Pour une histoire bancaire régionale : en Nivernais de 1800 à 1880 - article ; n°4 ; vol.10, pg 494-512
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1955 - Volume 10 - Numéro 4 - Pages 494-512
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1955
Nombre de lectures 35
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Guy Thuillier
Pour une histoire bancaire régionale : en Nivernais de 1800 à
1880
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 10e année, N. 4, 1955. pp. 494-512.
Citer ce document / Cite this document :
Thuillier Guy. Pour une histoire bancaire régionale : en Nivernais de 1800 à 1880. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 10e année, N. 4, 1955. pp. 494-512.
doi : 10.3406/ahess.1955.2483
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1955_num_10_4_2483Pour une histoire bancaire régionale :
EN NIVERNAIS DE 1800 A 1880
L'histoire bancaire d'une petite place, voire d'une région française, est
difficile à retracer. La plupart des archives ont disparu ; ce qui en reste
est difficilement utilisable. Bien des mouvements de capitaux ne laissent
aucune trace écrite : prêts sur serment, voire avances en compte courant
d'usine à usine. D'où l'intérêt d'une étude départementale, propre à suggérer
d'autres enquêtes1.
Le Nivernais, que nous avons choisi, présente certains caractères cons
tants : numéraire rare, à la suite d'une forte thésaurisation ; élévation
brutale des taux d'intérêts ; peu de banqueroutes importantes et de crises
graves, faute de grandes fortunes commerciales. La fin de la Restauration
voit l'essor de petites banques locales, leur nombre triplant en dix ans. Mais
jusqu'en 1850 l'argent demeure rare et cher ; il manque une succursale
de la Banque de France. Les banquiers, qui ne font travailler que leur fortune
personnelle et leurs dépôts, ne jouent qu'un rôle médiocre. A partir de 1848
s'esquisse pourtant un double mouvement de concentration et de subor
dination. En 1850 on ne compte plus que deux banques à Ne vers ; si
l'argent devient plus abondant, l'initiative a échappé aux banquiers locaux
et la vie des banques est contrôlée par Paris, grâce aux agences et de la
Banque de France (1854) et de la Société Générale (1869).
* *
Au lendemain de la Révolution, la rareté du numéraire gêne toutes les
transactions : les propriétaires des forges et des verreries sont « épuisés
par le brigandage du commerce d'argent auquel la perte de crédit les force
d'avoir recours2 ». Létaux d'intérêt avait toujours été fort élevé en Nivernais :
1. La bibliographie (en ce qui concerne la France et ses régions) est fort mince : R. Bigo, Les
Banques françaises au cours du XIXe siècle (1947) ; — Cl. Fohlen, Industrie et crédit dans la
région lilloise (1815-1870) dans Revue du Nord (avr.-juin 1954), p. 361-369 ; — B. Gille, La
Banque de Lille et les premières grandes banques, Ibid., p. 369-377 ; — P. Léon, Les débuts de la
grande industrie en Dauphine (1954) ; — В. Gille, Notes pour un plan de recherche sur V histoire
bancaire dans Bulletin du Centre de recherche d'histoire des entreprises (janv. 1953).
2. A. Desforges, Le Canton de la Node sous le Directoire dans Mém. Soc. Acad. du Nivernais,
t. 21 (1919), p. 54. «La perte de numéraire et la gêne qu'elle fait éprouver aux propriétaires est
cause de la diminution de l'activité » (Arch. dép. Nièvre, Conseil général, an XI). Le Conseil
général demandait que la loi déclarant l'argent monnayé marchandise soit rapportée et qu'un
taux d'intérêt modéré soit rendu à la France : « De tous les départements il n'en est aucun sur
lequel la rareté du numéraire et le prix qu'il se vend pèsent plus que sur celui de la Nièvre. • Cf. le '
EN NIVERNAIS DE 1800 A 1880 495
déjà les cahiers du Tiers réclamaient, en 1789, « pour l'utilité du commerce,
que le prêt d'argent à 5 p. 100 sans retenue soit autorisé sans que le fonds
eoit aliéné et l'intérêt réputé usuraire ». Les négociations, malgré le décret
impérial réduisant l'intérêt de l'argent, se font encore à 9 ou 10 p. 100 et
même souvent plus1. Les conditions du receveur général, qui pourtant
escompte à un taux inférieur à celui des banquiers, sont de 12 p. 100 de
commission plus 3/4 del p. 100 par mois et les en temps de crise,
refusent de prendre du papier à moins de deux ou trois mois de date. En
1806 avait été instituée à Nevers une Bourse de Commerce, avec deux cour
tiers accrédités. Dès 1808 la ville de Nevers et le Conseil général sollicitent
l'établissement d'un comptoir d'escompte ; presque tous les commerçants
en fers, bois et bestiaux, remarque la Chambre de Commerce, sont de gros
propriétaires, qui offrent beaucoup de garanties. Le papier de la Banque
de France commence à se répandre : Mme du Bourg de Bozas, qui vend elle-
même les fers de ses forges d'Imphy et de Prye, demande, par exemple,
à un commerçant de Nantes de lui faire passer des effets à 90 jours « de
façon à être escomptés à la Banque de France, avantage dont je suis bien
aise, ma signature y étant admise comme la vôtre2».
Cependant, pour les maîtres de forges, une grande gêne résulte des
retards de paiements des créances sur l'État : en 1805-1808 les escomptes
de 25 p. 100 et plus de traites de la Marine acculent un jeune maître de
forges, Georges Dufaud, à la faillite. Des bruits fâcheux courent alors sur
les meilleures maisons de la place ; pour y couper court, le directeur de la
Fonderie de canons de Nevers dépose sa position chez son notaire ; mais
en 1808 Cornu, un beau-frère du maître de forges Léveillé, fait à son tour
une banqueroute de 500 000 livres.
Les crises de 1808, de 1810-1811 surtout, furent durement ressenties. «La
confiance depuis quelque temps disparaît d'une manière sensible, l'état de
la place devient de jour en jour en jour plus inquiet,les protêts se succèdent3. »
Des banquiers trop engagés dans les affaires de forges et de bois, font faillite
à leur tour : ainsi Mathieu Petit père, banquier et maître de forges (en
février 1811) avec un passif de 705 000 fr. contre un actif de 570 000 fr. ;
à son tour, en mai 1811, Petit fils « saute » avec un passif non recouvrable
de 280 000 fr. A la suite de fausses spéculations et d'emprunts onéreux, le
maître de forges et marchand de bois Frébault dépose aussi son bilan ;
le directeur des Houillères de La Machine (près Decize), Collignon, se trouve
depuis 1809 engagé dans une série de négociations de banque, de commissions
et d'avances, qui finissent par le réduire aux abois, au point de ne pouvoir
même plus payer ses ouvriers en 1811. Particulièrement significative est la
délibération du Conseil général réclamant en 1812 l'établissement de deux
mémoire De V Usure (1802?) du préfet — et industriel — J. Sabatier. Il remarque à juste titre
que ce n'est pas le manque de numéraire qui freine les transactions, mais le manque de confiance :
on paie à termes plus rapprochés et beaucoup plus au comptant.
1. Voir notre mémoire pour le diplôme de l'École pratique des Hautes Études (6e Section) :
V Économie industrielle du Nivernais au XIXe siècle : Georges Dufaud et les débuts du grand capi
talisme métallurgique (à paraître).
2. Arch. dép. Nièvre, 2 F 159 (1808).
3. Arch, not., F" 870 В. 496 ANNALES
ou trois correspondants de la Banque de France qui recevraient du gouver
nement, à titre de prêt hypothécaire, 500 000 fr., auraient un compte cou
rant à la Banque et feraient admettre à l'escompte tout le papier que la
Banque jugerait admissible.
FAILLITES A NEVERS ET DANS LA NIÈVRE (1820-1852)
N = nombre ; P = passif ; A = actif.
Banquiers Marchands Industriels
N P A N P A N P A
1820 3 132 50 1 137
1821 2 122 199 107 3 68
1822 1 63 19
1823 1 336 251 2 724 240
1824
„ 1825 4 650 621
1826
1827 1 9 9 12 6 1
430 1828 3 369 5 293 278 2 227 172
1829 1 209 104 2 250 198
1830 1 747 906 2
1831 2 44 36
1832 1 6 5
1833 3 400 203 1904 1 824 3
1834 1 16 16 3 48 419
1835 1 2 141 116
1836 1 126 88 4 122 45 3
59 31 2 1837 1 141 227
1838 9 211 175 3 253 174
1839 1 1 868 1 868 15 578 351 1 180 180
6 44 1840 127 6 161 139
1841
1842
1843
1844 1 142 512 196 468
1845 10 138 101 6 93 93 31 1846 12 169 63 3 477
1847 18 832 127 5 165 45
1848 14* 88* 1849 1 14 10 205 476» 329» 461» 2 2 087 9 1850 386 4 552 146

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