M. Tiberghien philosophe - article ; n°34 ; vol.9, pg 236-259
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Revue néo-scolastique - Année 1902 - Volume 9 - Numéro 34 - Pages 236-259
24 pages

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Publié le 01 janvier 1902
Nombre de lectures 20
Langue Français
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Extrait

L. Du Roussaux
M. Tiberghien philosophe
In: Revue néo-scolastique. 9° année, N°34, 1902. pp. 236-259.
Citer ce document / Cite this document :
Du Roussaux L. M. Tiberghien philosophe. In: Revue néo-scolastique. 9° année, N°34, 1902. pp. 236-259.
doi : 10.3406/phlou.1902.1748
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-5541_1902_num_9_34_1748VI.
M. TIBERGHIEN PHILOSOPHE.
. La philosophie professée par M. Tiberghien n'est autre que la doc
trine de Krause, à lui transmise par M. Ahrens. Le Krausisme, comme
on sait, figure parmi les fameux systèmes encyclopédiques, éclos en
Allemagne pour combler l'abîme que Kant avait creusé entre le
sujet et l'objet, entre la pensée et l'être. déclaré inacces
sible le rivage objectif ; il s'était cantonné dans le subjectivisme,
réduit à postuler l'existence de Dieu, l'immortalité et la liberté
comme bases de la raison pratique. Fichte considéra le moi pensant
et la chose pensée comme une dérivation d'un moi absolu et indéter
miné, qui devait être Dieu.Schelling, prenant la pensée dans sa face
objective, admit pour Dieu un Être suprême, qui devenait Nature, et
sous cette forme, réfléchissant sur lui-même, devenait l'Esprit. Enfin
Hegel, prenant Tided en elle-même, la forme qui relie le sujet et
l'objet, l'érigea en divinité : l'Idée devient tantôt objet, et c'est la
Nature : tantôt sujet pensant, et c'est l'Esprit. Le moindre tort de
ces doctrines était d'établir la science sur une base hypothétique et
panthéistique. Krause entreprit de faire mieux ; des systèmes de
ses devanciers il réussit à constituer une doctrine composite ; mais,
comme nous le dirons, il n'a fait qu'additionner toutes leurs erreurs,
dans une confusion inextricable.
Le nom à donner à cette doctrine est lui-même un premier embarr
as. «D'après sa forme, dit M.Tiberghien,on peut l'appeler organisme
de la science entière, et d'après son contenu science de VÈtre. C'est
encore Y idéalisme absolu ou la science de l'idée absolue. D'autre part,
c'est un réalisme absolu. À le prendre dans son ensemble, comme tout
synthétique de la pensée des objets et des objets de la pensée, on
peut l'intituler harmonisme absolu ou, d'après sa source, rationa
lisme harmonique »'). On pourrait aisément allonger la série de ces
harmonieuses dénominations. En effet, si vous exceptez d'une part
le matérialisme et le positivisme, que notre écrivain rejette comme
*} Histoire de la philosophie, p. 701. TIBERGHIEN PHILOSOPHE ' 237 M.
ennemis de la raison, et d'autre part le catholicisme qu'il semble
ne connaître que par les ouvrages hérétiques, vous rencontrez dans
cette doctrine de l'innéisme et de l'intuitionnisine, du subjectivisme
et de l'ultraréalisme,du panégoïsme, du transcendantalisme,du pan-
logisme et enfin du panthéisme, bien que pour ce dernier nom notre
philosophe s'en soit toujours défendu et lui ait substitué celui de
panentbéisme.
Durant sa longue carrière, M. Tiberghien s'est dévoué à incul
quer, par la parole et par les livres, cette doctrine exotique, réfrac-
taire à la vulgarisation, irréductible au bon sens, qui serait sa mort.
Sous des titres divers, ses livres nombreux1) et compacts sont en
réalité une réédition les uns des autres : même thème, mêmes
phrases,, même préoccupation, même mélange d'histoire, de méta
physique, d'astronomie, de mathématique, etc. Qu'on prenne, par
exemple, V Introduction à' la philosophie. Tout l'enseignement du
maître s'y rencontre ; les chapitres se répètent et redisent la même
chose sous un autre aspect. L'affaire va si loin, que si l'auteur a
besoin d'un exemple pour élucider une notion, il recourt' à quel
que aperçu de son système ; doit-il, par exemple, expliquer le con
cept d'infini, d'absolu, il emploiera comme spécimen l'infini,
l'absolu divin, qui est précisément le point ténébreux de sa doctrine.
En cela, du reste, il ne fait que se conformer à son propre système.
Car, cette confusion des genres, ne l'imputez pas au manque d'in
telligence ; persuadé, comme il l'était, que le subjectif et l'ob
jectif, l'esprit et la nature, les principes et les faits, que tout enfin
est contenu dans l'être et que tout est en tout, pourquoi s'étonner
qu'à propos de tout il redise tout ?
Le Krausisme a bien vieilli et se trouve généralement oublié
aujourd'hui. La mort récente de M. Tiberghien lui redonnant un
moment, d'actualité, nous allons nous en occuper pour en rappeler
les points essentiels, entremêlant notre exposé de quelques remar
ques critiques dans les endroits les plus captieux, et abandonnant
au lecteur le soin de démasquer les sophismes les plus palpables.
') Principaux ouvrages de M. Tiberghien. — Introduction à la philo
sophie (1 vol. in-8° de 558 pp.). — Théorie de la conttaissance et Orga
nisation de la connaissance (2- vol. in-8° de 500 pp. chacun). — La
science de Vâme{\ vol. in-8° de 525 pp.). — La philosophie morale (1 vol.
in-8° de 400 pp.). — Histoire de la philosophie (1 vol. in-8° de 800 pp.
— La métaphysique comme science, — Théorie de Vinfini. — .Etude sur
la religion. — Autres brochures de moindre importance, entre autres
les Commandements de l'humanité, Eléments de morale universelle
publiés en 1879 à l'usage des écoles. ' L. DU ROUSSEAUX 238
I.
REMARQUES PRÉLIMINAIRES.
Pour épargner au lecteur des obscurités qui le rebuteraient dès
le premier pas, nous commencerons par signaler certaines confu
sions fondamentales qui régnent virtuellement dans toutes -les par
ties du système. .
D'abord, M. Tiberghien impose à tout ce qu'il étudie la fameuse
trilogie : unité, variété, harmonie, qu'il appelle aussi thèse, anti
thèse, synthèse, c'est-à-dire l'être considéré en lui-même, dans son
contenu, dans ses rapports avec son contenu. Ces trois catégories
se subdivisent elles-mêmes en des incidences fort, nombreuses :
les subdivisions de la thèse sont utiles à connaître dès maintenant.
Être indéterminé (thèse) ; essence ou fond et forme ou positivité
(antithèse) ; existence ou combinaison de l'essence et de la forme
(synthèse). — En effet, il nous, est impossible de ne pas concevoir
tout objet- comme étant un être, comme ayant une essence et se
posant de quelque manière, et enfin existant dans cette pose
et cette essence. Ce n'est pas tout : à son tour, l'essence est consi
dérée d'abord dans son unité ou indivision (thèse), ensuite dans
sa propriété ou ipséilé et dans son entièreté ou totalité (antithèse) ;
enfin dans son harmonie ou union (synthèse). En effet, l'objet est
son essence, il est lui-même son essence, il est toute son essence,
il est enfin entièrement' lui-même et lui-mêmement entier. — De
son côté, la forme peut être, considérée d'abord en elle-même comme
position de la chose (thèse) ; puis, comme direction ou relation et
comme contenance (antithèse) ; enfin, harmonie ou combi
naison (synthèse). — Dans l'existence, il y a unité d'existence (thèse);.
substance et modalité (antithèse) ; harmonie de l'existence (syn
thèse).
Telles sont les facettes, les incidences sous lesquelles l'esprit de
M. Tiberghien considère les choses. Tel est l'objectif i-éticulaire à
travers lequel il regarde tout. Quelle valeur attacher à celte topique
intellectuelle? Est-ce là regarder les objets d'un bon œil? Ces cadres
systématiques sont-ils aux dimensions de la réalité ? Est-il sage de
mettre ainsi les choses en coupe réglée et de les étendre sur ce
lit de Procuste ? Aux lecteurs de juger ').
Un autre tort essentiel de l'auteur, c'est le réalisme radical avec
lequel il objective les catégories et les prend pour des vues rigou-
') Théorie de la connaissance, p. 84. T1BERGHIEN PHILOSOPHE 239 M.
reuses de la chose en soi, confondant ainsi l'essence abstraite avec
l'essence concrète, le formel avec le réel, l'être de raison avec la
réalité vive.
En outre, plusieurs de ces cat

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