Mythes et réalités de la convertibilité du rouble - article ; n°1 ; vol.21, pg 67-85
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Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1990 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 67-85
The convertibility of the ruble : myth and reality
The Soviet authorities often refer to the convertibility of the ruble without even raising the main question, i.e. membership of the international monetary system organized around certain leading powers. The question is all the more complex in that the world-wide nature of finance emphasizes the role of convertible currencies in world trade.
The international monetary system is organized according to rules laid down among cooperative countries such as for example the European monetary system. Convertibility can only work within a narrow framework of stability and trust which does not go beyond the circle of the major capitalist industrial countries. There are three routes by which the ruble may achieve convertibility : entry to the IMF, which does not necessarily ensure the former ; swap-agreements through the creation of private money, and the monétarisation of nominal money. The two latter solutions raise problems which are not readily soluble given the nature of the Soviet monetary system.
In the USSR, money in circulation, i.e. in the form of cash, is separate from money used basically by the State and its enterprises, or again from foreign-trade rubles and the transferable ruble. The latter remains an accounting unit, while the two former, as means of payment, are threatened by rising prices and by inflation. Ruble convertibility also runs into two basic problems : the austerity implied by a rigid budgetary and monetary policy, and the threat of dollarization, insofar as the introduction of a currency market in the country may run the risk of weakening, or even marginalizing the paper ruble.
Les autorités soviétiques évoquent souvent la convertibilité du rouble, sans jamais poser le problème essentiel de l'appartenance au système monétaire international organisé autour de quelques puissances dominantes. La question est d'autant plus complexe que la mondialisation de la finance accentue le rôle des devises convertibles dans les échanges mondiaux.
Le système monétaire international s'ordonne autour de règles établies entre pays et d'une coopération dont l'exemple est donné par le Système monétaire européen.
La convertibilité ne fonctionne que dans un cadre étroit de stabilité et de confiance qui ne dépasse pas le cercle des grands pays capitalistes industriels.
Trois voies peuvent orienter le rouble vers la convertibilité : l'entrée au FMI, qui n'assure d'ailleurs pas celle-ci, des accords de swaps par création de « monnaie privée », la monétarisation de devises-titres. Les deux dernières solutions posent des problèmes peu compatibles avec le système monétaire soviétique.
En URSS, la monnaie en circulation — les espèces — diffère de la monnaie scripturale réservée pour l'essentiel à l'État et aux entreprises, ou encore du rouble- devise ou du rouble transférable. Le dernier reste une monnaie de compte, tandis que les deux premiers, monnaies de paiement, sont menacés par la hausse des prix et l'inflation. La convertibilité du rouble se heurte aussi à deux obstacles essentiels : l'austérité qu'implique une politique monétaire et budgétaire rigoureuse, la menace de « dollarisation » dans la mesure où l'introduction d'un marché de devises dans le pays risque d'affaiblir sinon de marginaliser le rouble fiduciaire.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Traimond
Mythes et réalités de la convertibilité du rouble
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 21, 1990, N°1. pp. 67-85.
Citer ce document / Cite this document :
Traimond Pierre. Mythes et réalités de la convertibilité du rouble. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 21, 1990,
N°1. pp. 67-85.
doi : 10.3406/receo.1990.1449
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1990_num_21_1_1449Abstract
The convertibility of the ruble : myth and reality
The Soviet authorities often refer to the convertibility of the ruble without even raising the main question,
i.e. membership of the international monetary system organized around certain leading powers. The
question is all the more complex in that the world-wide nature of finance emphasizes the role of
convertible currencies in world trade.
The international monetary system is organized according to rules laid down among cooperative
countries such as for example the European monetary system. Convertibility can only work within a
narrow framework of stability and trust which does not go beyond the circle of the major capitalist
industrial countries. There are three routes by which the ruble may achieve convertibility : entry to the
IMF, which does not necessarily ensure the former ; "swap-agreements" through the creation of private
money, and the monétarisation of nominal money. The two latter solutions raise problems which are not
readily soluble given the nature of the Soviet monetary system.
In the USSR, money in circulation, i.e. in the form of cash, is separate from money used basically by the
State and its enterprises, or again from foreign-trade rubles and the transferable ruble. The latter
remains an accounting unit, while the two former, as means of payment, are threatened by rising prices
and by inflation. Ruble convertibility also runs into two basic problems : the austerity implied by a rigid
budgetary and monetary policy, and the threat of "dollarization", insofar as the introduction of a currency
market in the country may run the risk of weakening, or even marginalizing the paper ruble.
Résumé
Les autorités soviétiques évoquent souvent la convertibilité du rouble, sans jamais poser le problème
essentiel de l'appartenance au système monétaire international organisé autour de quelques
puissances dominantes. La question est d'autant plus complexe que la mondialisation de la finance
accentue le rôle des devises convertibles dans les échanges mondiaux.
Le système monétaire international s'ordonne autour de règles établies entre pays et d'une coopération
dont l'exemple est donné par le Système monétaire européen.
La convertibilité ne fonctionne que dans un cadre étroit de stabilité et de confiance qui ne dépasse pas
le cercle des grands pays capitalistes industriels.
Trois voies peuvent orienter le rouble vers la convertibilité : l'entrée au FMI, qui n'assure d'ailleurs pas
celle-ci, des accords de swaps par création de « monnaie privée », la monétarisation de devises-titres.
Les deux dernières solutions posent des problèmes peu compatibles avec le système monétaire
soviétique.
En URSS, la monnaie en circulation les espèces diffère de la monnaie scripturale réservée pour
l'essentiel à l'État et aux entreprises, ou encore du rouble- devise ou du rouble transférable. Le dernier
reste une monnaie de compte, tandis que les deux premiers, monnaies de paiement, sont menacés par
la hausse des prix et l'inflation. La convertibilité du rouble se heurte aussi à deux obstacles essentiels :
l'austérité qu'implique une politique monétaire et budgétaire rigoureuse, la menace de « dollarisation »
dans la mesure où l'introduction d'un marché de devises dans le pays risque d'affaiblir sinon de
marginaliser le rouble fiduciaire.Mythes et realites
de la convertibilité du rouble
Pierre TRAIMOND*
Pour rendre une monnaie convertible comme pour danser un tango, il
faut être deux. Cette boutade prêtée à Milton Friedman relève de l'év
idence, sauf pour les autorités soviétiques. Je me propose donc d'étudier la
convertibilité du rouble non pas en fonction des réformes de la fin des
années quatre-vingt, qui donnent la priorité aux problèmes intérieurs, mais
des régimes de convertibilité.
Rarement définie, jamais précisée, la convertibilité du rouble est présen
tée comme une panacée par les experts soviétiques comme par les journal
istes.
Une analyse de ces problèmes oblige à rappeler quelques définitions très
élémentaires que l'on ne trouve pourtant pas en général dans la littérature
économique soviétique ou dans les écrits des soviétologues.
La monnaie est l'ensemble des moyens de paiements, qui par remise
directe, par écriture ou par des procédés électroniques sont immédiatement
utilisables.
A ce jour, aucune monnaie des pays socialistes n'est en principe
utilisable en tant que telle hors de son territoire national.
Le change est l'opération par laquelle un particulier ou une entreprise se
procurent contre remise de monnaie nationale des moyens de paiement
valables à l'étranger pour y effectuer un règlement ou, à l'inverse, c'est
l'opération par laquelle on se procure contre des moyens de paiements à l'étranger, de la monnaie de son propre pays.
Les moyens de paiement valables à l'étranger s'appellent des devises. Le
dictionnaire Larousse dit « qu'une devise est un titre permettant d'effectuer
des paiements à l'étranger par voie de compensation ». Comme tout
échange commercial ou financier, les transactions monétaires international
es impliquent un accord entre au moins deux pays.
* Maître de conférence à Paris I.
67 Pierre Traimond
Cependant, un pays peut décider qu'à l'intérieur de son territoire
national telle monnaie étrangère sera échangée à un taux administré. Les
pays en voie de développement, les pays socialistes ne s'en privent pas.
Dans ce cas, le pays émetteur de la monnaie n'est pas partie à l'échange et
il n'existe pas de coopération internationale... La convertibilité est alors
partielle et univoque.
Les marchés des changes s'inscrivent dans un ensemble de marchés
monétaires et financiers qui sont les marchés des marchés et concernent les
pays capitalistes les plus industrialisés à l'exclusion des pays socialistes et
des pays en voie de développement.
De façon plus fondamentale, la monnaie est avant tout un bien qui
exprime le prix de toutes les autres marchandises et l'unité de compte qui
leur sert de dénominateur commun. Derrière le concept de monnaie, se
dessine toujours celui de marché. Dans le cas de n marchandises prises
deux à deux, une monnaie permet de réduire le nombre de prix à
n (n l)/2, comme l'a montré Walras. A titre d'exemple, le rouble transfé
rable représente une de compte, même s'il n'est que cela. Il est le
dénominateur commun d'un certain nombre de monnaies et de marchandis
es. Les monnaies convertibles font l'objet de marchés de plus en plus
sophistiqués ce qui augmente à la fois leur pouvoir et les risques qu'elles
assument. Des trois fonctions traditionnellement admises de la monnaie en
économie de marché, monnaie de compte, médiation des échanges, conser
vation des valeurs, le rouble assure certainement assez mal la troisième.
Mais surtout, les monnaies socialistes ne sont plus des monnaies hors de
leur territoire national puisqu'elles ne sont pas utilisables. Elles se situent
donc par vocation à l'opposé des monnaies convertibles. Une devise est en
effet convertible quand au moins un autre pays que le pays d'émission
accepte des opérations réciproques d'échange. Dans les années quatre-
vingt, le change tiré, relayé par des opérations de swaps, donne lieu à des
transactions d'autant plus importantes que la « globalisation » de la finance
internationale, le rôle des monnaies convertibles dans la banque et la
finance, les problèmes de la succession du dollar mettent les devises
convertibles au centre de la vie économique de la planète1.
Les Soviétiques parlent souvent de convertibilité partielle ou par étapes.
C'est oublier que la convertibilité se divise mal. Elle connaît pour l'essentiel
deux formes de restrictions. La première tient à la nature des opérations de

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