Ьздъ. . .), où Gogoľ, par
une fiction ingénieuse, met dans la bouche des spectateurs ou
même de « l'auteur » tout ce qui peut être dit pour ou contre son
Revizor. Oslrovskij ne s'est pas posé en théoricien, en homme de
doctrine, non par incapacité, mais par une sorte de pudeur.
Ce « convaincu » est en même temps un réservé. « Mes convic
tions», a-t-il dit dans une circonstance mémorable pour s'excuser
de ne pas parler «en savant», de «ne pas apporter une suite
rigoureuse et de fortes conclusions », « se sont formées en moi
non pour être publiées, mais seulement pour moi-même, pour
(*) «Воспоминанія объ A. H. Островскоиъ» П. M. Нев-Ьжина, Ежегодникъ
императорскихъ театровъ, ідю, VI, pp. 5 et 7.
W La défense du Failli (Банкроть), en i85o, était motivée par une mesure
de censure.
Revue de» Eludes slaves, tome IX, іуиу, fasc. 1-2. LES IDÉES DE A. N. OSTROVSKÚ SUR I/ABT DRAMATIQUE. A9
mon usage personnel, en quelque sorte; et je les aurais gardées
en moi sans l'avènement de cet heureux jour(1* ».
Longtemps négligées comme dépourvues d'originalité , et d'ail
leurs insuffisamment connues, les vues d'Ostrovskij sur ľart dra
matique ont suivi la fortune croissante de son théâtre depuis
quelque vingt ans. La publication de documents nouveaux, surtout
à l'occasion du centenaire de la naissance du dramaturge (192З),
en a facilité l'étude. Mais les textes sont en nombre limité, frag
mentaires, dispersés dans une vaste correspondance, dans des
allocutions ou mémoires officiels ou non officiels, des ébauches
d'essais critiques sur des écrivains étrangers, — des souvenirs ou
témoignages divers sur l'auteur. Pourtant, du rapprochement de
ces textes documentaires paraît bien se dégager une conception
raisonnée, logique même de l'art dramatique en Russie, qu'attestent
tels arguments, tels enchaînements de pensée. La forme systéma
tique qu'affectera le présent essai de reconstitution tend unique
ment à rétablir leur suite, sans dommage, on l'espère du moins,
pour la vérité du fond (2).
I
Quand on parle de théâtre dramatique en Russie au xixe siècle,
il faut toujours évoquer deux institutions, deux puissances qui, au
lieu de servir ľart et de protéger les écrivains, se dressaient contre
les libertés légitimes de l'un et contre les justes intérêts des autres :
la censure et le monopole des théâtres impériaux.
De la première, nul sans doute n'eut plus à pâtir qu'Ostrovskij
par les veto mis quelquefois pendant des années à la représentation
ou à l'impression de ses pièces en leur texte original : l'histoire de
ces vexations est aujourd'hui connue. Quant au monopole, il s'e
xpliquait, historiquement, par le fait que le théâtre, privilège
d'abord réservé au tsar et a sa cour, était demeuré aux xvin6 et
xixe même après l'admission d'un public payant, une instisiècles,
tution officielle entretenue, dans les deux capitales, sur les fonds
de la cassette impériale. Mais, par le jeu faussé du Règlement de
W Застольное слово A. H. Островскаго о Пушкин^, Полное собраніе сочи-
неній A. H. Островскаго... подъ редакціей M. И. Писарева, Спб. , 1 9°^ ^ VIII,
р. 555. C'est l'édition qui, dans la suite de cet article, sera désignée sous le
titre : Œuvre» complète».
(î> N. K. Piksanov, Островский, Литературно - театральный семинарий,
«Основа», Иваново-Вознесенск, 192^1 [>• 9''- Островский - теоретик (comme
«thème»), avec une courte bibliographie.
KTUDFS SLAVES. h 50 JULES PATOUILLET.
1827 (J), resté en vigueur jusqu'en 187/j, il avait entraîné des
abus iniques '2l : la Direction des théâtres impériaux s'arrangeait
pour payer le moins cher possible les ouvrages dramatiques ou
même pour les acquérir gratuitement. Si un auteur, en effet, voul
ait que sa pièce fût jouée, il la cédait, le plus souvent l'offrait à
un acteur pour le bénéfice de celui-ci; après quoi elle devenait
«officielle» (казенная), c'est-à-dire propriété de la Direction,
ainsi détentrice désormais de pièces qui lui procuraient de fruc
tueuses recettes, sans rien rapportera l'auteur. Ou encore, au lieu
d'honoraires « par représentations», la Direction achetait la pièce
à l'auteur, à titre définitif. « Aucun auteur dramatique écrit un
contemporain, ne s'est acquis une aisance assurée. Ostrovskij, qui
a donné plus de trente pièces à la scène, touche de ce chef un re
venu relativement insignifiant. » Ce témoignage confirme les récr
iminations si fréquentes d'Ostrovskij sur ce point ^3). D'autre part,
les choix de la Direction étaient souvent dictés par des considéra
tions étrangères à la valeur des œuvres. Enfin, dans la seconde
moitié du xix6 siècle, elle avait fermé les « classes dramatiques » ou
«classes préparatoires » (4), se désintéressant ainsi de la formation
de bons acteurs. Le mot de « martyre (5) », appliqué à cet aspect de
la carrière d'Ostrovskij, n'est donc pas excessif.
Impuissant contre la censure, noire auteur mena sans répit la
lutte contre les méfaits du monopole. Création d'un Cercle artis
tique à Moscou (1 865 ) pour remplacer l'école théâtrale qui venait
d'être supprimée^, Mémoire sur les écoles théâtrales (1 88 1)'7),
Mémoire pour l'organisation d'un théâtre national russe à Moscou
W Положеніе о вознагражденіи сочинителямъ и переводчикамъ драмати-
ческихъ пьесъ и оперъ, когда онъ- будутъ принесены для представленій на
императорскихъ театрахъ.
W А. С. Суворинъ, Театральные очерки (1866-1876), Спб., їді 4 , préface
р. їх; А. С-нъ, «Русская драматическая сцена», В'Ьст. Евр. , 1871, n° t,
pp. 384-ДоЗ.
(3) А. С. Суворинъ, op. cit., кк, Юбилей Островскаго , pp. 416-619; ^- С-нъ,
art. cité ; lettre d'Ostrovskij à I. A. Vsevobžskij , directeur des théâtres impériaux ,
ai octobre 1882 (A. С. Поляков, Три письма Островского, Памяти А. Н.
Островского, Петроград, 192З, pp. 127-129). ^e recueil sera désigné, dans la
suite de l'article , par les initiales : П. 0.
(*> Œuvres complètes, X, p. 707.
W H. Кашин, «Мартиролог A. H. Островского», dans le recueil intitulé
Александр Николаевич Островский, i8a3-io,23, изд. «Основа», Иваново-
Вознесенск, ідаЗ, pp. З7-67.
(6) П. Марков, «Островский и Артистический кружок», dans le recueil inti
tulé Островский, к столетию со дня рождения, Москва, iO/ЗЗ, pp. кк-к'].
i.brév. Ост.
;7> Записка о театральныхъ школахъ, Œuvres complètes, IX, pp. 695-708. LES IDÉES DE A. N. OSTROVSKÚ SUR L'ART DRAMATIQUE. 51
(і88з)(1): voilà pour la défense de ľart. La constitution d'une
Société des écrivains dramatiques et des compositeurs russes (1870-
187Д), dont Ostrovskij fut l'initiateur, le protagoniste persévérant
et le premier président officiel (2) , le relèvement des « honorair

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