Les politiques éducatives au Brésil : des pionniers à nos jours - article ; n°167 ; vol.42, pg 657-672
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Tiers-Monde - Année 2001 - Volume 42 - Numéro 167 - Pages 657-672
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maria Drosila Vasconcellos
Les politiques éducatives au Brésil : des pionniers à nos jours
In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°167. pp. 657-672.
Citer ce document / Cite this document :
Vasconcellos Maria Drosila. Les politiques éducatives au Brésil : des pionniers à nos jours. In: Tiers-Monde. 2001, tome 42
n°167. pp. 657-672.
doi : 10.3406/tiers.2001.1529
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2001_num_42_167_1529LES POLITIQUES ÉDUCATIVES
AU BRÉSIL:
DES PIONNIERS À NOS JOURS1
par Maria Drosila Vasconcellos*
Cet article présente une synthèse des évolutions du système éducatif
dans le contexte des transformations de la société brésilienne qui se sont
déroulées depuis les années 1930. Les données montrent un progrès
considérable notamment dans l'enseignement fondamental mais elles
reflètent un échec certain de la démocratisation dans l'accès et dans les
conditions de scolarité. L'enseignement supérieur affiche la permanence
d'une crise : non seulement la place du secteur privé reste importante
mais le taux de la classe d'âge pouvant y accéder est assez faible, notam
ment par rapport à ceux d'autres pays d'Amérique du Sud.
Lorsqu'on analyse l'organisation du système d'enseignement au
Brésil, l'un des traits les plus marquants est son extrême hétérogénéité,
tant par la variété d'organisations institutionnelles qui le composent
que par les disparités régionales et locales qu'il présente. Les évolu
tions générales de ce système et des divers niveaux d'enseignement
qu'il comporte se différencient à la fois par leur rythme de progression
et par leurs objectifs. L'organisation politique de l'État brésilien étant
fondée sur celle des États fédérés, l'enseignement relève aussi bien de
l'État national que des 27 États fédérés et de plus de 5 500 communes.
Ces diverses instances sont autonomes et disposent de leurs propres
réseaux de gestion. Traditionnellement l'enseignement fondamental,
qui concerne la scolarité des enfants de 7 à 14 ans, est sous la respons
abilité des pouvoirs locaux et régionaux. L'État coordonne ces poli-
* Professeur de sociologie, Université Lille III.
1. Je tiens à remercier à Jean-Daniel Reynaud et à Agnès Van Zanten pour leurs conseils, critiques
et suggestions à cet article.
Revue Tiers Monde, t. XLII, n° 167, juillet-septembre 2001 658 Maria Drosila Vasconcellos
tiques, assure en partie les moyens techniques et financiers et exerce
son contrôle sur l'enseignement supérieur privé. Mais l'État dispose
également de son propre réseau, notamment dans l'enseignement supé
rieur et les écoles techniques (de niveau moyen et supérieur), qui cons
tituent les institutions fédérales d'enseignement supérieur (ifes). Cette
forte décentralisation conduit à l'enchevêtrement de plusieurs instances
de pouvoir public entraînant ainsi une hétérogénéité régionale et locale
tant par l'offre institutionnelle que par la qualité de l'enseignement.
Sans oublier la forte présence du secteur privé à tous les niveaux
d'enseignement et, de façon plus accentuée, dans l'enseignement supé
rieur puisqu'en 1999, près de 70 % des effectifs relèvent d'institutions
privées mec/inep/seec1.
Certes, l'État participe à la coordination de ce système fortement
segmenté par le biais du cadre législatif, qui stipule les orientations
principales des politiques éducatives et, par le biais de la distribution
des ressources, qui peut infléchir les politiques locales ou régionales.
Les diverses instances de concertation regroupant des représentants
des pouvoirs régionaux et locaux permettent également à l'État
d'exercer son contrôle sur le système.
Cette organisation institutionnelle du système éducatif brésilien est,
en réalité, le fruit d'une évolution qui accompagne celle de la société
brésilienne du point de vue culturel, démographique, économique et
politique mais aussi des tensions entre divers groupes d'acteurs en pré
sence. Ainsi, dès les années 1920, l'enseignement constitue un enjeu
important entre, d'une part, les représentants du secteur traditionnel
de la société brésilienne attachés aux oligarchies agraires, pour lesquels
la hiérarchie de l'Église apparaît comme l'un des porte-parole et,
d'autre part, le secteur urbain et industriel représentant l'idée de
modernité et des principes démocratiques à travers la demande d'une
école laïque, gratuite et obligatoire. Les conflits qui s'installent dès
cette époque marquent les évolutions des politiques éducatives, depuis
les années 1930 jusqu'à nos jours. Sans les traiter en détail, nous nous
appliquerons à rendre compréhensibles les réformes successives qui ont
façonné le système éducatif, éclairant les logiques qui ont présidé aux
évolutions tout au long de cette période.
1. Voir la signification des sigles en fin d'article. Les politiques éducatives au Brésil 659
LA MODERNISATION IMPOSÉE DE L'ENSEIGNEMENT
La question de l'éducation, dès le début des années 1930, est au
cœur des débats politiques lors de la constitution d'un État national,
centralisé, interventionniste et antilibéral. Le mouvement social dési
gné par la Révolution de 1930 a propulsé l'éducation comme levier
fondamental de modernisation de la société et mode de renouvelle
ment des élites. La création du ministère de l'Éducation démontre la
volonté de l'État de construire un système éducatif centralisé disposant
d'une organisation institutionnelle nationale et d'orientations bien
définies afin d'accompagner les transformations en cours. Si les réfor
mes proposées n'ont pas trouvé le succès escompté, il n'en reste pas
moins qu'elles ont jeté les bases de la structure de l'enseignement
secondaire et du supérieur. C'est tout au moins la première fois que de
tels changements atteignent l'ensemble des institutions éducatives et
s'appliquent sur l'ensemble du territoire. Mais cette politique éducative
s'est heurtée, d'entrée de jeu, à l'Église qui se voyait dépouillée de sa
mission d'assurer l'éducation morale de l'ensemble de la population.
La nouvelle Constitution prévoyait la séparation de l'Église et de
l'État et, dans ce cas, le système éducatif public devait être laïque, prô
nant la formation du sentiment de citoyenneté à partir de valeurs
rationnelles. La réaction de plusieurs secteurs traditionalistes, et de
l'Église en particulier, n'a fait qu'accentuer les positions de divers
intellectuels, hommes politiques et enseignants renommés. Ceux-ci
avaient déjà proposé des réformes dans le champ de l'éducation por
tant non seulement sur son rôle dans une société moderne, mais aussi
sur la forme qu'elle devrait adopter. Sous l'influence des idées anglo-
saxonnes (Dewey, Kilpatrick, Fichte) et de certains durkheimiens
(Célestin Bougie, George David, Gustave Bellot et autres), ces intellec
tuels visaient une éducation moderne fondée sur des pratiques pédagog
iques « actives » favorisant le développement de l'autonomie chez le
nouveau citoyen. C'est l'élaboration, en 1932, du Manifeste des pion
niers pour l'éducation nouvelle par une trentaine d'intellectuels, venus
d'horizons assez divers. Les principales revendications portent sur
l'instauration, au niveau national, d'une école publique, laïque, obliga
toire et gratuite s'adressant aussi bien aux filles qu'aux garçons (Evang
elista, Moraes, Shiroma, 2000).
Face à l'action divergente de ces divers groupes, l'État propose
l'instauration de l'enseignement primaire obligatoire et gratuit ainsi 660 Maria Drosila Vasconcellos
que la création du Conseil national de l'éducation permettant aux
Etats fédéraux et aux communes de préserver leur autonomie dans le
domaine éducatif et de s' « adapter » aux orientations de l'Ét

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