Les Martiniquais. Anthropologie d une population métissée. - article ; n°2 ; vol.4, pg 241-432
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1963 - Volume 4 - Numéro 2 - Pages 241-432
192 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 13 Mo

Extrait

Dr. J. Benoist
Les Martiniquais. Anthropologie d'une population métissée.
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XI° Série, tome 4 fascicule 2, 1963. pp. 241-432.
Citer ce document / Cite this document :
Benoist J. Les Martiniquais. Anthropologie d'une population métissée. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de
Paris, XI° Série, tome 4 fascicule 2, 1963. pp. 241-432.
doi : 10.3406/bmsap.1963.1223
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1963_num_4_2_1223Société Anthropologie de Paris. T. 4, XIe série, 1963, pp. 241 à 432. Bull.
LES MARTINIQUAIS
ANTHROPOLOGIE D'UNE POPULATION
MÉTISSÉE
par le Dr Jean BENOIST
(Déparlement ď Anthropologie de l'Université de Montréal).
CHAPITRE PREMIER
L'ANTHROPOLOGIE DU MÉTISSAGE
Les hasards de l'histoire malaxent les peuples. Isolant certains
d'entre eux, en rapprochant d'autres de façon inattendue, ils
contribuent au perpétuel remaniement de leur patrimoine
héréditaire. A notre époque de bouleversements socio-écono
miques particulièrement intenses, les brassages et les migrations
s'accentuent, les isolats se rompent et des types humains entre
lesquels des distances géographiques ou culturelles infranchis
sables interdisaient jusqu'alors toute communication se ren
contrent et se mêlent.
Le métissage qui en résulte n'affecte cependant pas d'une
manière égale toutes les régions du globe. Là où aucun courant
migrateur massif ne s'est infiltré, les transformations actuelles
se réduisent aux conséquences de l'accroissement des commun
ications et de l'éclatement des isolats sociaux (Nicolaef, 1930 ;
Lasker, 1952 ; Sutter, 1958). L'abolition des barrières géné
tiques modifie profondément certaines structures anthropolog
iques, mais cette redistribution du patrimoine génétique de
meure peu perceptible en général en raison de son caractère lent
et progressif, et surtout en raison de la proximité de
populations géographiquement voisines.
BULL. ET MÉM. SOCIÉTÉ ANTHROP. DE PARIS, T. 4, 11e SÉRIE, 1963. 16 société d'anthropologie de paris 242
Au contraire, dans les pays d'immigration où affluent des
hommes de toutes origines, la diversité des croisements atteint
une tout autre ampleur. Des mélanges nouveaux de stocks
géniques très différents y produisent des groupes humains
jusque-là inédits.
Or le mélange n'est massif que pendant une durée limitée,
pendant le peuplement du territoire vierge dont peuvent dis
poser les immigrants. Secondairement, et en général bien avant
que le territoire ne soit saturé, le groupe se referme et freine
les nouvelles arrivées. Dans la mesure où ce groupe ainsi cons
titué demeure alors approximativement panmictique, il tend
en s'homogénéisant à élaborer une nouvelle entité raciale.
Notre travail porte sur un groupe de cette nature, la popula
tion dite « de couleur » de l'île de la Martinique, qui peut être
considérée comme un excellent exemple de la formation d'un
type racial nouveau par métissage. Loin d'avoir atteint son
homogénéité définitive, cette population permet de mettre en
valeur les divers processus dynamiques par lesquels deux
groupes s'intègrent l'un à l'autre.
Il s'agit là de l'un des modes d'ethnogénèse les plus répandus
au cours de l'histoire humaine. L'analyse de la dynamique in
terne des amalgamations de races différentes à la lumière des
concepts de la génétique des populations est une direction f
éconde qui doit nous permettre d'affiner nos connaissances sur
les bases génétiques des phénomènes anthropologiques.
Ce travail tentera d'aborder certains aspects de ces problèmes.
Mais une population métissée offre également d'autres possib
ilités. Formée de sujets dont l'ascendance participe inégal
ement à au moins deux groupes raciaux, elle doit permettre de
comparer l'apport de chacun de ces deux groupes dans les
caractéristiques anthropologiques des individus qui la comp
osent. Le regroupement de ceux-ci par catégories, en fonction
de la part de chacun des groupes de base dans leur ascendance,
doit permettre ensuite, par la comparaison de ces catégories,
d'isoler au mieux la variable raciale et de mettre en évidence
les facteurs qui lui sont liés. Cela pose d'abord la question de
la mise au point d'un bon test de métissage qui permette de
constituer les catégories en question, puis celle de méthodes de
comparaison adéquates entre ces catégories. Mais, si on arrive à
franchir ces obstacles, peut-être pourra-t-on, grâce aux populat
ions métissées, disposer d'un instrument d'étude satisfaisant
dans les domaines où les comparaisons raciales s'avèrent déli
cates en raison de l'action perturbatrice des influences mésolog
iques, qu'elles soient climatiques, alimentaires ou sociales. BENOIST. — LES MARTINIQUAIS 243 J.
C'est dans de telles perspectives que cette étude est conduite
et elle espère contribuer à en préciser quelques points.
On peut en effet aborder l'étude du métissage sous divers
aspects. Au cours du siècle écoulé, de nombreux travaux ont
porté sur des populations métissées et la diversité de leurs points
de vue reflète l'évolution de la science anthropologique. A me
sure que celle-ci passait de la description à l'explication, de
l'anatomie à la physiologie et à la génétique, les chercheurs ten
daient à s'intéresser moins à une population pour elle-même que
pour la contribution qu'elle permettait d'apporter à la solution
de problèmes théoriques.
Aussi perçoit-on une différence assez nette entre les travaux
antérieurs à 1940 environ et ceux qui sont plus récents. Il ne
faut toujours pas oublier que les premiers auteurs n'étaient pas
étrangers à l'aspect théorique et général que présentaient leurs
travaux, mais les problèmes ont évolué à mesure que s'élar
gissaient les cadres conceptuels. Certaines questions autrefois
âprement discutées ont été en grande partie résolues, d'autres se
sont déplacées, mais de nouvelles questions ont également surgi.
On peut dégager toutefois certaines tendances méthodolog
iques communes. Accomplies par des anthropologues, les r
echerches sur le métissage portent sur des mélanges de populat
ion et non sur des croisements individuels. Pour que les résul
tats soient le plus net possible, les chercheurs ont toujours inté
rêt à aborder des mélanges entre groupes raciaux nettement
différents, mélanges tels que l'un des ne soit pas numé
riquement trop prépondérant. Il est également important que
le métissage se soit produit dans une aire géographique limitée
qui permette la constitution d'une véritable population, au sens
génétique du terme. Enfin, la nécessité de sources historiques
suffisantes conduit à exiger que le métissage soit assez récent.
Pratiquement, cela conduit presque toutes les études du mé
tissage à choisir des croisements entre Européens et autochtones
dans des territoires coloniaux, ou des croisements plus comp
lexes qui sont à l'origine du peuplement de terres pratiquement
inhabitées auparavant, particulièrement dans le Nouveau
Monde.
Les premiers travaux se déroulèrent parallèlement à ceux qui
poursuivaient l'inventaire anthropométrique des races humaines
dans un souci à la fois taxinomique et historique. Ils furent
accomplis avec les mêmes méthodes, et, en partie, avec les
mêmes préoccupations.
Fischer (1913), par l'analyse des Bâtards de Rehoboth, métis
de Boers et de Hottentots, inaugura l'étude scientifique du mét
issage ; Jenks (1916), puis surtout Sullivan (1920) qui s'ap- société d'anthropologie de paris 244
puyait sur des résultats de Boas travaillèrent dans la même di
rection sur les métissages entre Amérindiens et Européens. Cela
donna une impulsion au sujet et suscita un bon nombre de tr
avaux importants qui s'échelonnèrent de 1925 à 1935.
Rodenwalt (1927) publia son volumineux ouvrage sur les
métis co

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