Prophéties créatrices et persistance des théories - article ; n°5 ; vol.33, pg 787-806
21 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Prophéties créatrices et persistance des théories - article ; n°5 ; vol.33, pg 787-806

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
21 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1982 - Volume 33 - Numéro 5 - Pages 787-806
L'article est consacré à l'étude de certaines interactions paradoxales entre les représentants des agents économiques et les faits observés. Il approfondit la réflexion entreprise dans un article précédent d'Azariadis où l'auteur montrait des exemples de validation de croyances « arbitraires ». On étend ici les conclusions en exhibant des conditions suffisantes pour qu'en l'absence d'incertitude intrin­sèque, une incertitude « extrinsèque » (les taches solaires) soit susceptible de conduire à des évolutions statistiquement compatibles avec les prévisions des agents. Dans le cas où deux groupes de la population ont des croyances distinctes fondées sur des observations indépendantes de phénomènes naturels différents (la « lune » et le « soleil »), on montre qu'il peut exister un équilibre stochastique validant statistiquement les deux théories. Cependant, ces deux « théories » pourraient être réfutées par un économètre sophistiqué et sceptique.
Self fulfilling prophecies and persistence of theories
Costas Azariadis, Roger Guesnerie
The article studies paradoxal interactions between « beliefs » or « Theories » of agents and observed facts. It follows a previous article by the first author where examples of validation of « arbitrary » beliefs were given. Conclusions are extended hère by showing sufficient conditions for the existence of a stationnary stochastic equilibrinm reflecting the effect of « extrinsic » uncertainty (sunspots) on observed facts in a world without intrinsic uncertainty. When two subgroups in the population hold different beliefs based on the independant observation of two natural phenomena, the existence of a stochastic equilibrium validating statistically (at least weakly) both theories is shown.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Roger Guesnerie
Monsieur Costas Aziariadis
Prophéties créatrices et persistance des théories
In: Revue économique. Volume 33, n°5, 1982. pp. 787-806.
Résumé
L'article est consacré à l'étude de certaines interactions paradoxales entre les représentants des agents économiques et les faits
observés. Il approfondit la réflexion entreprise dans un article précédent d'Azariadis où l'auteur montrait des exemples de
validation de croyances « arbitraires ». On étend ici les conclusions en exhibant des conditions suffisantes pour qu'en l'absence
d'incertitude intrin-sèque, une incertitude « extrinsèque » (les taches solaires) soit susceptible de conduire à des évolutions
statistiquement compatibles avec les prévisions des agents. Dans le cas où deux groupes de la population ont des croyances
distinctes fondées sur des observations indépendantes de phénomènes naturels différents (la « lune » et le « soleil »), on montre
qu'il peut exister un équilibre stochastique validant statistiquement les deux théories. Cependant, ces deux « théories »
pourraient être réfutées par un économètre sophistiqué et sceptique.
Abstract
Self fulfilling prophecies and persistence of theories
Costas Azariadis, Roger Guesnerie
The article studies paradoxal interactions between « beliefs » or « Theories » of agents and observed facts. It follows a previous
article by the first author where examples of validation of « arbitrary » beliefs were given. Conclusions are extended hère by
showing sufficient conditions for the existence of a stationnary stochastic equilibrinm reflecting the effect of « extrinsic »
uncertainty (sunspots) on observed facts in a world without intrinsic uncertainty. When two subgroups in the population hold
different beliefs based on the independant observation of two natural phenomena, the existence of a stochastic equilibrium
validating statistically (at least weakly) both theories is shown.
Citer ce document / Cite this document :
Guesnerie Roger, Aziariadis Costas. Prophéties créatrices et persistance des théories. In: Revue économique. Volume 33, n°5,
1982. pp. 787-806.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1982_num_33_5_408681PROPHÉTIES CRÉATRICES
ET PERSISTANCE DES THÉORIES *
La prophétie créatrice ou « autoréalisante » (version française des
« self fulfilling prophecies ») peut être définie schématiquement
ainsi : c'est, dans un contexte temporel, une prévision (l'image
de demain) qui influence les faits (aujourd'hui) et détermine les condi
tions de sa propre réalisation (demain). L'intérêt suscité par ce phéno
mène au caractère intrigant, traverse les sciences sociales. En socio
logie, Boudon [1979] (p. 146 et suiv.) signale des exemples déjà an
ciens d'étude sur ce sujet. Le thème est récurrent dans la littérature
économique. Les anticipations rationnelles constituent des prévisions
en moyenne autoréalisantes. L'équilibre dynamique de plans de prix
et d'anticipations de prix décrit des situations de prévision parfaite
où réalisations et anticipations sont intimement liées 1. L'on peut
même, si l'on suit J.-P. Dupuy [1982], donner une lecture en termes
de prophéties créatrices aux concepts d'équilibres statiques en prix
et en quantités utilisés dans les modèles formalisés de la théorie éco
nomique.
Si le thème de la prophétie créatrice n'est pas nouveau dans les
analyses économiques, une dimension originale du phénomène a,
semble-t-il, été mise en exergue dans un article récent (intitulé « self
fulfilling prophecies») de C. Azariadis [1981]. Ce dernier développe-
une suggestion faite originellement par K. Shell [1978] qui, partant
d'un modèle purement déterministe, avait mentionné que des croyances
en l'influence sur le niveau des prix de phénomènes aléatoires pure
ment exogènes (les « taches solaires ■») pouvaient déterminer des prix
effectivement stochastiques dont le mouvement ratifiait ex post la
croyance initiale. Cette conjecture, dont le bien-fondé a été démontré
* Nous remercions pour les remarques utiles qu'ils nous ont faites à l'occasion
de séminaires, H. Atlan, J.-P. Dupuy, B. Walliser et G. Weisbuch.
1. Voir, par exemple, Radner [1968] et Guesnerie-J affray [1974].
787
Revue économique — N* 5, septembre 1982. Revue économique
par une série d'exemples dans l'article d'Azariadis déjà cité, frappe
par le caractère arbitraire voir pervers de la « prophétie » initiale.
Faire l'hypothèse d'une corrélation entre un prix et un phénomène
naturel stochastique dans un monde où il n'y a pas d'incertitude intri
nsèque introduit une source de variations que l'on peut qualifier suivant
Azariadis d'extrinsèques 2. Même si le clivage conceptuel avec des
phénomènes plus conventionnels est difficile à préciser, le mécanisme
par lequel, dans les exemples précités, les prévisions affectent les
réalisations paraît comporter plusieurs aspects inédits. On peut y
voir l'exemple d'une théorie qui, quoiqu'en un certain sens arbitraire,
crée les conditions de sa propre validation ; donc un exemple d'interac
tion entre les représentations et les faits qui semble particulièrement
digne d'intérêt.
Ce bref article a pour objet de poursuivre la réflexion entreprise
par Azariadis dans la direction qui vient d'être suggérée. Après avoir
montré quand et en quel sens la théorie selon laquelle prix et taches
solaires sont corrélés peut être validée par les faits, on se demandera
si deux « théories » différentes, toutes les deux initialement arbitraires,
peuvent coexister sans être remises en cause par les évolutions obser
vées. Bien que le modèle que nous utilisons ait des caractéristiques
qui le rendent particulièrement utile pour l'étude théorique des phé
nomènes monétaires (voir sur ce point Cass-Shell [1980]), c'est plus
une illustration ou une parabole que nous cherchons à développer
ici qu'une théorie d'une économie monétaire dynamique. L'article ne
présentera de ce fait pas d'interprétations économiques fouillées des
résultats. Il soulignera plutôt que l'apparition des phénomènes étudiés
n'est ni certaine ni impossible, mais que les cas où ils peuvent se
produire ne sont aucunement pathologiques en regard des hypothèses
de comportement traditionnellement retenues par la théorie écono
mique. Enfin, en utilisant des outils puissants qui ménagent de larges
possibilités d'extension, on mettra l'accent sur la généralité potentielle
de l'analyse plus que sur les simplifications qui peuvent soutenir l'intui
tion dans des cas particuliers.
L'article est organisé comme suit :
Dans une première partie, on exposera brièvement le modèle retenu.
Il s'agit d'une version très simple du modèle à générations autrefois
introduit par Samuelson [1958]. Les principales propriétés de ce mo-
2. Pour Azariadis [1981] comme pour les auteurs ici^ les taches solaires consti
tuent une métaphore . utile pour aborder les problèmes purement psychologiques de
la décision économique et tenter d'expliquer des phénomènes de paniques, appa
remment déconnectés de faits objectifs, dont l'histoire économique offre de specta
culaires exemples.
788 Costas Azariadis, Roger Guesnerie
dèle sont aujourd'hui bien comprises, en particulier depuis les travaux
de Balasko-Shell [1981]. Le rappel schématique auquel nous procé
derons aura pour seul objet d'aider le lecteur à se remémorer, ou
sinon à se familiariser avec, les caractéristiques de ce modèle qui sont
utiles à notre analyse.
Dans une seconde partie, on reprendra, en les approfondissant et
en les généralisant, les résultats d'Azariadis [1981] qui établissent la
permanence de la « théorie des prix corrélés aux taches solaires » .
Dans une troisième partie, on supposera que la société est divisée
en deux sous-populations. Les agents de la première catégorie croient
à une corrélation taches solaires/niveaux des pr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents