Quelques facteurs affectant la mobilité sociale des femmes dans le monde rural soviétique - article ; n°3 ; vol.10, pg 165-184
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Quelques facteurs affectant la mobilité sociale des femmes dans le monde rural soviétique - article ; n°3 ; vol.10, pg 165-184

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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1979 - Volume 10 - Numéro 3 - Pages 165-184
Cette étude est fondée sur de nombreuses lectures dans les domaines de la sociologie, de l'ethnographie et de la santé publique. L'auteur remet en question sa conception première selon laquelle < le paysan est un homme en transition » et estime que cette proposition devrait se mettre au féminin. Les femmes rurales soviétiques n'ont pas accès à la formation technique malgré les souhaits des autorités. Diverses explications en sont données et l'auteur conclut que, pour réaliser au mieux leurs potentialités, les femmes du monde rural soviétique doivent partir vivre en ville. La situation n'a guère de chance d'évoluer tant que le rôle biologique des femmes n'aura pas changé.
Factors affecting Social Mobility for Women in the Soviet Countryside.
This study is based on a wide range of sociological, ethnographic, and public- health literature. The author re-examines her original position that the peasant is a man in transition, and concludes that the proposition should undergo a gender change. Soviet rural women are not being given access to technical training, in spite of official desire. Several reasons are given for this, and the author concludes that in order to achieve their maximum potential, rural women are having to leave for the cities. The situation is not likely to change unless the biological role of women is altered.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ethel Dunn
Quelques facteurs affectant la mobilité sociale des femmes dans
le monde rural soviétique
In: Revue d'études comparatives Est-Ouest. Volume 10, 1979, N°3. pp. 165-184.
Résumé
Cette étude est fondée sur de nombreuses lectures dans les domaines de la sociologie, de l'ethnographie et de la santé
publique. L'auteur remet en question sa conception première selon laquelle < le paysan est un homme en transition » et estime
que cette proposition devrait se mettre au féminin. Les femmes rurales soviétiques n'ont pas accès à la formation technique
malgré les souhaits des autorités. Diverses explications en sont données et l'auteur conclut que, pour réaliser au mieux leurs
potentialités, les femmes du monde rural soviétique doivent partir vivre en ville. La situation n'a guère de chance d'évoluer tant
que le rôle biologique des femmes n'aura pas changé.
Abstract
Factors affecting Social Mobility for Women in the Soviet Countryside.
This study is based on a wide range of sociological, ethnographic, and public- health literature. The author re-examines her
original position that "the peasant is a man in transition", and concludes that the proposition should undergo a gender change.
Soviet rural women are not being given access to technical training, in spite of official desire. Several reasons are given for this,
and the author concludes that in order to achieve their maximum potential, rural women are having to leave for the cities. The
situation is not likely to change unless the biological role of women is altered.
Citer ce document / Cite this document :
Dunn Ethel. Quelques facteurs affectant la mobilité sociale des femmes dans le monde rural soviétique. In: Revue d'études
comparatives Est-Ouest. Volume 10, 1979, N°3. pp. 165-184.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1979_num_10_3_2226Quelques facteurs affectant
la mobilité sociale des femmes
dans le monde rural soviétique
Ethel DUNN*
En 1976, les femmes constituaient 54 % de l'ensemble de la population
soviétique et 40 % d'entre elles vivaient dans des régions rurales1. Depuis
la Révolution, des nombres croissants de femmes ont migré vers les villes,
sous l'impact de deux guerres mondiales, de la révolution, de la collec
tivisation et de la modification de leur vision personnelle de la vie
telle qu'elle doit être. Les sources soviétiques soulignent avec unanimité
les effets bénéfiques de la Révolution et de la politique soviétique sur
le statut de la femme mais il est difficile de trouver une information
cohérente sur le statut de la femme dans le monde rural. Dans cet
article, j'essaierai de démontrer l'hypothèse que la politique du gouver
nement soviétique n'a pas réussi à assurer l'égalité aux femmes rurales
et que, pour accéder même à l'égalité proclamée par l'idéologie soviétique
(l'égalité des chances étant la caractéristique majeure de cette idéologie),
les femmes ont dû carrément quitter les régions rurales. La plupart de
mes données concernent la population de la Russie d'Europe — Russes,
Biélorusses, Ukrainiens et ressortissants des républiques baltes. J'ai utilisé
certaines données relatives à l'Asie centrale et aux régions non euro
péennes pour mettre en lumière le succès, selon moi supérieur, de la
politique soviétique dans ces régions comparativement à la Russie
d'Europe. Les femmes non-européennes, du moins, restent à la ferme
et reçoivent une certaine formation technique.
Dans The Peasants of Central Russia, Stephen P. Dunn et moi
écrivions : « ...le paysan est un homme en transition... Il est influencé
par la culture extérieure dont les éléments lui parviennent à travers
(♦) Executive Secretary, Highgate Road Social Science Research Station, Berkeley,
California, USA.
(1) Vestnik Statistiki, 1977, n° 1, p. 83.
165 Ethel Dunn
un écran composé de facteurs géographiques, économiques et sociaux
(de classe). Cet écran filtre complètement certains éléments... et en laisse
passer d'autres dans des délais plus ou moins longs et des formes plus
ou moins simplifiées... >1. Dans notre conclusion, nous ajoutions :
« ...et les termes dans lesquels cette transition se produit sont déterminés
non seulement par le point de départ (du paysan) — la culture tra
ditionnelle — mais aussi par l'attitude de l'État à son égard »2. La
méfiance du régime soviétique envers les paysans était fondée sur l'idéo
logie qui affirmait la primauté du prolétariat et la nature de classe
du nouvel Etat. Malgré 60 ans d'union de la paysannerie et du prolét
ariat, M.T. Iovcuk, recteur de l'Académie des sciences sociales auprès
du Comité central du parti communiste de l'Union Soviétique, membre
correspondant de l'Académie des Sciences de l'U.R.S.S. et
du Comité central du parti, évoque « le développement irrégulier de
la conscience et du niveau culturel des diverses couches de la population
rurale... principalement sur le plan de la psychologie... La cause éco
nomique sous-jacente à cette survivance de la psychologie individuelle
est le fait qu'une partie de la population rurale s'occupe d'économie
subsidiaire, ce qui n'est pas sans conséquences sérieuses (parmi lesquell
es), l'âpreté au gain, une orientation vers le marché, etc., où sont impli
quées parfois une partie de l'intelligentsia rurale et les familles des
activistes »3.
Les rurales et l'appartenance au parti
II semble que Stephen Dunn et moi nous nous soyons trompés de
sexe — c'est la femme qui est restée le paysan en transition malgré
les énormes efforts entrepris pour la changer. Les personnes susceptibles
de diriger se sont constamment vu ouvrir un accès à l'éducation de
manière à les amener à soutenir le système soviétique. Offrir aux femmes
cette possibilité a constitué une puissante motivation au changement.
Bien que la nature de classe du parti soit continuellement réaffirmée,
Breznev lui-même a déclaré que compléter les rangs du parti avec
des kolkhoziens « répond aux intérêts d'un renforcement ultérieur de
l'union de la classe ouvrière et de la paysannerie »4. Selon P.I. Simus, au
(1) Stephen P. Dunn and Ethel Dunn, The Peasants of Central Russia, New York,
1967, p. 2 ; cité à nouveau, pp. 130-131.
(2) Ibid., p. 131.
(3) M.T. IovCuk, Problemy agrarnoj politiki KPSS na sovremennom étape (Les pro
blèmes de la politique agraire du parti communiste de l'Union Soviétique à l'époque
actuelle), Moscou, 1975, vol. 2, p. 229.
(4) Cité dans Agrarnaja politika KPSS v uslovijakh razvitogo socializma (La politique
agraire du PCUS dans les conditions du socialisme avancé), Moscou, 1976, p. 285.
Entre les XXIVe et XXVe congrès du parti, plus de 11 % des nouveaux membres ont
été des kolkhoziens. P.I. SimuS, Socjalnyj portret sovetskogo krest* janstva (Le portrait
social de la paysannerie soviétique), Moscou, 1976, p. 43 note qu'au XXVe congrès,
166 La mobilité sociale des femmes du monde rural soviétique
début de 1976, environ 2170 000 kolkhoziens étaient membres ou
candidats du parti. Une part importante d'entre eux (34 % en 1972)
appartenaient à une nouvelle couche sociale de la population rurale
— les opérateurs de machines de divers types — et 17,2 % étaient
des agronomes, des zootechniciens, des ingénieurs, des techniciens et
d'autres spécialistes1.
On ne sait pas exactement dans quelle mesure les femmes rurales
ont été inclues dans ce processus. Des chercheurs occidentaux, comme
Lapidus, Moses et Hough, montrent que les carrières des membres
féminins du parti diffèrent grandement de celles des hommes. Selon
Lapidus : « La plupart des femmes travaillaient dans la santé, l'éducation
et la sécurité sociale, contrôlaient les institutions scolaires et les activités
culturelles ou étaient employées dans le secteur de la propagande et
de l'agitation »2. Moses relève la présence d'une femme d'origine rurale,
M.T. Poberej, au Comité central (fédéral) en 1971 et affirme qu'il s'agit
d'une décision politique délibérée d'inclure des femmes ou des spécial
istes agricoles au sein du Comité central. Dans une note, il se déclare
d'accord avec

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