Les terroirs en Vieille-Castille et Léon : une structure agraire - article ; n°2 ; vol.17, pg 239-251
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1962 - Volume 17 - Numéro 2 - Pages 239-251
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Huetz Lemps
Les terroirs en Vieille-Castille et Léon : une structure agraire
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 17e année, N. 2, 1962. pp. 239-251.
Citer ce document / Cite this document :
Lemps A. Huetz. Les terroirs en Vieille-Castille et Léon : une structure agraire. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations.
17e année, N. 2, 1962. pp. 239-251.
doi : 10.3406/ahess.1962.420816
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1962_num_17_2_420816terroirs en Vieille Castille et Léon : Les
UN TYPE DE STRUCTURE AGRAIRE
Dans la plus grande partie du bassin tertiaire du Duero, règne un
paysage monotone de « campagne » dénudée. Aucune clôture ne limite
les parcelles, groupées en quartiers (pagos) et parfois même en grandes
soles (ho jas) où se pratique encore l'assolement biennal obligatoire.
Au printemps, les grandes taches vertes des blés sortant de terre con
trastent brutalement avec les plaques de jachères, couvertes de chaumes
jaunis et peu à peu retournées par les labours.
A l'heure actuelle, la discipline de l'assolement subsiste encore dans
de nombreux villages, aussi bien au Sud dans la province de Ségovie,
près de Sepulveda, par exemple, que dans le Nord-Ouest, dans le Léon.
Cependant les légumineuses prennent parfois une place appréciable
dans l'assolement1, et au contraire, sur certaines terres pauvres, très
sablonneuses, apparaît la culture « al tercio », c'est-à-dire, deux ans de
jachère pour une seule année de céréales.
Les champs ouverts de céréales occupent souvent, avec les quelques
légumineuses qui les accompagnent, la presque totalité de la superficie
de la commune. Ainsi dans la Tierra de Campos, Santillana cultive
94,7 % de son territoire en céréales, Villafrades 96,4 % et le record
appartient peut-être à Cuenca de Campos avec 98,2 % *. Même chose
au sud du Duero, dans la plaine de Medina del Campo ou dans celle
d'Arévalo. A Cantiveros, par exemple, les céréales couvrent 96 % de
l'étendue totale de la commune. A la fin de l'été, le paysage de chaumes
et de jachères est d'autant plus monotone que les villages eux-mêmes,
dont les maisons sont souvent de torchis (adobe) se confondent avec la
teinte générale du sol.
De temps en temps, de grandes plaques vertes rompent cette uni
formité : ce sont les vignes groupées, elles aussi, en pagos, en quartiers
bien définis. Parfois elles se signalent de loin par les arbres fruitiers,
1. P. Birot et P. Brunet, « Notes sur les structures agraires du nord-ouest de la
Péninsule ibérique », Mélanges offerts à M. Arbos, 1953.
2. Ministeriu de Hacienda Madrid, Catastro de Rústica.
239 ANNALES
spécialement les amandiers, qui les parsèment. De nombreuses com
munes ont ainsi, en plus de leurs hojas de céréales, un ou plusieurs pagos
de vignes. A Morales de Того (Zámora), les céréales couvrent 75 % de
la commune et les vignes 20 %; à San Pedro de Latarce (Valladolid),
5 % de vignes groupées en deux ensembles, pour 91 % de céréales...
et ainsi de suite. La vigne a beaucoup reculé depuis un siècle, en parti
culier depuis le développement des moyens de transport et la crise du
phylloxéra1, mais la toponymie telle qu'elle s'inscrit sur la carte espa
gnole au 1/50 000 nous rappelle l'existence dans presque tous les villages
céréaliers d'un ancien « pago de viňas ».
Certaines communes possèdent également des montes, des terres non
cultivées, occupées soit par de véritables forêts claires (monte alto), soit
surtout par de maigres broussailles, de médiocres « garrigues » (monte
bajo). Ces montes appartiennent parfois à de grands propriétaires, qui
ont succédé généralement aux monastères après la vente des biens du
clergé (loi de « desamortización », 1836); mais le plus souvent, ce sont
encore de véritables « communaux ».
Dans quelques régions, le monte prend une place essentielle dans le
paysage. Dans la Tierra de Pinares, les forêts de pins pignons (Pinus
pinea) et de pins à résine (Pinus pineaster) occupent souvent la majeure
partie du sol sablonneux. 88 % des 7 265 ha de la commune de Coca sont
couverts de pins. De même, sur certains páramos calcaires, le monte où
domine le chêne vert subsiste encore largement; là où il a été remplacé
par la culture, c'est grâce au travail de vastes « fincas » isolées dans la
campagne. Mais ces dernières constituent un type à part : alors qu'en
Andalousie, par exemple, les grandes propriétés isolées jouent un rôle
essentiel dans la vie rurale, en Vieille Castille, leur importance est limitée ;
la majeure partie des terres est cultivée par de petits propriétaires, par
fois même de très petits propriétaires.
En schématisant, on peut donc dire que le paysage rural typique
des plaines de Vieille Castille est celui de terroirs soigneusement divisés
en grands quartiers de culture. L'habitat lui-même semble parfaitement
organisé : les paysans se groupent tous dans une zone bien définie, « le
casco de la población ». Le village proprement dit est flanqué des aires
à battre où se pratique en été le long dépiquage du blé (« trilla »). Dans
la Tierra de Campos, des groupes de gros pigeonniers rappellent l'ancienne
importance de la palomina, la fiente de pigeon, comme engrais. Sauf dans
quelques grands centres viticoles dont les caves à vin ont été creusées
sous les maisons, les bodegas constituent de pittoresques agglomérations
sur le flanc de quelques talus et se signalent de loin par leurs cheminées
d'aération.
Notre dessein n'est pas de faire ici une étude complète de la structure
1. A. Huetz de Lemps, « Principaux aspects du vignoble du sud de la cuenca
du Duero », Bull. Association des Géographes français, janvier-février 1960, p. 49-68.
240 TERROIRS
agraire de la Vieille Castille, mais de citer quelques textes destinés à
montrer le caractère rationnel de la division du terroir en quartiers.
Celle-ci ne peut s'expliquer que par l'existence d'une autorité municipale
incontestée, et c'est en nous appuyant sur d'anciennes ordonnances
municipales que nous essayerons de préciser les phases essentielles
de cette organisation du terroir. Il est incontestable que le groupement
des terres en pagos spécialisés a pour origine une étroite association
de la culture et de l'élevage. L'assolement obligatoire permet le
pâturage des chaumes ; le groupement des vignes en pagos est destiné
à faciliter leur surveillance et à éviter les dégâts commis par le bétail,
qui a même été « contingenté » lorsque la commune était de petite taille.
1. L'assolement biennal obligatoire* biennal obligatoire a pour but essentiel de permettre
le pâturage des chaumes par le petit bétail. Les Ordonnances de Por-
tillo (1555) sont très précises à ce sujet : la discipline de l'assolement
permet au bétail de se promener librement à travers les jachères, alors
que le mélange des terres cultivées et des jachères rend impossible la
garde des troupeaux ; ce sont donc les éleveurs eux-mêmes qui demandent
que l'assolement par hojas soit imposé parce qu'ils ne tiennent pas à
payer les amendes pour les dégâts commis par leurs bêtes *. La nécessité
d'une telle discipline est d'ailleurs réaffirmée par un fonctionnaire royal
lors de l'élaboration des nouvelles Ordonnances Municipales en 1778 *.
Les Ordonnances de Lumbrales rappellent également que personne
ne doit semer et labourer en dehors de la sole réservée (« fuera de hoj a »)
sous peine de mille maravedis d'amende par fanegada et la perte de ce
qui aura été semé3. Et à Pinilla de Того, dont le terroir est divisé en
deux grandes soles, la municipalité réglemente le pâturage des trou
peaux sur la sole qui doit être semée4.
Les Ordonnances présentées au Conseil de Castille par la ville de
Medina del Campo en 1696 sont encore plus intéressantes : au xvie siècle,
la plus grande partie du terroir de Medina était occupée par des vignes
1. Archivo Municipal de Portillo (Valladolid), Ordenanzas de 1555 : « que el afio
que fuere la una suerte pan, que no se sienbre la otra porque la que fuera senbrada
se guarde

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