Participation et projets de développement - article ; n°95 ; vol.24, pg 513-536
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Description

Tiers-Monde - Année 1983 - Volume 24 - Numéro 95 - Pages 513-536
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Dumas
Participation et projets de développement
In: Tiers-Monde. 1983, tome 24 n°95. pp. 513-536.
Citer ce document / Cite this document :
Dumas André. Participation et projets de développement. In: Tiers-Monde. 1983, tome 24 n°95. pp. 513-536.
doi : 10.3406/tiers.1983.4306
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1983_num_24_95_4306LA PARTICIPATION POPULAIRE LOCALE
PARTICIPATION ET PROJETS
DE DÉVELOPPEMENT
par André Dumas*
Les projets de développement correspondent à la réalisation précise,
localisée dans l'espace et dans le temps, de certains objectifs de déve
loppement en principe inscrits dans la planification. Ces derniers object
ifs constituent quant à eux la traduction technique d'un certain nombre
de choix politiques et sociaux déterminés au niveau de la Société.
Mais qui décide à chacun de ces différents niveaux ? Qui détermine
les finalités de la Société ? Qui fixe les objectifs du Plan ? choisit les
projets de développement ?
Plusieurs sortes de « décideurs, dont les intérêts sont parfois diver
gents, peuvent être appelés à intervenir à chacun de ces niveaux : le
gouvernement, les administrations, des Institutions étrangères (notam
ment lorsqu'elles participent au financement des projets), des experts
et des partenaires divers (appelés à jouer un rôle dans la réalisation ou
l'exploitation du projet). La plupart des centres de décision restent en
fait relativement anonymes et les populations directement concernées
ne participent que rarement à la définition des finalités de la Société, des
objectifs des plans et des projets concrets de développement.
Et pourtant la transformation d'une société et le développement de
son économie dépendent moins de l'élaboration de plans et de projets
de développement techniquement corrects que de la capacité des groupes
sociaux et des masses populaires à impulser et animer un
qu'ils ont eux-mêmes défini. Les choix d'une stratégie de développement
autonome ne peuvent être des choix désignés comme neutres et imposés
* Directeur de I'uer de Sciences économiques, Université de Montpellier I.
Revue Tiers Monde, t. XXIV, n° 95, Juillet-Septembre 1983 ANDRE DUMAS 514
par une quelconque rationalité technocratique ; ils exigent la participation
des populations concernées.
En d'autres termes, la participation populaire devrait constituer un
élément clé de toute politique de développement, ainsi que le souligne
le Programme d'Action adopté en 1976 par la Conférence mondiale de
l'Organisation internationale sur l'Emploi : « Une politique orientée vers
la satisfaction des besoins essentiels demande que la population participe
aux décisions qui l'intéressent par l'intermédiaire des organisations de
son propre choix »4
La participation des populations aux projets de développement per
mettrait en effet d'abord de satisfaire leur désir légitime de prendre part
à des décisions qui influent sur leur existence et leur mode de vie; mais
elle permettrait aussi d'identifier les besoins à satisfaire prioritairement,
de mobiliser les ressources disponibles et de répartir au mieux les ser
vices ou les produits susceptibles de satisfaire ces besoins.
Et pourtant, les populations ne sont que très rarement associées aux
projets de développement qui les concernent et la participation, dont les
organes sont manipulés par les tenants du pouvoir, n'est conçue trop
souvent que comme une méthode de mobilisation d'une main-d'œuvre
locale considérée comme corvéable à merci. Trop souvent en effet, la
participation n'est qu'un simple moyen utilisé par les gouvernements,
ou un simple mythe mobilisateur véhiculé par l'Etat, pour obtenir un
soutien populaire2. Une véritable participation impliquerait que chaque
individu et chaque groupe d'individus puissent participer aux choix qui
les concernent. Certes il est possible, voire nécessaire, que cette parti
cipation prenne des formes différentes, en fonction des spécificités locales
et notamment en fonction des différences culturelles de chaque pays;
il est aussi possible que certains groupes sociaux puissent avoir un rôle
plus actif que d'autres. Mais il serait nécessaire que être réunies
les conditions indispensables à l'émergence d'une volonté collective,
d'abord au niveau de la Société dans son ensemble, dans la mesure où
ses « institutions affectent le fonctionnement de la participation en créant
un climat qui stimule ou étouffe l'initiative populaire »3, ensuite au niveau
plus étroit des populations locales concernées par les projets de déve
loppement mis en œuvre.
1. Programme d'Action de la Conférence mondiale tripartite sur l'emploi, Bulletin
officiel, bit, 1977.
2. L'histoire a souvent montré comment la (ou les) classe(s) dominante(s) pouvait
annexer les idéaux populaires pour les utiliser à son propre profit.
3. Cf. R. J. Zsal, La participation populaire, l'emploi et la satisfaction des besoins
essentiels, Repue internationale du Travail, n° 1, janvier 1979. PROJETS DE DEVELOPPEMENT 515
A) La problématique de la participation populaire
AUX PROJETS DE DÉVELOPPEMENT
L'idée de faire participer les populations aux projets de dévelop
pement qui les concernent amène deux types d'interrogation :
— Quels avantages peut-on retirer de la participation populaire compte
tenu des coûts supplémentaires qu'elle risque de susciter ? Autre
ment dit, quelle est l'efficacité de la ?
— Dans l'hypothèse où les avantages apparaissent supérieurs aux coûts,
comment faire participer la population?
1) U efficacité de la participation populaire
La participation populaire s'avère en pratique difficile à mettre en
œuvre; elle ne résout pas tous les problèmes et en pose même de nou
veaux : en d'autres termes la participation comporte en elle-même un
coût pour la Société.
Par ailleurs, sur le strict plan économique, l'analyse néo-classique
montre qu'une unité de production à participation maximum (auto
gérée) est moins « efficiente » qu'une unité de production sans parti
cipation placée dans les mêmes conditions de marché et de technologie :
la production réalisée, l'effectif employé et les investissements effectués
se situent dans le premier cas à des niveaux inférieurs à ceux de l'unité
de sans participation.
Pourtant la participation fait aussi naître des avantages qui peuvent
compenser largement ses coûts ; elle peut se révéler en définitive autant,
sinon plus efficace que la non-participation, si l'on ne limite pas à la
simple performance économique et quantitative la validité des critères
d'efficacité.
a) Les coûts de la participation. — Au plan de l'efficacité économique,
on a pu parler à propos de la participation de « malthusianisme écono
mique »4. L'analyse néo-classique montre en effet que, dans les mêmes
conditions de marché (concurrentiel) et de technologie, et dans l'hypo
thèse de maximisation du profit global par l'unité de production sans
participation, et de maximisation du profit par tête par l'unité de product
ion à participation, la seconde se révélait moins performante que la
4. Cf. H Lepage, L'Autogestion, un système malthusien, in A Dumas, U Autogestion,
un système économique, Dunod, 1981. ANDRÉ DUMAS 5l6
première. L'équilibre de courte période de l'unité de production à par
ticipation se situe en effet à un niveau de production et d'emploi inférieur
à celui de l'unité de production sans participation5.
La même analyse montre, cependant, que la rémunération et la pro
ductivité des travailleurs de l'unité de production à participation sont
supérieures à celles des salariés de l'unité de production sans par
ticipation.
Par ailleurs, une modification des coûts (fixes ou variables) et des
prix a une incidence différente sur l'équilibre des deux unités de pro
duction. C'est ainsi qu'une augmentation des coûts fixes reste sans inc
idence sur l'équilibre de l'unité sans participation, alors qu'elle entraîne
une augmentation de la production et de l&

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