MAIS... COMMENT PEUT-ON ÊTRE FANATIQUE ?
219 pages
Français

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Description

Les fanatiques c’est toujours les autres, car nous on a raison ! Et si c’était déjà cela le germe du fanatisme, cette certitude d’être dans la vérité de façon absolue et cette désignation d’un « mauvais objet » ? Le fanatisme n’est pas que religieux, il peut être le fait de groupes, sectes, institutions, y compris officielles. L’histoire européenne récente nous le rappelle : le nazisme, le communisme ont été des formes de fanatisme.
Comprendre son fonctionnement, ses modalités, est un enjeu primordial, en tant que phénomène de groupe autant que sur le plan psychologique. En effet, le fanatisme est constitué de processus inconscients simples, compréhensibles par tous, mais qui se masquent derrière des évidences. C’est à les mettre à jour que s’emploie l’auteur de ce livre afin que nous n’en soyons plus le jouet.
Le champ d’étude appliqué ici allie analyse organisationnelle (organisation : institution, entreprise, administration, association, etc.), sciences du comportement (Palo Alto, communication, etc.) et grille psychanalytique pour rendre compte de ce phénomène qui traverse toutes les époques.

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Publié par
Publié le 11 juin 2014
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

 Mais…Comment peut-on être fanatique ?
Jacques Laffitte
Mais… Comment peut-on être fanatique ?
Essai
ère 1 édition
ISBN 978-2-9540838-4-1 L’Arbre aux Signes EditionsN° Siret : 537 672 727 000 14APE : 5811 Z
Association 1901 d’Edition & Création d’Evènements Culturels 14 La Galaisière 61340 Préaux du Perche Site : www. arbreauxsignes.com Mail :contact@arbreauxsignes.com
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 Mais…Comment peut-on être fanatique ?
Mais… Comment peut-on être fanatique? Sommaire
CHAPITREI Nouveauté ?
A) AU PIED D UNE MONTAGNEP 4 B) LE VEAU D’ORP 32 C) RELIGION OU SPIRITUALITEP 68
CHAPITRE II De quoi parle-t-on ?
QU’APPELLE-T-ON FANATISME ?
CHAPITRE III Comment ?
COMMENT FONCTIONNE LE FANATISME ?
LE MODALITAIRE
LE FONCTIONNEMENT DU MODALITAIRE
CHAPITRE IV Recadrages
OSER PENSER L’IMPENSABLE :
EGO & TOTALITARISME
L’ASPIRATION CACHEE
Annexe : Grille d’analyse-synthèse Table des Matières détaillée
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P 86
 P118
 P124
 P142
 P178
 P179
 P299
 P212  P213
 Mais…Comment peut-on être fanatique ?
CHAPITRE I Nouveauté ?
A) AU PIED D’UNE MONTAGNE…
Un camp de réfugiés. Le pays dans lequel ils ont vécu depuis plusieurs générations, ils viennent de le quitter parce qu’ils y étaient traités en esclaves, accablés de travaux forcés, empêchés de pratiquer leur religion. Dans ce camp trois mille personnes, hommes, femmes, enfants et vieillards vont être férocement passés au fil de l’épée, sans distinction, «d’une porte à l’autre du camp». Est-ce le fait de leurs anciens oppresseurs revenus les exterminer, ou alors de quelque peuplade autochtone ? Ni l’un ni l’autre, il s’agit d’un massacre interne à ce groupe d’émigrés; il est effectué par ses propres membres comme l’atteste le document qui ne cherche même pas à en masquerla violence dans son effroyable appel au meurtre : «Que chacun tue son frère, son ami, son parent.» Avaient-ils au moins conscience de faire quelque chose de contraire à l’éthique, à la spiritualité, au divin? Au contraire c’est au nom d’un dieu qu’ils font cela et avec sa bénédiction (supposée): «Consacrez-vous aujourd’hui à l’Eternel, même en sacrifiant votre fils et votre frère afin qu’il vous accorde aujourd’hui une bénédiction.» Mais qui donc est l’instigateur de ce massacre, c’est certainement un dictateur, un malade mental ? Pas du tout, il s’agit d’un prophète. L’Histoire a-t-elle retenu son nom ? : «Moïse se posta à la porte du camp et dit: «A moi ceux qui sont pour l’Eternel! Et tous les
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enfants de Lévi s’assemblèrent auprès de lui. Il leur dit : Ainsi parle l’Eternel, le Dieu d’Israël: que chacun de vous mette son épée au côté ; traversez et parcourez le camp d’une porte à l’autre, et que chacun tueetc…» Et ce n’est pas le moindre des prophètes, c’est un des trois plus grands, un des fondateurs du judaïsme et d’une des plus grandes avancées de la pensée spirituelle, sociale et même éthique. En effet l’ironie de l’histoire veut que ce soit lui qui commande cette auto-dévastationalors qu’il vient proclamer aunom de ce même Dieu «Tu ne tueras pas». Ces contradictions et comportements extrêmes nous placent donc au cœur de ce chaudron infernal capable du meilleur comme du pire, l’esprit humain, quand il laisse ses représentations mentales s’emballer et ses affects le gouverner dans cette dérive inhumaine qu’est le fanatisme.
Un dévoiement Quel était donc le crime des victimes, pour qu’elles soient exécutées par leurs propres parents, frères, ou proches, leurs compagnons d’émigration ? Avaient-elles projeté quelque tuerie ou décidé d’abandonner le projet d’émigration et de revenir en arrière. Non, ces gens-là faisaient la fête en ayant confectionné un veau en or et l’honoraient par danses et festins. 1 Dans cet épisode de la Bible , nous avons tous les ingrédients de ces luttes fratricides qui ensanglantent l’histoire des peuples quels que soient leur culture, leur religion, leur morale, et malgré même la fraternité que suscite le fait d’avoir été victimes d’un même oppresseur et d’avoir réussi une évasion commune. Il y a là matière à s’interroger sur ce qui constitue un archétype du fanatisme; on y trouve étroitement associés
1 Exode 32. 1-35 Traduction Segond. L’évènement est également relaté en Deutéronome 9.8-29 avec menace d’extermination mise dans la bouche de l’Eternel mais sans passage à l’acte grâce à l’intercession du même Moïse ce qui est nettement plus présentable. 5
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une thématique de force (actions, meurtres), une dissidence 2 populaire voire une opposition politique avec changementde chef (Aaron), un système de représentations (cadre de référence, obligations, religions) qui le finalise et le met en forme (unanimisme obligatoire, une seule religion pour tous) et en assure la cohésion (exclusion-exécution des dissidents), enfin une dimension émotionnelle exacerbée qui est seule capable de catalyser l’énergie de ses membres pour de tels actes. Pas réservé aux religions Qu’on accole à ces grandes effervescences le nom d’un dieu ou la marque d’une idéologie ne change rien quant à un processus identique au fond et dans ses effets. Car il faut avoir le courage de dire que contrairement aux idées reçues, aux stéréotypes médiatiques et aux habitudes de langage, le fanatisme n’a rien de spécifiquement religieux. Mais tout d’humain, de caricaturalement humain, dans sa dimension la plus noire, mais pas si exceptionnelle que ça. Les fanatismes ne naissent pas que dans les religions, même si celles-ci ont beaucoup donné dans la corbeille au cours de l’histoire. Le nazisme, le communisme ont été des fanatismes, et le fait que leurs idéologies ne se réclamaient pas d’un dieu ou d’une religion patentée ne doit pas nous illusionner et nous inciter à ne les envisager que dans la catégorie du politique. Au contraire même, cela doit-il nous inviter à interroger ce genre de séparation qui s’avèrera peut-être artificielle. Il faut avoir le courage de bousculer les idées reçues, les évidences admises, oser examiner le grouillement infâme de l’âme humaine, car elle n’est pas que belle, éthérée etgénéreuse. Elle peut se 2  Exode32-1 : « car ceMoïse, cet homme qui nous a fait sortir d’Egypte, nous ne savons pas ce qu’il est devenu. » (trad. Segond) / « oui, ce Moshé, l’homme qui nous a fait monter de la terre de Misraîm, nous ne savions pas ce qu’il en était de lui. » (trad. Chouraqui qui induit nettement, par l’emploi de l’imparfait, une perte de confiance à l’égard de Moïse). 6
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retourner en son contraire envers son auteur et contre tout le monde dans un délire paradoxal fait d’impuissance et de recherche de pouvoir absolu, de dimension universelle et de haine, générant une violence qui parcourt toute la dimension humaine, de la taille individuelle (de l’asservissement familial jusqu’aux meurtres pour un soupçon de regard), aux groupes paramilitaires (groupes terroristes), et jusqu’à la dimension étatique ou internationale (conquête-éviction du capitalisme ou du communisme, guerre froide, dictatures comme terrorisme d’état, etc.).
Analyse et apaisement Qu’est-ce qui génère cette violence, comment y amène-t-on si facilement des personnes à assassiner leurs proches (assassinats «légaux » defemmes au Pakistan, guerres civiles irlandaises, St Barthélemy, etc.)? Comment ceux qui se revendiquent de lois éthiques majeures interdisant explicitement de tuer peuvent-ils enfreindre haut et fort ce qu’ils proclament (Veau d’or, Inquisition, fascismes catholiques, islamismes, meurtres raciaux, inoculation de maladies à des sujets humains à leur insu aux USA, génocides, etc.) ? Quels sont les ressorts de cette malignité ? Comment des personnes peuvent-elles vivre dans de telles aberrations (procès staliniens, dénonciations, assassinats «moraux »,etc.) et être amenées à faire de la contradiction leur moteur de vie (tortionnaires, kamikazes, épuration ethnique, etc.) ? Plus qu’un objet d’étude nous sommes devant un enjeu formidable non seulement sur le plan moral mais aussi et surtout sur le plan du fonctionnement des sociétés. Il nous livrera peut-être quelques clefs pour comprendre notre histoire, non seulement passée, mais aussi actuelle et vraisemblablement future, car si on ne le fait plus avec des épées on tue toujours, sous toutes les latitudes et pour les mêmes raisons, avec le même modèle comportemental.
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C’est celui-ci qu’il convient d’analyser pour, d’une part, en comprendre les ressorts, et d’autre part prévenir son apparition et y apporterl’apaisement. Oui l’apaisement, véritablement, non pas un cessez-le-feu et encore moins une éradication par la violence qui au lieu d’y mettre fin l’alimenterait. Car ce n’est pas, disons-le d’emblée, par plus 3 d’imposition de force, plus de punition , ou plus de relégation que l’on éteindra ce feu. Pour deux raisons: premièrement parce que ce sontses armeset qu’à les utiliser on se fait contaminer et on reproduit alors ce à quoi on voulait mettre fin ;et deuxièmement parce qu’il se nourrit de sa propre souffrance et se sert de notre rejet ou de notre ignorance pour légitimer ses actes désespérés et criminels. Il est donc primordial de comprendre son fonctionnement, de mettre à jour son schème mental (quel que soit le nom qu’il prenne ou la référence dont il se réclame)et d’apporterremède à la souffrance qui est à son origine. Car de même que dans un accident de voiture on ne se contente pas d’analyser les causes de l’accident en laissant les blessés prisonniers de la ferraille, de même à quoi servirait l’analyse si elle n’était utile pour désincarcérer ceux qui sont pris dans le processus du fanatisme ?
1.1) CLIVAGES…
On pourrait caractériser le fanatisme par le fait qu’il peut aller à l’encontre des valeurs morales qu’il revendique tout en continuant à s’en réclamer: la miséricorde en condamnant et tuant allègrement, la démocratie du peuple en
3 Ce qui n’exclut pas le passage devant des tribunaux et des condamnations pour des actes qui contreviennent à la liberté, mais dans le cadre du système judiciaire, de ses garanties et de sa déontologie, parce qu’il incarne la mise en pratique de la tolérance et du respect d’autrui. 8
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interdisant les autres partis, etc. Ce qui signifie qu’il est une contradiction dans ses propres termes, mais agissante. Car contrairement à ce qu’on croit, une contradiction n’est pas forcément paralysante, elle peut être utilisée par le fanatisme pour arriver à ses fins. L’idéologie, les valeurs proclamées, les discours ont pour fonction autant de recouvrir l’action d’un manteau bienséant et d’être une illusion de faits, que de servir de réflexion et d’énoncer un programme. La contradiction n’est pas que l’artifice du menteur ou de l’escroc. Elle est le poste avancé de l’aliénation, son outil principal. Car cette dissociation permanentedu fond avec la forme, du contenu proclamé et des actes réels, n’est pas une imperfection de détail, elle est le cœur de fonctionnement du fanatisme et ce qui fait sa contagion. Elle est son éthique de vie, une schize niée en tant que telle, qui par l’occultation et le renversement du principe de non-contradiction lui permet de gagner sur les deux tableaux de l’opposition qui le fonde. Et qui lui permet à la fois de se réclamer de la miséricorde de Dieu et de tuer, ou de la démocratie et d’interdire les partis, ou des Droits de l’Homme et d’utiliser des humains comme cobayes à leur insu (USA), etc.
Pourquoi ? Pour comprendre ce phénomène il faut bien voir que ce fonctionnement schizoïde, clivé, cette non-perception du comportement contradictoire n’est pas non plus un détail, une scorie, un simple manque de discernement. Elle est essentielle, constitutive. Le fanatisme est une négation au carré : négation que représente la contradiction proprement dite et négation qu’il y ait contradiction ou négation. Ceci à l’aide de justifications pseudo morale (salut du groupe, bien de l’humanité), historiques (contingence des forces en présence), politiques (fins justifiant les moyens) etc.
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Qu’est-ce qui en fait la force d’attraction? Deux éléments eux-mêmes contradictoires ou ambivalents : Il est à la fois la marque et l’outil du pouvoir : - celuiqu’on veut exercer sur autrui. Avoir du pouvoir attire toujours, en soi comme à l’égard d’autrui. - celuiqu’on a subi, dans son passé propre en tant qu’individu. Or toute personne a été «formatée » par cette condition de sans droit, de dépendance absolue qui caractérise la condition d’enfant, au moins au début. Et ce sont les possibilités ou non qu’aura eu la personne de s’affranchir de cette relation de non-droit, de soumission, qui vont déterminer sa vulnérabilité au fanatisme ou sa capacité de développer réflexion, autonomie, et pondération au sens de capacité à relativiser. Si la personne n’a pu reprendre son processus de personnalisation, se constituer comme personne existant de plein droit, comme capable d’intégrer à la fois la 4 souffrance et le bonheurelle devient un candidat particulièrement vulnérable aux attraits du fanatisme, notamment son image de puissance car cette dernière rassure la personne en accentuant l’usage de la force contre soi et contre autrui ; celle-ci permet de glacer la possibilité même de remise en question, de ré-ouverture de ce qui a fait souffrir. Et en présentant le spectacle de la souffrance de ceux qui sont à l’opposé du fanatisme (quel que soit le plan, religieux, politique, etc.) elle donne double satisfaction à l’inconscient de ces personnes: elle présente à nouveau la scène de la souffrance première (la soumission) et la punition de l’espoir d’en sortir. L’ancienne victime de la soumission et du déni qui 4 Il ne faut pas oublier que contrairement aux lieux communs qui croient que tout le monde veut le bonheur (sans le définir d’ailleurs), celui-ci peut faire peur, être vécu comme une déstabilisation insupportable pour la personne, comme remettant en question ses certitudes, habitudes mentales et surtout schèmes de comportements. 10
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n’a pu s’affranchir de son histoire est alors mûre pour devenir le propagateurde la négation de l’histoire et d’autrui.
Contradiction & dire contre Précisons encore. La contradiction n’offre que deux issues : soit on la prend en compte et on remanie sa pensée, son action en fonction de la raison, soit on l’occulte; le déni devient alors son moteur dynamique et faustien dans une spirale sans fin de ré-assurance et de négationnisme actif des présentations similaires ou éloignées de la contradiction, du conflit interne au sein de l’individu. Par exemple : les religions parlent toutes du bonheur et prétendent vous y conduire de façon certaine mais font de votre vie un parcours du combattant dont vous êtes à la fois le général, le fantassin en première ligne mais aussi l’ennemi sur lequel vous devez tirer. Courageusement, avec foi et espoir. Une fois ouverte la brèche de la contradiction, en proclamant le premier terme avec lequel on ne peut qu’être d’accord (libération de l’humanité / paradis sur terre /achèvement de l’Histoire / suppression du mal et bonheur à tous les étages, etc.), comment ne pas être d’accord avec le moyen de l’obtenir ? On est alors obligé de donner son accord avec le deuxième terme, le moyen, présenté avec force et soutien du groupe (phénomène de groupe, fusion des stades, etc.), la dictature (!) du prolétariat, l’éradication de la population x ou y, la soumission absolue à la loi z, etc.  L’individu(pour rester «indivis »)n’aura d’autre solution que de se jeter dans les bras de ce qui réunifie dans les mots, dans ce qui rassure par des actions, et dans ce qui occultera la dissociation interne : la force, le négationnisme, et le bouc émissaire, les trois cimentés au liant de l’affectif, du refoulement et du sentiment de groupe. Le tout, concentré-fusionné sur une personne emblématique (ancienne ou
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