Pauvreté au Brésil. L épuisement des effets distributifs de la stabilisation monétaire - article ; n°160 ; vol.40, pg 849-870
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Pauvreté au Brésil. L'épuisement des effets distributifs de la stabilisation monétaire - article ; n°160 ; vol.40, pg 849-870

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Description

Tiers-Monde - Année 1999 - Volume 40 - Numéro 160 - Pages 849-870
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sonia Rocha
Pauvreté au Brésil. L'épuisement des effets distributifs de la
stabilisation monétaire
In: Tiers-Monde. 1999, tome 40 n°160. pp. 849-870.
Citer ce document / Cite this document :
Rocha Sonia. Pauvreté au Brésil. L'épuisement des effets distributifs de la stabilisation monétaire. In: Tiers-Monde. 1999, tome
40 n°160. pp. 849-870.
doi : 10.3406/tiers.1999.5348
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1999_num_40_160_5348PAUVRETE AU BRESIL.
L'ÉPUISEMENT DES EFFETS DISTRIBUTES
DE LA STABILISATION MONÉTAIRE1
par Sonia Rocha*
Ce texte présente une rétrospective de l'évolution de la pauvreté au
Brésil à partir de 1970, en distinguant trois périodes : les années
soixante-dix, pendant lesquelles s'est vérifié un fort déclin de la pauvreté
associé aux taux très élevés de croissance du PIB ; la période 1980
à 1993, où l'incidence de la pauvreté oscille selon les déterminants écono
miques de court terme ; enfin la période qui suit la stabilisation des prix
de 1994, qui a fait chuter la pauvreté à son niveau actuel. L'article
insiste sur cette dernière période et distingue deux éléments essentiels de
la pauvreté au Brésil. À long terme, la persistance de la pauvreté absolue
est liée au degré très élevé d'inégalité des revenus. À court terme, la
modernisation économique rapide, qui exclut du marché du travail les
travailleurs peu qualifiés, freine la réduction de la pauvreté et de
l'inégalité des revenus.
Après le plan de stabilisation brésilien de juillet 1994 - le « Piano
Real » - le niveau de l'activité économique et du revenu a changé,
interrompant enfin la stagnation de la période 1981-1993, marquée par
des oscillations à court terme ayant abouti à une croissance moyenne
du PIB de seulement 1,07% par an. Pendant ces presque quinze
années, le revenu per capita a même décliné, décevant les espoirs de
transformation du pays en une nation moderne et prospère, où la pau
vreté absolue aurait disparu : au début des années 90, l'incidence de la
pauvreté absolue s'était en effet stabilisée autour de 30 % ; les résultats
n'ont pas été pires grâce à des changements structurels, en particulier
la forte réduction de la fécondité.
* Chercheur associée à I'ipea (Instituto de Pesquisa Economica Aplicada), Rio de Janeiro.
1. Je remercie Sabine Barbara Pabst pour son aide dans la mise en forme des données. 850 Sonia Rocha
Le plan de stabilisation a surtout amélioré les revenus les plus
bas. L'effet combiné de la libération des échanges extérieurs pour
éviter la hausse des prix, d'une bonne année agricole qui a contri
bué à la baisse relative des prix alimentaires, et de la hausse des prix
des biens non échangeables a entraîné l'augmentation des revenus de
la main d'œuvre la moins qualifiée, ce qui a permis une nette
réduction de la proportion de pauvres. La diminution de la pau
vreté absolue - importante en elle-même - a résulté ainsi d'une
coïncidence de facteurs, puisque l'objectif central poursuivi par la
politique gouvernementale consistait uniquement dans la stabilisation
des prix.
Tout indique que la réduction de la pauvreté absolue du point de
vue du revenu, constatée en 1995, a cessé depuis. Les informations
relatives aux années 1996 et 1997 montrent que la pauvreté absolue au
Brésil s'est stabilisée autour de 20 %, avec des situations régionales
bien différenciées : réduction de la pauvreté absolue dans les zones
rurales, mais détérioration dans les métropoles, notamment Sâo Paulo,
objet de profonds ajustements de l'appareil productif et du marché du
travail.
L'impossibilité de maintenir cette tendance à la baisse de la pau
vreté absolue après 1995 a été liée, en partie, à la situation macro
économique fragile, qui résultait d'un taux de change surévalué et de
l'absence de réformes nécessaires à la réduction du déficit public. Les
crises asiatique et russe sont survenues alors que le pays était en situa
tion vulnérable. Dès lors, le taux de croissance en 1998 a été presque
nul (0,15%), et le pays a recommencé à perdre du terrain en ce qui
concerne l'évolution du revenu per capita. Le plus grave, cependant,
tient au fait que ce ralentissement n'est pas neutre, mais qu'il affecte
surtout les plus pauvres. L'évolution observable depuis 1997 dans les
métropoles - qui concentrent environ 30 % de la population brési
lienne -, montre que les pertes en matière d'emploi et de revenu ont
frappé les plus démunis avec une intensité accentuée, ce qui peut
annoncer une inflexion de la tendance observée entre 1995 et 1999,
signifiant pauvreté et inégalités accrues.
Ce texte, après avoir présenté certains faits concernant l'évolution
de la pauvreté absolue au Brésil depuis 1980, met en relief la situa
tion plus récente, soit la période postérieure au plan de stabilisation
de juillet 1994. La première partie s'attache à la question de la pau
vreté face à l'inégalité de revenus, qui bat des records au Brésil. La
deuxième décrit l'évolution entre 1981 et 1993, marquée par la st
agnation du revenu et de l'incidence de la pauvreté absolue. La tro
isième section présente les résultats immédiats du plan de stabilisation Pauvreté au Brésil 851
sur les indicateurs de pauvreté relatifs à l'année 1995, ainsi que
l'essoufflement des progrès, qui est évident en 1996 et 1997. La der
nière partie aborde quelques questions liées aux politiques compensat
rices face aux difficultés d'insertion des plus pauvres sur le marché
du travail.
I. PAUVRETÉ ET INEGALITE
Les pays où persiste la pauvreté absolue peuvent être classés en
deux grands groupes. Le premier est formé par les pays où la richesse
nationale est insuffisante pour garantir le minimum indispensable à
chacun de ses citoyens. Ainsi, là où le revenu par tête est faible, la
pauvreté absolue est inévitable, indépendamment des conditions de la
répartition. Le Brésil appartient à la deuxième catégorie de pays où la absolue persiste : ceux dont le produit national est suffisam
ment élevé pour garantir le minimum à tous, la pauvreté résultant de
sa mauvaise répartition. Disposant d'un revenu par tête d'environ
6 000 us$ - donc bien au-dessus de n'importe quelle valeur pouvant
raisonnablement être associée au seuil de pauvreté1 -, le Brésil est un
pays pauvre de par la forte inégalité qui caractérise la répartition des
revenus.
TABLEAU I. — Distribution du revenu par strates de la population au Brésil
% de la population
en ordre croissant 1986 1989 1993 1995 1996 1997
Jusqu'à 50 % 12,5 10,4 12,8 13,1 13 13,1
De 50 % à 90 % 38,7 36,4 37,4 39,1 38,7 39,3 Illustration non autorisée à la diffusion De 90 % à 99 % 33,6 35,9 33,8 34,3 34,4 33,9 99 % à 100 % 15,2 17,3 16 13,9 13,5 13,7
Gini* 100% 0,5804 0,6228 0,5822 0,5738 0,5714 0,5700
99% 0,5345 0,5762 0,5330 0,5324 0,5315 0,5290
* Valeur à la limite inférieure, calculée à partir des données groupées.
Source : IBGE/PNAD2. Élaboration de l'auteur.
1. Par exemple, le seuil de pauvreté, fondé sur la valeur du SMIG en 1998 (R$ 130 par mois), équi
vaudrait à 1 850 US$ par tête et par an.
2. IBGE : Instituto Brasileiro de Geografia e Estatisticas ; PNAD : Pesquisa Nacionál рог Amostra de
Domicilios (enquête auprès des ménages). 852 Sonia Rocha
Le tableau I présente la répartition de la population âgée de plus de
dix ans à revenu positif. En 1997, 1 % des personnes aux revenus les
plus élevés s'appropriait 13,7 % du revenu total, soit autant que la part
touchée par la moitié la plus pauvre de la population. Le coefficient de
Gini qui en résulte est un des plus élevés du monde. Cependant, il faut
remarquer qu'il est relativement peu sensible, par exemple, aux import
antes augmentations des revenus les plus faibles permises par la stabili
sation. Ainsi, bien que le revenu réel pour les 10 % des individus aux
reve

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