Les pages des abeilles du Codex Tro. - article ; n°2 ; vol.28, pg 305-322
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1936 - Volume 28 - Numéro 2 - Pages 305-322
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

O. D. E. Bunge
Les pages des abeilles du Codex Tro.
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 28 n°2, 1936. pp. 305-322.
Citer ce document / Cite this document :
Bunge O. D. E. Les pages des abeilles du Codex Tro. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 28 n°2, 1936. pp. 305-
322.
doi : 10.3406/jsa.1936.1943
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1936_num_28_2_1943LES PAGES DES ABEILLES DU CODEX TRO,
Par le Dr. 0. D. E. BUNGE.
Plusieurs archéologues, surtout d'origine mexicaine, comme Obregôn,
Chavero, etc. , ont voulu distinguer les Nahuatl et les Maya-Quiché d'après
leurs croyances. Selon eux, les Nahua adoraient les astres et les Maya les
animaux. Cette distinction, peut-être un peu simpliste, établit entre les
deux religions une séparation qui est en réalité beaucoup moins nette.
Pour les Maya, les animaux n'étaient pas adorés comme tels, mais
comme représentants ou serviteurs d'un astre, ou d'une puissance abstraite.
Ainsi le chien était l'animal-éclair par excellence, c'est-à-dire le servi
teur de l'orage cauac, qui correspond probablement au soleil souterrain
cum. Le tonnerre était son aboiement, nommé pek-chac « le chien du
dieu de l'orage ». Le jaguar, balam, était une personnification de la
mort, c'était le sorcier qui dévorait le cœur de celui qui mourait d'une
mort naturelle, il habitait le pays des morts.
L'ara était le symbole du soleil et peut-être également de Vénus, il
était adoré comme tel.
Il paraît donc approprié de représenter les divinités, non seulement
par des hommes, mais également par des animaux, qui caractérisent les
qualités dominantes de la divinité. Dans le Codex Tro il en est deux qui se
retrouvent sur un certain nombre de pages : Yaheille et le cerf.
En étudiant le Codex Tro, on est frappé par le grand nombre de
calendriers rituels ; contrairement au Codex de Dresden il était donc
probablement fait à l'usage des astrologues et devins, tandis que le
Dresden était plutôt un calendrier astronomique, donnant la durée de
la révolution des astres et leur position respective.
Cependant, on observera sur la première page du Tro, les nombres 260
et 365 et leurs diviseurs 65 et probablement 73. La période de Vénus est
probablement à la base de l'année rituelle de 260 jours, et on peut donc pré
sumer l'importance du rôle de cette planète dans un Codex, contenant
un grand nombre d'années rituelles, ou tzolkin. Tenant compte de 306 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAIN 1STES
l'habitude maya de représenter un astre par un animal, il paraît possible
qu'un des deux animaux, abeille et cerf, symbolise la planète Vénus.
Et, tout de suite, on pense à la remarque de Genet dans son édition
de Landa, que la planète Vénus porte, entre autres noms, celui de
xux-ek « l'étoile-abeiile ». J'avoue que quand j'ai commencé à écrire
cet article, ce nom de xux-ek m'était inconnu et que je me basais
plutôt sur Brasseur, qui dit que ek signifie étoile ou étoile du soir et ec
une guêpe qui fait son essaim dans la coloquinte et dont les indigènes
mangent le miel.
Un des glyphes qui accompagne souvent le dessin d'une abeille dans
la position A lest composé d'une anse, formée de deux demi-cercles paral
lèles attachée au signe kimi (fig. 2i, a). Cette anse qu'on retrouve dans
le signe de uo signifie, comme je l'ai expliqué dans mon article sur les
« Signes des jours et des mois tzental » l : ce qui manque pour com
pléter (le parcours d'un astre) ou simplement « noir » = ek.
Ainsi le glyphe du mois uo se lirait ek-kan en maya ou ik-kat
(icat) en kekchi. Dans le M. S. Q. (vol. I, n° 1), Gates donne un calen
drier kekchi, avec les noms des mois, et il remarque que, en cholti,
noir est ic, ce qui explique (« checks ») probablement la forme ïcat.
Le glyphe de la figure 21 a se lira ainsi : ek-kirni, mais il est possible
que le dessin kimi ne représente ici que la lettre K, comme dans Y Alpha-
he ie de Landa et que le glyphe devra se lire ek.
Ek veut dire, noir, mais aussi étoile et, d'après Brasseur, spécialement
étoile du matin, Vénus.
Deux divinités représentaient la planète Vénus : Kukulkan, peut-
être le Votan des Tzental, et ensuite Ekchua qui était également le dieu
des voyageurs-marchands et du cacao.
Ekchua est le dieu noir, son glyphe est bien connu (fig. 21, b).
L'étymologie de son nom donne ek = noir ou étoile, chu = calebasse
ou vase en forme de calebasse, mais ek signifie également abeille et on
traduira ainsi ce nom par « l'abeille de la calebasse ». Une autre significa
tion de Ekchuah est un petit scorpion noir et en eiïet, dans le Tro, on voit
souvent ce dieu avec un autour des reins. Chucua = chocolat
et ekchucua signifierait l'étoile du cacao.
Dans les signes des jours tzental j'ai tâché d'expliquer que le signe
manik représente le dieu- marchand Ekchua et également l'étoile Vénus;
ce signe accompagne souvent un dessin d'abeille. Entre autres, Tro
33* 10* A. B,
1. Bunge (O. D. E.). Signes et noms des jours et des mois tzental. Journal de la
Société des Américanistes. Paris, t. XXVII, 1935, p. 35-73. LES PAGES DES ABEILLES DU CODEX TRO 307
Admettons l'hypothèse que ces pages des abeilles du Tro traitent de
la planète Vénus et examinons de plus près les pages 10* à 7* B'. On est
en présence d'un tzolkin de 260 jours, mais cette fois la disposition est
différente de celles des autres « rituels ». On remarquera treize dessins
d'abeille et au-dessus de chacun, les signes des jours cib, caban et eznab
suivis du chiffre noir 17. En commençant à lire la septième page, à
droite, les coefficients de cib, caban et eznab sont 13; 1 et 2. En ajoutant
17 jours, indiqués par le chiffre noir 17, on arrive à cib 2 -f- 17 — 13 = 6.
En effet, en suivant de droite à gauche, le coefficient du signe cib est 6,
celui de caban 7 et ďeznab 8. En continuant de la même manière, on
trouvera cib avec les coefficients 12, 5, 11, 4, 10, 3, 9, 2, 8, 1, 7. On
trouve de même caban et eznab treize fois avec un coefficient différent.
Le tzolkin est donc divisé en treize parties de 20 jours [uinal), chaque
uinal finissant par les jours cib, caban et eznab, qui ici paraissent être
les jours fériés du mois.
Si notre hypothèse était juste, ces jours devraient donc avoir un cer
tain rapport avec le culte de l'étoile du soir et du matin.
Rappelons-nous que pendant les cinq derniers jours du mois xul, on
célébrait la première fête de Kukulkan = la planète Vénus.
Les cinq derniers jours du mois de 20 jours, qui commence par imix,
sont cib, caban, eznab, cauac et ahau, mais il est évident qu'en réalité
les mois ne pourront commencer que par l'un des quatre porteurs de
l'année : кап, muluc, ix et cauac, qu'on retrouve sur les pages 23 à 20 du
Tro. Les derniers jours du mois correspondant à chacun de ces porteurs
sont akhal, lamal, ben et eznab.
Dans les pages qui nous occupent, eznab est toujours le dernier jour
de chacun des treize mois de 20 jours ; le premier jour de chaque mois
était donc cauac.
Pour la première fois dans le Tro nous remarquons une période de
260 jours, divisée en 13 <<. mois» de 20 jours. C'est le premier exemple
de l'année composée de mois de la même durée, comme on le voit dans
la liste des noms des mois tzental ; on ajoutera ensuite 5 mois complé
mentaires et les о jours « sans nom » pour former l'année solaire de
365 jours.
Je reviens à la fête de Vénus, célébrée pendant les о derniers jours du
mois;£«/; les deux premiers jours de cette période de fête étaient cib et
1. Le numérotage des pages du Tro est celui de Brasseur; ce numérotage a été
modifié par Gates et par d'autres Américanistes : ainsi les pages Tro 10* à 7* В
deviennent 103-106 B. 308 SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
caban. Le nom tzental pour cib est chic et pour caban : chabin ou cabin.
Il paraît clair que le nom de cette fête, chiccaban, indiquait seulement
les deux premiers jours pendant lesquels on la célébrait, qui étaient pro
bablement les plus importants, car on les trouve répétés pour chaque
mois. Il me semble probable que les jours cib, caban et eznab de tous les
mois d'une année cauac étaien

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