Quelques observations sur la réglementation des prix en économie sous-développée - article ; n°117 ; vol.30, pg 215-225
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Description

Tiers-Monde - Année 1989 - Volume 30 - Numéro 117 - Pages 215-225
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Jean-Paul Courthéoux
Guy Tchibozo
Quelques observations sur la réglementation des prix en
économie sous-développée
In: Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°117. pp. 215-225.
Citer ce document / Cite this document :
Courthéoux Jean-Paul, Tchibozo Guy. Quelques observations sur la réglementation des prix en économie sous-développée. In:
Tiers-Monde. 1989, tome 30 n°117. pp. 215-225.
doi : 10.3406/tiers.1989.3830
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1989_num_30_117_3830QUELQUES OBSERVATIONS
SUR LA RÉGLEMENTATION DES PRIX
EN ÉCONOMIE SOUS-DÉVELOPPÉE
par Jean-Paul Courthéoux* et Guy Tchibozo**
De 1945 à 1986 l'économie française s'est caractérisée par une intervention
très « rationalisée » de l'Etat en matière de fixation des prix. Allant de la régl
ementation pure et simple avec les régimes de taxation, cadre de prix, marges
limites, liberté contrôlée, liberté surveillée, etc., jusqu'aux arrangements convent
ionnels avec les contrats de programme, contrats de stabilité, engagements de
lutte contre l'inflation, accords de régulation, etc., cette intervention, initialement
justifiée par la pénurie des années d'après-guerre, s'est longtemps maintenue
comme un moyen, plus ou moins efficace, de réguler la lutte sociale pour le
partage des gains de croissance. Elle n'a été supprimée que lorsqu'un degré
suffisant d'abondance et de concurrence pouvait garantir que la liberté retrouvée
ne donnerait pas lieu à des hausses abusives. L'expérience a confirmé, en effet,
qu'à l'exception de certaines activités de services cette libération s'est produite sans
hausses excessives.
Cependant, divers pays en voie de développement, ne bénéficiant pas des
mêmes conditions, ont maintenu, à tort ou à raison, des régimes de réglementation,
parfois hérités ou inspirés de l'ancienne métropole. Ce faisant, ils s'efforcent de
garantir aux consommateurs un niveau de prix suffisamment bas (en ce qui
concerne les denrées de subsistance) ou, au contraire, de permettre aux product
eurs nationaux un niveau de prix suffisamment protégé et rémunérateur (en ce
qui concerne certains produits industriels). Aussi, dans ces pays, la réglementation
ne fait point figure de débat historique ou théorique. Elle est une donnée fonda
mentale de l'équilibre économique et social, des changements trop brusques en
la matière ayant entraîné, comme au Maroc et en Tunisie, de dangereux désé
quilibres, aussi bien en ce qui concerne la paix sociale que la situation économique.
Pourtant la science économique officielle, souvent frileuse devant les réalités
immédiates, ne s'est guère attachée à la réglementation des prix dans les pvd, de
* CNRS (cresst) et Université de Paris II (cedimes).
** Université de Paris II (cedimes).
Revue Tiers Monde, t. XXX, n» 117, Janvier-Mars 1989 216 JEAN-PAUL COURTHÉOUX ET GUY TCfflBOZO
même qu'à quelques exceptions près elle dédaignait ce problème, en France, tant
que la réglementation y avait effectivement cours. Aussi peut-on considérer ce
sujet avec attention, comme un domaine de recherche restant encore à explorer
pour l'essentiel. A cet égard, le présent texte s'attache, tout d'abord, à quelques
observations générales (par J.-P. Courthéoux) sur la réglementation des prix en
économie sous-développée, puis à diverses analyses appliquées (par G. Tchibozo),
relatives essentiellement à l'expérience de l'Inde et du Bénin.
I. — Observations générales : réglementation des prix,
NIVEAU DE DÉVELOPPEMENT ET SITUATIONS DE RARETÉ
La réglementation des prix dans les pays en voie de développement suscite au
moins deux types d'interrogations. Une interrogation globale tout d'abord, dans
la mesure où l'on peut se demander s'il n'existe pas une certaine relation entre le
niveau de développement et le principe même de réglementation des prix. Une
interrogation spécifique ensuite, dans la mesure où l'état de pays en voie de déve
loppement impliquerait que toute réglementation des prix y présente des aspects
originaux, différents de ceux qui ont caractérisé par exemple l'économie française
jusqu'en 1986.
A. Réglementation des prix et niveau de développement
Sur le premier point, l'expérience française permettrait de penser qu'effect
ivement la réglementation des prix tend à apparaître dans des périodes de ration
nement. Entre le rationnement des années de guerre et d'après-guerre en France et
la rareté de nombreuses denrées dans les pvd il existe incontestablement des ana
logies, même si l'origine de la pénurie est généralement distincte, tenant ici aux
conséquences d'un conflit majeur, tenant là aux multiples causes naturelles, démog
raphiques, sociologiques, institutionnelles du sous-développement (encore que
certains pvd soient eux aussi affectés à leur tour par des guerres extérieures ou
civiles). A cet égard, les Français qui ont connu les « restrictions » des années 40
et ont vécu récemment dans certains pays du Tiers Monde ne manquent pas d'être
frappés par la ressemblance des situations, en ce qui concerne les aléas et difficultés
rencontrés pour l'approvisionnement en certains produits alimentaires et manuf
acturés. On peut donc penser que les mêmes problèmes tendent à entraîner
les mêmes solutions, encore bien sûr qu'il faille se garder de toute généralisation
imprudente dans le temps et dans l'espace.
S'il y avait en effet une relation stricte entre niveau de développement et régl
ementation des prix on expliquerait mal, dans l'espace, la diversité des régimes de
prix dans des pays d'économie comparable; on comprendrait mal aussi pourquoi,
dans le temps, la France a attendu 1987 pour renoncer à toute réglementation
d'ensemble. A la limite même c'est plutôt la nécessité de surmonter certaines
difficultés en « libérant l'économie » que les bienfaits des « trentes glorieuses » LA RÉGLEMENTATION DES PRIX EN ÉCONOMIE SOUS-DÉVELOPPÉE 217
qui explique la déréglementation... En fait l'existence d'une réglementation des
prix tient non seulement à des causes économiques mais aussi à des facteurs plus
généraux, à des « choix de société ».
B. Réglementation des prix et rareté des ressources
Sur la deuxième interrogation, les travaux relatifs au Bénin, ou encore à l'Inde,
apportent d'intéressants éléments de réponse. Ainsi l'expérience de réglementation
des prix au Bénin révèle un certain nombre d'aspects originaux spécifiques dont
le plus important est vraisemblablement la notion de « prix de revient licite » ou
encore légitime.
Plus précisément, la réglementation béninoise ne se limite pas à veiller à ce que
les négociants et grossistes en produits industriels ne fassent pas de profits abusifs.
Elle s'efforce aussi à les inciter à une gestion économe et efficace, en excluant
certains frais de la base sur laquelle est calculée leur marge réglementaire. Ces
frais ne sont pas en effet inéluctables. Tel est par exemple le cas des frais de trans
port aérien pour des produits qui auraient pu fort bien être importés par voie
maritime; tel est le cas encore des frais de « stationnement » pour des marchand
ises qui n'ont pas été retirées des entrepôts en temps voulu, des frais consécutifs
à l'introduction d'échelons supplémentaires dans la distribution ou encore des
frais d'assurance contre certains risques que les chefs d'entreprise se sont refusés
à assumer eux-mêmes.
Même si elle peut évidemment se justifier et apparaître dans des pays plus ou
moins développés, une réglementation de cette nature s'explique plus spécialement
dans un contexte de « sous-développement ». Face aux raretés qui le caractér
isent, la nécessité de ne pas gaspiller s"1 impose avec plus de force encore. Ce qui
pourrait être supporté à la rigueur comme un « luxe » de dépenses par des pays
riches doit être aussitô

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