Réalité du sous-prolétariat - article ; n°2 ; vol.2, pg 157-184
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Description

Déviance et société - Année 1978 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 157-184
En tant que pauvres, laissés pour compte du progrès, les sous- prolétaires restent une couche sociale gênante dans les sociétés industrielles avancées. On préfère souvent, plutôt que de reconnaître leur existence sociale, parler d'eux en tant qu'individus, déviants, aberrants, anormaux. C'est-à-dire expliquer leur inadaptation comme s'il s'agissait d'une pathologie.
Les auteurs, engagés dans une recherche portant sur l'expression sociale de cette population en Suisse, établissent les bases théoriques qui permettent de mieux la situer dans la structure de classe.
Regarded as poor, put on the altar of progress, the under- proletarian remains an un-accommodating social stratum in the industrialized advanced societies.
Rather than recognizing their social existence, it is often preferred to treat them as deviant, aberrant, abnormal individuals, i.e. considering their maladjustment as if it was some kind of pathology.
The authors, engaged in research adressing the social expression of this target-groupe in Switzerland, determin the theoretical premises which enable better evaluation within the frame-work of a class- structure.
Beschouwd als arm, als het offer van de vooruitgang, blijven de sub -pro le tarie ers een sociale laag vormen waarmee de ontwikkelde industriële samenleving verveeld zijn.
Eerder dan hun sociale existentie te erkennen, verkiest men hen te behandelen als déviante, afwijkende en abnormale individuen. M.a.w. men tracht hun onaangepastheid te verklaren door deze als een pathologie voor te stellen.
De auteurs, welke betrokken zijn in een onderzoek naar het sociale leven van deze deelgroep in Zwitserland, leggen de theoretische premises vast om een betere situering ervan te kunnen geven binnen de klassenstruktuur.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M.-J. Glardon
M. Glardon
Réalité du sous-prolétariat
In: Déviance et société. 1978 - Vol. 2 - N°2. pp. 157-184.
Résumé
En tant que pauvres, laissés pour compte du progrès, les sous- prolétaires restent une couche sociale gênante dans les sociétés
industrielles avancées. On préfère souvent, plutôt que de reconnaître leur existence sociale, parler d'eux en tant qu'individus,
déviants, aberrants, anormaux. C'est-à-dire expliquer leur inadaptation comme s'il s'agissait d'une pathologie.
Les auteurs, engagés dans une recherche portant sur l'expression sociale de cette population en Suisse, établissent les bases
théoriques qui permettent de mieux la situer dans la structure de classe.
Abstract
Regarded as poor, put on the altar of progress, the under- proletarian remains an un-accommodating social stratum in the
industrialized advanced societies.
Rather than recognizing their social existence, it is often preferred to treat them as deviant, aberrant, abnormal individuals, i.e.
considering their maladjustment as if it was some kind of pathology.
The authors, engaged in research adressing the social expression of this target-groupe in Switzerland, determin the theoretical
premises which enable better evaluation within the frame-work of a class- structure.
Zusammenfassung
Beschouwd als arm, als het offer van de vooruitgang, blijven de sub -pro le tarie ers een sociale laag vormen waarmee de
ontwikkelde industriële samenleving verveeld zijn.
Eerder dan hun sociale existentie te erkennen, verkiest men hen te behandelen als déviante, afwijkende en abnormale
individuen. M.a.w. men tracht hun onaangepastheid te verklaren door deze als een pathologie voor te stellen.
De auteurs, welke betrokken zijn in een onderzoek naar het sociale leven van deze deelgroep in Zwitserland, leggen de
theoretische premises vast om een betere situering ervan te kunnen geven binnen de klassenstruktuur.
Citer ce document / Cite this document :
Glardon M.-J., Glardon M. Réalité du sous-prolétariat. In: Déviance et société. 1978 - Vol. 2 - N°2. pp. 157-184.
doi : 10.3406/ds.1978.976
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1978_num_2_2_976Déviance et Société. Genève, 1978, vol. 2, No 2, p. 157-184
REALITE DU SOUS-PROLETARIAT
M.-J. GLARDON *, M. GLARDON **
I. Le sens d'une démarche
Depuis l'automne 1973, nous sommes engagés dans une recherche
sur la situation et les conditions de vie des sous-prolétaires en Suisse.
A partir des chiffres du Recensement fédéral de 1970 sur La
Basse- Ville de Fribourg 1 , nous avons établi, à titre d'exemple, le type
de déprivations marquées dont souffrent certaines couches populaires.
Les données recueillies contrastent singulièrement avec l'idée que
l'on se fait couramment de la "société post-industrielle". Dans ce
quartier traditionnellement ouvrier, plus de la moitié des ménages avec
enfants vivent dans des logements privés de salle d'eau; un tiers n'ont
pas d'eau chaude; la majorité des logements sont sur-occupés. Ces
conditions de sous-consommation dans l'habitat se cumulent avec celles
liées à V emploi et à la socialisation des enfants. Plus de 60% des actifs
n'ont aucune formation professionnelle et travaillent comme manoeuv
res ou employés non qualifiés. Ceci engendre une insécurité face à
l'emploi et une difficulté réelle pour l'adaptation à des changements
structurels pourtant imminents. Quant aux enfants, ils vont marquer le
même décalage face à des exigences modernes de production, puisque
plus de 50% de ceux âgés de plus de 15 ans n'ont ni entrepris ni achevé
de formation professionnelle.
Mais à l'intérieur de ce milieu, nous avons pu isoler une cinquant
aine de ménages chez qui ces défaveurs sont particulièrement accen
tuées et cumulées, indiquant des contraintes matérielles et culturelles
qu'on peut qualifier de sous-prolétariennes ou au moins de sous-prolé-
tarisantes... Il s'agit de familles (et non pas des seuls saisonniers) pour
une moitié suisse et pour l'autre étrangère, qui accusent un décalage de
plus en plus marqué entre leur mode de vie et celui des ouvriers ajustés
à un mode de production en pleine transformation. Ils représentent 9%
de toute la population du quartier, et 20% de celle des ménages avec
enfants.
Ils vivent dans des taudis dépourvus du minimum de confort
nécessaire pour entretenir une santé et une vie sociale décente. C'est-à-
dire sans eau chaude, sans salle d'eau, dépassant 1,4 personnes par
pièce, et, dans plus de la moitié des cas, deux personnes par pièces (dans
les villes suisses, la moyenne ne dépasse pas une personne par pièce).
* Université de Genève.
** Editions d'en bas, Lausanne.
157 des trois-quarts d'entre eux ne disposent pas de machine à laver Plus
(individuelle ou collective) ni de frigidaire... Tous les chefs de ménage
sont manoeuvres ou employés sans qualification. Sur les 34 enfants
entre 15 et 25 ans, 3 sont ouvriers qualifiés et un seul est apprenti.
Parmi eux, un peu plus de la moitié sont des Suisses, dont les parents
étaient déjà nés à Fribourg dans 80% des cas. Il s'agit bien là d'une
stagnation sociale intergénérationnelle qui touche cette population
d'une façon significative.
C'est l'accumulation de tous ces décalages qui nous semble à
l'origine de clivages dans le mode de vie entre eux et les autres ménages
du quartier.
Il apparaît donc important de mieux connaître, à l'intérieur des
couches populaires, les conditions de vie de ceux que menacent particu
lièrement l'exclusion et la marginalisation par rapport à l'emploi. La
situation de Fribourg correspond, on s'en doute, à un milieu urbain en
région peu industrialisée et économiquement peu développée pour la
Suisse. L'espace de la Basse- Ville est le fait d'une politique urbaine pas
encore très dirigée, et correspond à d'anciennes formes d'habitat sous-
prolétarien. Certaines façades et ruelles évoquent le temps où les médec
ins sociaux faisaient des rapports sur l'insalubrité des quartiers popul
aires et le développement du paupérisme chez les ouvriers.
Une recherche sur l'habitat des familles "défavorisées" de la
Commune de Lausanne nous a permis d'étendre notre démarche à un
autre milieu urbain assez typique et très différent du précédent : bien
qu'étant une des cinq villes suisses les plus importantes, Lausanne offre
relativement peu d'emplois industriels et présente un paysage serein,
dans lequel on ne distingue pas à l'oeil nu les lieux de misère, du taudis
au bidonville, qui semblent faire partie du tissu urbain des métropoles
occidentales. Fallait-il parler de la résorption des couches sous-proléta
riennes ou seulement de ses signes dans l'espace et dans la structure du
logement ?
Réalisée avec une équipe de travailleurs sociaux en formation, une
deuxième enquête éclairait en partie le problème 2 . Nous avons recher
ché la répartition géographique de trois indicateurs sociaux : les ménag
es avec enfants ayant les plus faibles revenus (moins de 12 '000 francs
par an en 1966); les ménages suivis par les services sociaux officiels de
protection et contrôle de la jeunesse (1972); enfin, les enfants qui
suivent les classes les moins exigeantes du système scolaire (1973). La
répartition de ces trois indicateurs présentait une remarquable concent
ration dans certains lieux d'habitat. Nous avons en particulier pu
décrire 22 îlots d'habitation (l'535 appartements) dans lesquels il y a
12,7% de faibles revenus (contre 3,6% sur Lausanne), 5,9% de familles
suivies par les services 0,95% sur et 22,7% des
158 enfants en âge scolaire dans les classes les moins stimulantes (contre
13,6% sur Lausanne).
Dans ces mêmes îlots, on retrouve également une partie import
ante des situations les plus graves à l'intérieur des indicateurs retenus.
A eux seuls, ces immeubles — qui représentent le 3, 7% des ménages
lausannois — abritent le 1 7% de tous les ménages ayant un revenu
annuel de moins de 5 '000 francs; le 25% des "familles-problèmes"
(interventions poussées, cas graves) suivies par les services sociaux
officiels; le 16% de tous les enfants fréquentant des classes de dévelop
pement et réservées à des enfants en ma

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