Pour une comparaison anticléricalisme européen/anticléricalisme chinois - article ; n°24 ; vol.24, pg 167-178
14 pages
Français

Pour une comparaison anticléricalisme européen/anticléricalisme chinois - article ; n°24 ; vol.24, pg 167-178

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
14 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Extrême-Orient, Extrême-Occident - Année 2002 - Volume 24 - Numéro 24 - Pages 167-178
La démarche comparative, qui consiste à employer dans le contexte chinois une notion proprement occidentale, l'anticléricalisme, est justifiée par de réelles ressemblances, mais aussi, plus théoriquement, par le fait qu'on ne peut opposer de façon monolithique une construction européenne et une construction chinoise du religieux dans la société. Dans les deux cas en effet, la définition et la place du religieux dans la société est un objet de débats permanents, débats dont les anticléricalismes sont l'un des produits. L'histoire de ces débats en Europe, évoluant sans cesse dans le temps et dans l'espace, permet de mettre en évidence une grande variété de cas de figure, par exemple entre pays protestants et catholiques ; or beaucoup de ces cas de figure se retrouvent à un moment ou à un autre de l'histoire chinoise. Des analogies apparaissent notamment quand on s'interroge sur une vision libérale de la religion limitée à un domaine séparé, sur le rapport entre religion et morale dominante, sur l'assujettissent des institutions religieuses à l'État et sur les liens entre anticléricalisme et antireligion. Il existerait donc alors une typologie universelle des anticléricalismes, dans laquelle tant les exemples européens que chinois trouveraient leur place spécifique.
For a comparison between European and Chinese anticlericalisms
The comparative method used in this volume, i.e. applying the European notion of anticlericalism to a Chinese context, is justified by actual similarities. More fundamentally, it is also justified by the irrelevance of any radical opposition between European and Chinese ways of constructing religion. In both cases, the definition and role of religion within society has been the subject of on-going debate, generating a variety of anticlericalisms as by-products. The history of this debate in Europe and its evolution through time and space allows to differentiate between several typological case studies, for instance between Catholic and Protestant countries. Many of these case studies have equivalents at one point or another of Chinese history. Analogies appear when scrutinising the liberal view of religion as a separate sphere within society, the relationship between religion and predominant morality, the inclusion of religion within the official bureaucracy or the links between anticlericalism and anti-religion. In conclusion, there may well be a universal typology of anticlericalisms, within which both European and Chinese cases would find their specific place.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Jean Bauberot
Pour une comparaison anticléricalisme
européen/anticléricalisme chinois
In: Extrême-Orient, Extrême-Occident. 2002, N°24, pp. 167-178.
Citer ce document / Cite this document :
Bauberot Jean. Pour une comparaison anticléricalisme européen/anticléricalisme chinois. In: Extrême-Orient, Extrême-
Occident. 2002, N°24, pp. 167-178.
doi : 10.3406/oroc.2002.1158
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/oroc_0754-5010_2002_num_24_24_1158Résumé
La démarche comparative, qui consiste à employer dans le contexte chinois une notion proprement
occidentale, l'anticléricalisme, est justifiée par de réelles ressemblances, mais aussi, plus
théoriquement, par le fait qu'on ne peut opposer de façon monolithique une construction européenne et
une construction chinoise du religieux dans la société. Dans les deux cas en effet, la définition et la
place du religieux dans la société est un objet de débats permanents, débats dont les anticléricalismes
sont l'un des produits. L'histoire de ces débats en Europe, évoluant sans cesse dans le temps et dans
l'espace, permet de mettre en évidence une grande variété de cas de figure, par exemple entre pays
protestants et catholiques ; or beaucoup de ces cas de figure se retrouvent à un moment ou à un autre
de l'histoire chinoise. Des analogies apparaissent notamment quand on s'interroge sur une vision
libérale de la religion limitée à un domaine séparé, sur le rapport entre religion et morale dominante, sur
l'assujettissent des institutions religieuses à l'État et sur les liens entre anticléricalisme et antireligion. Il
existerait donc alors une typologie universelle des anticléricalismes, dans laquelle tant les exemples
européens que chinois trouveraient leur place spécifique.
Abstract
For a comparison between European and Chinese anticlericalisms
The comparative method used in this volume, i.e. applying the European notion of anticlericalism to a
Chinese context, is justified by actual similarities. More fundamentally, it is also justified by the
irrelevance of any radical opposition between European and Chinese ways of constructing religion. In
both cases, the definition and role of religion within society has been the subject of on-going debate,
generating a variety of anticlericalisms as by-products. The history of this debate in Europe and its
evolution through time and space allows to differentiate between several typological case studies, for
instance between Catholic and Protestant countries. Many of these case studies have equivalents at
one point or another of Chinese history. Analogies appear when scrutinising the liberal view of religion
as a separate sphere within society, the relationship between religion and predominant morality, the
inclusion of religion within the official bureaucracy or the links between anticlericalism and anti-religion.
In conclusion, there may well be a universal typology of anticlericalisms, within which both European
and Chinese cases would find their specific place.Extrême-Occident 24 - 2002 Extrême-Orient,
Pour une comparaison
anticléricalisme européen/anticléricalisme chinois
Jean Baubérot
Avec le programme «Aides à projets nouveaux», le CNRS souhaite
inciter de «jeunes chercheurs» à constituer une équipe autour d'une idée
originale. Cette équipe bénéficie de quelques moyens pour vérifier la
pertinence scientifique de l'hypothèse choisie. C'est une bonne initiative et le
groupe de recherche « Anticléricalisme en Chine» a pris la balle au bond pour
en radicaliser l'enjeu. Est-il en effet réellement possible d'appliquer à la
Chine - et sur la longue durée - un terme apparu en France au milieu du xixe
siècle? N'est-ce pas plaquer sur une autre civilisation et à d'autres époques
une notion typiquement occidentale et moderne ? Les crimes d'occidentalo-
centrisme et d'anachronisme ne sont pas loin... A moins que l'erreur soit
justement de croire que l'espace occidental (voire français) et le temps de la
modernité soient tellement spécifiques qu'ils méritent de se voir attribuer des
concepts qui ne sauraient être valables pour d'autres lieux et pour d'autres
époques. Et si, dans une première étape de la démarche, il semble que l'on
applique à la Chine une problématique élaborée ailleurs, peut-être qu'au bout
du compte, dans quelques années, l'étude des différentes formes d'anti
cléricalisme européen1, pour être pleinement valables, devront se situer par
rapport à ce qui aura été scientifiquement mis à jour dans les divers
anticléricalismes chinois...
De la possibilité du comparatisme sur l'anticléricalisme
Nous n'en sommes pas encore tout à fait là, mais mon propos veut
signifier que le pari qui consiste à revisiter la notion d'anticléricalisme en la
désenclavant de son contexte originel, est une aventure théorique passion
nante, pleine d'embûches et de richesses dont je souhaite vivement que ce
volume, si fécond intellectuellement et réussi soit-il, ne marque pas la fin. En
effet, il apporte du neuf et ouvre de belles perspectives. Jean Baubérot
Même parsemé d'obstacles épistémologiques, le pari effectué, comme le
prouve l'ensemble des études du recueil, n'a rien d'incongru. Dans leur
introduction, Vincent Goossaert et Valentine Zuber écrivent avec raison:
« Dans toutes les sociétés où la gestion du rapport au sacré a été confiée à des
spécialistes, ces derniers se trouvent en butte à des critiques. La vénalité,
l'hypocrisie, la médiocrité et la débauche des clercs sont des thèmes exploités
par les hommes de lettres et les polémistes un peu partout dans le monde. » De
fait, la possibilité de parler d'anticléricalisme pour diverses époques de
l'histoire occidentale a déjà été explorée avec succès par un colloque de
l'Université libre de Bruxelles2. La récurrence dans l'exploitation des thèmes
utilisés et le fait qu'on pourrait reprendre telles quelles certaines citations de
ce volume et faire croire à des spécialistes d'histoire religieuse qu'on les a
extraites d'une publication française de la fin du xixe siècle3 justifie
cependant cette nouvelle démarche comparative entre la Chine et l'Europe.
Mais au-delà de l'aspect anecdotique, on peut reprendre la question que
posait Roger Caillois. Celui-ci insistait en effet sur l'aspect limité des
conduites humaines. Quel que soit le contexte, les choix susceptibles d'être
effectués, au-delà de leur diversité concrète, peuvent être schématisés en un
petit nombre de cas de figure. Les situations particulières peuvent être
infinies, mais elles sont le résultat d'ingrédients, qui, combinés autrement, se
retrouvent ailleurs. C'est à partir de ce constat que, pour Caillois, les sciences
humaines - qu'il voyait volontiers comme des «sciences diagonales» -
s'avéraient possibles. L'entreprise de Caillois a donné lieu à de remarquables
numéros de la revue Diogène mais, juxtaposition de recherches individuelles
sous la direction d'un chef d'orchestre plutôt que véritable travail collectif,
elle n'a peut-être pas eu la postérité explicite qu'elle méritait. Le travail
réalisé ici me paraît pourtant, d'une certaine manière, s'inscrire de façon
particulièrement heureuse dans cette filiation.
Bien sûr, en constatant l'existence d'invariants, il ne faut pas faire fi des
contextes historiques et sociétaux. Le groupe de travail ne l'a d'ailleurs pas
ignoré et le propos introductif de Vincent Goossaert et Valentine Zuber se
poursuit ainsi: «[...] derrière chacune des expressions de ces motifs
universels se dessinent des débats inscrits dans une réalité sociale qui
présentent des enjeux politiques et idéologiques différents à chaque fois. » Les
études constituant ce volume montrent effectivement des différences struc
turelles existantes suivant les différents contextes, que ce soit à l'intérieur du
monde chinois lui-même - selon les époques et les problèmes abordés - ou
bien face à l'Europe.
Mais je ne pense pas que l'hétérogénéité des contextes soit telle qu'elle
invalide la démarche. Et il me semble que, paradoxalement, bien avoir à
168 Pour une comparaison anticl&#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents