Monnaie et crédit - article ; n°3 ; vol.16, pg 486-497
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Description

Revue économique - Année 1965 - Volume 16 - Numéro 3 - Pages 486-497
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Dieterlen
Monnaie et crédit
In: Revue économique. Volume 16, n°3, 1965. pp. 486-497.
Citer ce document / Cite this document :
Dieterlen Pierre. Monnaie et crédit. In: Revue économique. Volume 16, n°3, 1965. pp. 486-497.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1965_num_16_3_407664MONNAIE ET CREDIT
Parmi les phénomènes qui composent la vie économique, la
monnaie et le crédit sont l'un de ceux qui, tout à la fois, plongent
leurs racines dans l'activité quotidienne et provoquent l'abstraction
osée du théoricien. L'usage de la monnaie ne s'enseigne pas ; il répond
à un instinct, comme le boire et le manger. L'enfant s'y plie sponta
nément, dès le premier argent de poche qu'il reçoit ; et les financiers
les plus habiles ne sont pas forcément ceux qui ont fait de fortes
études. Le crédit naît de la même façon : au jeu de billes, celles-ci
se gagnent et se perdent, mais aussi se prêtent et s'empruntent.
Le jeu s'apprend par la pratique. Sa règle est simple. Ce n'est qu'en
suite que l'on se mettra à philosopher à son sujet et qu'on en disputera
à loisir.
Il est par conséquent normal qu'un enseignement consacré à la
monnaie et au crédit commence par la pratique et se poursuive par
la théorie. Tel est l'ordre adopté par M. Jean Marchai dans son
cours. Le volume récemment publié sous sa signature l expose « la
structure et les mécanismes de la monnaie et du crédit tels qu'ils
se présentent dans l'économie française contemporaine » 2. Un second
volume replacera « les phénomènes monétaires et de crédit dans la
théorie générale de l'équilibre économique » -.
Dans ses Problèmes monétaires d'aujourd'hui, auxquels nous avons
consacré une note dans la présente revue, M. Emile James avait, au
contraire, fait alterner les aspects théoriques avec ceux de la poli
tique monétaire. C'est que son ouvrage s'adresse à des étudiants
avancés et à des lecteurs déjà avertis. Le cours de M. Jean Marchai
est un travail d'initiation. A ce titre, le plan qu'il a adopté s'imposait.
Ce n'est point à dire que toute considération théorique soit
absente de ce premier volume. Car il en est d'indispensables à qui
veut comprendre les mécanismes monétaires et bancaires. Dès les
premières pages, l'auteur montre en quoi monnaie et crédit se dis
tinguent, se complètent et s'apparentent. La vieille classification de
1. Jean Marchal, Monnaie et crédit, Paris, Editions Cujas, 1964.
2. P. 18. ET CREDIT 487 MONNAIE
Hildebrand, qu'on enseignait encore au temps de notre jeunesse, entre
économie de troc, économie monétaire et économie de crédit, est enfin
remise à sa place. Elle n'est soutenable ni logiquement, ni historique
ment. Logiquement, il est clair que toute monnaie, y compris 1 or,
étant fiduciaire 3 est instrument de crédit. « Au commencement était
le crédit », écrivions-nous dans un ouvrage ancien 4. Historiquement,
M. Jean Marchai rappelle que, d'après certains historiens, « les peu
ples de la Mésopotamie, de l'Indus et de l'Egypte ont connu le crédit
avant d'inventer la monnaie » 5.
Autre référence à l'un des points les plus controversés de la théor
ie monétaire : le fétichisme de l'or. Pour des raisons que notre auteur
rappelle opportunément, il conclut, «à l'encontre d'une croyance répan
due, que le prix de l'or est hautement conventionnel et que ce métal
ne constitue qu'un médiocre instrument de conservation du pouvoir
d'achat » <!. La thésaurisation d'or était autrefois un phénomène par
ticulièrement propre à l'Inde dont elle ne paraît pas avoir favorisé
le développement. Elle est devenue un phénomène français. Elle est
nulle, en revanche, ou négligeable dans les autres économies évo
luées, notamment aux Etats-Unis. Disons, pour être bref, qu'elle
est l'antidote d'une politique monétaire inadéquate.
Ce jugement de valeur, que je prends à mon compte et motiverai
par la suite, contrevient au souci de neutralité auquel a obéi M. Jean
Marchai d'un bout à l'autre de son ouvrage. C'est qu'aussi bien je
n'ai pu me retenir, face à certaines interprétations conformes à la
doctrine officielle, et neutres de cette façon, de confesser les réactions
divergentes que m'a inspirées l'observation continue de la vie monét
aire française, spécialement depuis la Libération. Comme il est normal
qu'un lecteur le fasse, s'agissant d'un sujet qu'il croit lui être familier,
j'ai confronté mes impressions personnelles au texte que je lisais.
Plutôt que d'en donner un résumé qui serait incomplet, je me
bornerai à relever dans ce texte quelques points où je me sens, non
pas en désaccord, mais moins orthodoxe que notre auteur.
Dans son discours de Tokyo, à l'assemblée générale du F.M.I. ,
M. Giscard d'Estaing proclamait avec force la nécessité de règles
strictes. Il s'agissait, il est vrai, du système monétaire international,
dont l'empirisme actuel a de quoi inquiéter. Est-ce à dire que les
3. Comme l'a fortement marqué François Simiand.
4. Cf. Au-delà du capitalisme, Paris, 1946.
5. P. 16.
6. P. 84. 488 REVUE ECONOMIQUE
règles strictes que l'on voudrait lui substituer seraient aptes à corriger
et à prévenir les difficultés ? Il faut être bien naïf pour le prétendre,
et cela, à quelque plan que l'on se réfère, parmi ceux qui ont vu le
jour depuis plusieurs années. Le passé est, à cet égard, édifiant. Le
Bank Act de 1844 édictait une règle stricte. Il a fallu que la Banque
d'Angleterre la tournât à plusieurs reprises. Si, jusqu'en 1914, la
Banque de France a été plus respectueuse de sa règle, ce fut au prix
d'une gestion timorée dont le développement économique de notre
pays n'a pas laissé de pâtir.
Dans la période contemporaine, on invoquera deux séries d'exemp
les opposés. Tout d'abord, ceux de la Grande-Bretagne et des
Etats-Unis, auxquels Mlle Huguette Durand consacre un excellent et
utile « aperçu ». La Grande-Bretagne est, on le sait, le pays du bon
usage. On s'y passe de Constitution écrite. Le Bank Act, qui en
était une. est tombé en désuétude. Il n'en reste que la présentation
insolite du bilan de la Banque d'Angleterre. Pour le reste, la place
de Londres est une création sut generis, adaptée aux services qu'elle
est appelée à rendre et continuant de s'y adapter discrètement, grâce
à quoi elle survit contre vents et marées. Le cas des Etats-Unis est
plus ambigu. Les réglementations édictées avant l'institution, en 1913.
du Federal Reserve System, avaient avorté les unes après les autres.
Le « système » lui-même a évolué dans un sens que n'avaient pas
imaginé ses créateurs : la sécurité commerciale que ceux-ci avaient
principalement cherché à assurer a fait place progressivement au souci
de la stabilité monétaire, cela, à l'aide des mêmes règles appliquées
dans un autre esprit.
En sens inverse, on invoquera les exemples de la Belgique et de
la France. Celui de la Belgique, parce que, à l'occasion de la crise
de 1935, ce pays est entré le premier en Europe dans la voie de la
réglementation bancaire. Réglementation très stricte, vétilleuse sur
certains points, à plusieurs reprises remise en chantier. La France
n'a fait que suivre. La loi du 2 décembre 1945 n'a pas seulement
nationalisé la Banque de France et les quatre principaux établiss
ements de crédit. Confirmant les dispositions principales de la loi du
13 juin 1941, elle a institué un véritable régime corporatif que coiffent
le Conseil national du crédit et la Commission de contrôle des
banques. En même temps, hantés par le souvenir de ce qu'on appel
ait, au cours des années vingt, « le plébiscite des porteurs de bons »,
les gouvernements successifs se sont attachés à capter et à canaliser
vers le Trésor, par le truchement des C.C.P. et des caisses d'&

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