Quelle formation pour l aménagement des environnements africains ? - article ; n°73 ; vol.19, pg 61-91
32 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Quelle formation pour l'aménagement des environnements africains ? - article ; n°73 ; vol.19, pg 61-91

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
32 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1978 - Volume 19 - Numéro 73 - Pages 61-91
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Ben Mahdi Cisse
Jacques Bugnicourt
Quelle formation pour l'aménagement des environnements
africains ?
In: Tiers-Monde. 1978, tome 19 n°73. pp. 61-91.
Citer ce document / Cite this document :
Cisse Ben Mahdi, Bugnicourt Jacques. Quelle formation pour l'aménagement des environnements africains ?. In: Tiers-Monde.
1978, tome 19 n°73. pp. 61-91.
doi : 10.3406/tiers.1978.2780
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1978_num_19_73_2780QUELLE FORMATION
POUR L'AMÉNAGEMENT
DES ENVIRONNEMENTS AFRICAINS ?
par Ben Mahdi Cisse*
et Jacques Bugnicourt**
Des territoires à organiser, des campagnes et des villes à développer,
des environnements — appréhendés à différents niveaux — à comprendre
et à transformer : voici des tâches qui s'offrent aux peuples africains.
Mais comment vont-ils les réaliser ? A partir de quoi ? Avec quelles
connaissances ? Selon quelles perspectives ?
Au long des siècles, certes, les Africains ont apporté des réponses
diverses à ces problèmes. Ils ont appris de leur environnement et l'ont
aménagé. Jusqu'au moment où l'étranger l'a fait à leur place; il a tissé
entre les ports et les points de collectes le réseau des routes et voies fer
rées, organisé V aménagement du drainage et puisé inconsidérément dans les
environnements africains en fonction des besoins des pays dominants.
Aujourd'hui, l'indépendance politique acquise, de quel aménagement
l'Afrique a-t-elle besoin ? Et de quelle formation environnementale pour
le mener à bien ?
Une définition précise, valable à la fois pour la formation et l'éduca
tion environnementales, a été donnée par la 5 e session du Comité des
Nations Unies (Genève, 11-12 décembre 1975)1. Il s'agit d'une « édu
cation relative à l'environnement..., visant au premier chef à instruire
l'ensemble des citoyens en leur faisant prendre conscience du problème
de l'environnement dans la vie quotidienne et leur inculquant les connais
sances, les capacités et le sentiment de responsabilité indispensable pour
œuvrer à la solution de ces problèmes ».
* Secrétaire d'Etat à la Promotion humaine.
** Responsable de Penda.
1. Cette définition est reprise dans Connection, bulletin de l'éducation relative à l'enviro
nnement unesco-pnue (ire année, n° 2, avril 1976, p. 2 et 3).
Revue Tiers-Monde, t. XIX, n° 73, Janvier-Mars 78 6z BEN MAHDI CISSE ET JACQUES BUGNICOURT
Une formation pour l'environnement devrait synthétiser diverses
approches éducatives de l'organisation et de l'évolution des sociétés.
Ce serait donc une formation qui permettrait de connaître l'environne
ment d'un groupe humain, les règles de son fonctionnement, les raisons
et les conséquences de ses déséquilibres, le moyen de préserver ou de
retrouver ces équilibres, les relations réciproques de tous les secteurs
de l'environnement au groupe humain et la corrélation étroite qui lie
le culturel au politique, à l'économie, à l'écologie. Dans la situation propre
aux pays africains, encore faudrait-il que la formation pour l'environne
ment permette de saisir les mécanismes de reproduction, les normes
d'équilibre et les points de rupture, dans une perspective de développement qui
favorise une reproduction élargie du groupe humain, liée à une amélio
ration des conditions de renouvellement de l'environnement2.
Si vaste est son domaine que l'éducation environnementale peut
prendre des colorations fort différentes selon les buts qu'on s'assigne.
Or, le dessein, ici, est de s'attacher à dans
la perspective du développement national. Et la difficulté surgit aussitôt :
quel développement3 ?
Le développement environnemental ou écodéveloppement — auquel
on songe — s'oppose à la fois à une perspective purement conservatrice
de l'environnement qui ne s'intéresse en fait qu'aux bêtes sauvage et à la
flore, considérant les hommes comme gêneurs et trop nombreux (alors
que l'Afrique, prise dans son ensemble, est au contraire sous-peuplée),
et cette conception prend aussi le contre-pied de celle qui vise à une
croissance économique étroitement liée au marché mondial, c'est-à-dire
tournée vers l'extérieur. Ainsi, une formation pour l'environnement
devrait-elle éclairer, en même temps que les conditions et les moyens d'un
développement maîtrisé, les éléments d'une résistance aux dominations
externes : éléments culturels, sociaux, économiques et inévitablement
politiques.
Ce n'est là, toutefois, qu'une perspective parmi d'autres — basée sur
quoi ? Utilisant les systèmes scolaires existant ou exigeant autre chose ?
2. Cf. à ce propos réf. bs, bm et bl : rubrique « Indications bibliographiques » en fin
d'article.
3 . Il serait intéressant d'étudier comment on a tenté de traduire — de manière plus ou
moins heureuse — le terme « développement » dans les différentes langues africaines. Paul-
Marc Henry, dans un texte inédit, montre avec force comment... « pour le monde occidental,
culture, technologie et développement s'organisent et s'appuient réciproquement..., le déve
loppement... (prenant l'allure) d'une forme active et « aberrante » d'une culture conquérante...
(d')un mode de projection de cette culture... ». Comment dissocier dans les conceptions «t
le vocabulaire ce qui est répétition dictée par la domination culturelle et ce qui est volonté
de progrès sur la base des valeurs africaines ? FORMATION POUR L* AMÉNAGEMENT ? 63 QUELLE
I. — Sur quoi s'appuyer pour une formation
a l'aménagement environnemental ?
On ne peut envisager éducation et formation pour l'aménagement
environnemental sans évoquer d'abord les concepts de base sur lesquels
elles se fondent, les décisions auxquelles elles préparent ou qu'elles
accompagnent et les modèles qu'elles prennent comme référence.
/ / Une question préliminaire s'impose toutefois : discuter de cette
formation environnementale qu'on souhaite, est-ce poser des problèmes
purement techniques ? Est-ce essentiellement débattre des modalités
d'addition d'une matière supplémentaire dans les programmes ? Ou
même, ne s'agit-il que d'une simple modification des méthodes
pédagogiques ?
Pour certains, la dimension du problème se réduit en effet à cela. Mais
il semble bien que les choses ne soient pas aussi simples. La mise en garde
d'Edouard Lizop vient à point : « Au risque de scandaliser de bons esprits,
il faut dénoncer les dangers de l'illusion pédagogique, et tirer le signal
d'alarme. Que le tableau soit noir, vert, transparent, en bois, en feutre,
en verre, statique ou animé, silencieux ou sonore; que les méthodes soient
actives, analytiques ou globales, ce n'est pas cela qui évitera les consé
quences du divorce entre le système scolaire et les exigences d'une société
en développement. »
Par ailleurs, c'est un autre spécialiste de ces questions, M. Johnson
(réf. bl) qui, passant en revue l'ensemble des problèmes d'environne
ment en Afrique, va très au-delà des aspects techniques et pose comme
objectif « la suppression de toutes les causes de pauvreté, de famine et
d'exploitation ».
Divorce entre écoles conventionnelles et développement, élimination
de l'exploitation... : on est loin d'une simple inadéquation des moyens
à des objectifs jugés « neutres ».
2 j Cependant, la modification du milieu, ou si l'on préfère l'aména
gement du territoire, peut s'opérer de diverses façons et l'identité, le
profil et le poids des décideurs, en ce domaine, peuvent varier du tout
au tout.
Dans une première démarche, d'allure centralisée, l'évolution de
l'environnement africain devrait se faire, pense-t-on, en conformité avec
les desseins des scientifiques et des planificateurs et grâce à l'action
administrative. BEN MAHDI CISSE ET JACQUES BUGNICOURT 64
Une autre voie existe cependant, impliquant que les transformations,
cette fois, s'opèrent en fonction des souhaits des habitants et, essentie
llement par leur action, c'est-à-dire, pour reprendre la termi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents