Pauses et débits : les indicateurs temporels de la production écrite - article ; n°3 ; vol.95, pg 483-504
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Description

L'année psychologique - Année 1995 - Volume 95 - Numéro 3 - Pages 483-504
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Noël Foulin
Pauses et débits : les indicateurs temporels de la production
écrite
In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°3. pp. 483-504.
Citer ce document / Cite this document :
Foulin Jean-Noël. Pauses et débits : les indicateurs temporels de la production écrite. In: L'année psychologique. 1995 vol. 95,
n°3. pp. 483-504.
doi : 10.3406/psy.1995.28844
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1995_num_95_3_28844L'Année psychologique, 1995, 95, 483-504
REVUE CRITIQUE
Laboratoire de Psychologie génétique et différentielle
Université de Bordeaux II1
PAUSES ET DEBITS :
LES INDICATEURS TEMPORELS
DE LA PRODUCTION ÉCRITE
Jean-Noël FOULIN
SUMMARY : Pauses and rates : The temporal parameters of writing.
This paper deals with theoretical and methodological questions raised by
the study of pauses as indicators of the cognitive processes involved in
language production, in particular writing. The study of pauses faces two
major issues related to the functional complexity of the language production
system. Firstly, the multidetermination of the pause activity is so important
that the variations observed in the distribution of pauses can hardly be
attributed to a specific component of language production. Secondly, the mere
existence of parallel processing suggests that pause analysis shows only part of
the cognitive management of language production. Two types of study are
proposed : (a) systematic analysis of pause duration and the respective effect
of different production components ; (b) additional analysis of two other
temporal parameters : articulation rate and writing rate.
Key words : writing, on-line study, cognitive processes, pauses, writing
rate, articulation rate.
Pour tenter de comprendre le système cognitif de production du lan
gage écrit, les psychologues ont depuis longtemps très largement privilégié
des approches a posteriori, centrées sur la caractérisation du produit langag
ier fini. Comparativement, les études de l'activité de production en temps
réel, concrètement l'analyse du comportement du scripteur en situation
d'écriture, certes d'origine plus récente (les études pionnières datent de la
fin des années 70), sont restées exceptionnelles. Cette disparité est, pour
une part, à mettre au compte des obstacles, notamment méthodologiques,
auxquels est confrontée l'investigation expérimentale en temps réel de la
1 . 3 ter, place de la Victoire, 33000 Bordeaux. 484 Jean-Noël Foulin
production du langage. Un problème central est l'identification d'observab
les comportementaux qui, devant être recueillis de manière non intrusive,
constituent des indicateurs valides et pertinents des mécanismes virtuels
de production. Or, cette opération, à la double dimension théorique et
méthodologique, reste pour l'heure insuffisamment engagée. Pourtant l'en
jeu est important. Au-delà de la définition des techniques de pistage des
processus cognitifs en œuvre chez le scripteur, c'est bien entendu l'avance
ment des modélisations de la production écrite qui est en question.
L'ÉTUDE DES PAUSES : UN PARADIGME PERTINENT ?
S'inspirant des travaux entrepris pour l'étude de la production orale,
certains ont envisagé l'analyse des paramètres temporels de la production
écrite, essentiellement la durée des pauses entre les mots, comme une issue
à la question méthodologique (Espéret et Piolat, 1991 ; Kowal et O'Con-
nell, 1987; Matsuhashi, 1981). Les études temporelles de l'oral ont consisté
principalement en l'analyse chronométrique et statistique des pauses silen
cieuses — les silences interrompant la verbalisation — et, dans une
moindre mesure, au recensement des hésitations vocalisées (pauses sonores,
répétitions, reprises...). Considérées initialement comme des phénomènes
parasites coïncidant généralement avec les jonctions syntaxiques ou, dans
une perspective psychopathologique, comme des troubles psychogènes de
l'élocution, les pauses silencieuses se sont révélées un paramètre essentiel
de la performance verbale, susceptibles de constituer un outil puissant
d'investigation psychologique du langage oral (O'Connell et Kowal, 1983,
pour une revue de la littérature).
Dans une perspective de psychologie cognitive, les pauses de parole
sont interprétées comme des traces observables de l'activité processuelle
et, précisément, des indices de (sur)charge cognitive. Du fait des
limitations de ses capacités de traitement de l'information, le parleur, à
certains moments, ne pourrait mener à bien simultanément les opérations
associées à la gestion interne de l'information et celles consacrées à
l'émission articulatoire. Il lui faudrait alors différer l'exécution verbale.
Aussi, les variations de l'activité de pause seraient censées témoigner des
modulations de la charge cognitive requise par les opérations de product
ion. L'analyse de la distribution des pauses — soit les variations de
durée et de fréquence en fonction des localisations — permettrait dès
lors de repérer les sites critiques de traitement au cours de la production
et d'identifier les facteurs d'évolution des ressources attentionnelles
mobilisées.
L'étude des pauses d'écriture s'appuie sur les mêmes postulats. Les
interruptions de l'activité grapho-motrice apparaissent en effet être plus
que de simples moments de « récupération », quoique naturellement elles
puissent aussi remplir cette fonction. Les réponses aux interviews (Pianko, Les indicateurs temporels de la production écrite 485
1979), les verbalisations concomitantes (Flower et Hayes, 1981) ou diffé
rées (Keseling et Wrobel, 1991) révèlent que l'arrêt du scripteur est, avant
tout, déterminé par les traitements engagés pour la production. En fait, ce
sont les informations rapportées par Williams (1983) qui attestent le mieux
du rôle crucial joué par les pauses en production écrite. L'auteur observe
d'abord une coaugmentation de l'activité de subvocalisation (interprétée
comme un indice de charge cognitive) et de l'activité de pause lorsque les
scripteurs passent d'un thème concret à un thème abstrait. Mieux, il note
que l'activité subvocale survenant au cours des pauses s'accroît, d'une
part, avec la complexité thématique de la tâche d'écriture et, d'autre part,
avec la qualité des textes produits. Ces diverses observations, jointes aux
données chronométriques recueillies (Matsuhashi, 1981), ont autorisé à
penser que l'étude des pauses pourrait représenter une voie heuristique
d'exploration du système cognitif de production écrite.
Les propriétés physiques des pauses « écrites » rendent d'ailleurs le para
digme aisément transposable à l'étude de la production écrite. La pause pourr
ait être décrite dans les termes utilisés par Lévy-Schoen (1988) pour la durée
de fixation oculaire en lecture. Il s'agit d'une trace naturelle puisque l'interrup
tion de l'activité grapho-motrice se produit sans intervention expérimentale.
C'est une trace facilement observable : formellement, une pause survient
chaque fois que le scripteur lève son crayon et ainsi arrête d'écrire. Enfin, il
s'agit d'une trace aisément mesurable, par enregistrement chrono-vidéo (tech
nique présentée dans Foulin et Fayol, 1988) ou sur tablette graphique à digital
iser (Chesnet, Guillabert et Espéret, 1994) : la durée d'une pause correspond au
temps qui s'écoule entre l'arrêt et la reprise de la transcription.
Il est même légitime de penser que la pause est un indicateur plus
valide à l'écrit qu'à l'oral. Les pauses du parleur sont en effet susceptibles
de remplir une large variété de fonctions étrangères à la genèse de l'info
rmation verbale (Drommel, 1980), en particulier des fonctions dites commu-
nicatives. Celles-ci se marquent par des modulations de la distribution des
pauses, semblant indépendantes des opérations de construction verbale, et
survenant sous l'influence de variables sociales diverses et souvent interdé
pendantes : nature de l'auditoire ; représentation du destinataire ;
recherche d'effets rhétoriques ou encore régulation des échanges conversat
ionnels (ex. Piolat, 1981 ; Re

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