Pour un  développement au service des masses des pays sous-développés - article ; n°71 ; vol.18, pg 481-492
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Description

Tiers-Monde - Année 1977 - Volume 18 - Numéro 71 - Pages 481-492
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 71
Langue Français

Extrait

Nirina Andriamanerasoa
Rajaona Andriamananjara
Pour un développement au service des masses des pays sous-
développés
In: Tiers-Monde. 1977, tome 18 n°71. pp. 481-492.
Citer ce document / Cite this document :
Andriamanerasoa Nirina, Andriamananjara Rajaona. Pour un développement au service des masses des pays sous-
développés. In: Tiers-Monde. 1977, tome 18 n°71. pp. 481-492.
doi : 10.3406/tiers.1977.2730
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1977_num_18_71_2730UN DÉVELOPPEMENT POUR
AU SERVICE DES MASSES
DES PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS(I)
par Nirina Andriamanerasoa* et Rajaona Andriamananjara
Le sous-développement est un phénomène tellement complexe qu'il
n'est pas du tout aisé d'essayer de l'appréhender. On ne peut que se
féliciter de la progression de la pensée dans sa définition à l'aide d'indi
cateurs dont le nombre n'a cessé d'augmenter au cours des trois dernières
décennies (indicateurs de pauvreté, de « mal-être » physique, taux de
scolarisation, taux de morbidité, ratio médecin/population...).
S'il est essentiel d'établir un diagnostic correct, il est aussi nécessaire
d'en trouver les remèdes. De par l'expérience de plusieurs pays sous-
développés, que ce fût un succès ou un échec, nous croyons fermement
que ces remèdes ne peuvent être importés et que chaque peuple se doit
de réinventer la société en sachant écarter les solutions reconnues;
quoiqu'il se trouve toujours des Esquimaux pour instruire les habitants
du Zaïre sur la meilleure façon de supporter les grandes chaleurs, nous
n'apporterons donc pas de solution universelle aux problèmes de sous-
développement. Nous voulons seulement attirer l'attention sur la logique
de la théorie orthodoxe du développement : la transplantation en pays
* X 69. Directeur des Assurances, commissaire du Peuple auprès du Conseil de la
Révolution de la République malagasy.
(1) Le présent essai est fait à titre strictement personnel et, de ce fait, ne saurait engager
en aucun cas les employeurs respectifs de ses auteurs.
Revue Tiers-Monde, t. XVIII, n° 71, juillet-septembre 77 48 1 N. ANDRIAMANERASOA ET R. ANDRIAMANANJARA
sous-développés de telles théories, loin de refléter simplement l'incapa
cité des économistes à imaginer autre chose, a été pensée pour perpétrer
la domination des pays riches.
I. — Statégie globale
Л I De la théorie du développement linéaire
Le diagnostic qu'offrent les thèses orthodoxes attribue certains
points communs aux pays sous-développés. (Nous voulons ignorer ici
la distinction toute récente entre sous-développés riches, qui ont du
pétrole, et sous-développés pauvres, qui n'en ont pas.)
La production nationale de biens et services reste l'indicateur le
plus usité, malgré toutes les critiques dont elle a fait l'objet et toutes
les réserves dont son utilisation est souvent assortie. L'introduction
des facteurs non matériels de la croissance n'est que descriptive et ne
modifie pas les modèles, ainsi notamment :
— une forte natalité ;
— une économie désarticulée et extravertie, caractérisée par l'hyper
trophie des secteurs primaire et tertiaire d'une part, et par l'absence
ou la faiblesse d'un secteur industriel d'autre part ;
— une dépendance du commerce extérieur à cause du nombre limité
aussi bien de pays partenaires (pour les importations) que des
produits (pour les exportations) ;
— une pauvreté endémique des masses, face à la richesse excessive d'une
infime minorité.
Si telle est la situation, nous disent les « spécialistes », les pays sous-
développés semblent être actuellement au stade où nos pays se trouvaient
cent, deux cents ou trois cents ans plus tôt, ils n'ont qu'à repasser
par les différentes étapes parcourues par nos pays. Cette vision du pro
blème de développement a prévalu dans la quasi-totalité des pays sous-
développés, et persiste encore dans bon nombre d'entre eux. Force
nous est de constater que la solution préconisée n'a accompli le
« miracle » escompté que dans un nombre désastreusement restreint de
pays. Même dans ces pays, le prétendu miracle se trouve n'être que
de pure illusion, car rares sont les cas où les masses ont participé ple
inement et équitablement au fruit du développement : la production par
tête a certes pu augmenter, mais la moyenne cache bien l'accentuation
des inégalités.
482 UN DÉVELOPPEMENT AU SERVICE DES MASSES ,
Pour la grande majorité des pays, la course au développement suivant
le schéma proposé s'est soldé par un fiasco plus ou moins complet.
Au lieu d'être « en voie de développement », comme le voudrait l'euph
émisme international diplomatique du moment, bon nombre d'entre eux
sont en réalité actuellement « en voie de sous-développement » aussi
bien en terme absolu qu'en terme relatif, quoique l'on s'ingénie à leur
faire croire qu'ils sont en phase de décollage et qu'il faut être patient.
La théorie du développement linéaire (c'est bien ainsi que l'on peut
caractériser le schéma « orthodoxe » du développement) ne « marche »
donc pas, du moins pour les pays sous-développés car les pays déve
loppés ont été largement récompensés de leur « sollicitude » paternaliste.
En premier lieu, les solutions préconisées sont celles qui ont réussi
aux pays actuellement développés des dizaines d'années ou quelques siècles
auparavant. Essayer de les transplanter à d'autres temps, sous d'autres
deux et dans des conditions différentes ne pouvait aboutir qu'à l'échec.
Deuxièmement, la théorie a ignoré la dimension historique du
problème et notamment le fait que les pays sous-développés étaient
presque tous des colonies de pays développés et que beaucoup conti
nuent à être dominés plus ou moins ouvertement : elle a voulu ignorer
la dépendance, de fait, de la « périphérie » sur le « centre » dans le système
des relations économiques internationales et quand, tardivement, elle
a reconnu cette dépendance, c'était pour dire que la périphérie devait
axer son développement sur les besoins du centre (que l'on traduisait
diplomatiquement par le terme « demande du marché international »)
et que l'on justifiait par les bienfaits de la spécialisation. Or le système
international actuel est en effet tel que, à travail égal, une valeur beau
coup moindre est attribuée à la main-d'œuvre dans les pays sous-
développés que dans les pays développés.
В I De la stratégie pour un développement authentique
La solution correcte du problème de développement doit tenir
compte de trois aspects fondamentaux :
— la spécificité de chaque pays, et le respect de cette individualité
dans tout schéma de développement ;
— la nécessité pour le d'être autocentré, autonome et
indépendant ;
— l'importance de la transformation des structures sur le plan des
relations tant internes qu'externes.
483 N. ANDRIAMANERASOA ET R. ANDRIAMANANJARA
II est essentiel, pour l'établissement d'un « nouvel ordre écono
mique », que tous, pays sous-développés et pays développés, en soient
conscients.
Avant de présenter quelques éléments d'une stratégie de développe
ment, il nous faut revenir aux racines mêmes du problème ou, plutôt,
définir les objectifs primordiaux à atteindre. Il ne saurait être question
de définir une solution universeUe : ce serait là tomber dans les travers
de la théorie « orthodoxe ». On essaiera de poser le problème en terme
général et d'exposer les points sur lesquels le planificateur devrait se
pencher sérieusement.
Nous devons prendre un objectif incontestable, fût-il vague ou banal.
Ainsi, la promotion du bien-être de la population et l'épanouissement
de l'homme constituent la finalité du développement. Toutefois, chaque
peuple a son histoire, ses coutumes propres et la signification de cette
finalité diffère selon les peuples. De p

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