Néo-protectionnisme et investissement international : le cas de l'accès au marché américain - article ; n°6 ; vol.33, pg 1065-1088

Alain Richemond, Colette Herzog

Description

Revue économique - Année 1982 - Volume 33 - Numéro 6 - Pages 1065-1088
Alors que le ralentissement de la demande mondiale a fortement exacerbé les luttes pour le partage des marchés stratégiques, la montée des pressions protec­tionnistes a rendu ces marchés encore plus convoités et disputés : tel est le cas du marché américain, sur lequel la concurrence internationale, de plus en plus vive, a conduit les Etats-Unis à en limiter l'accès pour un nombre croissant de produits. Le partage du marché intérieur américain a évolué avec l'apparition de nouveaux concurrents et une production locale accrue des entreprises étrangères. L'analyse empirique de la pénétration du marché américain apporte des éléments nouveaux sur le développement des échanges et des investissements directs entre pays industrialisés.
L'apparition de nouvelles formes de protectionnisme qui tendent à modifier les conditions d'accès aux marchés contribue à renforcer le rôle de l'investissement international, en liant de plus en plus l'accès au marché à la création d'emplois sur place.
Neo-protectionism and international investment :
The case of us market penetration
Alain Richemond, Colette Herzog
The protectionist measures combined with the drop of world, growth, have contributed to increase and change international competition on the main markets. On the US market, the soaring foreign penetration has obligea US authorities to take protectionist steps for a growing number of products. The selective US protectionist measures have given a shot in the arms to new competitors on the US market, and have incitated foreign companies to increase their local production. Empirical analysis of the foreign supply on the US market give new evidence about the increasing crossed flow of direct investment, associated with a growing protectionism, between industrialized countries. International investment is reinforced as a way to link access to the market and jobs creations.
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1982
• Nombre de lectures: 45
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Alain Richemond
Madame Colette Herzog
Néo-protectionnisme et investissement international : le cas de
l'accès au marché américain
In: Revue économique. Volume 33, n°6, 1982. pp. 1065-1088.
Résumé
Alors que le ralentissement de la demande mondiale a fortement exacerbé les luttes pour le partage des marchés stratégiques,
la montée des pressions protec-tionnistes a rendu ces marchés encore plus convoités et disputés : tel est le cas du marché
américain, sur lequel la concurrence internationale, de plus en plus vive, a conduit les Etats-Unis à en limiter l'accès pour un
nombre croissant de produits. Le partage du marché intérieur américain a évolué avec l'apparition de nouveaux concurrents et
une production locale accrue des entreprises étrangères. L'analyse empirique de la pénétration du marché américain apporte
des éléments nouveaux sur le développement des échanges et des investissements directs entre pays industrialisés.
L'apparition de nouvelles formes de protectionnisme qui tendent à modifier les conditions d'accès aux marchés contribue à
renforcer le rôle de l'investissement international, en liant de plus en plus l'accès au marché à la création d'emplois sur place.
Abstract
Neo-protectionism and international investment :
The case of us market penetration
Alain Richemond, Colette Herzog
The protectionist measures combined with the drop of world, growth, have contributed to increase and change international
competition on the main markets. On the US market, the soaring foreign penetration has obligea US authorities to take
protectionist steps for a growing number of products. The selective US protectionist measures have given a shot in the arms to
new competitors on the US market, and have incitated foreign companies to increase their local production. Empirical analysis of
the foreign supply on the US market give new evidence about the increasing crossed flow of direct investment, associated with a
growing protectionism, between industrialized countries. International investment is reinforced as a way to link access to the
market and jobs creations.
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Richemond Alain, Herzog Colette. Néo-protectionnisme et investissement international : le cas de l'accès au marché américain.
In: Revue économique. Volume 33, n°6, 1982. pp. 1065-1088.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1982_num_33_6_408698NÉO-PROTECTIONNISME
ET INVESTISSEMENT INTERNATIONAL :
LE CAS DE L'ACCÈS AU MARCHÉ AMÉRICAIN
La montée des pressions protectionnistes conjuguées au ralenti
ssement de la demande mondiale a fortement exacerbé les luttes
pour le partage des marchés les plus vastes. Etre présent sur
ces marchés exige aujourd'hui des entreprises de doubler leur effort
d'exportation d'une implantation durable, le plus souvent industrielle,
à l'étranger. Ce comportement se généralisant, on assiste au développe
ment, principalement entre les pays industrialisés, de flux croisés d'i
nvestissements directs qui accompagnent les courants d'échanges déjà
existants.
La complexité des mécanismes qui gouvernent l'investissement inter
national ne permet pas de ramener son explication à un phénomène
unique. L'une des principales raisons invoquées tenait aux différences
internationales de coûts salariaux, or on constate un net rapproche
ment de ces coûts, exprimés dans une monnaie commune, entre pays
industrialisés. Ceci ne s'oppose en aucune manière à une intensification
de leurs flux croisés d'investissements directs. Comme pour le com
merce international, dont l'essentiel se fait entre pays développés, on
peut rendre compte de la dynamique récente de l'investissement inter
national par un effet gravitationnel dont la principale variable expli
cative serait le marché ; celui-ci se caractérise par son dynamisme, sa
taille, mais également ses conditions d'accès 1.
Au cours de la période récente, les conditions d'accès à de nom
breux marchés se sont détériorées, soit à la suite de mesures protectionn
istes traditionnelles, soit du fait d'actions moins visibles de soutien
1. Dominique de Laubier et Alain Richemond, « Interpénétration des capitaux
et concurrence industrielle mondiale », Economie appliquée, 34 (2-3), 1982,
p. 469-516.
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Revue économique — N° 6, novembre 1982. Revue économique
à l'industrie 2. Face à ces nouvelles contraintes, les entreprises export
atrices ont répondu en modifiant la structure de leur offre à l'étranger
pour conserver leurs débouchés et maintenir leur présence 3.
L'ouverture croissante du marché américain sur l'extérieur ne s'est
pas faite sans poser de sérieux problèmes sectoriels qui ont amené,
à partir du milieu des années 1970, les autorités américaines à pro
téger de plus en plus d'industries. L'analyse empirique de la concur
rence internationale sur le marché américain permet de repérer l'im
pact des mesures prises sur l'évolution du partage du marché intérieur,
mais aussi révèle le rôle joué par l'investissement international dans
la conquête du marché américain.
L'INDUSTRIE AMERICAINE FACE A L'OUVERTURE
DE SON MARCHE INTERIEUR
Longtemps considérée comme peu ouverte, l'industrie américaine
a connu, depuis le début des années 1960, une très forte poussée tou
chant à la fois ses exportations et ses importations. Cette ouverture
croissante s'est accompagnée d'une dégradation du solde des échan
ges d'un grand nombre de produits qui n'a pas été sans poser de
sérieux problèmes sectoriels d'emploi, et qui a suscité des difficultés
commerciales, principalement avec le Japon.
Un mouvement d'ouverture en deux temps
Le graphique 1 confronte les taux d'exportation et d'importation
rapportés à la demande intérieure pour le secteur manufacturier amér
icain. Entre 1963 et 1972, les Etats-Unis ont perdu régulièrement du
terrain. Alors que le taux d'exportation n'a gagné que 1 % sur la pé
riode, le ratio de pénétration du marché américain est passé de 2,7
à 6,0 %. L'essoufflement des exportations, au cours de cette période,
2. Kraus M. B., « The new protectionism : the welfare state and international
trade », New York University Press, 1978.
3. Marina Whitman, « International trade and investment : two perspectives »,
Essays in international finance, 143, juillet 1981.
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a aggravé le mouvement, et a plongé les Etats-Unis dans un déficit
commercial prolongé ; celui-ci peut s'expliquer notamment par la
contrainte qu'a fait peser sur l'industrie manufacturière américaine un
dollar surévalué.
La dépréciation du dollar, l'instauration d'un régime de changes
flottants, ont ensuite permis de desserrer cette contrainte : au-delà du
redressement conjoncturel de 1975, on note, en effet, une nette reprise
du taux d'exportation et la poursuite des importations manufacturières
à un rythme plus lent. Entre 1972 et 1978, le taux d'exportation gagne
deux points et le taux d'importation 2,3 points, stabilisant ainsi le déficit
relativement à la demande intérieure.
A partir de 1978, on assiste à un net redressement que traduisent
les excédents commerciaux réalisés en 1979, 1980 et 1981. Les condi
tions de ce redressement apparaissent comme étant la conjonction de
deux phénomènes :
a) La dépréciation du dollar, intervenue depuis 1971, favorise la comp
étitivité de l'industrie américaine. Le dollar entre dans une phase de
sous-évaluation à partir de 1973, et il atteint son niveau le plus bas
en 1979 et 1980. La remontée du dollar en 1981 risque de freiner ce
redressement si elle se maintient durablement dans l'avenir.
b) L'amélioration des trois dernières années tient aussi au ralentiss
ement de la croissance américaine : le différentiel de croissance vis-à-vis
de l'ensemble des pays de l'OCDE s'inverse à partir de 1979, plaçant
les Etats-Unis en retrait par rapport à leurs partenaires. Ce ralentiss
ement contribue à freiner les importations américaines, alors que la
demande d'exportation se maintient.
L'ouverture croissante de l'industrie améri