Numération des rois ou chiffre du roi ? El Laberinto de Fortuna, strophes 269-295 - article ; n°1 ; vol.31, pg 235-243
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Cahiers de linguistique hispanique médiévale - Année 2008 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 235-243
La si particulière numération des rois que Juan de Mena propose dans son
«Laberinto de Fortuna» va au-delà d’un simple classement des souverains successifs. Elle s’inscrit dans l’ensemble plus vaste de la symbolique numérologique qui a présidé à la composition du poème.
La singular numeración de los reyes que Juan de Mena propone en el «Laberinto de Fortuna» es algo más que una simple clasifi cación de los soberanos. Se inscribe en el conjunto simbólico más amplio de la estructura numerológica del poema.
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Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2008
Nombre de lectures 25
Langue Français

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Numération des rois ou chiffre du roi ? El Laberinto de Fortuna, strophes 269-295
Francis BEZLER
Université Marc Bloch de Strasbourg CIHAM (UMR 5648, CNRS) SIREM (GDR 2378, CNRS)
RÉSUMÉ La si particulière numération des rois que Juan de Mena propose dans son Laberinto de Fortunava au-delà d’un simple classement des souverains successifs. Elle s’inscrit dans l’ensemble plus vaste de la symbolique numérologique qui a présidé à la composition du poème.
RESUMEN La singular numeración de los reyes que Juan de Mena propone en elLaberinto de Fortunaes algo más que una simple clasiÞcación de los soberanos. Se inscribe en el conjunto simbólico más amplio de la estructura numerológica del poema.
Dans son étude sur la variation de la numération des rois de Castille depuis laPrimera crónica general, où est apparu pour la première fois ce genre de classement des souverains, Joaquín Gimeno Casalduero s’est aussi arrêté 1 à celle que l’on trouve dans leLaberinto de Fortunade Juan de Mena , et en a souligné la singularité : «se excluye el período leonés (1157-1217) y el astur-2 leonés (711-1034)en effet, élimine de sa liste un certain nombre» Mena, de rois pour ne prendre en compte que la monarchie wisigothique, la période asturienne et le royaume de Castille. Sont passés sous silence des rois comme Alfonso III, Alfonso IV, Alfonso V, Alfonso IX, Sancho I et Fernando II, ce qui a pour conséquence quelques changements dans les ordinaux qui accompagnent les noms des monarques. Ainsi, Alfonso VI
1. Joaquín GIMENO CASALDUERO, « Sobre las numeraciones de los reyes de Castilla »,Nueva revista deÞlología hispánica, 14, 1960, p. 271-294. 2.Ibid., p. 284.
o CAHIERS D’ÉTUDES HISPANIQUES MÉDIÉVALES, n 31, 2008, p. 235-243
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FRANCIS BEZLER
devient Alfonso III, Alfonso VII devient Alfonso IV, Alfonso VIII Alfonso V, Alfonso X Alfonso VI et Alfonso XI Alfonso VII. De même Sancho II devient Sancho I (etc.), et Fernando III devient Fernando II (etc.). Ce choix, et les altérations conséquentes de la numération des rois, conclut Casalduero, sont déterminés par l’idéologie politique de l’auteur duLaberinto de Fortuna:
Juan de Mena en el Laberinto canta la gloria de Castilla. Castilla desligada de otros reinos peninsulares, ajena a Léon, procede de Asturias, y con Asturias del imperio visigótico. Sus reyes 3 (visigodos, astures, castellanos) han hecho posible el glorioso momento de Juan II .
Cependant, là ne s’arrête pas l’intérêt de cette singulière numération des rois. Mena, pensons-nous, y a déployé un système numérologique d’une grande richesse, qui s’inscrit dans le discours allégorique, plus vaste, de tout le poème et qui mérite une étude plus fouillée. C’est cette étude que nous nous proposons d’entreprendre ici. La liste des rois apparaît dans le dernier épisode du voyage dans un autre monde que narre le poème, qui est, comme on sait, un voyage à travers la 4 «gran casade la Fortune que le poète-visionnaire a entrepris» (strophe 25 d) à l’invitation de la Providence qui lui sert de guide. L’épisode dont nous parlons est le dialogueÞnal entre le poète-visionnaire et la Providence. Il 5 commence après celui de la magicienne de Valladolid , à la strophe 269, où le poète-visionnaire se demande s’il a rêvé ce qu’il vient de voir. À la strophe suivante, 270, il se tourne vers la Providence et lui demande de lui révéler l’avenir du roi Jean II. C’est alors (str. 271) que la Providence commence son long discours où elle prophétise que le règne de Jean II sera glorieux et qu’il éclipsera tous ses prédécesseurs, lesquels sont passés en revue à partir de la strophe 272. L’analyse de cet épisode permet d’en dresser un tableau qui fait apparaître clairement la composition numérique de l’ensemble. Ce tableau, et ses variantes, se trouvent dans les annexes que nous invitons notre lecteur à consulter avant de poursuivre. L’observation de ces tableaux analytiques permet de constater que Mena a, ici encore, joué avec certains nombres pour composer le passage, une composition numériqueÞnement élaborée que l’on peut distinguer parfois jusque dans le détail du texte. Signalons-en tout de suite un exemple frap-pant, qui n’est cependant pas bien visible à première lecture. Dans la liste des rois, certains noms sont affectés d’un numéral ordinal, d’autres non. Alfonso y apparaît sept fois, et chaque fois avec un ordinal, dans l’ordre suivant : Alfonso I (str. 276), Alfonso II (str. 278), Alfonso III (str. 279),
3.Ibid., p. 293. 4. Nous citons d’après Carla DE NIGRIS (éd.), Juan de Mena,Laberinto de Fortuna y otros poemas, Barcelone : Crítica (Biblioteca clásica, 14), 1994. 5. Sur ce passage voir notre étude : Francis BEZLERLe, «  Laberinto de Fortuna, laby-rinthe du Grand Œuvre ? »,Cahiers de linguistique et de civilisation hispaniques médiévales, 26, 2003, p. 379-393.
NUMÉRATION DES ROIS OU CHIFFRE DU ROI ?
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Alfonso IV (ibid.), Alfonso V (str. 280), Alfonso VI (str. 285), Alfonso VII (str. 288). Donc Mena a introduit de cette manière la série des sept pre-miers nombres (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7). Du pain bénit pour les amateurs d’éso-térisme. Mais avant d’en tenter une quelconque exégèse numérologique il convient de repérer les autres nombres utilisés par Mena, dont certains sont relativement faciles à interpréter, et de dégager, si possible, les rela-tions internes de l’édiÞce numérique. 6 Nous avons déjà évoqué ailleurs l’hypothèse très probable que le poème dans son entier est composé de dix-huit unités narratives de base, qui sont les suivantes :
1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18.
dédicace au roi Jean II (str.1) exposé du sujet et invocation des Muses (str. 2-6) invective contre la déesse Fortune (str.7-12) rapt du poète sur le char de Bellone (str. 13-17) rencontre avec la Providence (str. 18-26) entrée dans la « grande maison » (str. 27-31) vision panoramique du monde (str. 32-55) présentation des trois roues de la Fortune (str. 56-62) le cercle de la Lune (str. 63-84) le cercle de Mercure (str. 85-99) le cercle de Vénus (str. 100-115) le cercle de Phoebus/Soleil (str. 11 6-137) le cercle de Mars (str. 138-213) le cercle de Jupiter (str. 214-231) le cercle de Saturne (str. 232-236) épisode de la magicienne de Valladolid (str. 237-268) dialogue entre Mena et la Providence et prophéties de celle-ci (str. 269-295) adresseÞnale au roi Jean II (str. 296-297).
e Notre épisode correspond donc à la 17 unité narrative de l’ensemble. Or, ce nombre reparaît dans la liste des rois : dans la troisième partie de cette liste, correspondant à l’époque du royaume de Castille, Mena énu-e mère 17 rois, et Jean II est le 17 roi de Castille. D’autre part, si l’on fait le décompte de tous les personnages de la liste depuis le mythique Gérion, on arrive au nombre de 30 (Gérion, 5 rois wisigoths, 5 rois asturiens, 2 juges e de Castille, 17 rois de Castille). Jean II est le dernier de la liste, donc le 30 . Partant, 17 et 30 sont les deux nombres que Mena a voulu attribuer à son roi. Deux nombres d’une grande richesse symbolique, puisque l’un associe
6. Francis BEZLER, « L’architecture secrète duLaberinto de Fortuna. Essai de reproduction graphique »,Revista de literatura medieval, 13, 1, 2001, p. 47-58.
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FRANCIS BEZLER
le 10 et le 7, et l’autre le 10 et le 3. Est-ce un hasard si le nom de Jean II apparaît dans la strophe 291 ? Certainement pas, puisque le nombre rési-duel de 291 est 3 (2 + 9 +1 = 12 = 1 + 2 = 3). Ce procédé est utilisé par 7 Mena dans d’autres passages de sonLaberinto. Le nombre 3 se retrouve dans la périodisation historique que contient la liste des rois. En effet, pour Mena – Gimeno Casalduero l’avait déjà souligné – toute l’histoire de la monarchie qui vient culminer dans le règne de Jean II comprend trois périodes : celle de la monarchie wisigothique, celle des rois asturiens, et celle du royaume de Castille directement issu du précédent. Cette idée de succession sans solution de continuité entre les rois astu-riens et le royaume de Castille (qui ne correspond pas à la réalité, comme on sait) a été exprimée par Mena dans le détail même de la composition interne de la strophe 278. Dans celle-ci en effet, il mentionne Alfonso II, dernier roi de la série asturienne, puis Laín Calvo et Nuño Rasura, les deux juges de Castille emblématiques des débuts de la souveraineté de la Castille. Pour bien marquer la soudure étroite entre les deux périodes Mena a consacré les quatre premiers vers à Alfonso et les quatre suivants aux deux juges, donc une moitié de strophe pour laÞn de la période astu-rienne, et une moitié pour les débuts de la période castillane. Rappelons enÞn que cette strophe charnière, grosse d’idéologie politique, porte le nombre 278, qui nous renvoie au nombre 17 (2 + 7 + 8 =17) ou 8 (1 + 7 = 8). e Il y a donc un lien clair, nous semble-t-il, entre la 17 unité qui contient les prophéties de la Providence sur le règne de Jean II, les 17 rois de Castille dont Jean II est le couronnement, et la strophe 278. Ce n’est là qu’un exemple de la minutieuse composition numérique à laquelle Mena s’est livré dans sonLaberinto. Un autre exemple nous est donné dans l’utilisation de l’adjectif numéral ordinal. Mena, avons-nous dit, ne l’a attribué qu’à certains noms de rois. La liste en est la suivante : Alfonso I, Alfonso II, Alfonso III, Alfonso IV, Sancho II, Alfonso V, Enrique I, Alfonso VI, Sancho III, Fernando III, Alfonso VII. Nous avons donc les nombres 1, 2, 3, 4, 2, 5, 1, 6, 3, 3, 7. Si on en fait la somme, on obtient le nombre 37, qui associe le 3 et le 7, et dont le nombre résiduel est 10 ou 1. Le 10 ou 1 associé à l’idée de monarchie ne peut être dû au hasard. Mena, nous l’avons déjà constaté à maintes reprises dans nos études antérieures, ne laisse rien au hasard. D’ailleurs le nombre 10 ou 1 lié à l’idée de monarchie se retrouve encore dans la liste des rois. En effet, sur les 30 personnages mentionnés deux sont des juges, et les rois sont donc au nombre de 28. Or 28 donne comme nombre
7. Voir Francis BEZLER, « Luz en elLaberinto: el Fuego central »,Revista de literatura medieval, 12, 2001, p. 66-67 ;id., « Numérologie et allégorie dans leLaberinto de Fortuna. L’exemple du cercle de Jupiter »,Cahiers de linguistique et de civilisation hispaniques médiévales487 ;, 25, 2002, p. id., « LeLaberinto de Fortuna, labyrinthe du Grand Œuvre ? », art. cité, p. 382.
NUMÉRATION DES ROIS OU CHIFFRE DU ROI ?
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résiduel 10 ou 1. Et rappelons que 28 est aussi le nombre que donne la somme des ordinaux de tous les Alfonso de la liste. Sans doute d’autres détails numériques à l’intérieur de cette liste ont-ils leur importance. Soulignons ainsi que les rois castillans affectés d’un ordinal sont au nombre de 9, et que la somme de leurs ordinaux donne 34, donc 7. Il nous semble évident qu’il existe aussi un lien entre ces 9 rois de Cas-tille, le nombre de strophes de tout l’épisode ainsi que le nombre de vers. En effet, il y a 27 strophes et 216 vers : le nombre résiduel est chaque fois 9. Mais, nous dira-t-on, que peut bien signiÞer toute cette numérologie ? Bien malin qui répondra de façon précise et pertinente. Contentons-nous pour l’heure de signaler que dans certains nombres utilisés par Mena pour structurer l’ensemble du passage afßeure la tradition de l’hermétisme pythagoricien, comme nous avons déjà pu le constater dans d’autres pas-8 sages du poème . Ainsi les nombres 27, 28 et 216 : 27 strophes, 28 rois, le total 28 des ordinaux des Alfonso, 216 vers, évoquent-ils certains aspects de la vie de Pythagore telle que la tradition nous l’a transmise. En effet, le philosophe aurait pénétré dans les demeures d’Hadès sous la conduite du poète Épi-ménide et y serait resté 3×9 jours, donc 27. Le nombre des disciples qu’il réunissait autour de lui, dans une grotte, était de 28, raison pour laquelle les collèges pythagoriciens comptaient 28 membres. EnÞn, les métem-9 psychoses de Pythagore auraient duré 216 années . On pourrait relever d’autres nombres dans ce texte et dire qu’ils renvoient à l’hermétisme pythagoricien. Ainsi le 4 (les 4 parties ABCD qui structurent l’ensemble du passage), le 11 (11 rois sur 28 sont signalés par un ordinal, donc 17 – encore le nombre 17 ! – ne le sont pas), le 5 (5 rois wisigoths, 5 rois astu-riens) sans oublier le 9 déjà relevé. Mais une fois que l’on a dit que dans ces nombres afßeure la tradition de l’ésotérisme pythagoricien, on n’a pas vraiment apporté d’explication, force est de le reconnaître. Autant dire que le sens de cette subtile numérologie qui structure l’ensemble du texte jusque dans le détail nous échappe en très grande partie. Et quel rap-port peut-elle avoir avec le discours allégorique alchimique que l’on peut 10 déceler dans les cercles planétaires, comme nous l’avons déjà montré ? Cette question ne pourra recevoir de réponse que lorsque ce discours alchi-mique aura été entièrement décrypté.
 8. Voir Francis BEZLER, « Luz en elLaberinto... », art. cité.  9. Jean-François MATTEI,Pythagore et les pythagoriciens, Presses universitaires de France, 1996 (Que sais-je ? 2732), p. 9-10 ; Jérome CARCOPINO,La basilique pythagoricienne de la Porte majeure, e Paris : L’Artisan du Livre, 1944 (10 édition), p. 254-255. 10. Francis BEZLER, «Le Laberinto de Fortuna, labyrinthe du Grand Œuvre ? », art. cité ;id., «Le Laberinto de Fortuna, strophes 63-84 : l’œuvre au blanc »,e-Spania.Revue électronique d’études hispaniques médiévales, 2, 2006.
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FRANCIS BEZLER
Pour l’heure, nous essaierons de voir quel sens peuvent avoir les prin-cipaux nombres mis en oeuvre par Mena dans ce passage où il est surtout question du roi Jean II et de sa gloire à venir. De même que toute l’histoire des rois antérieurs culmine, d’après notre poète, dans le règne de Jean II, de même tous les nombres de la structure numérique convergent peu ou prou vers la personne du roi. Retenons-en les principaux : le 17, parce e que Jean II est le 17 roi de Castille de la liste ; le 28 parce qu’il en est le e e 28 roi ; le 30 parce qu’il est le 30 et dernier personnage de cette liste. Le nombre 17 renvoie aussi bien à 10 et 7 qu’au nombre résiduel 8, ou encore à 9 + 8. Le nombre 28 se laisse décomposer en 10 × 2 + 8, et ren-voie au nombre résiduel 10 ou 1, sans oublier la combinaison 7 × 4. De même 30 associe le 3 et le 10 et son nombre résiduel est 3. Il est opportun, croyons-nous, de rappeler que l’amateur d’astrologie qu’était Mena n’igno-rait pas la date de naissance de son roi : 6 mars 1405, donc 6-3-1405. On y trouve 6 + 3 = 9, 1 + 4 + 0 + 5 = 10, 9 + 10 = 19, 1 + 9 = 10 = 1. On retrouve donc dans cette date le 9, le 10 et le 1. Essayons d’y voir clair. Le 1 convient évidemment à l’évocation du monarque. Il est aussi base et point de départ, comme le sera le règne de Jean II qui inaugure une ère nouvelle pour le royaume de Castille : «Será rey de reyes, e rey de señores,/sobrando e vençiendo los títulos todos/[…]sus fechos ilustres al tu rey darán/que en su claro tiempo del todo serán/con él olvidados sus anteçesores» (str. 271), fait dire Mena à la Providence. Pour les valeurs symboliques du 7 on n’a que l’embarras du choix, si grande en est la richesse. Pour faire court, retenons ce qui semble le mieux coïncider avec les prohéties de la Providence : ce nombre est non seulement celui des 7 cercles planétaires que le poète-visionnaire vient de parcourir en compagnie de son guide, mais il symbolise aussi l’achèvement d’un cycle et son renouvellement, l’achèvement du monde et la plénitude des temps. Quant au 8 qui lui succède, il est, dans la tradition chrétienne, symbole de résurrection, de transÞguration et annonce de l’ère future éternelle. Le nombre 9, puissance carrée du nombre 3, fait partie des nombres les plus chargés de valeur symbolique. Parmi toutes les possibilités rete-nons qu’il signiÞe, parce qu’il est le dernier de la série des nombres, à la fois uneÞn et un recommencement. Et c’est ce que disent du règne de Jean II les paroles de la Providence. Autre valeur symbolique du 9, celle deÞn d’un cycle, d’achèvement d’une course, de fermeture de la boucle. e Et en effet, dans cette 17 et avant-dernière unité du poème le poète-protagoniste arrive à laÞn de son voyage en compagnie de la Providence, la vision s’achève, le poète se retrouve à la case de départ et le cercle du 11 poème se referme .
11. Voir Francis BEZLER, « Luz en elLaberinto... », art. cité.
NUMÉRATION DES ROIS OU CHIFFRE DU ROI ?
241
Le 10, que l’on trouve sous différentes combinaisons attribué à Jean II, est, comme on sait, le nombre de latétraktyspythagoricienne, la série des quatre premiers nombres dont la somme est égale à 10. Il a le sens de la totalité, de l’achèvement, celui du retour à l’unité, après le développement du cycle des neuf premiers nombres EnÞn, pour ce qui est du 3, dont le symbolisme est foisonnant, il sufÞra de rappeler que dans la tradition chrétienne, qui est celle de Mena, il est le nombre de la perfection divine, et pour les adeptes de la science alchi-mique, parmi lesquels il faut compter notre poète, il renvoie aux trois élé-ments du Grand Œuvre (soufre, mercure et sel). À cela il faut ajouter que le 10, étroitement associé au 3 dans le 30 attribué à Jean II, est le nombre 12 complet de l’Œuvre . On voit donc que Mena a accumulé sur la personne de son roi, à laÞn de son grand poème, quelques nombres gros d’un riche symbolisme offrant sans doute plusieurs niveaux de lecture. Nous retiendrons les notions les plus évidentes qu’il nous semble avoir voulu y exprimer : ce sont celles de plénitude, d’achèvement d’un cycle et de renouveau. Mena a donc mis en chiffres, dans une subtile composition numérique du passage qui va beaucoup plus loin qu’une simple numération des rois, les prophéties de la Providence sur la gloire du règne de Jean II. Ces nombres nous disent certainement quelque chose du rôle que Mena fait tenir à Jean II dans la construction ésotérico-alchimique qu’il a cachée dans sonLaberinto, et dont la numération des rois, adoptée ici, n’est qu’un élément intégré à un ensemble symbolique plus vaste, lequel reste encore, en grande partie, à déchiffrer.
12. FULCANELLI,Les demeures philosophales et le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l’art sacré et l’ésotérisme du Grand-Œuvre, Paris : Les Éditions des Champs-Élysées, 1960, t. I, p. 152. Pour la symbolique des nombres nous avons utilisé : Jean CHEVALIER, Alain GHEERBRANT, Dictionnaire des symboles, Paris : Robert Laffont-Jupiter, 1982 (Bouquins).
apostrophe à Juan II
3
1
271)
272)
270)
Alfonso VI et ses exploits
Alfonso VII (XI) et ses conquêtes
Egica, Witiza, Rodrigo
il demande à la Providence de lui révéler l’avenir du roi Juan II
le poète se demande s’il a rêvé ce qu’il a vu
Strophes
Pelayo
les conquêtes d’Alfonso I
Fruela
Alfonso II ; les premiers Juges de Castille, Laín Calvo et Nuño Rasura
liste des rois
Fernando (I), Sancho (II), Alfonso III, Alfonso IV, Sancho II
278)
275)
274)
273)
NB. Nous avons mis entre parenthèses les ordinaux de la numération actuelle.
3
Nombre de strophes
242
préambule
Parties
début du discours de la Providence, qui annonce un règne glorieux pour Juan II
début de la liste des rois : Gerión, Chindasvinto, Wamba
293)
Contenu
277)
276)
Þla, Alfonso I
287)
290)
291)
279)
288-289)
Sancho III (IV), Fernando III (IV)
Pedro (I), Enrique (II), Juan (I)
Fernando (III) et ses conquêtes
Alfonso V, Enrique I
la Providence disparaît et toute la vision s’ évanouit. Le poète se retrouve dans la situation du début du poème.
Mena dit qu’ il voulait obtenir de la Providence plus de détails sur ce glorieux avenir
292)
294-295)
281-284)
285-286)
n de l’épisode
Mena s’ adresse à Juan II et lui déclare que la Providence lui a prophétisé un avenir glorieux
o N
269)
20
FRANCIS BEZLER
Annexe 1
280)
Enrique (III), Juan II. Fin du discour du discours de la Providence
13
5
Parties
269-271) préambule
4
royaume de Castille
291) Enrique, Juan
B
A
27
3
Strophes et contenu
272-291) liste des rois
2
280) Alfonso V, Enrique I
279) Fernando, Sancho Alfonso III, Alfonso IV Sancho II
293-295)Þn
285-286) Alfonso VI
273) Egica, Witiza, Rodrigo
287) Sancho III, Fernando III
288-289) Alfonso VII
274) Pelayo
NUMÉRATION DES ROIS OU CHIFFRE DU ROI ?
20
3
Annexe 2 Tableau résumé
Annexe 3 Schéma détaillé de la liste des rois
Nombre de strophes
1
3
1
1
2
1
Nombres de personnages
A
275-276) FáÞla, Alfonso I
B
royaume des Asturies et Juges de Castille
origine et royaume des wisigoths
Strophes et contenu
272) Gerión Chindasvinto, Wamba
Nombre de strophes
243
C
C
D
Parties
2
277) Fruela
5
1 2
1
2
1
2
3
1
281-284) Fernando
290) Pedro, Enrique, Juan
278) Alfonso II Laín Calvo, Nuño Rasura
292) apostrophe au roi
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