Quelques aspects de la Côte d'Ivoire en 1919. - article ; n°50 ; vol.13, pg 239-274

André Picciola

Description

Cahiers d'études africaines - Année 1973 - Volume 13 - Numéro 50 - Pages 239-274
A. Picciola — Some Aspects of Ivory Coast in 1919.~~ A study of the effects of French war policy during W.W.I. The pacification stage was just neaving its end by I914 and a number of incidents occurred up to 1916. A decree of 1914 on war economy allowed the use of compulsory labour recruitment for private as well as public employers. The authoritarian policy of Governor Angoulvant, despite a number of failures, did resuit in a real development of the economy which benefited mainly but not solely the White settlers. By the end of the war there was a distinct feeling of resentment among the African populace.~~
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: CAHIERS_D-ETUDES_AFRICAINES
• Publié le: 01 janvier 1973
• Nombre de lectures: 9
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Monsieur André Picciola
Quelques aspects de la Côte d'Ivoire en 1919.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 13 N°50. 1973. pp. 239-274.
Abstract
A. Picciola — Some Aspects of Ivory Coast in 1919. A study of the effects of French war policy during W.W.I. The pacification
stage was just neaving its end by I914 and a number of incidents occurred up to 1916. A decree of 1914 on war economy
allowed the use of compulsory labour recruitment for private as well as public employers. The authoritarian policy of Governor
Angoulvant, despite a number of failures, did resuit in a real development of the economy which benefited mainly but not solely
the White settlers. By the end of the war there was a distinct feeling of resentment among the African populace.
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Picciola André. Quelques aspects de la Côte d'Ivoire en 1919. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 13 N°50. 1973. pp. 239-274.
doi : 10.3406/cea.1973.2711
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1973_num_13_50_2711ANDRE PICCIOLA
Quelques aspects de la Côte Ivoire en 1919
De 1914 1918 la France contrainte de consacrer la guerre toutes
ses ressources avait largement fait appel son domaine outre-mer Dès
le début des hostilités les milieux officiels mettaient nettement en lumière
la nécessité accroître les livraisons de denrées coloniales la France et
par voie de conséquence de développer la capacité de production des
pays exportateurs de ces denrées1 Il était laissé aux gouverneurs le soin
de choisir la voie la plus appropriée pour parvenir
Les territoires coloniaux de ce fait ont dû partiellement vivre sur
leurs produits propres autre part la durée des hostilités leur extension
accroissement de effort de guerre qui en résultait déterminèrent une
mise contribution des colonies toujours plus importante et plus variée
En nombre accru les hommes les matières premières alimentaires ou
stratégiques prirent le chemin de la métropole Il était inévitable dès
lors que les colonies ressentissent le contrecoup de la guerre mais un
contrecoup variable selon les pays qui formaient Empire et variable
aussi probablement les régions un même pays en fut-il pour
la Côte Ivoire
Le problème est double Il agit de déterminer abord ce pu être
évolution provoquée en Côte Ivoire par la guerre ou plus exactement
par ses effets économiques et démographiques. Problème relativement
simple on est en présence une nation territorialement et spiri
tuellement constituée mais ici sous ce nom de Côte Ivoire ce est pas
une nation qui apparaît mais une simple entité administrative dont les
limites tracées partir de la métropole et elles ont varié matérialisent
la compétence territoriale du gouverneur et rien autre Derrière la
réalité administrative une réalité humaine des régions dont le peuple
ment le mode de mise en valeur constituent originalité individualité
aussi elles sont mal reliées les unes aux autres en dépit de la circulation
des marchandises Faut-il ici tenir compte des différences de végétation
La forêt dense du Sud baignée de lagunes le savane-parc du Nord puis
le paysage de plus en plus découvert. Les distinctions sont valables en
Ainsi le ministre des Colonies Gaston Doumergue instituait-il par arrêté
en septembre 1914 une Commission Consultative Coloniale chargée notamment
inventorier dans les territoires coloniaux les ressources de toute nature pouvant
servir au ravitaillement de la métropole pendant toute la durée des hostilités
arrêté pris Bordeaux le 29 septembre 1914 cité dans 3]) ANDRE PICCIOLA 240
gros mais insuffisantes Sur des territoires grossièrement délimités vivent
des ethnies diverses qui ont souvent glissé hors de leur aire originelle au
hasard de migrations plus ou moins amples ces ethnies ne se sont point
mélangées hostilité est pas rare entre elles Les différences de dialectes
de genres de vie de traditions maintiennent des barrières Pas de
conscience nationale donc mais une conscience tribale et dans le meilleur
des cas cette solidarité imprécise qui lie des hommes partageant les
mêmes croyances vivant les mêmes traditions et reconnaissant vaguement
une même autorité Le poids de la guerre il est pas certain que ces
ethnies aient également éprouvé ni elles aient toutes réagi de la
même manière
Le second aspect de ce problème concerne les perspectives de déve
loppement qui offraient la colonie au lendemain de la guerre Il faut
ici tenir compte de trois données
évolution économique de la Côte Ivoire abord onne demande
pas une région de livrer ses produits la métropole en plus grande
quantité que par le passé sans que la croissance de la production et les
moyens mis en uvre pour parvenir impriment quelques traces dans
la vie de cette région On peut en dire autant des hommes prélevés pour
les besoins militaires ou mis au travail pour développer la production
il convient de interroger simultanément sur évolution économique et
sinon sur une évolution sociale en ce domaine les choses vont toujours
plus lentement) du moins sur les prémisses une telle évolution
Les réactions de la population les données humaines du problème
ensuite on en tienne compte ou on veuille les ignorer et est toute
la politique coloniale définie au lendemain de la guerre qui en est
affectée La difficulté réside ici dans importance il convient accorder
aux manifestations de la réaction populaire Quels indices retenir partir
desquels il est possible de distinguer une réaction valable profonde une
réaction épidermique et éphémère Sans doute faut-il avoir beaucoup
pratiqué ethnie au milieu de laquelle on travaille pour conclure coup
sûr mais on peut aussi se demander si une trop constante pratique et
dans ces conditions anormales que sont les conditions de la guerre ne
conduit pas une approche schématique de indigène une approche
constituée par trop priori
Le climat psychologique enfin où ont fini par se mouvoir ceux qui
ont eu pour tâche de faire accomplir la colonie effort demandé par la
métropole Non pas le gouverneur ou pas seulement le gouverneur) qui
impulse une politique et en contrôle application mais tous ceux
commandants de cercle ou chefs de poste davantage en contact avec
la population qui ont dû veiller ce que les décisions venues de Binger-
ville fussent correctement appliquées Ces administrateurs locaux
comment ont-ils renoncé aux habitudes prises pendant la guerre ils
ont renoncé quand il leur fallait pour cela consentir ce que leur auto
rité fût amoindrie était-il pas normal de désirer que uvre accomplie LA TE IVOIRE EN 1919 241
surtout elle avérait efficace continuât par les mêmes
moyens
Une question préalable se pose partir de quels éléments apprécier
évolution de la Côte Ivoire pendant la guerre
En 1914 la colonie de Côte Ivoire est une expérience neuve Il faudra
encore un an pour officiellement le pays soit considéré comme entière
ment pacifié Mais si les dernières opérations militaires se déroulent aux
confins du territoire sa frontière occidentale il semble bien ailleurs
est-à-dire dans la majeure partie de la colonie ce que on appelle pacifi
cation soit un fait acquis depuis au moins deux ans Avant en arriver là
la colonie connu au moins deux expériences politiques divergentes
La pénétration fran aise est abord lente et inégale Elle été mar
quée par des opérations militaires qui ravagent le Nord et achèvent avec
la capture de Samory Dès la fin du xixe siècle on ne trouve plus aucune
force politique cohérente qui soit en mesure de opposer avance
fran aise mais on en profite pas ou fort peu Le pouvoir administratif
établit sous la forme de postes surtout dans les régions côtières Tabou
Béréby San Pedro Sassandra Lahou Grand-Bassam intérieur les
installations sont plus clairsemées Zaranou et Bondoukou est Tiassalé
et Toumodi au centre au confluent du Zi et du Bandama Blanc
Bouaké fondée en 1899 au ur du pays Baoulé On tente au nord de
faire revivre Kong dévasté durant la campagne contre Samory Pour le
reste du pays on se contente de petites explorations qui aboutissent par
fois la fondation un poste Le commerce est plus prudent encore qui
reste accroché au sud Les missionnaires ont pas dépassé Korhogo et
encore le voyage entreprend en 1902 le Père Jean-Marie Bedel fait-il