Pour un renouveau de l étude du développement - article ; n°135 ; vol.34, pg 687-701
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Description

Tiers-Monde - Année 1993 - Volume 34 - Numéro 135 - Pages 687-701
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Coméliau
Pour un renouveau de l'étude du développement
In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°135. pp. 687-701.
Citer ce document / Cite this document :
Coméliau Christian. Pour un renouveau de l'étude du développement. In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°135. pp. 687-701.
doi : 10.3406/tiers.1993.4787
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1993_num_34_135_4787POUR UN RENOUVEAU
DE L'ÉTUDE DU DÉVELOPPEMENT
(Introduction générale au débat)1
par Christian Coméliau*
L'étude du développement a-t-elle encore un avenir ? Ou bien les
institutions spécialisées dans ce domaine sont-elles vouées à une proche
disparition ?
Cette interrogation est aujourd'hui devenue cruciale, non seulement
pour des chercheurs comme ceux de I'iued à Genève ou d'autres institu
tions comparables, en Europe ou ailleurs, mais aussi pour tous ceux qui
tentent de comprendre l'évolution accélérée des sociétés et de la maîtri
ser davantage.
Le texte ci-dessous, proposé à titre d'introduction générale pour
divers débats, suggère quelques repères préliminaires. La première sec
tion résume le constat de « crise » et propose une réflexion sur deux
thèmes articulés entre eux, auxquels sont consacrées les sections sui
vantes. La deuxième section rappelle les caractéristiques de base du
changement social, de ses modalités actuelles et de sa maîtrise évent
uelle. La troisième section dégage de ces les exigences
d'une méthode d'analyse.
1 - LE DÉVELOPPEMENT : UN OBJET D'ÉTUDES PÉRIMÉ ?
Des études, des recherches, des institutions spécialisées dans le
« développement » : survivance d'un passé désormais révolu, héritage
d'une brève époque marquée par l'ascension puis l'effondrement d'une
* Directeur de la Recherche de l'Institut universitaire d'étude du développement à Genève.
1 . L'auteur a, depuis plus d'une année, pris l'initiative d'organiser une réflexion réunissant plu
sieurs chercheurs de différents pays sur la pertinence de la notion d'étude du développement. Ce sont
les analyses résultant de cette entreprise qui sont présentées ici.
n° 135, juillet-septembre 1993 Revue Tiers Monde, t. XXXIV, Christian Coméliau 688
idée, reste d'un rêve de puissance ou de justice, dégradé jusqu'à n'être
plus, aujourd'hui, qu'un slogan usé à force de justifier d'inutiles et impér
issables bureaucraties, nationales et internationales ?
A l'appui de ce pessimisme, il y a bien sûr l'ambiguïté du terme, et
les déceptions multiples qu'il a engendrées chez tous ceux qui y avaient
placé leur croyance et leur espérance ; ambiguïté et déceptions qu'il fau
dra expliquer. Mais il y a aussi les nombreux indices d'un échec, au
moins apparent, de la part de ceux-là mêmes qui se sont spécialisés dans
ces travaux.
C'est d'abord l'étonnante pauvreté de cet ensemble de disciplines,
universitaires ou non, que l'on range dans le domaine du développe
ment. Traditionnellement marquées par le cloisonnement et une certaine
absence d'accumulation, elles ont cependant connu une relative vigueur
intellectuelle, et en tout cas une grande efflorescence de doctrines et de
théories, dans les années 50 et 60. La cohérence de cet ensemble a vacillé
sous les chocs internationaux des années 70, pour disparaître ensuite, ou
se replier, sous la domination d'une seule théorie dans les années 80 et
au début des années 90. Cette théorie dominante est essentiellement éco-
nomiciste ; elle est marquée par la croyance en la supériorité absolue,
comme moyen de développement, du marché et de l'intégration maxi
male dans les échanges internationaux.
Les milieux scientifiques ou académiques ont d'ailleurs largement
perdu le rôle de « leadership » dans la production de cette réflexion, au
profit de quelques organisations internationales ; celles-ci tentent de dif
fuser et de mettre en œuvre des stratégies relativement homogènes, parce
que conformes à la théorie dominante, dans la majorité de leurs Etats
membres. D'où un désarroi profond dans les milieux de la recherche,
qui ne savent plus dans quel sens orienter leurs efforts, et qui sont ron
gés par un doute existentiel sur la pertinence même du domaine dans
lequel ils avaient produit leur pensée.
Plus grave que le désarroi, c'est un véritable discrédit qui frappe les
études du développement, accusées d'imprécision, de manque de
rigueur, de confusion entre l'éthique et la science, et en définitive
d'inexistence par défaut d'objet identifiable. D'où de nouveaux cloiso
nnements entre spécialisations étroites. D'où l'absence de vue d'en
semble, et même la disparition presque totale (au moins dans certains
pays) de l'ambition d'une vue d'ensemble sur le « développement ».
D'où aussi, par contrecoup, le scepticisme de plus en plus répandu et la
réticence des milieux académiques « sérieux » vis-à-vis de ceux qui, mal
gré tout, persistent à rechercher cette vue d'ensemble, que ce soit par
leurs travaux ou par leurs enseignements. En définitive, ce discrédit •
,


'
Pour un renouveau de l'étude du développement 689
débouche sur - la 'rareté -croissante des •- cursus ou programmes de
recherche universitaires axés sur • le développement 1 en , général, sur la
non-reconnaissance académique des institutions ou .'des groupes qui per
sistent dans cette voie, éť enfin sur le risque de chômage croissant pour
leurs diplômés; qui se voient dénier toute utilité sociale, et en tout cas
toute ■ utilité marchande. ' -' < ■ •
Pendant ce temps; le terme de « développement » ne risque pas, lui,
de disparaître : il demeure largement utilisé par des instances gouverne
mentales ou internationales qui l'ont érigé au rang de dogme, qui en
font une condition (d'ailleurs mal définie, mais qu'importe ?) de l'équi
libre mondial et du progrès des peuples." et qui l'imposent à d'autres
qu'eux-mêmes comme un système social inéluctable et sans véritable
alternative. Sous ce prosélytisme conquérant se dissimule, ainsi, une très
grande confusion dans les motivations, qui vont de l'aide humanitaire à
l'affairisme en passant ; par la volonté de puissance et de multiples inté
rêts ;- catégoriels.' -^ -; ■{• •-•-''■■ : '■'-■ s- ■' ï;i-'- :j< '>' '■■■■ :,ЛцЛ^- :,,::■■::■ .;;-'; :,
II y a plus grave encore. Sous ce torrent de rhétorique, des populat
ions de plus en plus nombreuses sont forcées, en fait,; de renoncer pour
longtemps au développement; et d'essayer de lui trouver ; divers substi
tuts;» d'un coût social souvent considérable. ? Car parmi les , bouleverse
ments récents de notre monde, l'un des plus significatifs est peut-être le
rejet croissant de ce système officiel de « développement », qui a certes
permis des progrès gigantesques mais dont on comprend aujourd'hui
qu'il comporte • des effets profondément négatifs, et surtout n qu'il
entraîne, par nature, l'exclusion ou la marginalisation d'une majorité de
ceux qui y prétendent. D'où l'émergence de pratiques et d'idéologies de
rechange, intégrismes, nationalismes et autres phénomènes de « ras-le-
bol » dont on ne mesure peut-être pas encore assez combien ils menac
ent M'idéologie internationalement établie. • ^bl n î í ^ '; "■
• г C'est dans ce cadre global qu'il faut replacer le constat de pauvreté,
de désarroi et de discrédit des études de ' développement. On peut en
dégager une quasi-certitude : si les tendances actuellement observables
ne sont pas radicalement bouleversées, les études de développement — et
les institutions qui s'y consacrent— auront disparu dans quelques années.
Pas complètement sans doute, en raison des inerties' bureaucratiques et
des- intérêts pas toujours ' avouables - qu'elles recouvrent. Mais en tant
que réflexio

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