Marseille et la fides de Rome - article ; n°1 ; vol.23, pg 213-222
11 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Marseille et la fides de Rome - article ; n°1 ; vol.23, pg 213-222

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
11 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue archéologique de Narbonnaise - Année 1990 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 213-222
In 125 B.C., the Greek city of Marseilles which was too weak to fight alone against the barbarians called Rome, its long lasting allied for military aid. Rome then was to settle permanently in southern Gaul. For several reasons, this widely admitted interpretation of the events should be doubted. For the Romans, people of the fides, respectful of their alliances and of the gods, found there a moral means of conquering a territory which they had coveted for a long time. Such a mechanism of triggering the war had proved to be very useful in the past and was to be used again in other places.
En 125 av. J.-C, Marseille, cité grecque trop faible pour se défendre face aux Barbares, appela à l'aide son alliée de toujours, Rome. Celle-ci devait, alors, s'installer définitivement en Gaule du Sud. Diverses raisons permettent de douter de cette version canonique des événements, généralement admise, surtout depuis C. Jullian. Car les Romains, peuple de la Fides, respectueux de leurs alliances et des dieux, trouvaient là une occasion morale de conquérir un territoire qu'ils convoitaient depuis longtemps. Un tel mécanisme de déclenchement de la guerre leur avait déjà été très utile. Il devait être de nouveau utilisé en d'autres lieux.
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Danièle Roman
Marseille et la fides de Rome
In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 23, 1990. pp. 213-222.
Abstract
In 125 B.C., the Greek city of Marseilles which was too weak to fight alone against the barbarians called Rome, its long lasting
allied for military aid. Rome then was to settle permanently in southern Gaul. For several reasons, this widely admitted
interpretation of the events should be doubted. For the Romans, people of the fides, respectful of their alliances and of the gods,
found there a moral means of conquering a territory which they had coveted for a long time. Such a mechanism of triggering the
war had proved to be very useful in the past and was to be used again in other places.
Résumé
En 125 av. J.-C, Marseille, cité grecque trop faible pour se défendre face aux Barbares, appela à l'aide son alliée de toujours,
Rome. Celle-ci devait, alors, s'installer définitivement en Gaule du Sud. Diverses raisons permettent de douter de cette version
canonique des événements, généralement admise, surtout depuis C. Jullian. Car les Romains, peuple de la Fides, respectueux
de leurs alliances et des dieux, trouvaient là une occasion morale de conquérir un territoire qu'ils convoitaient depuis longtemps.
Un tel mécanisme de déclenchement de la guerre leur avait déjà été très utile. Il devait être de nouveau utilisé en d'autres lieux.
Citer ce document / Cite this document :
Roman Danièle. Marseille et la fides de Rome. In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 23, 1990. pp. 213-222.
doi : 10.3406/ran.1990.1369
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ran_0557-7705_1990_num_23_1_1369MARSEILLE ET LA FIDES DE ROME
Danièle ROMAN
Les auteurs antiques se sont plu généralement à souligner la faiblesse de Marseille, incapable
de faire face, dans les années 120 av. J.-C, aux peuples barbares qui l'entouraient et obligée
d'appeler Rome à son secours, pour venir à bout des Salyens et autres Ligures. D'après les notations
de Tite-Live et de Florus(1), Rome intervint, en effet, en Gaule en 125 av. J.-C, après que la cité
phocéenne eût réclamé son appui contre les Salyens qui l'accablaient de toutes parts. De même, pour
Strabon (2), si Rome « expulsa les Barbares de tout le littoral qui conduit de Massalia en Italie »,
ce fut parce que « les Massaliotes ne parvenaient pas à les tenir définitivement en respect ». Ainsi,
dès l'Antiquité, fut accréditée la thèse selon laquelle, dans les années 120 av. J.-C, Marseille était
devenue trop faible pour se défendre seule, opposer une résistance sérieuse à ses ennemis, les
repousser et les contenir ensuite dans des limites correctes. Sa faiblesse expliquait donc, voire
justifiait, l'arrivée de M. Fulvius Flaccus puis celle de C Sextius Calvinus à la tête des légions
romaines.
Constatant une telle convergence de vues, les historiens modernes ont, le plus souvent, adopté
sans difficulté cette présentation des événements. Ainsi, C. Jullian(3) a estimé que, depuis « la
formation de l'empire arverne, l'adhésion des Salyens de Provence à cet empire, son extension aux
portes de Marseille », « la ville grecque ne se trouvait plus dans les mêmes conditions pour vivre
et commercer. Ses habitudes séculaires se trouvaient menacées », « le commerce de la cité et sa
sécurité même étaient à la merci de ses voisins ». Pour M. Clerc également, Massalia « était peu à
peu arrivée à ne plus avoir la force militaire nécessaire pour obliger ses voisins à garder la paix et
pour les repousser quand ils la troublaient » (4), elle était « décidément impuissante à se défendre »
contre eux « et à les refouler » (5). Cette théorie devait largement prévaloir et se retrouver, telle quelle,
au fil de divers ouvrages évoquant cette question. C'est ainsi que pour C.H. Benedict (6), par exemple,
l'incapacité massaliote à se défendre ne fait aucun doute. Ch. Ebel(7), pour sa part, a pensé que
Marseille était totalement inapte à tenir la situation en main sans l'aide de Rome. Par ailleurs, après
avoir noté qu'à partir du nr-ir s. av. J.-C la cité phocéenne connut un « second apogée » qui dura
« au moins jusqu'en 150 et auquel seule la prise de la ville par les lieutenants de César en 49 » av.
J.-C. mit « définitivement fin », M. Clavel-Lévêque(8) a envisagé « les difficultés réelles de Marseille
(1) Tite-Live, Periochae, LX, 1. Florus, I, 36, 3.
(2) Strabon, IV, 1, 5.
(3) C. Jullian, Histoire de la Gaule, t. III, Paris, 1909, réimp. Bruxelles, 1964, p. 8.
(4) M. Clerc, Massalia. Histoire de Marseille dans l'Antiquité des origines à la fin de l'empire romain d'Occident (476 après J.-C),
Marseille, 1927-1929, réimp., Marseille, 1971, vol. II, p. 37.
(5) M. Clerc, Massalia..., vol. II, p. 41.
(6) C.H. Benedict, The Romans in southern Gaul, A.J. Ph., LXIII, 1942, p. 40.
(7) Ch. Ebel, Transalpine Gaule. The Emergence of a Roman Province, Leyde, 1976, p. 66.
(8) M. Clavel-Lévêque, Marseille grecque. La dynamique d'un impérialisme marchand, Marseille, 1977, p. 132.
Revue Archéologique de Narbonnaise, 23, 1990, p. 213-222. 214 D. ROMAN
aves ses voisins » ainsi que son asphyxie par les indigènes. M. Bats (9), enfin, a mis l'accent sur
l'inadaptation de plus en plus grande de Marseille à la conjoncture de l'époque et a rappelé les
nombreuses démarches entreprises par la cité phocéenne auprès de Rome afin d'assurer sa
protection.
Ainsi l'impéritie de Marseille en 125 av. J.-C. semble définitivement acquise et son impuissance
telle, en cette fin du ir av. J.-C, qu'elle paraît avoir été contrainte de demander à Rome son appui
pour mettre fin à l'agitation de ses turbulents voisins. A la suite des principales sources antiques,
il semble également naturel de penser que Rome n'intervint en Gaule du Sud qu'à la suite de l'appel
au secours lancé par Massalia. De ce fait, ne serait finalement devenue maîtresse de la Gaule
du Sud qu'à la suite d'un concours de circonstances, d'un engrenage déclenché par la demande
massaliote, elle-même provoquée par un manque de vigueur insurmontable de la part de la cité
phocéenne. Pour être plausible, le constat de cette extrême faiblesse massaliote demeure toutefois
surprenant. Cette incapacité à faire face à des adversaires ne semble guère avoir été habituellement
de mise pour la ville des bords du Lacydon. Elle tranche, dans tous les cas, avec ce que l'on sait
par ailleurs de l'attitude de Marseille durant d'autres périodes de son histoire.
En effet, à lire la Guerre civile, ce ne fut pas devant une cité particulièrement exsangue que les
troupes césariennes vinrent mettre le siège en 49 av. J.-C.(l0). Bien au contraire, le récit de cet épisode
laisse au lecteur l'impression d'une cité puissante, susceptible de faire front sans difficulté et
d'aligner des forces importantes face à ses adversaires du moment. D'ailleurs, la longueur même
de ce siège plaide en faveur d'une telle interprétation de la situation de Marseille à l'époque des
guerres civiles. Certes, il est facile de faire observer que César a eu souvent tendance, dans ses écrits,
à pratiquer un art certain de la déformation"0. La puissance de ses ennemis, complaisamment
décrite, ne pouvait qu'apporter davantage de lustre à ses propres victoires. On peut aussi estimer
que les légionnaires qu'il laissa devant la cité massaliote n'étaient guère nombreux, ce qui pourrait
expliquer leurs difficultés à venir à bout de la ville (12). Néanmoins, l'impression de force laissée par
Marseille à cette époque se trouve parfaitement confirmée par une notation de Strabon03'. D'après
le géographe grec, en effet, ce fut « lors de la guerre civile menée par Pompée contre César » que
« les Massaliotes, qui avaient embrassé la cause du parti vaincu, perdirent le plus clair de leur
prospérité ».
A l'autre extrémité de la chaîne chronologique, il est également aisé de trouver des indications
de la puissance indiscutable de Marseille. Comment ne pas songer, effectivement, à la place qu'elle
occupa dans les conflits opposant Rome et Carthage ? Si son rôle durant la première guerre punique
demeure hypothétique, en revanche, la période de la seconde guerre punique est apparue, p

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents