Les Sciences sociales en France. Un bilan, un programme - article ; n°1 ; vol.13, pg 94-109
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1958 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 94-109
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri Longchambon
Les Sciences sociales en France. Un bilan, un programme
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 13e année, N. 1, 1958. pp. 94-109.
Citer ce document / Cite this document :
Longchambon Henri. Les Sciences sociales en France. Un bilan, un programme. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 13e année, N. 1, 1958. pp. 94-109.
doi : 10.3406/ahess.1958.2713
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1958_num_13_1_2713DÉBATS ET COMBATS
Les Sciences sociales en France.
Un bilan, un programme*
Nous englobons dans cette étude sous le vocable sciences humaines lea
disciplines traditionnelles : philosophie, philologie, langues classiques,
langues étrangères, littérature, histoire, géographie — nous y sommes
assez brillants — et les sciences sociales nouvelles : économie politique,
sociologie, ethnographie, psychologie sociale, biométrie, démograp
hie, etc., et là nous ne sommes pas aussi fiers de nous. Or, ces sciences
neuves ou relativement neuves, vivent sans doute ; disons plutôt qu'elles
subsistent, malgré les barrages et les asphyxies que signifie pour elles un
enseignement qui les prévoit mal et les alimente plus mal encore, alors
qu'elles répondent, comme les sciences exactes, à des besoins nationaux
grandissants et exigeants. L'activité générale du pays, publique et privée,
réclame, de plus en plus, des économistes mathématiciens, des statisticiens,
des spécialistes de recherche opérationnelle, des techniciens de psychologie
industrielle, voire de psychologie militaire, des cartographes (la carte est
devenue un langage), des ethnographes. La prolifération de ces sciences
nouvelles dans les Facultés des Lettres et de Droit ressemble au bour
geonnement des spécialisations nouvelles dans les Facultés des Sciences,
avec les mêmes inconvénients, erreurs et désordres, non du fait d'initia
tives individuelles qui ont, au contraire, sauvé, plus d'une fois, ce qui
pouvait être sauvé, mais en raison du manque total de planification à
l'étage supérieur.
L'ampleur des mesures à prendre dans le domaine des sciences sociales
n'est donc pas moindre que dans celui des sciences exactes, ni par ses
répercussions sur des habitudes anciennes, ni par sa portée pour la vie
intellectuelle et économique de la Ration : mais le problème est à reprendre
à partir d'une réforme des structures. Le présent exposé fixera, dans une
première partie, l'état actuel des sciences humaines, vu à l'échelon essent
iel de la recherche ; dans une seconde partie, il indiquera les mesures,
réformes et créations, raisonnables et urgentes.
* Le présent texte est extrait du rapport présenté au gouvernement, en juin 1957,
par M. Henri Longchambon, Président du Conseil Supérieur de la Recherche Scien
tifique et du Progrès technique. C'est un volume grand format, de 200 pages, qui
étudie les besoins et les solutions — à long terme et en première urgence — de la
recherche scientifique : conditions matérielles, situations des chercheurs, liaison, entre
recherches fondamentale et appliquée, obstacles. L'inventaire dressé par le Conseil
est un monument remarquable : les Annales publient seulement les pages qui concernent
les Sciences Sociales ; elles méritent réflexion, et... promptes réalisations. (N.d.l.R.)
94 LES SCIENCES SOCIALES EN FRANCE
I. — LE BILAN
Les sciences humaines, an sens large, disposent d'un nombreux personnel
de professeurs, chercheurs et étudiants. Les professeurs des Facultés de
Droit et des Lettres sont au nombre de 403 pour le Droit (dont 110 écono
mistes) et 671 pour les Lettres, soit 1 174 au total, contre 2 615 cadres
scientifiques x (Sciences, Médecine, Pharmacie). Entre Lettres et Sciences,
le rapport est donc de 1 à 2,5, à l'étage des enseignants. Pour les cher
cheurs au CN-R-S., contre 2 100 scientifiques, il faut compter 694
cheurs en sciences humaines (soit un rapport de 1 à 3). Le rapport s'élève
en faveur des Lettres si l'on compare les populations d'étudiants uni
versitaires : pour les littéraires 2, 81 818 (soit 53 % du total) contre
73 370 scientifiques.
Au chapitre des crédits, investissements, salaires, etc., le rapport pour
l'enseignement supérieur n'est pas commandé par les seuls effectifs.
En effet, les crédits sont bien supérieurs pour les scientifiques, en raison
des frais beaucoup plus considérables qu'entraînent leurs laboratoires
et leurs recherches. L'examen du budget du C.N.R.S. permet de constater
que le rapport des crédits entre les deux catégories est de 1 à 4, les sciences
humaines, avec 1,2 milliard, obtenant 25 % de l'ensemble des fonds
distribués. Peut-être, à l'étage du présent rapport, pourrait-on considérer
comme raisonnable cette proportion de 1 à 4. En tout cas, d'après un
calcul rapide qui n'a que la prétention de fixer un ordre de grandeur, il
semble que les ressources dont disposent les sciences humaines, au niveau
de l'enseignement supérieur et de la recherche, se situent aux environs
de 4 à 5 milliards, si l'on néglige les sommes, insignifiantes d'ailleurs,
qu'elles peuvent recevoir en dehors du budget de l'Education Nationale.
Gardons-nous de trouver ces dépenses excessives : même dans le cadre
souhaitable et nécessaire d'un changement dans les proportions entre
effectifs littéraires et effectifs scientifiques, l'augmentation générale,
fort importante, des effectifs des étudiants, demandera une augmentation
certaine, en chiffres absolus, du nombre des professeurs de Lettres, et dans
les secteurs les plus progressifs, une augmentation considérable si l'on veut
compenser d'évidents retarde. Ceci pour l'enseignement supérieur. Quant
aux crédits de recherche, ils sont à augmenter, eux aussi, bien que cette
augmentation, considérable dans ses effets, doive se situer à un niveau
qui paraîtra très modeste, en face des demandes du secteur « scientifique ».
Mais cet effort limité doit être fait : sacrifier purement et simplement la
recherche des secteurs littéraires serait une énorme faute. Tout d'abord
1. Du professeur titulaire à l'assistant.
2. Lettres et Droit.
95 ANNALES
parce qu'il faut conserver à l'une des valeurs traditionnelles, originales, de
notre civilisation, son sens et son poids : elle est un des gages de l'i
nfluence française dans le monde. Mais surtout, il n'y a pas entre Lettres
et Sciences la démarcation si nette qu'on imagine parfois. Quand il s'agit
de la vie réelle du pays, chaque problème se complique dans des direc
tions les plus diverses, et sa solution pose des questions à la fois techniques,
économiques, sociales, culturelles. ?{otre problème essentiel, aujourd'hui,
est le problème technique. Mais si nous le développons aveuglément aux
dépens des autres, nous nous apercevrons que l'édifice s'est mis à pencher
d'un autre côté. La crise actuelle des sciences sociales, aux Etats-Unis
(pour prendre ce seul exemple), les préoccupations qu'elle entraîne au
niveau non seulement des recherches, mais à l'échelle gouvernementale,
devraient suffire à nous rendre sages sur ce point : il y a un équilibre à
sauvegarder.
Les problèmes qui se posent aux sciences humaines ne se comprennent
qu'à condition de distinguer entre les différentes sciences. Certaines sont
nées hier seulement, d'autres naîtront demain, tandis que quelques
autres sont, par contre, très anciennes, l'ancienneté étant, ici, très
payante.
Les sciences philologiques, approximativement depuis 1870 jusqu'à
la première guerre mondiale, ont eu ainsi une chance et une vogue excep
tionnelles dont les conséquences se font sentir aujourd'hui encore. L'his
toire et la géographie n'auraient pas leur importance numérique sans des
conquêtes anciennes et le débouché considérable que leur assurent les
enseignements secondaire, technique et primaire qui ne favorisent pas au
même degré la sociologie, de naissance récente, et laissent entièrement
de côté l'ethnographie ou l'économie politique, celle-ci présente dans les
seules Facultés de Droit. « Ce qui nous manque — dit un économiste —
c'est le recrutement de l'enseignement secondaire », énorme réserve, si
l'on peut dire, de chercheurs qualifiée, pour le moins de chercheurs en
p

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