Les troupes noires en Algérie et la Santé Publique - article ; n°1 ; vol.2, pg 242-258
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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1911 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 242-258
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1911
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Raphaël Blanchard
Les troupes noires en Algérie et la Santé Publique
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, VI° Série, tome 2, 1911. pp. 242-258.
Citer ce document / Cite this document :
Blanchard Raphaël. Les troupes noires en Algérie et la Santé Publique. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie
de Paris, VI° Série, tome 2, 1911. pp. 242-258.
doi : 10.3406/bmsap.1911.8349
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1911_num_2_1_8349242 19 octobre 1911
1045e SÉANCE. — 19 Octobre 1911.
Présidence de M. d'Echérac.
M. le Secrétaire général adjoint annonce le décès de M. Florentino
Ameghino de Buenos-Aires. La Société décide d'adresser une lettre de
condoléances à l'administration du Musée national de Buenos-Aires.
M. le professeur Co loggi est désigné pour représenter la Société d'Anthro
pologie au prochain Congrès d'Ethnologie qui doit se tenir à Milan.
M. le D^Delfino de Buenos-Aires est élu membre titulaire de la Société.
LES TROUPES NOIRES EN ALGÉRIE ET LA SANTÉ PUBLIQUE.
Par M. le Professeur R. Blanchard.
Le 2 mars 1911, le lieutenant-colonel Charles Mangin, de l'infanterie
coloniale, a fait ici même une communication très intéressante * sur les
peuplades au milieu desquelles se recrutent nos tirailleurs sénégalais. Avec
l'autorité que lui donne son long passé colonial et sa connaissance de ces
vaillantes troupes, il a vivement insisté en faveur de la constitution d'une
armée noire, qui pourrait augmenter dans des proportions considérables
notre contingent annuel, précisément au moment où la population dimi
nue en France, mais augmente en Allemagne dans une mesure inquiétante
pour nous et pour l'Europe entière. Une telle armée pourrait occuper nos
possessions du nord de l'Afrique et rendre ainsi disponibles, à toute
éventualité, les troupes blanches qui, jusqu'à ce jour, ont rempli ce même
office.
L'accueil chaleureux qu'a rencontré cette communication prouve à
quel point celle-ci répondait aux patriotiques préoccupations de l'assem
blée. Bien qu'il fût alors trop tard pour entamer une discussion, j'ai tenu
à donner au colonel Mangin mon approbation sans réserve, tout en annon
çant que, après sa savante dissertation anthropologique et militaire, il
me semblait utile d'étudier, dans une séance ultérieure, les importantes
questions médicales que soulève un tel' projet. Ce sont ces questions
que je me propose de discuter aujourd'hui.
Dès qu'il fut question de recruter au Sénégal des tirailleurs noirs pour
les envoyer en Algérie, l'opinion médicale ne resta pas indifférente.
1 Communication faite à la séance du 6 avril 1911. Un résumé de cette communicpublié" ation a été mon insu par les soins du journal l'Armée coloniale (a):~ Je. à
n'en ai vu ni le texte ni les épreuves.
(a) Les troupes noires. Le parlement. Rapports. Commissions. Séances. L'opinion
militaire et coloniale. La presse. Les conférences. Conférences. Documents: Conclus
ion. Edition du journal l'Armée coloniale. Paris, in-8* de 66 p., mai 1911 ; cf.
p. 45-46. BLANCHARD. — LES TROUPES NOIRES EN ALGÉRIE ET LA SANTÉ PUBLIQUE 243 R.
Le Dr Raynaud, chef du service sanitaire et de l'hygiène en Algérie, attira
l'attention du Conseil d'hygiène du département d'Alger, sur la nécessité
de prendre certaines précautions hygiéniques au moment du recrutement,
puis du débarquement de ces troupes. On pouvait craindre, en effet, que
celles-ci n'apportassent en Algérie le germe de maladies encore rares ou
inconnues en ce pays, mais capables d'y rencontrer des conditions favo
rables à leur propagation ; de ce nombre étaient, notamment, la trypa-
nosomose, la bilharziose, la tuberculose, la lèpre, la peste et le béribéri.
Une résolution dans ce sens fut votée, puis transmise, en mars 1910, à
la Société de pathologie exotique, avec prière d'en discuter les termes.
La entra dans ces vues et chargea le Dr Kermorgant de rédiger
un rapport ' ; à la suite de ce dernier, elle émit un vœu qui fut porté à la
connaissance du ministre de l'intérieur, du ministre des colonies et du
gouverneur de l'Algérie. Elle demandait qu'avant l'embarquement fussent
prises les mesures préservatrices suivantes :
Tous les hommes des troupes noires, ainsi que leurs femmes et leurs
enfants 2, seraient soumis à une visite médicale comportant l'examen
microscopique du sang, des selles et de l'urine, en vue d'éliminer les
individus atteints de trypanosomose, de filariose, d'uncinariose et de
bilharziose ; seraient éliminés également tous les individus atteints de
Chique, de Filaire de Médine, de krokro, de lèpre, de tuberculose et de
béribéri; tous les bagages seraient désinfectés ;-la traversée n'aurait
lieu que pendant la, saison fraîche, pour éviter, autant que possible, le
transportpar les navires de Stegomyia calopus infectés de fièvre jaune.
Qu'advint-il de tout cela ? Le D'Thiroux va nous le dire 3. Le ministre
des colonis adopta le vœu formulé par la Société de pathologie exotique ;
le 23 avril 1910, il ordonnaitau gouverneur général de l'Afrique occident
ale française de faire procéder a tous les examens demandés, mais ceux-
ci furent pratiqués pendant la traversée et non avant l'embarquement.
C'est là une erreur grave, qui ne doit pas se renouveler.
Le bataillon de tirailleurs sénégalais, conduit par le commandant
Mouveaux, arriva donc à Oran dans le courant du mois de mai 1910. Il
fut immédiatement dirigé vers le sud-oranais, sur la frontière marocaine,
et réparti par parties égales entre les deux postes de Colomb-Béchard et
de Béni- Ounif. Voilà exactement un an qu'il s'y trouve: il est donc inté
ressant de se demander ce que sont devenus,, au point de vue sanitaire,
les Sénégalais, les indigènes et les blancs qui vivent côte à côte dans ces-
deux localités. --
Le.Temps* a publié récemment, à propos de ces mêmes troupes, une
1 Au sujet de l'emploi des troupes noires du Sénégal en Algérie. Discussion et
vote des conclusions du rapport de M. Kermorgant sur la lettre de M Raynaud.
Bull Soc pathol. exotique, III, p. 212 et 289-292, 1910.
* Un grand nombre de tirailleurs sénégalais sont mariés et sont toujours suivis,
inêmQ en campagne, de leurs femmes et de leurs enfants.
8 A. Thiroux. Sur l'examen des tirailleurs sénégalais envoyés en Algérie. Bull. Soc
pathol. exot., III, p. 409-414, 1910,
* Les troupes ncires en Algérie. Le Temps, 22 janvier 1911. 244 19 OCTOBRE 1911
note qui a toutes les allures d'un communiqué officiel et qui m'a vive
ment ému. Cette note annonce qu'une mission médicale, chargée d'exa
miner les tirailleurs sénégalais on garnison dan^ le sud-oranais, vient de
terminer ses travaux. 11 en résulte, notamment, que la filariose est très
répandue : sur un effectif de 800 hommes, 234 sont atteints ; sur un
nombre total de 450 femmes ft enfants, 18 sont atteints. En tout,
252 individus sur 1.250 ont, dans le sang, des embryons de Filaria Ban-
crofti, soit 20, 16 pour 100.
C'est là une proportion considérable, à n'en pas douter. Pourtant l'au
teur de l'article susdit estime que, « étant donnés la bénignité de la fil
ariose et son peu de contagion en Algérie », il semble inopportun d'agiter
« l'opinion publique à propos de cette question ; on serait vraisemblable
ment amené à prendre des mesures extrêmement compliquées (analyse
du sang, de l'urine et des fèces) du côté de l'Egypte, pays essentiellement
fi'arié, et du sud-tunisien. Le pèlerinage de la Mecque et la main-d'œuvre
du Djérid seraient entravés 11 p-iraîl nécessaire d'indiquer dès mainte
nant que des mesures sanitaires, visiblement très exagérées, peuvent
avoir de fâcheuses conséquences au i oint de vue économique et poli
tique v».
J'ai cru qu'il était de mon devoir de ne pas laisser passer sans protes
tation des assertions aussi hasardées,- aussi notoirement en- désaccord -
avec les faits scientifiques-les mieux établis. J'ai donc adressé au Temp

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