Pénurie sur les marchés mondiaux de produits de base - article ; n°66 ; vol.17, pg 359-400
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Description

Tiers-Monde - Année 1976 - Volume 17 - Numéro 66 - Pages 359-400
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Aimé Teyssier d'Orfeuil
Pénurie sur les marchés mondiaux de produits de base
In: Tiers-Monde. 1976, tome 17 n°66. pp. 359-400.
Citer ce document / Cite this document :
Teyssier d'Orfeuil Aimé. Pénurie sur les marchés mondiaux de produits de base. In: Tiers-Monde. 1976, tome 17 n°66. pp. 359-
400.
doi : 10.3406/tiers.1976.2640
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1976_num_17_66_2640SUR LES MARCHÉS MONDIAUX PÉNURIES
DE PRODUITS DE BASE
par Aimé Teyssier d'Orfeuil*
Ces mines qui, après avoir été abandonnées, renaissent
— fait étrange — plus productives qu'auparavant.
Pline I'Ancien,
Histoire naturelle.
Les structures et les mécanismes du commerce mondial des produits de
base évoluent. La présente note a pour objet de signaler certains traits de cette
évolution et de faire ressortir, à côté de risques anciens qui subsistent, les
risques nouveaux qui apparaissent. L'exposé est présenté en trois parties : la
première est un rappel, articulé autour d'une typologie de pénuries, de diverses
données du passé. La deuxième décrit les traits constitutifs des marchés
mondiaux tels qu'ils se présentent aujourd'hui. Dans la troisième sont analysés
les changements perceptibles dans les mécanismes qui sont supposés permettre
l'ajustement futur de l'offre à la demande.
La pénurie présente cette particularité de n'avoir suscité ni des théoriciens,
ni même des historiens. Son analyse systématique reste à faire.
1 1 II n'y a pas de véritable littérature sur la pénurie. Il y a des écrits sur la
pénurie, ce qui n'est pas la même chose, et ils ne constituent pas un tout
homogène, d'abord parce que les auteurs qui en ont traité relèvent des disci
plines les plus variées. Aussi bien le recensement en est-й déjà difficile. La
diversité dans les approches et les divergences dans les analyses en rendent
pratiquement impossible une présentation à la fois cohérente et concise, même
* Avant ďexercer ses fonctions actueUes au ministère de l'Economie et des Finances
(chef de la Mission de Contrôle des Activités financières et membre de la Commission
de Vérification des Comptes des Entreprises publiques), l'auteur a passé plusieurs années
dans divers postes financiers en Amérique du Sud et en Afrique. Il exprime ici ses vues
personnelles.
Revue Tien-Monde, t. XVII, n° 66, avril-juin 76 359 AIMÉ TEYSSIER D'ORFEUIL
sans remonter à Chou Ting Wang (i). Aussi bien, ne tenterons-nous pas ici
ce survol des écrits sur la pénurie.
Tout au plus, peut-on noter que l'évolution de la pensée moderne sur ce
problème comporte de grandes discontinuités et conduit à des rapprochements
singuliers.
Ainsi pendant des dizaines d'années on avait oublié, ou du moins aban
donné, la problématique du « juste prix ». Or, voici qu'on en reparle à nouveau
et beaucoup, y compris dans les enceintes internationales. L'auteur a même
entendu, en 1974, le très efficace animateur d'une organisation de producteurs
parler du « péché de démesure commis par les pays d'Occident » et renouer
ainsi avec un courant aristotélo-thomiste auquel même deux des ecclésiastiques
qui ont le plus marqué la littérature sur la pénurie (Galiani et Malthus)
n'osaient plus guère se référer.
De même, il faut rappeler que si les précurseurs de l'économie politique
faisaient de la pénurie le centre de leurs préoccupations, de grands économistes
l'ont pratiquement éliminée. C'est le cas des tenants de l'école classique à la
suite de Ricardo; or au moins sur ce point Karl Marx est proche des classiques
(qu'on songe aux pages sévères qu'il a laissées sur Malthus) et Keynes à son
tour s'apparentait plus à cet égard (comme Mme J. Robinson l'a souligné) à
Marx qu'à Malthus.
Enfin, pour ce qui est des économistes académiques, Д faut bien le dire,
depuis que Stanley S. Jevons, s'éloignant par deux fois du problème de la
rareté pour aborder celui des pénuries, a risqué ses malencontreuses prévisions
sur le charbon anglais et les mines d'or, aucun d'entre eux ne s'est plus hasardé
à annoncer l'épuisement prochain d'un produit minier...
Il reste qu'au cours des années récentes un grand regain d'intérêt s'est
manifesté, directement ou indirectement, pour ces problèmes dans des travaux
divers. Il serait injuste de ne pas citer au moins les études théoriques ou prag
matiques sur l'interdépendance quantitative des activités économiques inter-
corrélées et l'allocation des ressources. Mais il faut aussi rendre hommage à des
catégories relativement nouvelles d'économistes : les fonctionnaires inte
rnationaux et parmi eux les spécialistes du développement et ceux de l'alimen
tation. Enfin, et surtout il est essentiel d'évoquer les spécialistes de l'économie
minière qui, depuis les études mémorables de S. G. Lasky sur les gisements
de manganèse des Artillery Mountains et les gisements porphyriques de
cuivre, nous ont appris ce qu'il pouvait y avoir de relatif dans l'évaluation des
réserves et l'annonce de leur épuisement.
pi (1) Chou Ting Wang (1380-1425 env.), en rédigeant le Cbiu bmngpen Tsao (ou Traiti
des plantes qu'on peut utiliser en période de famine), avait à la fois systématisé l'effet de substi
tution et créé un genre littéraire nouveau (celui du Famine foods books).
360 PÉNURIES SUR LES MARCHÉS MONDIAUX
De leur côté, les archéologues nous ont laissé penser et les ethnologues
nous ont confirmé que la crainte de la pénurie était dans les sociétés primitives
l'une des inquiétudes fondamentales et sans doute des plus justifiées.
Les groupes sociaux vivant dans l'état de subsistance et dont les besoins
sont peu diversifiés mais dont les ressources sont limitées, connaissent des
approvisionnements précaires. Cette précarité est d'autant plus grande que les
groupes sont restreints et isolés et que, corrélativement, la part de l'auto-
consommation est importante. Une «diminution critique des réserves dispo
nibles et a fortiori leur épuisement, bref l'apparition de la pénurie (notamment
la plus grave, celle des produits alimentaires que l'on appelle disette et qui
dégénère en famine), constituent une rupture brutale de l'équilibre économique
et social. On s'accorde généralement pour y voir l'origine commune de la plu
part des migrations depuis celle des frères de Joseph quittant la terre de Canaan
pour le pays de Goshen (Genèse, 47) jusqu'à celles des Mayas du Yucatan.
Mais la pénurie n'est toutefois pas uniquement liée à un stade peu avancé
du développement économique et social. Elle n'est pas le propre des sociétés
primitives. Elle réapparaît dans des sociétés plus complexes. Dès lors qu'H
existe une spécialisation et que chacun (individu, entreprise, nation) produit
moins que son nécessaire dans un bon nombre de ses activités et plus que son
nécessaire dans quelques autres activités — bref, dès qu'il existe des échanges
non plus occasionnels mais constants et organisés — les risques de pénurie
primaire ne disparaissent pas totalement mais il s'ajoute de nouveaux risques
d'une dimension nouvelle.
2 / La pénurie apparaît alors comme un phénomène de marché.
La pénurie est l'état d'un marché sur lequel les transactions ne peuvent
plus se conclure par absence de marchandises. Elle révèle ainsi son double
caractère : à certains égards elle est absolue mais à d'autres elle est relative.
— Absolue, la pénurie l'est dans la mesure où il n'y a pas de marchandises
sur le marché. A cet égard, elle diffère de la rareté, beaucoup plus que la rareté
ne diffère de l'abondance.
En effet, entre abondance et rareté, il y a des différences de degrés et non
de nature car dans les deux cas il y a marché et marché actif, les transactions
étant plus amples dans le premier que dans le deuxième. D'un « marché
d'acheteurs » on passe à un « marché de vendeurs » mais l

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