Notes sur l organisation sociale, l histoire, la vie rituelle, à Sara, village Kenga (Hadjeraï du Tchad). - article ; n°1 ; vol.45, pg 69-113
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Notes sur l'organisation sociale, l'histoire, la vie rituelle, à Sara, village Kenga (Hadjeraï du Tchad). - article ; n°1 ; vol.45, pg 69-113

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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1975 - Volume 45 - Numéro 1 - Pages 69-113
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 54
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Charles Vandame
Notes sur l'organisation sociale, l'histoire, la vie rituelle, à Sara,
village Kenga (Hadjeraï du Tchad).
In: Journal de la Société des Africanistes. 1975, tome 45 fascicule 1-2. pp. 69-113.
Citer ce document / Cite this document :
Vandame Charles. Notes sur l'organisation sociale, l'histoire, la vie rituelle, à Sara, village Kenga (Hadjeraï du Tchad). In:
Journal de la Société des Africanistes. 1975, tome 45 fascicule 1-2. pp. 69-113.
doi : 10.3406/jafr.1975.1764
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1975_num_45_1_1764de la Soc. des Africanistes J.
XLV, I-II, 1975, p. 69-113
NOTES SUR L'ORGANISATION SOCIALE,
L'HISTOIRE, LA VIE RITUELLE, A SARA,
VILLAGE KENGA (HADJERAÏ DU TCHAD)
PAR
Charles VANDAME
Sara est un village qui compte quelques 500 habitants x. Peter Fuchs l'appelle
rait une « fédération de villages 2 ». A mon arrivée à Sara, en novembre 1961, il
était situé dans un petit cirque de montagnes, ouvert sur l'ouest et le nord par
deux étroits vallons, les quartiers étant dispersés, les uns à flanc de montagne, les
autres juchés sur divers pitons et barrières granitiques.
La configuration des était en gros la suivante : au centre du cirque,
serrés sur un éperon rocheux, les quartiers des gens du clan de la chefîerie, les
Garijige 3. Garijige est le terme générique pour désigner les gens de la chefferie.
Ce mot est formé de la racine gar, « chef » ; les Garijige représentent environ la
moitié de la population totale du village. Ce clan de la chefferie déclare descendre
d'un ancêtre fondateur, nommé Kormo. On l'appelle donc aussi d'un nom spécifique,
le clan des Kormoge.
Autour du clan de la chefferie, habitaient autrefois les quatre clans de la terre :
au nord, les Tarbitge ; au sud-est, les Kordkacge d'une part, les Masarge d'autre
part, avec leurs acolytes, les Kolbisge ; au sud-ouest, les Tlukohge (cf. croquis sché
matique du village et de ses quartiers).
Ajoutons toutefois qu'en i960, sur l'initiative de l'administration, une forte
minorité de villageois, environ un tiers ou un quart, avaient quitté leur habitat
1. J'ai séjourné à Sara de 1961 à 1964 puis de 1965 à 1968. Ce texte n'est pas une synthèse. C'est un premier
jet, composé à partir de certaines de mes notes sur le pays kenga ; j'avais l'intention, si les circonstances un jour
me le permettaient, de remettre ce travail en chantier. Nombreuses sont en effet les lacunes ; les faits sont souvent
décrits sans être accompagnés d'explications, la rédaction n'est pas soignée, les mots kenga ont été transcrits
sans noter les tons ni les longueurs vocaliques, etc. Ce sont les vives instances de quelques amis ethnologues afri
canistes qui m'ont finalement convaincu de leur remettre tel quel ce document. Ils considèrent que son intérêt
justifie une publication. Je le livre donc au Journal de la Société des Africanistes après avoir effectué seulement
quelques retouches ou ajouts.
2. P. Fuchs : « Der Margaï der Hadjeraï », Mitteilugen der Anthropologischen Gesellschaft, XC, i960, p. 85-97.
Trad, franc. « Le culte de la margaï chez les Hadjeraï », Fort-Lamy, I. N. T. S. H., 1962, 21 p. dactylogr. ; cf. p. 2.
Par suite du caractère impromptu de cette rédaction, il ne sera pas fait mention des travaux postérieurs de
P. Fuchs, ni de ceux des autres chercheurs ayant publié sur les Hadjeraï après i960.
3. ge est le suffixe du pluriel en Kenga. 70 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
dans le cirque de montagnes pour aller s'installer au pied des montagnes, là où
l'étroit vallon, du côté ouest, s'ouvre sur la plaine. Les plus nombreux à être des
cendus furent les membres des lignages de la chefferie ayant des ambitions poli
tiques. Mais certains du clan des Kordkacge, et aussi tous les Tlukobge,
descendirent installer leur concession en bas. Les 'Bukobge étaient en effet davantage
motivés que les autres pour descendre, du fait que leur habitat se trouvait très haut
dans la montagne.
A. Clans et lignages.
I. Définition du lignage.
Le ta6ea est l'unité de base de regroupement social chez les Kenga ; ta6ea signifie
littéralement « porte d'enclos » (de tara, « bouche », et 6ea, « enclos, concession »). Il
ne correspond pas à la notion de quartier qui est territoriale, et comme telle contin
gente ; deux ou plusieurs taBea peuvent se trouver accolés et constituer un seul
quartier, les possibilités d'implantation en quartiers autonomes n'étant pas indé
finies en région de montagne.
Le ta6ea est plutôt l'unité de regroupement des gens qui se considèrent comme
étant du même lignage — même s'ils sont présentement incapables de remonter la
filière jusqu'à l'ancêtre commun fondateur du lignage — et qui ont de ce fait —
l'un est toujours lié à l'autre — une margaï commune l. Les concessions formant
un tadea ont en général une entrée unique, à tous. Ceci cesse d'être vrai
lorsque le lignage comporte de nombreux membres, ou lorsque l'organisation des
lieux en montagne ne le permet pas.
Les hommes du même tadea mangent ensemble, passent leurs heures de loisir
sur la même place, s'abritent sous le même hangar. Cette place avec son hangar
s'appelle tabiti et se trouve toujours à l'extérieur de la clôture du taBea. Le seuil du
tadea est marqué par une belle pierre plate en travers du passage, et par des poteaux
plus importants, à droite et à gauche. Si on déménage, on emporte les du
seuil, voire la pierre du seuil. Souvent, le sanctuaire de la margaï du lignage se
trouve à côté de ce seuil.
Le responsable de la margaï de lignage est l'homme le plus âgé habitant le taBea,
ou s'il est infirme ou aveugle, son cadet. L'expression dabm iy taBeki, « l'homme qui
reste à la porte du Bea », désigne ce responsable.
Autrefois, les gens d'un même taBea conservaient leur récolte de mil berbère dans
un grenier commun.
Il arrive que certains lignages, à la suite d'une dispute, se scindent en deux taBea.
Le nouveau taBea cherchera alors à avoir une margaï de lignage qui lui soit propre.
Un taBea ne regroupe parfois qu'une seule famille conjugale ; il arrive à Sara qu'il
en regroupe dix ou quinze.
i. Le mot margaï est repris à l'arabe tchadien. Les Kenga prononcent marga selon le schéma tonal : bas-moyen.
La racine de ce mot se retrouve dans d'autres langues du groupe, notamment en Ngambay, langue parlée au sud-
ouest du Tchad dans les deux préfectures du Logone occidental et du Logone oriental, où le mot maga, sur le même
schéma tonal bas-moyen, désigne également les esprits. L'absence de r dans le partenaire Ngambay n'est pas un
fait isolé si l'on compare les formes nominales et verbales rencontrées ces deux langues. vallon nord
arabe 2 SÁRA km ^» montagne Mer 1,5 je km
î
montagne Urïu
TARBITGE
montagne
Tarbiti
ancien habitat:
des TABBITGE
300 m С
Л \
chef de \ \ chef de vallon ouest
montagne terre direction Barama
Raojga Narjopo 800 m nouvel habitat
à quelque 800 m
quartier Zimi montagne 600 m Gal god о
éperon rocheux
quartier
Delebmane Dni
nèlge sanctuaire de place de la
danse pour MARGJELI
KORMOGE BEA
direction de KORKACGB l'ancien habitat
des BUKOBGE sur les
contreforts de la
montagne Dokolo
KOLBISGE
direction de
leur ancien habitat
Croquis schématique du village de Sara et de ses quartiers DES AFRICANISTES SOCIÉTÉ
♦" CAMEROUN^ 80 160 240 m8«
*•**
Croquis délocalisation des KENGA
II. Inventaire des clans du village.
i) Les quatre clans de la terre.
a) Les Tarbitge.
Ce mot semble devoir être rapproché de tabiti, expression désignant la place où se
reposent les hommes d'un même taôea.
On distingue dans ce clan cinq lignages l :
— les gens du père de Kodbe, remplaçant le père de Kapin, aveugle et impotent ;
— les du père de Yoa ;
— les gens de Kodndebe (père de Mancoko, cadet de Lamana) ;
— les de Narjopo, le chef de la terre du clan des Tarbitge ;
— les gens de Raojga, le chef de montagne.
Le chef Narjopo honore deux margaï, Racen et Margojo.
b) Les Kordkacge.
Ce mot provient de kordo et kace. Kordo désigne le « guérisseur » qui enlève les
corps étrangers que les sorciers mettent dans le corps

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