R. A. Le Vine et al, Child care and culture. Lessons from Africa  ; n°141 ; vol.37, pg 176-177
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L'Homme - Année 1997 - Volume 37 - Numéro 141 - Pages 176-177
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Publié le 01 janvier 1997
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Langue Français

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Odile Journet
R. A. Le Vine et al, Child care and culture. Lessons from Africa
In: L'Homme, 1997, tome 37 n°141. pp. 176-177.
Citer ce document / Cite this document :
Journet Odile. R. A. Le Vine et al, Child care and culture. Lessons from Africa. In: L'Homme, 1997, tome 37 n°141. pp. 176-177.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1997_num_37_141_370222176 Comptes rendus
Robert A. Le Vine, Suzanne Dixon, Sarah Le Vine, Amy Richman, P. Herbert Leiderman,
Constance H. Keefer, T. Berry Brazelton, Child care and culture. Lessons from Africa.
Préface d'Urie Bronfenbrenner. Cambridge, Cambridge University Press, 1994, xxi + 346 p.,
append., réf., index, fig. tabl., pi.
Quelque discutables que soient les thèses avancées par les chercheurs du courant
« Culture et Personnalité », ces derniers n'en avaient pas moins fixé un vaste programme pour
l'étude comparative des modes de socialisation précoce. L'enthousiasme et les outrances
initiales ont cédé le pas, dans les travaux de leurs héritiers, à l'enregistrement quantifié
d'observations ponctuelles portant sur les comportements des parents et du petit enfant.
Qu'y aura-t-on gagné, en particulier au terme de la lecture de l'ouvrage de R. Le Vine et de
ses collaborateurs, hormis la confirmation du fait que les mères gusii n'élèvent pas leurs
bébés comme les mères des classes moyennes américaines, que ces différences de comporte
ment sont liées à des modèles et des priorités culturels historiquement conditionnés et
qu'enfin le maternage gusii est parfaitement adapté à ses objectifs ? La lourdeur et les
redites de l'argumentation développée dans les Ire et IVe parties incitent, il est vrai, à un
compte rendu caricatural : en matière de prime éducation, le modèle gusii est tout entier
orienté vers la survie, la santé et la croissance physique du bébé (modèle que les auteurs
appellent « pédiatrique »), tandis que le modèle américain (appelé « pédagogique ») a pour
souci essentiel le développement cognitif de l'enfant et la préparation aux interactions édu-
cationnelles et à la scolarisation. Le modèle pédiatrique va de pair avec l'apprentissage du
respect et de l'obéissance, visant à produire un enfant qui comprend les ordres maternels,
fait peu de demandes, qui s'accorde enfin avec l'organisation hiérarchique de la maison
gusii. L'objectif final de la comparaison entre les deux modèles est de proposer une réflexion
sur les « pré-requis universels » et 1'« environnement moyen souhaitable » généralement
postulés par les théories du développement de l'enfant, pré-requis dont les auteurs notent
l'étrange ressemblance avec les pratiques de maternage euro-américaines. Entreprise fort
louable, mais qui paraît singulièrement dépassée.
L'ouvrage s'appuie pour l'essentiel sur des enquêtes menées entre 1974 et 1976 (suivi
d'un échantillon de 28 nourrissons) dans le district de Kisii, au Kenya. Mais Robert A. et
Sarah Le Vine ont derrière eux une longue familiarité avec la société gusii et les populations
voisines du Kenya et du Nigeria où ils avaient travaillé, dès les années 50, dans le cadre d'un
programme de comparaison interculturelle sur la petite enfance lancé par B. B. Whiting.
Ainsi peuvent-ils resituer les faits gusii dans l'espace et dans le temps, notamment en
matière démographique, socio-économique et sanitaire. Les Gusii avaient, en 1979, un des
taux de fécondité les plus élevés du monde, tandis que la mortalité avait spectaculairement
diminué en dix ans ; la santé des mères enceintes et des nouveau-nés était satisfaisante et les
quelques cas de malnutrition grave liés à des situations de rupture familiale (défaillance de
la mère) bien plus qu'à des problèmes d'approvisionnement. Plus protégés que d'autres des
maladies vénériennes, les Gusii ne présentaient guère de cas de stérilité pathologique. Les
changements démographiques (doublement de la population en dix-sept ans) et écono
miques (diminution drastique des terres et des troupeaux, orientation vers l'économie monét
aire) n'avaient eu que peu d'incidence sur la carrière reproductive des femmes et les soins
aux enfants : allaiter pendant 15 à 17 mois, porter, dormir avec l'enfant, procréer jusqu'à la
ménopause tout en respectant un intervalle intergénésique d'au moins deux ans, tel demeur
ait le rôle ordinaire d'une mère gusii. Plus originales sont les observations détaillant
quelques caractéristiques du maternage : le statut et le comportement attendu de Yomoreri,
enfant préposé à la garde du bébé en l'absence de sa mère, les méthodes d'apaisement du
nourrisson en tant qu'elles participent d'une stratégie d'évitement et de limitation de l'exci-
L' Homme 141, janv.-mars 1997, pp. 159-216. Comptes rendus 111
tation « émotionnellement positive ou négative » (détournement du regard maternel, retenue
dans l'interaction verbale), la progressive distanciation de la mère dès la fin de la première
année (le passage du « giron à la cour », comme disait M. Mead) afin de préparer le sevrage
et d'éviter de trop fortes attentes de l'enfant à l'égard de sa génitrice, enfin la défiance
envers toute parole de louange. On signalera aussi la prise en compte des variations dans les
modalités de soins en fonction du rang de naissance de l'enfant, de sa croissance, de la
composition de la famille et de ses conditions économiques. Toutefois l'énergie investie
dans le traitement statistique d'observations (voire de « spot observations ») dont le nombre
est toujours préféré à la durée, et ce dans le cadre de protocoles d'enquête fortement inspirés
du behaviorisme, laisse d'autant plus perplexe que les résultats obtenus restent, sauf en ce
qui concerne les données médicales, bien minces au regard de ceux qu'auraient pu produire
une bonne ethnographie. Dans cette perspective uniquement axée sur des comportements
observés selon des grilles préétablies, rien n'est dit des représentations relatives à la concept
ion et à la petite enfance. Pourtant de nombreuses notations, éveillant l'intérêt du lecteur
plus familier des recherches françaises dans ce domaine (dont S. Lallemand retraçait les
grandes lignes dans le Journal des Africanistes consacré à l'enfant en milieu traditionnel en
19831), auraient mérité qu'on s'y arrête. Ainsi en est-il du rituel enyangi qui met en jeu un
traitement particulier du placenta, avec lequel la maison est en continuité métaphorique, ou
encore du parallèle entre l'initiation et le traitement de la mère de bébés réputés fragiles :
jumeaux, prématurés, nés par le siège. Quant au sort des enfants dont la mère est défaillante
— relativement maltraités car, selon les auteurs, objets de répulsion chez les Gusii — , il
nécessiterait de nouvelles enquêtes comparatives.
Cet ouvrage ne contribuera sans doute guère à atténuer la méfiance ou l'indifférence des
africanistes, ethnologues ou psychologues français vis-à-vis des travaux américains concer
nant la petite enfance. Bien que ce ne soit pas l'objectif principal des auteurs, ce sont néan
moins les pages consacrées aux transformations de la société gusii au cours de deux décen
nies qui se révèlent les plus intéressantes.
Odile Journet
Université Jean Monnet, Saint Etienne
1. S. Lallemand & G. Le Moal, « Un petit sujet », Journal des Africanistes, 1983, 51 (1-2) : 5-21.
Jean de Dieu Nsondé, Langue, culture et histoire koongo aux xvne et xvme siècles à
travers les documents linguistiques. Préface de Jean Dévisse. Paris, L'Harmattan, 1995,
248 p., bibl., cartes (« Racines du présent »).
Comme le remarque Jean Dévisse dans sa préface, les travaux de linguistique histo
rique sont rares dans le domaine français. Dans le but d'éclairer l'histoire des royaumes
koongo, Jean de Dieu Nsondé a eu l'idée originale de se servir de sources linguistiques de
première main, essentiellement d'origine missionnaire, pour la plupart anonymes et
inédites, à savoir six dictionnaires bilingues ou trilingues et deux grammaires en langue
koongo. Ceux-ci ont été rédigés entre 1645 et 1775, d'abord par les capucins établis au
royaume du Kongo, puis, surtout, par une éphémère mission française installée au Loango
et au Kakongo.
L'Homme 141,

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