Quelques observations sur les blocages de la croissance dans l agriculture sénégalaise - article ; n°30 ; vol.8, pg 455-468
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Quelques observations sur les blocages de la croissance dans l'agriculture sénégalaise - article ; n°30 ; vol.8, pg 455-468

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Description

Tiers-Monde - Année 1967 - Volume 8 - Numéro 30 - Pages 455-468
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 25
Langue Français

Extrait

Jacques Brochier
Quelques observations sur les blocages de la croissance dans
l'agriculture sénégalaise
In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°30. pp. 455-468.
Citer ce document / Cite this document :
Brochier Jacques. Quelques observations sur les blocages de la croissance dans l'agriculture sénégalaise. In: Tiers-Monde.
1967, tome 8 n°30. pp. 455-468.
doi : 10.3406/tiers.1967.2363
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1967_num_8_30_2363QUELQUES OBSERVATIONS
SUR LES BLOCAGES
DE LA CROISSANCE
DANS L'AGRICULTURE
SÉNÉGALAISE
par Jacques Brochier*
Bien que d'importants progrès aient été réalisés au cours de ces
dernières années dans l'analyse de la croissance, les pays du Tiers Monde
n'ont pas réussi jusqu'ici à lutter efficacement contre le sous-dévelop
pement de leurs économies. — En réalité, les divergences théoriques
entre économistes sont encore nombreuses et se traduisent par des
positions pratiques souvent contradictoires et donc peu favorables à
l'élaboration de politiques économiques nettement définies.
L'exemple du Sénégal est, à cet égard, significatif. En effet, le gouverne
ment de cet État, dès l'indépendance politique, a exprimé le désir de jeter
les bases d'une économie libre et progressive, mais il s'est trouvé, pour le
choix des moyens, en présence d'un ensemble hétérogène de conseillers
économiques dont les propositions ont été rarement concordantes.
De façon schématique l'on peut dire que certains, plus classiques,
ont insisté sur la nécessité d'accroître, de quelque manière que ce soit,
les investissements productifs alors que d'autres ont posé, comme
condition du développement, la transformation des structures mentales
et sociales et la modification des institutions.
Les décisions qui ont été prises reflètent cette opposition entre les
partisans d'une politique libérale de croissance et les défenseurs d'une
politique planifiée de développement et de progrès (i). Les projets du
premier et du second plan sénégalais sont souvent des compromis entre
* Chargé de recherches à l'I.S.E.A., Dakar.
(i) Sur la signification de ces termes, cf. F. Perroux, U économie du XXe stick, Presses
Universitaires de France, 1961, p. 195 et suiv.
45 5 JACQUES BROCHIER
des thèses opposées, ce qui rend difficile leur application. Rappelons,
par exemple, qu'au moment où il nationalisait les circuits de commerci
alisation agricole, le gouvernement confiait la totalité des investiss
ements industriels au secteur privé compromettant de ce fait, la réussite
de ces deux opérations.
Ces contradictions expliquent, dans une large mesure, la relative
stagnation de l'économie sénégalaise; quelques chiffres suffisent à le
montrer : si nous nous reportons au plan original le taux de croissance
annuel devait être de 8 % et la part de l'industrie dans le P.I.B. devait
s'élever à 18 %, s'accompagnant d'une légère diminution de la part de
l'agriculture. Or, l'objectif initial d'une croissance globale de 48 %
entre 1954 et 1964 fut ramenée à 30 % pour 1965 et finalement l'augment
ation de la production intérieure brute fut de l'ordre de 3,2 % par an
ce qui devait laisser une augmentation du produit par tête inférieure à 1 %.
En outre, alors que le plan prévoyait une augmentation de 8 1 % entre 1959
et 1964 pour la production du secteur industriel, elle s'est établie seul
ement à 26 % de telle sorte que l'évolution structurelle prévue ne s'est
pas réalisée.
Certes, nous devons nous garder d'expliquer trop simplement les
difficultés actuelles du Sénégal car, même dans les pays où les options
de départ ont été plus claires, le développement économique ne s'est
pas produit : choisir une stratégie globale de développement juste n'est
qu'un préalable nécessaire mais insuffisant. Il faut ensuite trouver, à tra
vers les réussites et les échecs, les modalités les plus efficaces du déve
loppement.
Tel n'est pas cependant notre propos. Ce que nous voudrions sim
plement essayer de montrer, c'est qu'au niveau de l'orientation générale
des politiques de développement, les hésitations sont de moins en moins
justifiées. L'expérience prouve en effet qu'il ne sert à rien d'avoir un
surplus mobilisable et des possibilités d'investissement si, simultanément
ou préalablement, les rapports sociaux n'ont pas été aménagés, les
institutions réformées, les producteurs et les cadres formés à accueillir
les innovations et à avoir un comportement économique efficace.
L'observation des premières années de planification en Afrique noire
fournit de nombreuses illustrations concrètes de cette affirmation. Nous
ne présenterons, néanmoins, que des exemples pris dans le milieu rural,
car ce secteur possède, par rapport à l'objectif de cet article, deux
caractéristiques importantes :
456 DE LA CROISSANCE DANS L'AGRICULTURE SÉNÉGALAISE BLOCAGES
D'une part, il est composé d'agriculteurs et d'éleveurs qui, sous
l'angle de la production au moins, ont encore des comportements
« traditionnels » (i).
D'autre part, constituant l'essentiel de l'activité économique actuelle
du pays, il est amené à jouer un rôle fondamental non seulement dans
l'immédiat, mais encore dans la politique d'industrialisation à mettre en
œuvre. Il jouera ce rôle en permettant d'améliorer la nourriture des
populations et de dégager un surplus destiné à un financement indé
pendant du développement économique (les pays d'Afrique de l'Ouest
connaissant un déficit chronique à l'égard de l'extérieur, il importe que
ce surplus puisse être le plus possible exporté pour permettre les rentrées
de devises indispensables à l'achat de biens d'équipement).
Ce surplus ne pouvant être assuré que par une amélioration de la
productivité des exploitations, on s'aperçoit que l'étude des problèmes
de modernisation agricole est un moyen privilégié pour réfléchir sur
les obstacles à la croissance des pays sous-développés. Or, si l'on analyse
le cas du Sénégal et plus particulièrement de la zone « arachidière »,
dans le cadre du Ier Plan, on aboutit aux deux conclusions suivantes :
— les investissements ont été importants comparés au niveau des
revenus monétaires;
— l'efficacité des investissements réalisés a été très faible en raison des
mauvaises conditions de diffusion du progrès technique.
I. — L'importance relative des investissements
Si l'on veut avoir une juste idée de l'effort d'investissement fourni
par les paysans au cours du Ier Plan, il convient de connaître approxima
tivement le niveau des revenus ruraux.
a) Les revenus ruraux au Sénégal
La complexité de l'organisation interne des exploitations agricoles
traditionnelles rend difficile l'évaluation de leurs revenus. D'une part
chaque carré est formé de plusieurs unités budgétaires mal définies,
d'autre part l'autoconsommation, qui représente une part appréciable
du revenu familial, est difficile à estimer.
Par contre le calcul du revenu monétaire est relativement simple à
(i) Cf. Meillassoux, Essai d'interprétation des phénomènes économiques, dans les
sociétés traditionnelles d'autosubsistance, Cahiers ď étude s africaines, n° 4, déc. i960 et Fr. Per-
roux, U économie des jeunes nations, p. 194 et suiv.
457 JACQUES BROCHIER
réaliser dans la zone centrale du Sénégal où la production arachidière
est la seule production commercialisée.
Pour l'ensemble du Sénégal, les estimations faites pour l'élaboration
du IIe Plan sont les suivantes (i) :
Tableau i
Sénégal Siné Casamance Diourbel Régions Fleuve Thiès oriental Saloum
Illustration non autorisée à la diffusion
Revenu brut par habitant
rural et par an en francs
18 400 16 400 18 400 C.F.A.-1963 15 200 15 000 19 100
Ces résultats sont légèrement supérieurs à ceux qui ont été obtenus
au cours d

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