Projet de développement  : acteurs et modèle de référence - article ; n°104 ; vol.26, pg 781-793
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Tiers-Monde - Année 1985 - Volume 26 - Numéro 104 - Pages 781-793
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Moïses Ikonicoff
Projet de développement : acteurs et modèle de référence
In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°104. pp. 781-793.
Citer ce document / Cite this document :
Ikonicoff Moïses. Projet de développement : acteurs et modèle de référence. In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°104. pp. 781-
793.
doi : 10.3406/tiers.1985.3518
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1985_num_26_104_3518PROJET DE DÉVELOPPEMENT :
ACTEURS ET MODÈLE DE RÉFÉRENCE
par Moïses Ikonicoff*
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale et jusqu'au milieu des
années 1970, l'importance attribuée à la problématique des pays du
Tiers Monde n'a cessé de s'accroître. Enjeu de plus en plus stratégique
de la vie politique internationale, cette va progressive
ment s'imposer en tant que sujet privilégié d'analyse des sciences
sociales.
Avec le recul du temps, on peut cependant s'étonner que deux
questions — pourtant fondamentales — n'aient pas été soulevées au
cours des débats acharnés opposant les courants de pensée les plus
divers :
— Qui doit formuler et mettre en œuvre le projet de développement ?
— Par rapport à quel modèle global de référence ce projet doit-il être
élaboré ?
En ce qui concerne la première question, il semblait aller de soi,
à l'époque, que ce rôle revenait tout naturellement au centre de décision
publique. Compte tenu du type de rapports existant entre Etat et société,
de la nature des pouvoirs politiques et des mécanismes de la décision
économique prévalant dans la plupart des pays du Tiers Monde, on ne
pouvait, en effet, proposer une autre réponse. Les luttes contre la domi
nation coloniale ou contre l'emprise des grandes puissances étant menées
au nom de la souveraineté économique, il paraissait logique et nécessaire
d'admettre, au moins dans une première phase, l'épanouissement de
l'Etat au détriment de la société. Si la « bourgeoisie conquérante »*
avait marqué de son empreinte le réveil de l'Occident, au cours des
xvine et xixe siècles, c'est l'Etat conquérant qui marquera le réveil
* Directeur de recherches au cnrs.
1. Charles Morazé, Les Bourgeois conquérants, Paris, Armand Colin, 1956.
Revue Tiers Monde, t. XXVI, n° 104, Octobre-Décembre 1985 782 MOÏSES IKONICOFF
du Tiers Monde dans la seconde moitié du xxe siècle. Ces luttes de
libération nationale vont constituer également, assez souvent, la source
de légitimation du pouvoir personnel ou de celui de groupes extrême
ment restreints. Dans des pays du Tiers Monde les plus liés aux conflits
Est-Ouest, c'est par contre la doctrine dite de la « sécurité nationale »
qui suscite les « autoritarismes militaires ». Enfin, certains « autorita
rismes militaires » comme celui exercé par Velazco Alvardo au Pérou,
vers les années 1970, ajoutent à la légitimation par la sécurité une autre
fondée sur le combat pour le développement et contre la dépendance
économique. Ce type de pouvoir autocratique a entraîné, à quelques
exceptions près, un système de décisions extrêmement centralisé. Le
nombre des acteurs concernés par les choix d'une stratégie de développe
ment était donc forcément très limité.
Quant à la deuxième question, il est possible de constater, au cours
de la période considérée, une coïncidence surprenante — avec pour
conséquence l'élimination de tout débat de fond — autour d'un certain
nombre d'idées-forces inspirant les projets de développement qui s'orga
nisaient dans un paradigme que l'on pourrait appeler : « national-
développementaliste ». Théoriciens de la « croissance balancée » et de la
« croissance polarisée », « rupturistes », « dépendantistes » et partisans du
maintien de liens étroits avec le marché international communiaient
dans les mêmes idées.
Certains auteurs2 formulent l'hypothèse que le paradigme a été en
grande partie inspiré par l'Occident à travers un processus qualifié
ď « appropriation iconologique du Sud par le Nord ». Pour confirmer
cette hypothèse, ils ajoutent que la « reprise de parole par les peuples
du Sud » s'est effectuée tout récemment3. Cette hypothèse est, à notre
avis erronée, l'apport fondamental à la formulation du paradigme
correspond en fait à l'œuvre réalisée par la cepal et par l'Ecole structur
aliste latino-américaine qui ont exercé une influence décisive non seul
ement en Amérique latine mais aussi en Inde4, en Afrique sud-saharienne5
et au Maghreb6.
2. Voir Jacques de Bandt et Philippe Hugon, Rapports nord-sud et crises, Cahiers du
CEKNEA, n° 3, Paris, septembre 1984.
3. Jacques de Bandt et Philippe Hugon, op. cit.
4. Mrinal Datta Chaudhuri dans son travail : La stagnation de l'économie indienne : une
interprétation va jusqu'à affirmer que l'influence de la pensée de Raul Prebish sur les plani
ficateurs indiens, notamment les auteurs des deuxième et troisième plans quinquennaux
(1955-1965), a été déterminante : Interdépendance et styles de développement, ocde, 1985.
5 . Voir Justinian Rweyemamu, Underdevelopment and Industrialisation in Tanzania, Londres,
Oxford University Press, 1973.
6. Voir Abdel Aziz Belal, L'investissement au Maroc, 1912-1964, Casablanca, Les Editions
maghrébines, 1976. PROJET DE DÉVELOPPEMENT 783
Б est possible d'aller encore plus loin dans l'histoire afin de retrouver
au sein du Tiers Monde même la pensée qui est à l'origine du paradigme.
Ainsi, au cours de la deuxième moitié du xixe siècle, un économiste
indien Naoroji7, partant de la théorie des avantages comparatifs, met en
évidence le drainage des ressources des colonies vers les métropoles
tandis qu'un autre économiste, Ranades8, critique acerbe du monopole
des activités manufacturières par les métropoles, propose un projet
d'industrialisation de l'Inde reposant sur des mesures protectionnistes.
Au début du xxe siècle, l'Argentin Alejandro Bunge9 qui avait été
professeur de Raul Prebish à la Faculté de Sciences économiques énonce
déjà tous les grands thèmes qui seront développés ultérieurement par
les chercheurs de la cep al dans ses contributions à la Kevista de Economia
Argentina : la détérioration des termes de l'échange, les possibilités d'un
développement autarcique... Son œuvre comporte même, à propos de
l'économie argentine, une étude particulièrement pertinente des méca
nismes de l'économie rentière. Ce thème ne sera repris que bien plus
tard avec l'avènement de Горер.
On peut considérer que le paradigme « national-développementaliste »
apparaît comme une généralisation à l'échelle du Tiers Monde de la
pensée de la cepal. Il se compose de deux éléments : un schéma expli
catif de la réalité du Tiers Monde et un projet d'action pour la trans
former. Le schéma explicatif s'articule autour des propositions fonda
mentales suivantes :
— les structures socio-économiques des pays du Tiers Monde ont été
organisées en fonction des besoins organiques de croissance des
pays industrialisés. Les activités primaires y ont pris, pour cette
raison, une place dominante;
— c'est ainsi que ces pays ont été insérés depuis le milieu du xixe siècle
dans un système économique mondial caractérisé par l'asymétrie
des relations entre économies primaires exportatrices et économies
industrialisées ;
— il s'agit de l'approche centre-périphérie selon laquelle le sous-
développement est lié au caractère primaire de la structure product
ive et à la nature exogène de la dynamique économique.
7. Gté par Bipan Chandra, The Rise of Growth of Economic Nationalism in India, New Delhi,
People Publishing House, 1966.
8. Bipan Chandra, op. cit.
9. Voir José Lui De Imaz, Alejandro Bunge Economista y Sociologo 1 880-1 943, Revue
Désarroi lo Economico, vol. 14, n° 55, Buenos Aires, octobre-décembre 1974. MOÏSES IKONICOFF 784
Le projet d'action se propose fondamentalement de permettre aux
pay

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