Philosophes ou artistes ? Comparaison des formes rituelles à Palawan - article ; n°125 ; vol.33, pg 7-29
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Description

L'Homme - Année 1993 - Volume 33 - Numéro 125 - Pages 7-29
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Charles Macdonald
Philosophes ou artistes ? Comparaison des formes rituelles à
Palawan
In: L'Homme, 1993, tome 33 n°125. pp. 7-29.
Citer ce document / Cite this document :
Macdonald Charles. Philosophes ou artistes ? Comparaison des formes rituelles à Palawan. In: L'Homme, 1993, tome 33
n°125. pp. 7-29.
doi : 10.3406/hom.1993.369579
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1993_num_33_125_369579Charles Macdonald
Philosophes ou artistes ?
Comparaison des formes rituelles à Palawan
Charles du Palawan. mode présentant faits sud rituels d'expression de Macdonald, — Palawan entre comparables, Cet elles essai religieuse. (Philippines) des de Philosophes le comparaison variations « complexe L'auteur s'appuie ou considérables de systématique artistes commence Vulit sur des ». ? Il Comparaison données l'envisage par de forme phénomènes dégager provenant ensuite et un des de noyau formes contenu religieux selon de trois sept commun rituelles dans et perspectcultures rituels leur de à
ives croisées : mode de contact avec le surnaturel, statut de l'officiant, acquisition de
sa fonction et conception du temps rituel, espaces du surnaturel et panthéons, morphol
ogie du signifiant rituel, aspects sociaux des rites, éléments concomitants de mythol
ogie. Deux approches complètement divergentes du rapport avec l'invisible, l'intercession
chamanique et la théâtralité, traduisent dans leurs principes sous-jacents les formules
extrêmes d'une combinatoire de traits en variation complémentaire.
Le complexe de Vulit
Le sud de l'île de Palawan est occupé par un groupe ethnique autochtone,
le groupe palawan (Macdonald 1977, 1988). Cette population indigène
se répartit en sous-groupes ou sous-cultures présentant des varia
tions considérables quant aux formes de la vie religieuse. Deux sortes de divi
sions internes à ce groupe ethnique sont à relever. Tout d'abord une séparation
entre les hautes terres du centre et les régions côtières ou bandes littorales de
basses terres qui entourent le massif central. A cette première grande division
géographique et culturelle s'ajoute un nombre plus important de divisions
internes, correspondant à des petites populations qui se logent dans des niches
écologiques circonscrites par les vallées qui rayonnent à partir du massif central
et descendent vers la mer de Chine au nord et la mer des Soulous au sud. Trois
de ces sous-cultures forment plus particulièrement l'objet de cette étude :
1 . La région de la Mäkagwaq-Tamlang (MT) qui fait partie des hautes terres
(Macdonald 1977).
L'Homme 125, janv.-mars 1993, XXXIII (1), pp. 7-29. CHARLES MACDONALD
2. Les collines de Quezon (Q), sur la côte nord-ouest (Macdonald 1977,
1987, 1988).
3 . La région de Punang-Iräräj (PI) qui appartient comme Quezon à la zone
des basses terres mais qui, elle, fait face au bassin des Soulous (Macdonald
1988, 1990).
Dans l'ensemble des rites, cultes et croyances très divers qui s'observent
d'un groupe à l'autre, il est possible de dégager un noyau commun formé par
un certain nombre de rites que j'appellerai « complexe de Vulit ». Il peut se
définir comme une classe de faits rituels ayant des traits communs et spéci
fiques relativement aux autres catégories de faits cultuels de chaque région ou
sous-culture :
a) utilisation exclusive ou particulièrement extensive d'une langue rituelle
spécialisée, développement d'une liturgie orale ;
b) combinaison et articulation d'éléments musicaux, chorégraphiques et
lyriques (percussions, danse, chant) ;
c) contact direct avec, ou présence sensible des génies au cours des rites,
par le moyen de la transe ou d'une forme de comportement stylisé ;
d) caractère de spectacle dramatique et dialogué de la performance rituelle.
A ces éléments principaux s'ajoutent des traits subsidiaires communs et fr
équemment associés aux rites de ce type, mais de façon moins nécessaire ou
moins exclusive :
e) fonction bénéfique générale et collective ;
f) niveau maximal d'intégration sociale ;
g) degré élevé de spécialisation dans la conduite du culte ;
h) association à une fête de boisson de bière de riz.
Les rites du complexe de Yulit ont, en somme, ceci de particulier qu'ils dramat
isent avec une intensité plus marquée que les autres rites de chaque région
le rapport de l'homme au monde invisible. Dans cette forme de spectacle, les
divinités acquièrent une réalité perceptible, se manifestent aux sens du public,
deviennent matériellement présentes. Considéré sous cet angle, Yulit est un noyau
complexe de traits liturgiques, intégré mais non coextensif à différents contextes
rituels, cérémonies et cycles cérémoniels1.
L'ulit, au sens de « langue sacrée » est un critère déterminant au niveau
formel. Il vaut moins par le contenu de son message que par l'opacité qu'il
présente à l'entendement et qui résulte de son ornementation, de ses archaïsmes,
de son vocabulaire rare, de ses tournures inusitées. Les rites parlent beaucoup
et disent peu2.
Les rites, ou en tout cas ce type particulier de rituels, s'efforcent de se rendre
étrangers à leur propre culture, par des terminologies obscures, des objets sans
usage pratique, des gestes « hors de propos », des actes sans signification évi
dente. Mais, en même temps, ils sont des simulacres au niveau du signifiant,
ils imitent des mécanismes de production de la signification. Ainsi, ils simulent
la communication, l'interaction, la réciprocité, le dialogue. Ils finissent par Philosophes ou artistes ?
s'imiter eux-mêmes. Ils se rapprochent d'une forme d'art ou d'expression esthé
tique pure qui ne vise qu'elle-même.
A la lumière de ces considérations générales on comprend mieux que cette
catégorie de rites associent étroitement, articulent fortement et mettent sur le
même plan le geste et la parole, le verbe et l'action. Mais c'est en cela aussi
qu'ils constituent un spectacle plus dense et d'une valeur dramatique supérieure,
plus apte, par la combinaison de deux domaines d'expression, à « piéger la
pensée » (Smith 1979 : 143).
Pour cette raison peut-être sont-ils les seuls à matérialiser la présence des
génies, à les rendre visibles et audibles à l'assistance mais avec des modalités
très différentes d'une région à l'autre et sur lesquelles je vais maintenant
m'étendre : plus théâtrales et extériorisées dans les rites sans transe, plus intério
risées sous forme de drame mental dans les rites à transe.
Quelles que soient les variations, les rites du complexe de Yulit sont frappés
par le sceau d'une présence surnaturelle qui se matérialise dramatiquement.
Derrière les caractères constants dégagés pour le complexe de Yulit et les
rites dont ce complexe est le noyau, se profile un nombre important de traits
variables. L'étude de ces variations permet un examen plus avancé de la texture
des formes religieuses. Nous faisons l'hypothèse que les rites d'un certain type
peuvent et doivent être étudiés comme des variantes au sein d'un même champ
de transformation, qu'ils ne constituent pas des entités isolées et immuables
mais des états instables qui s'engendrent mutuellement. La comparaison syst
ématique tente d'établir des corrélations entre variables et de rendre compte des
régularités inhérentes aux mécanismes de transformation.
Mode de contact avec le surnaturel
Les faits palawan nous confrontent à un problème maintes fois traité dans
la littérature anthropologique des trente dernières années, à savoir la définition
et la pertinence des notions de transe, de chamanisme, de possession ainsi que
leurs rapports (Eliade 1968 ; Lewis 1971 ; Heusch 1971 ; Bastide 1972 ; Bour
guignon 1976 ; Condominas 1976 ; Rouget 1980). La discussion porte notam
ment sur le statut de la transe et de son contenu psychologique, ainsi que sur
le degré de spécificité du chamanisme et de la possession comme faits distincts
et complémentaires ou, au contraire, impossibles à départager.
Le seul souci de la présente tentative d' elucidation est de décrire et analyser
de façon adéquate des réalités si chargées de nuances et d'ambiguïté qu'on ne
peut les ranger h

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