Neuvième conférence Broca. Disparités et avenir des races humaines. - article ; n°1 ; vol.3, pg 617-665
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1892 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 617-665
49 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1892
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

S. Zaborowski
Neuvième conférence Broca. Disparités et avenir des races
humaines.
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 3, 1892. pp. 617-665.
Citer ce document / Cite this document :
Zaborowski S. Neuvième conférence Broca. Disparités et avenir des races humaines. In: Bulletins de la Société d'anthropologie
de Paris, IV° Série, tome 3, 1892. pp. 617-665.
doi : 10.3406/bmsap.1892.3537
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1892_num_3_1_3537— DISPARITÉS DES RACES HUMAINES. 617 ZABOROWSKI.
NEUVIEME CONFÉRENCE BROCA
Disparités et avenir des races humaines ;
PAR M. ZABOROWSKI.
Il y a aujourd'hui à la surface du globe une population
de 1 milliard et demi d'êtres humains. Dans ce chiffre, le
nombre des habitants de l'Afrique, fixé uniquement d'après
leur densité moyenne probable, n'entre que pour 153 mil
lions. Celui des habitants de l'Asie y entre pour 824 millions.
Il est peut-être trop fort ; il peut aussi être trop faible. S'il
est trop fort, il ne l'est pas de plus de 50 millions1.
La densité moyenne de la population du globe est ainsi
de 1 habitant environ par 10 hectares. Nous sommes encore
bien loin de la formule idéale : un hectare, deux personnes,
un bœuf, même en ne tenant compte que des terres fertiles.
Cependant jamais la terre, au cours de ses lentes révolutions,
n'a porté à sa surface un tel nombre d'êtres de même genre
d'aussi grande taille, réclamant une telle masse de subsis
tances pour leur entretien. Géologiquement parlant, nous
sommes en plein règne humain. Une période très longue, des
milliers de siècles ont été nécessaires pour que cette absolue
prédominance de l'homme se réalisât. Il est bien visible que
déjà presque nulle part aujourd'hui la nature ne lui offre
spontanément de quoi se nourrir ; il faut qu'il lui arrache ses
aliments à force de ruse, d'intrépidité et d'art. Et en maintes
régions, depuis longtemps déjà sa subsistance n'est possible,
du moins en une telle quantité, qu'en raison du travail acharné
auquel il s'astreint pour la multiplication des produits de la
terre. Jusqu'à nos jours, néanmoins, l'humanité s'est répan
due partout un peu au hasard des chemins, sans le vouloir
ni le savoir, et dans une parfaite ignorance d'elle-même. Sa
multiplication et son extension en tous sens n'ont engendré
1 Levasseur {Académie des sciences, mars 1892). 618 NEUVIÈME CONFÉRENCE BROCA.
que des différences et des antagonismes. D'énormes distances
physiques et morales ont peu à peu séparé tous ses groupe",
en donnant naissance à des races bien distinctes. Nous tou
chons certainement aujourd'hui à la fin de cette très longue
période de prolifération animale et de peuplement incons
cient. Toutes les parties du globe sont maintenant visitées
incessamment par des peuples qui représentent numérique
ment environ le cinquième de l'humanité, mais qui sont
doués d'une force d'expansion dont il n'y avait eu jusqu'à
présent aucun exemple. L'homme ne peut pour ainsi dire
plus se multiplier davantage sans un développement corrél
atif de tous les progrès, en culture, en industrie, en organi
sation sociale. Mais ceux-ci sont rapides et s'imposent à tous
comme une condition même d'existence. De hasardeux et
inconscient qu'il était, le peuplement va donc devenir ra
isonné et méthodique; et en raison de la très grande inégal
ité qui existe dans la civilisation et dans la densité moyenne
de peuples habitant des régions également fertiles, en raison
des moyens de production dont disposent les nations les
plus avancées, nous sommes sûrs que la population du globe
sera facilement doublée en un temps infiniment court, compar
ativement à la durée des âges passés. En Asie seulement,
si tous les territoires dont la fertilité égale celle de la Chine
étaient aussi bien appropriés et cultivés et aussi peuplés
qu'elle, la population y serait près d'une fois plus nom
breuse qu'elle ne l'est, et atteindrait ainsi le chiffre actuel
de la population du globe entier. Si, en Afrique, la popul
ation atteignait la densité moyenne de celle de l'Asie ac
tuelle, et elle pourrait la dépasser, ce continent renfermerait
G00 millions d'habitants au lieu de 153. Les deux Amériques,
ayant ensemble une superficie un peu supérieure à celle de
l'Asie et étant d'une fertilité moyenne plus grande, puis
qu'elles ne renferment pour ainsi dire pas de déserts, nourr
ira un jour une population au moins égale, 830 millions
d'habitants au lieu de 132 millions.
Nous sommes donc aujourd'hui entre deux périodes, dont — DISPARITÉS DES RACES HUMAINES. 619 ZABOROWSKI.
l'une finit et dont l'autre commence. L'une et l'autre, aux
yeux de l'avenir, apparaîtront peut-être comme bien oppos
ées. La seconde, en se développant, accuse déjà des carac
tères de plus en plus distincts et éloignés de ceux de la pre
mière. Nous allons voir dans quelle mesure elle va presque
immédiatement détruire les conséquences de l'énorme durée de
celle-ci au point de vue anthropologique, ce que vont devenir
sous son action les différences qui séparent aujourd'hui les
races humaines, ce que vont devenir les races humaines exis
tantes.
I
Toutes les terres habitables sont occupées maintenant, à
tel point que les progrès immédiats de la civilisation pour
raient avoir pour effet l'abandon, au moins comme habitat
permanent, de certaines régions par trop ingrates.
Au nord et à l'ouest du Thibet, il y a des hommes habitués
à vivre à des altitudes de 500 et 700 mètres supérieures à
celle du sommet de notre mont Blanc. Le climat et les con~
ditions d'existence sont affreux les trois quarts de l'année
sur ces plateaux stériles. Il ne se formera jamais là des agglo
mérations. De même au Groenland.
Au Groenland, les Esquimaux ont eu une station sous la
latitude de 78 degrés, celle d'Ita. On n'y trouve, cela va sans
dire, aucune trace de végétation. Et pendant les hivers, terri
bles surtout par leur longue durée, la température descend
jusqu'à 50 degrés au-dessous de zéro. L'adaptation de l'o
rganisme des Esquimaux à ce climat est pourtant si parfaite
qu'elle a de quoi confondre. Leur précocité est grande; mais
ils dépassent rarement la cinquantaine. Ils ne connaissent pas
l'usage du feu pour se chauffer, et dans leurs huttes de neige,
ils se mettent nus pour avoir plus chaud, la circulation du sang
devenant alors plus active que sous leurs vêtements étroits
et lourds. Leur attachement à leur sol et à cette vie misé
rable est si vif, qu'il est presque impossible de les arracher à
leurs tanières glacées. Ils ne peuvent pas, d'ailleurs, s'en 620 NEUVIÈME CONFÉRENCE BROCA.
éloigner beaucoup sans avoir à supporter des températures
plus douces, à la faveur desquelles leur susceptibilité à
l'égard des maladies infectieuses devient grande.
Comparons-les un instant aux habitants d'un autre désert,
les Touaregs du Sahara. Ces derniers sont éveillés, vifs,
agiles, autant que les premiers sont lourds et lents dans
leurs mouvements et leurs paroles. La ration journalière
normale d'un Esquimau est de 24 livres de viande et de
graisse. Il boit de l'huile de baleine comme nous buvons de
l'eau. Il ne peut pas supporter de longs jeûnes, on le devine.
Aux jours de disette, il trompe sa faim avec des chaudron-
nées d'herbes marines bouillies et mange même les excré
ments des ours.
Le Chaambi du Sahara algérien, qui entreprend un voyage
d'un mois sur son chameau de selle, n'emporte et ne peut
emporter avec lui que 20 kilogrammes de nourriture et 10 k
ilogrammes d'eau. Par mois, il ne lui faut pas le double en
poids des aliments nécessaires à l'Esquimau pour un seul
jour. Et ce sont des aliments de valeur nutritive bien moind
re, des végétaux. Un Chaambi se contente, pour sa jour
née, de 300 grammes de farine, délayée dans de l'eau salée,
et de 300 de dattes. Et avec cela dans le corps, il
fera, au roulis de son chameau, 60 kilomètres, toujours aux
aguets, sur l'immense plateau où

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