Quelques notes sur la société du do chez les populations Bʷa du cercle de San - article ; n°1 ; vol.27, pg 81-129
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1957 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 81-129
49 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Jean Capron
Quelques notes sur la société du do chez les populations Ba du
cercle de San
In: Journal de la Société des Africanistes. 1957, tome 27 fascicule 1. pp. 81-129.
Citer ce document / Cite this document :
Capron Jean. Quelques notes sur la société du do chez les populations Ba du cercle de San. In: Journal de la Société des
Africanistes. 1957, tome 27 fascicule 1. pp. 81-129.
doi : 10.3406/jafr.1957.1882
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1957_num_27_1_1882NOTES SUR LA SOCIÉTÉ DU do QUELQUES
CHEZ LES POPULATIONS B™A DU CERCLE DE SAN
PAR
J. Capron
L'appartenance à la communauté Bwa x donne accès, par l'édu
cation diffuse et surtout par l'initiation, à différents ordres de connais
sance, qui ne sont appréhendés — par les- intéressés eux-mêmes —
que successivement et fort lentement : l'ethnologue ne peut espérer
atteindre au niveau de la connaissance essentielle 2 que par une
longue patience et un lent travail d'approche : dans cette entreprise,
il est utile de posséder quelques points de repère, quelques références
1. Le groupe Bwa appartient à la fraction la plus septentrionale des populations connues sous
le nom de Bobo. Les Hobo occupent les deux rives du cour» moyen de la Volta Noire. 11ч sout
répandus depuis Djeimé (nu Nord) jusqu'à Bobo-Dioulasso (au Sud) ; lu limito Nord-Ousst de
leur peuplement est constituée par le cours supérieur du Hani, cependant qu'au Sud-Est les villugps
les plus excentriques sont situés uu Nord de la frontière de l'Etat de Ghana, sur la rive gauche
de la Volta (cf. carte jointe).
11 est impossible d'aborder ici les problèmes relatifs à la nomenclature des sous-groupes Bobo.
Notons seulement que les B"a (nom autochtone) ont conscience d'appartenir à un groupe plus
vaste : celui des Bobo (le nom Bobo fut donné par les Dioula, envahisseurs d'origine mandingue,
aux habitants de la région de Bobo-Dioulasso ; par la suite, les Dioula appliquèrent ce vocable
à tous les autochtones de la région délimitée plus haut, se contentant de différencier chaque sous-
groupe en accolant au mot Bobo, un qualificatif classificatoire : Bobo-Oulé : « Bobo-rouges »,
Bobo-Fing = « Bobo-noirs », Bobo-Diè = « Bobo blancs •). Actuellement, les B"a incluent dans
le terme générique Bobo : les ňina (ou Bobo-Fing des Dioula), les duepara (ou Bobo-Oulé des
Dioula) et eux-mêmes. De leur côté, les Dioula et les Marka nomment les B"a : ; ce
nom a été repris par l'administration française et il est, aujourd'hui, couramment admii par les
B"a.
Il est possible que le nom B"a (sing. Bô) ait été porté autrefois par toutes les populations recon
naissant aujourd'hui le générique Bobo. Il est, d'autre part, acquis que certaines populations
Bobo-Oulé de Haute- Volta se désignent entre elles, aujourd'hui encore, par le nom B"a. Le vocable
U"a n'étant pas restrictif, nous pensons qu'il est nécessaire d'avertir nos lecteurs que, lorsque
nous parlerons de B"a, il s'agira exclusivement de ceux habitant le cercle de San ou les territoires
proches.
Les enquêtes sur le terrain ont été réalisées de novembre 1933 à octobre 1D36 par J. Capron
et Ch. de Tanneur.
2. Л propos des différents ordres de connaissance dans les religions soudanaise?, voir
Mme 11. Dieterlen : « Essai sur la religion Bambara », p. XVI et XVIII. 82 SOCIETE DES AFRICANISTES
qui évitent de donner trop d'importance à un relevé souvent lénifiant
de «vérités » provisoires- et encombrantes. Cet article ne prétend à-
rien d'autre qu'à poser quelques jalons : il ne se veut pas l'exposé
d'une religion, mais simplement un instrument de travail.
• Sak o a.
Ke-f
Ecbe-lle. I/^OOO'OOO NOTES SUR LA SOCIÉTÉ DU do CHEZ LES POPULATIONS DE SAN 83
Aperçu sur les différentes structures de la religion Bwa.
1. A un premier niveau de connaissance et de pratique religieuses \
le Bwa dispose pour s'assurer des biens essentiels à son existence —
plusieurs épouses, de bonnes récoltes, de nombreux enfants — d'un
nombre impressionnant d'autels, la plupart consacrés à des divinités
secondaires de la brousse et du village. La recette de fabrication
et l'usage de chacun de ces autels ont été révélés à un privilégié,
soit en rêve, soit au cours d'une apparition de brousse, par l'une
des nombreuses divinités (dwadwavi, zine, sitani, пакша, dibi;..) habi
tant les arbres et les lieux sacrés et se mêlant volontiers à l'existence
journalière des humains. Il n'existe aucune ordonnance, aucune
hiérarchisation de ces autels polyvalents, apparaissent et dispa
raissent au gré des réussites qui leur sont attribuées. Objet d'un
commerce actif, ils varient à l'infini de village à village 2. A ce niveau,
la religion est essentiellement individuelle — plus rarement familiale.
Le tempérament et la personnalité de chacun jouent un rôle dans le
choix des autels, dans la définition de l'espace et des valeurs sacrés
dont ils sont entourés.
2. A un second niveau, la religion Bwa se collectivise et s'extério
rise en rites auxquels participent tous les habitants du village. Les
forces auxquelles est rendu un culte officiel sont celles - là même
qui modèlent toute la vie matérielle et collective de la communauté.
— La terre : tûbwenu (tu — terre non sacralisée, bwznu de bznu —
grand). La « Grande Terre » ne possède aucun autel : les offrandes
(sxaka) qui lui sont faites sont déposées aux croisements des chemins
et sur les termitières.
— L'eau : ňu présente dans la mare sacrée (vu) parfois située à
des dizaines de kilomètres du village, et dans le puits (masd) autour
duquel s'ordonne toutes les cérémonies de fondation d'un village.
Très souvent, les eaux du puits et de la mare sont censées commun
iquer entre elles.
— Le feu et l'air, symbolisés par la forge tuo), plantée près du
puits et dont le forgeron est le prêtre.
— Le village, figuré par plusieurs autels : le sope, cône de terre
surmonté d'une petite houe (tunezo) et du bâton à «touiller» le
gâteau de mil fviniwe), représentations concrètes du travail, des
hommes (culture) et des femmes (préparation des repas).
1. L'une ne va pas sans l'autre.
2. Pour le seul village de Tominian — 340 habitants — ■ nous n'en avons relevé pas moins d'une
trentaine. 84 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
le masâdeanu pro
priété de la famille du chef de village et dont les cérémonies
nocturnes s'accompagnent de sorties de masques.
— La communauté elle-même, en tant qu'elle réunit les vivants
et les morts : chaque village — comme chaque famille — possède
ses naso (vieux morts) et ses nawuya ou nawera (habitants du village
morts très jeunes). Les manifestations du culte des ancêtres sont
journalières en pays Bwa.
— Les générations futures présentes dans la vie du groupe par
l'autel de pierre situé dans le bois sacré (bànu, lobwale) d'où naissent
tous les enfants du village.
A ce niveau — avons-nous dit — la religion devient collective.
Parallèlement se produit une spécialisation dans les fonctions rel
igieuses, spécialisation où apparaît la confusion des pouvoirs politique
et religieux. De même que l'individu — dans tout ce qui touche à
son existence journalière — doit en référer au chef de famille, de-
même lui faut-il s'adresser à lui et obtenir .son concours lorsqu'il
désire — par un sacrifice '■ — établir une relation d'échange entre
lui-même et les "puissances" objet d'un culte officiel. Citons encore,
sur le plan de la hiérarchisation des attributions religieuses, la1 place
prépondérante du chef de village (lob г) à qui tous les autels appar
tiennent et dont il est — pour nombre d'entre eux — le prêtre off
iciant, les prérogatives des vieillards gardiens de la tradition, et des
forgerons à qui debwznu (Dieu) a « donné ;> plus qu'il n'a donné aux
autres Bwa...
3. Au niveau le plus élevé de la religion se place l'eiTort fait par
la pensée Bwa pour ordonner le monde et le dominer, pour établir
une cosmogonie cohérente et l'exprimer dans les grands moments
de la vie des individus et d

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