Quelques remarques sur le contexte mondial de la dette des pays en développement et la nature du capital prêté - article ; n°99 ; vol.25, pg 517-532
17 pages
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Quelques remarques sur le contexte mondial de la dette des pays en développement et la nature du capital prêté - article ; n°99 ; vol.25, pg 517-532

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Tiers-Monde - Année 1984 - Volume 25 - Numéro 99 - Pages 517-532
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

François Chesnais
Quelques remarques sur le contexte mondial de la dette des
pays en développement et la nature du capital prêté
In: Tiers-Monde. 1984, tome 25 n°99. La dette du Tiers Monde (sous la direction de Jean Masini). pp. 517-532.
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Chesnais François. Quelques remarques sur le contexte mondial de la dette des pays en développement et la nature du capital
prêté. In: Tiers-Monde. 1984, tome 25 n°99. La dette du Tiers Monde (sous la direction de Jean Masini). pp. 517-532.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1984_num_25_99_3412QUELQUES REMARQUES
SUR LE CONTEXTE MONDIAL DE LA DETTE
DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT
ET LA NATURE DU CAPITAL PRÊTÉ
par François Chesnais*
Les projecteurs sont braqués aujourd'hui quasiment en permanence
sur la dette extérieure des pays en développement, au premier chef les
trois plus gros « débiteurs » de l'Amérique latine (Brésil, Argentine,
Mexique), dont le comportement « irresponsable » — qui se serait
manifesté hier dans le niveau des dettes contractées, aujourd'hui dans
les lenteurs et réticences à payer — ferait peser une lourde menace sur
l'équilibre du système bancaire international et hypothéquerait ainsi la
reprise économique mondiale.
Cette explication largement répandue a pour résultat, sinon pour but :
— de détourner l'attention par rapport à l'existence d'une autre dette,
à savoir la dette de l'Etat fédéral américain et au-delà de ceUe-ci la
dette cumulée publique et privée américaine, qui se situe pourtant
au cœur de l'économie d'endettement internationale (international
debt economy), dont la dette des pays en développement n'est en fait
qu'une des manifestations;
— d'occulter le rôle extrêmement important joué par le niveau des
taux d'intérêts américains et du dollar surévalué (eux aussi consé
quence directe des déficits budgétaires gigantesques des Etats-Unis)
dans l'aggravation brutale de la dette des pays en développement; et
— enfin, d'abstraire la question de la dette de la situation générale de
crise de l'économie mondiale (à laquelle la fragile reprise conjonct
urelle des Etats-Unis et d'un petit nombre d'autres pays indust
rialisés ne changent rien quant au fond).
* Université de Paris X. 5x8 FRANÇOIS CHESNAIS
Cette façon de procéder n'est pas innocente, bien entendu. Il n'y a
pas d'autre manière de « justifier » les politiques d'austérité que le fmi
a imposées jusqu'à présent à tous les pays débiteurs, ni plus généralement
de défendre la validation sociale de la monnaie de crédit, aujourd'hui
menacée à la fois par le niveau qu'elle atteint, son rôle dans la crise et son
caractère d'obstacle à toute reprise durable même dans un cadre capitaliste.
Les effets de la crise et des politiques dictées par le fmi sur l'éc
onomie et sur la situation des masses laborieuses dans les grands pays
débiteurs sont traités dans d'autres contributions. Ici, on se limitera à
présenter les éléments indispensables qui permettent de situer la dette
dans son contexte, à rappeler quelques caractéristiques élémentaires
quant à la nature du capital argent de prêt et de ses opérations et à
définir l'ampleur du problème posé aux défenseurs du système capi
taliste par la force et les prétentions du capital financier.
Dette des pays en développement
et « économie d'endettement » internationale
Ainsi que le tableau i le rappelle, c'est du milieu des années 1970
que date à la fois l'accélération très rapide du niveau de la dette et le
changement dans sa structure, marquée en particulier par la montée en
force des marchés privés.
Tableau i
Répartition par type d'endettement
de la dette totale des pays en développement
Pourcentage du total
Aide
publique
Dette au Multilat. Crédite
totale non à Marchés
pement libérale tation privés ($ milliards)
Illustration non autorisée à la diffusion
1971 86 41 32 3 *4
6 1975 17З 34 25 54
1980 28 40 445 24 7
1982 552 22 25 44 7
21 48 боб I98j 23
Dont service
de la dette 96,1 6 32 7 5S
Source : Endettement extérieur des pays en développement, Etude 1985, ocde,
1984, tableau 16. LA NATURE DU CAPITAL PRETE 519
Ce sont les marchés privés qui sont à l'origine de la croissance de
l'endettement et qui en constituent même le moteur. C'est donc d'entrée
de jeu qu'il faut parler de « l'économie d'endettement » internationale.
L'endettement des pays en développement ne saurait être dissocié
du phénomène beaucoup plus large et général de ce que les Américains
ont désigné sous le terme de debt economy {Business Week, 1975 et 1978).
Par là, il faut entendre le recours systématique à des opérations d'ouver
ture de toutes sortes de crédit bancaire; aux Etats, aux entreprises, aux
collectivités locales et aux particuliers, afin à la fois de pallier la « crise
fiscale de l'Etat » (O'Connor, 1975) et d'assurer la relance artificielle de
l'économie moyennant le soutien de la production, de la consommation
et des exportations dans les pays industrialisés et les prêts aux pays en
développement.
Le « crédit nourrissant le crédit » au travers des mécanismes de
multiplication de crédit bien connus des spécialistes bancaires, Г « éco
nomie d'endettement » a été créatrice de « liquidités » financières nouv
elles. Le résultat est un enchevêtrement complexe de dettes et de
créances dont on a, depuis les années 70, montré la ressemblance à un
immense château de cartes, où chaque « créance » est également une
dette et ne vaut que ce que vaut le débiteur, lui-même créancier d'autres
débiteurs, etc. La dette des pays en développement s'intègre comme
l'une des composantes, mais l'une seulement, de cet enchevêtrement
complexe.
La mise en place de Г « économie d'endettement » aux Etats-Unis,
pivot de Г « économie d'endettement » mondiale, remonte au milieu
des armées 60. Sa croissance accélérée commence à partir de 1968.
Après une brève accalmie consécutive à la récession de 1974- 197 5, qui
marque l'ouverture de la crise capitaliste mondiale jamais surmontée
depuis, le mouvement s'accélère encore : la « montagne de dettes »
américaine est de 1 900 milliards de dollars en 1970, 2 200 milliards
en 1975, 4000 milliards en 1978 (Business Week, 1978). En 1983, elle
était de 7 000 de dollars.
Le mouvement de croissance et d'internationalisation de l'endett
ement est indissociable de l'essor des marchés financiers internationaux
privés, en particulier celui des « eurodevises », dont le graphique
ci-dessous marque le mouvement.
La masse du capital argent de prêt disponible internationalement a
été nourrie pour une part par des capitaux « oisifs » en quête d'inves
tissements fructueux, et par les « pétrodollars » — apparus du jour au
lendemain à la suite des deux grandes réévaluations du prix du pétrole
et dont Д fallait opérer le « recyclage », c'est-à-dire la mise en valeur 52О FRANÇOIS CHESNAIS
Graphique i. — Euromonnaies et réserves de change
(en milliards de dollars)
Taille nette
du marché en 400 Eurodevises*"
300
Illustration non autorisée à la diffusion
200
Réserves
officielles en 100 Eurodevises**
1960 1965 1970 1975
Sources : bri, fmi.
nécessaire à leur validation sociale dans le cadre du mode de production
capitaliste. Mais ces facteurs sont absolument insuffisants pour expliquer
à eux seuls Failure à laquelle le marché des liquidités internationales
s'est accru. Une fraction, impossible à évaluer, mais à coup sûr import
ante, du montant total des eurodevises a pour origine un mouvement
purement interne au système financier international \ de création de capital de
prêt. Ce type de capital est, à y regarder de près, un « capital fictif »
(Marx, Capital, livre III), fruit d

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